Qui a tué Antoine Guérini ?
Le cadavre criblé de balles d'Antoine Guérini, qui gît face contre terre, sur l'ère de la station-service Shell-Beaumont n'est pas encore figée par la mort que le procureur de la république, M. Edmond Alphand, et Georges Zanetti, directeur départemental des polices urbaines, sont arrivés sur les lieux avec les hommes de la troisième brigade criminelle, commissaire Bézert en-tête, assisté de l'OPP Sarlin en de six des inspecteurs spécialistes du milieu marseillais.
L'enquête démarre aussitôt.
Les tueurs ont innové, en utilisant une motocyclette à la place dans la classique rafale de pistolet mitrailleur, tirée de la portière arrière d'une traction ce qui pourrait faire penser au travail de jeunes loups s'attaquant à l'homme symbole du milieux à l'ancienne, pour mieux affirmer un changement de règne par un coup d'éclat.
Mais les policiers n'y croient guère. Antoine Guérini ne se sentait pas menacé, dans la mesure où il était seul, désarmée, en compagnie de son fils, qu'il tient soigneusement éloigné de ses affaires, sans son escorte de porte-flingues. Il arrivait de sa somptueuse villa, toute proche, qu'il avait baptisé la Calenzana, en hommage au village de ces origines (C'est aussi celui de mon père.).
Trois témoins seulement ont pu décrire les tueurs arrivés sur leur moto rouge. Deux pompistes, on dit la même chose : la moto était de cylindrée moyenne, le modèle plutôt ancien. Le conducteur et son passager, âgé de 30 à 40 ans, était coiffé d’un casque blanc. Le premier était vêtu de clair, tandis que le second portait une veste de daim. Comme les témoins seraient incapables de les reconnaître et que la moto ne serait jamais retrouvée, autant dire qu'il ne faut rien attendre de ce côté-là.
Le bruit a couru parmi ces messieurs que Mémé Guérini offrait un million de Francs à qui donnerait le nom ou la piste des assassins de son frère. Mais l'offre ne fut pas suivie d'effets, puisque rien ne filtra et que les indices eux-mêmes se révèlent être impuissants à fournir les bons tuyaux à la police.
Les assassins d'Antoine Guérini connaissaient ses habitudes, sans doute avait-il repéré ces déplacements et répétés avec soin le scénario de leur attaque, exécuté avec une maîtrise qui trahissait des méthodes de professionnels. Il fallait que les tueurs, et ceux qui avaient armé leurs bras, fussent animés d'un esprit de vengeance telle qu'il est supplanté la crainte du retour de bâtons du clan que l'on savait tout-puissant à Marseille. Au point de ne pas craindre d'allumer un incendie dont il était difficile de prévoir les ravages futurs.
La piste, sinon les preuves, était à chercher dans le passer du clan Guérini.
Les enquêteurs se plongèrent dans les archives qui sont la mémoire de tous les coups, gros et petits, punis ou impunis, perpétrés par ce monde parallèle qu'est le milieu, en fonction de ces lois non écrites et de ces luttes intestines.
De nombreuses pistes s'offraient aux policiers en raison de la « surface » de la victime dans le milieu. Mais l'une d'entre elles sembla devoir s'imposer ta sortie du fichier le nom de Robert Blémant : un gangster de modèle pas tout à fait courant, dans la mesure où il avait été... Commissaire de police avant de choisir le camp d’en face qu'il connaissait bien, et pour cause !
Or, le 4 mai 1965,2 ans (à quelques jours près) avant la mort violente d'Antoine Guérini, l’ex commissaire, reconverti dans les « affaires », regagna vers 19 h, en compagnie de son épouse, par le chemin départemental, le domaine des petits Birons, qui est sa propriété, entre Pélissanne et Lambesc, a bord de sa Mercedes, immatriculé à Paris.
Soudain, surgit dans son rétroviseur une « traction » qui s'apprête à dépasser la Mercedes. Durant les quelques secondes ou les deux voitures sont côte à côte, crépite une rafale de mitraillette. Deux balles de 9 mm traversent le crâne de l'ex policier gangster. Il est mort sur le coup. La Mercedes fait une embardée dans le fossé. L'épouse de Robert Blémant, blessée, a aperçu trois silhouettes dans la traction mais n'a pu reconnaître personne.
Aux obsèques de l'ex commissaire, il y a presque plus de policiers que d'amis de cet étrange et déroutant personnage.
On remarque à l'absence totale de représentants du clan Guérini Il est vrai que Robert Blémant avait rompu avec Antoine Guérini pour une question de suprématie dans le milieu. On raconta à l'époque qu' Antoine avait fini par prendre ombrage de la notoriété de l'ex flic devenu voyou. Mais Blémant ne devait-il pas son entrée et son ascension remarquable dans le milieu marseillais aux protections qu'il avait obtenues du clan Guérini ?
Curieuse trajectoire tout de même, que celle de cet homme ayant fait preuve, en pleine guerre, d'un patriotisme reconnu, qui avait été... Quoi que partisan des méthodes contestables... un policier efficace et qui avait, un jour du mois d'octobre 1947, dit à son chef, Roger Wybot « ma profession ne me procure plus les sensations d'une époque révolue. En revanche, et je les retrouve dans le milieu ou chez des amis que je veux rejoindre. C'est pourquoi je vous prie d'accepter ma démission »
L'ex commissaire devenu voyou
Aucun auteur de polar, si imaginatif soit-il, n'aurait osé créer pareil personnage. Comment rendre crédible un ex commissaire de police qui, un beau jour, aurait décidé de passer « de l’autre côté » de la barrière et rejoindre ceux qu'il a combattu toute sa vie ? Ont crierait à l'invraisemblance. Avec Robert Blémant, la réalité dépasse la fiction. Il entre dans la police en 1930, ce nordiste de Valenciennes, que ses qualités d'inspecteurs conduisent en quelques années au grade de commissaire. En 1941, on le trouve en poste à Marseille, comme second du chef de la brigade de surveillance du territoire, chargé du contre-espionnage, qui agit souvent en marge de méthodes officielles, par le canal d’agents doubles, indicateurs et autres « correspondant très particulier ». Est-ce bien à cette ambiance que le commissaire Blémant prit goût à la marginalité ?
Dès le début de sa carrière, il se distingua. En 1941. Tout en appartenant à la police de Vichy, Blémant fait de la résistance. Est-ce pour avoir un pied dans chaque camp ? Quoi qu'il en soit, sur ordre, il arrête un lieutenant de l'armée d'armistice Roger Wybot, qui est également résistant. Puis vérification faite, il le laisse partir. Wybot rejoint de Gaulle à Londres d'où il partira participer aux campagnes de Libye et d'Italie avant de débarquer en province le 15 août 1944.
Entre-temps, Blémant, à l'arrivée des Allemands en zone sud le 11 novembre 1942, passe Afrique du Nord, où on le retrouve à un poste important des services secrets dépendant du général Giraud. De ce passage chez ce qu'on n’appelle pas encore « barbouzes », Blémant gardera le goût de méthodes expéditives qui conservera lorsqu'il intégrera la police officielle.
C'est avec le grade de commissaire. Et c'est à Marseille, à 1945. Entre-temps, le directeur de la DST a été désigné le 1er décembre 1944. Il se nomme Roger Wybot. Comme on se retrouve ! Et il se hâte de nommer son ami Blémant... Dont il n'a pas oublié le geste... Directeur de la DST à Marseille. Ses chefs ne contestent pas l'efficacité du commissaire Blémant. Mais ils répugnent à le voir, en temps de paix interroger les suspects comme on tolérerait qui le fit quand il s'agissait de lutter contre les nazis. Ces méthodes violentes et expéditives annoncent déjà celle des exécuteurs du milieu. D'ailleurs le commissaire ne fait guère mystère de ses « sympathies » puisqu'il annonce à son supérieur et ami Roger Wybot son intention de passer sans regrets superflus dans le camp des hors-la-loi. Lui, un commissaire ! Les « amis » de Robert Blémant dans le milieu, on fait partie, comme lui, de la résistance. Il se nomme Antoine et Barthélemy Guérini. Il les a connus en 1941 et, à son retour officiel à Marseille en 1945, leur amitié ne fit que croître et embellir. Dans les années grande occupation, le commissaire et ses « amis » avaient eu occasion de se rendre mutuellement services. Et de s'apprécier. Les frères Guérini n'avaient pas oublié. Ils accueillirent le transfuge à bras ouverts. L'entrée dans le milieu de l'ancien flic constitue un renfort de poids. Car ces « messieurs » ne manquent pas de bras, mais de cerveaux. Et Blémant en était un...
Désormais, l’ascension dans le milieu du commissaire devenu voyou, encouragés (au moins dans les premiers temps) par le clan Guérini, sera fulgurante. Il commence, comme il se doit, par ouvrir boutique place de l'opéra, à l'enseigne du « Paris-Montmartre », en s'associant à avec Dominique Paoleschi et Dominique Colonna. C'est, à l'époque, l'établissement de nuit le plus luxueux de Marseille. À l'intérieur, on peut trouver une réduction du célèbre « Moulin Rouge ». Tout alla bien jusqu'à cette nuit du 10 novembre 1947 ou une véritable émeute eu lieu dans le quartier chaud de l'opéra. 500 jeunes gens et ouvriers s'attaquent aux cabarets et bars du quartier et à leur clientèle, en saccageant une dizaine, dont le « Paris-Montmartre » de Robert Blémant. Dans la bagarre générale, plusieurs coups de feu claquent, tirés d'une fenêtre, atteignant six manifestants dont l’un décéde. La rumeur accuse les Guérini, (ou leurs hommes de mai) sans que rien ne puisse être formellement prouvé.
Cet « incident » n'arrête par l'ascension de l'ex commissaire qui devient propriétaire de trois cabarets : un à Marseille, rue Haxo, le second sur les Champs-Élysées et le troisième à Tanger où Blémant se lie avec Jo Renucci , lui-même « bras séculier » de Lucky Luciano, l'un des patrons de la mafia américaine. Tout deux contrôlant le trafic de cigarettes américaines en Méditerranée, avant de se reconvertir dans la drogue.
« M. Blémant, vous manquiez de tenue.
Et vous aviez de bien mauvaises fréquentations... »
Le « tribunal » du Milieu rend sa sentence.
« Il n'y a pas de place pour deux crocodiles dans le même Marigot » affirme un proverbe africain. Lorsque Robert Blémant, transfuge de la police, fait son entrée dans le milieu marseillais, il y est accueilli à bras ouverts par le clan Guérini avec lequel il s'était lié durant les années noires de l' occupation. Le milieu avait besoin d'hommes de cette trempe. Mais, bien vite, l'insolente ascension de l'ex commissaire fait de l'ombre au clan qui régnait sans partage sur la face cachée de Marseille. La rupture semble inévitable. Il y a bien un crocodile de trop. C'est Blémant qui ouvre les hostilités. Les nombreux établissements de nuit qu'il contrôle, aussi bien à Marseille que dans la capitale et jusqu'à Tanger, ne semblent plus suffire à son ambition effrénée.
Le voilà en 1959, associé à Baptiste-Jean Andréani dans les intérêts du « grand cercle », 12 rues de Presbourg à Paris, un établissements dits de « grand jeu » où les mises sont sans limites (et les profits également). Blémant apporte sa part (200 000 FF) au capital de l'affaire, dans laquelle il entraîne Antoine Guérini et cinq autres associés.
Tout va bien jusqu'au 31 mars 1962....Ce jour-là, la porte du « grand cercle » est mitraillée depuis une voiture. Le 15 avril de la même année, alors qu'il regagne son domicile de l'avenue Foch, à quatre heures du matin, Andréani est gravement blessé par des cartouches de fusil de chasse. Enfin, le 30 mars 1964, le « grand cercle » est « visité » par deux hommes masqués et armés qui raflent 150 000 FF, les bijoux des client(e)s et incendie l'établissement. Andréani a de bonnes raisons de passer que derrière cette succession de malheurs il y a la main de son associé, Robert Blémant.
Cette certitude lui souffle l'idée de prendre les devants. Le 17 octobre 1964 se tient à Paris un véritable « conseil de guerre », auquel assistent Antoine est Mémé Guérini et trois des membres de leur clan René-Antoine Mondolini (fils adoptif de Mémé, on le surnomme « le petit Guérini ») et deux secondes gâchettes: Henri Rossi et Mathieu Trivicot. Pour les enquêteurs chargés d'élucider l'assassinat d'Antoine Guérini, il ne fait guère de doute que ce jour-là, le projet d'exécution de l'ex commissaire Blémant est mis sur pied. Et qu' Andréani met sur la table la somme représentant le prix du « contrat ».Comment les policiers ont-ils eu vent des dispositions prises lors d'une réunion tenue dans le plus grand secret ? Le hasard (ou la providence ?) vient leur donner un coup de main. Dans la soirée qui suit le « conseil de guerre » une Cadillac dérape sur l' autoroute du Sud, près de Chilly Mazarin dans l'Essone et termine sa course contre la pile d'un pont Accident fâcheux. D'autant plus qu'Antoine et ses hommes sont dans le véhicule, où l'on trouve un colt 11, 43, un Beretta 7,65 et une mitraillette que découvrent les gendarmes chargés du constat. Plus 200 000 FF à liquide. Les explications sont embrouillées. Mais l'un des « seconds » des Guérini revendique la propriété des armes pour dédouaner ses patrons. Quant à Antoine, il justifie la possession de cette forte somme d'argent par sa qualité de « commerçant ». N'en éest-il pas un, après tout ?
Pour la police marseillaise, informé de l'incident, il ne fait plus de doute que l'argent du « commerçant » est le prix versé par Andréani pour l'exécution de Blémant. La condamnation à mort est prononcée le 14 janvier 1965 dans la villa « La Calenzana ». Antoine tenait le rôle de procureur, face à le tribunal composé des figures les plus représentatives du milieu. Oubliant le rôle qu'il avait personnellement tenu lors de l'introduction de l'ex commissaire dans le monde des caïds marseillais, le « procureur » Guérini déclare qu'un flic, même transfuge, reste un flic et qu’il convient de s'en débarrasser. La « condamnation » est votée à la majorité relative. Sans enthousiasme. Blémant a ses supporters. Ce sont eux qui laissent plus tard flirter des renseignements sur la réunion secrète. Il n'empêche : la sentence est exécutée quatre mois plus tard sur la route de Pélissanne. Blémant a cessé de « faire de l'ombre » à ses ex amis. Mais ceux qui ont suivi toute l'affaire estiment que la rafale de mitraillettes qui stoppa nette l'ascension du commissaire devenu voyou, constitue la première erreur commise par le clan Guérini. La première fissure qui fera bientôt éclater « l' empire ».
La vengeance posthume du caïd
il n'y a pas que la police pour s'interroger sur l'identité des trois hommes qui, le 4 mai 1965, ont abattu le commissaire au Robert Blémant devenue un ponte du milieu marseillais. On se pose des questions chez les « associés » du gangster assassiné, qui ont appris que leur chef a été condamné à mort lors d'une réunion secrète tenue dans la villa des Guérini à St Julien et rêvent de vengeance. Au mois de février 1966, en plein Paris et « enlevé » Armand Sessa, un marseillais, seconde gâchette chez Guérini. Il doit savoir bien des choses sur l'affaire... Car selon la rumeur qui court dans le milieu « on » l'aurait conduit dans la cave du bar des trois canards rue de La Rochefoucault, à Paris est soumis « à la question » dans le plus pur style médiéval. Sous la torture, Sessa aurait tout déballé. Les « aveux » de Sessa ne font que confirmer ce que les hommes de Blémant supposaient : Antoine Guérini est l'instigateur, les trois hommes de la traction se nomment Antoine Mondoloni (fils adoptif de Mémé Guérini) Pierre Colombani, et Etienne Carrara. Le commanditaire, qui aurait versé 200 000 FF aux Guérini n'est autre que L’ex associé de Blémant au « grand cercle » : « l'empereur des jeux » Baptiste Andréani.
La police aurait bien aimé entendre Sessa lui répéter ses détails passionnants. Hélas, il n'est plus en mesure de le faire. Une balle dans la tête lui a fait perdre à mémoire. On ne retrouvera jamais son cadavre.
Les hommes de Blémant se mettent aussitôt en chasse. Elle dura trois ans. Quant à la police, hasard, comme il n'en survient que dans la réalité, vint la mettre sur une piste... Dont elle ne peut profiter. Le 16 février 1966, toujours à Paris des inspecteurs arrêtent après une poursuite échevelée, deux hommes, dont l'un vient de leur tirer dessus ! Ce sont Antoine Mondoloni et Etienne Carrara, dont les noms circulent comme étant ceux des tueurs de Blémant. À l'heure des explications embrouillées, les policiers comprennent que les deux hommes les ont pris... pour des amis de Robert Blémant lancée à leurs trousses ! S'ils sont si nerveux, c'est qu'ils savent que Pierre Colombani, soupçonné d'être le troisième homme de la traction d'où partirent les balles qui tuèrent l'ex commissaire, vient d'être abattu à Ajaccio, six jours auparavant... Pourtant, le juge d'instruction, Jacques Bertrand, ne juge pas utile de confronter les deux hommes à Mme Blémant. Ils ne sont condamnés « que » pour leur fusillade intempestive sur les policiers : Mondoloni à quatre ans de prison et Carrara à deux. Mais d'autres « enquêteurs » plus redoutables que les vrais, estiment que les condamnés s'en tirent à trop bon compte. Eux, prononcent la peine capitale. Les jours d'Antoine Guérini sont comptés...
À tout seigneur, tout honneur. C'est lui qui le premier tombe le 23 juin 1967 sur le béton de la station Shell-Beaumont, sous les treize balles de 11,43 que les hommes de Blémant lui ont réservé. Ce coup de tonnerre dans le ciel du milieu est le prélude à d'autres, moins spectaculaires, mais qui dénote une envie d'en finir avec l'empire Guérini. En attendant le retour à l'air libre des « seconds couteaux » Antoine Mondoloni et Etienne Carrara, l'équipe de Blémant s'en prend à François Carrara, frère d' Etienne, qui a dit à voix trop haute aux clients qui fréquentent son bar : « Antoine sera vengé ». Le 20 novembre 1967, deux tueurs à moto le font taire définitivement à 150 mètres de l'Evêché ! Dans sa cellule, Étienne comprend le message. À sa sortie de prison, il disparaît. On est sans nouvelles jusqu'au 16 février 1968, date de sa mort (naturelle) à Playa Blanca (Espagne). Antoine Alfonsi, supposé organisateur de l'attentat contre Blémant, s’en tire,mais truffé de balles, le 17 janvier 1968 à Ajaccio. Puis c’est le tour d'Ange Leca, garde du corps de Baptiste Andréani, exécuté rue Duret, à Paris le 22 octobre 1968. Antoine Mondoloni a aussi ses étrennes le 2 janvier 1970 : hospitalisé à la suite d'un accident de la route à Cavaillon, il est achevé dans son lit à la vendetta (célèbre couteau corse), sous les yeux de Félix Guérini, fils d' Antoine, qui le veillait ! Le seul a échappé aux hommes de Blémant, ivre de vengeance, aura été Baptiste Andréani, « l'empereur des jeux » du « grand cercle », associé de l'ex commissaire. Mais à quel prix ! Il s' enferme à Eze sur Mer dans une forteresse inaccessible par mer comme par terre, à laquelle on accéde seulement... par téléphérique !
Andréani meurt à Phoenix (Arizona) chez son fils et Jean Laurent, auprès duquel il est venu finir son existence mouvementée.
L'empire de la nuit s'effondre
Le 27 juin 1967, quatre jours après son assassinat, Calenzana fait des funérailles de souverain à Antoine Guérini qui va reposer dans le petit cimetière aux côtés de sa mère dans ce village de Balagne ou il a vu le jour. Le catafalque, placé dans la nef de l'église Sainte Restitude, croule sous les couronnes et les gerbes venues de la France entière et même de l'étranger, tandis que s'élève le poignant « lamentu ». Ici, on ne veut rien savoir des activités du « parrain » qui faisait la loi dans le milieu à Marseille. On ne connaît que l'ex petit berger qui a prodigieusement réussi et chez qui tous les Calenzanais exilés et en difficulté était accueilli et aidé. Tout le clan est là, autour de Mémé le « vice-roi »...
Ce dont personne ne peut se douter c'est qu'au moment où, à Calenzana, raisonnent de les prières de l'absoute, se commet à Marseille un sacrilège inimaginable. Des cambrioleurs se sont introduits dans la somptueuse villa de St Julien, ou l'on n'a pas pensé a laissé une surveillance, et ont dérobé 190 000 FF de bijoux appartenant à la veuve du caïd ! C'est Alice Guérini qui, à son retour à Marseille, a prévenu la police. Mais elle a aussi alerté son beau-frère, promu chef de clan. Mémé Guérini ivre de vengeance, voit dans cet affront fait son frère mort la main des assassins d'Antoine. Les policiers de la troisième brigade criminelle au beau n'établir aucun lien évident entre les deux affaires, Mémé décide de mener sa propre enquête, sans avertir personne. Il faut reconnaître qu'il avance plus vite que la police. Mémé apprend que Jean Kaprikian, alias « le boiteux » un receleur qui a rencontré les deux cambrioleurs de la « Calenzana » le deux voleurs, et à qui il a révélé l'ampleur de leur gaffe. Affolé, Luis Manez Tarazona rend sa part de bijoux et s'enfuit en Espagne. Son complice, Claude Mandroyan, rapidement identifiié par les hommes du clan Guérini, et qui se sait traqué, accepte, le 10 juillet, d'en faire autant, mais il a déjà écoulé une partie du butin qui lui brûlaient les doigts : il manque deux montres et trois bagues. Le lendemain, 11 juillet, Alice Guérini appelle la police. Elle vient de faire la découverte « fortuite » des bijoux volés, enveloppé dans un paquet et déposé dans le jardin de la Calenzana. Mémé n'entend pas en rester là. Le 22 juillet 1967, Mandroyan revenu à Marseille à l'exigence de Mémé, qu’accompagne son frère Pascal et deux gardes du corps, accepte de rencontrer les quatre hommes dans un bar du boulevard Barbès à Marseille. Mandroyan a beau se dire étranger à l'affaire, le frère d'Antoine s'obstine à voir en ce minable casseur, un des tueurs de son frère. Bien qu'il se rende à l'évidence, son désir de vengeance est tel qu'il va l'amener à commettre l'erreur majuscule qui précipitera la chute de l'empire Guérini.
Mandroyan est amené en voiture pour un dernier voyage sur une falaise du Cap Canaille, entre Cassis et la Ciotat. L'état de son cadavre a permis d'établir que le monte-en-l'air avait subi une terrible correction avant d'être achevé au revolver. Pour accumuler autant de bévues, faut-il que le clan désemparé par la mort de son chef, ai perdu le nord ! Dès lors, tout ira très vite. Les fondations de l'empire sont minées. L'écroulement est proche.
Un conseil de guerre se tient a l’Evéché ou la compagne de Mandroyan est venu tout raconter. Le commissaire divisionnaire Guy Denis, chef du S. R. P. J. et le commissaire principal Fernand Mathieux, chargent le commissaire Robert Mésini, chef du groupe de répression du banditisme, d'arrêter Mémé Guérini et ses cinq complices. L'opération se fait en douceur en dépit de la « quincaillerie » qui gonfle les poches de ces messieurs. Le clan, décapité, et a bout de course. François Guérini est arrêté en septembre 1967 à Belgodere, Pascal suivra de février 1968, chez sa soeur Restitude. On connaît la suite. Plus dure sera la chute. Mémé, écope de 20 ans, ses complices, assassins de Mandroyan, de 15 ans chacun, en dépit d'une défense composée des meilleurs ténors du barreau français. L'héritier du clan, atteint d'un cancer, en liberté conditionnelle après 10 ans de détention, meurt le 1er mars 1982 Cannes. Mais déjà dans l'ombre, la succession se prépare. Une ville est a prendre. Ils sont plusieurs à prétendre au trône. Parmi eux, un certain Gaétan Zampa se sent pousser les ailes de l' ambition.Il n'est pas le seul. La concurrence sera rude. Mais ceci, est une autre histoire.
deepbluebdr a écrit :Prochainement, je vous raconterai une virée en Sainte Victoire. A défaut de l'avoir vu au vélodrome il a fallu aller la chercher en Pays d'Aix:
:)
Chose promise.... :D Voici la petite escpade de dimanche dernier.
merci à Pixie pour la mise a dispo des photos. :)
Quel meilleur remède, lorsqu’on a eu une déception sportive que de remettre le couvert ? Celle se samedi avec une nouvelle fois ce semblant d’OM, m’a tellement déçu que j’avais la possibilité de sombrer dans l’alcool ou la violence. J’avais le choix entre, maltraiter mes proches et mon animal de compagnie. Passer un dimanche bourré ou être violent. J’ai longtemps hésité….
Je plaisante bien sûr et il n’y a pas que ces alternatives dégradantes pour autrui et soi même pour oublier une déception et passer à autre chose, notamment un dimanche sympa.
Pour ma part j’ai choisi d’aller remettre le couvert sportivement en allant faire une balade avec mon épouse et mon chien, sur la Montagne Sainte Victoire, chère à Paul Cézanne.
Quand je dis une balade, c’est une randonnée qui nous a pris 8 heures de temps.
Je vous invite si vous le voulez bien à sa découverte :
Tout d’abord je me permet de vous rappeler quelques règles élémentaires a respecter scrupuleusement, pour une balade en toute sécurité:
Pour une randonnée à allure normale, voire peinarde.
-Être bien chaussé (impératif)
-Avoir un minimum de condition physique et d’agilité. Un pouls battant au repos au-delà de 70 pulsations/minutes n’est pas conseillé.
-Ne pas oublier la protection solaire, (chose que j’ai complètement occulté lors de cette escapade (mistral oblige) et j’ai le visage brûlé, je suis rouge comme un gratte cul.
-Faire une pause d’une heure afin de s’alimenter, au milieu ou a peu prêt de la rando
-Ne pas oublier de s’alimenter en sucres lents la veille et rapides pendant la randonnée.
-Avoir suffisamment d’eau.
-Ne pas oublier un petit sachet, afin d’emporter avec soi ses déchets.
Allez zou, en voiture…on est parti.
Du Vieux port de Marseille, prendre l’A5 direction Aix en Provence. Sortir Aix centre. Prendre la première à droite de la place de la Rotonde, le périphérique. Vous passez devant l’Hôtel du Roi René. Prendre direction Vauvenargues. Arrivés a Vauvenargues suivre direction le Château de Picasso,
![[Image: tuvywr.jpg]](http://www.hiboox.com/images/tuvywr.jpg)
Le parking est en contre bas. La montagne de la Sainte Victoire est communément appelée la montagne pelée. Il est vrai que son coté Sud est rude, à flanc de falaises et particulièrement sec.
![[Image: ste_victoire_ic.jpg]](http://i1.trekearth.com/photos/3283/ste_victoire_ic.jpg)
Mais son coté Nord est vert frais au moins dans la vallées de Vauvenargues.
![[Image: mv9tno.jpg]](http://www.hiboox.com/images/mv9tno.jpg)
Nous faisons les dernières vérifications, nous n’avons rien oublié ? Nous voilà partis pour affronter la rudesse des pentes de la plus belle montagne de Provence en direction du pic des Mouches 1010 mètres d’altitude, soit 600 mètres de dénivelées en, environ 5 Kms d’ascension.
![[Image: j1fw8y.jpg]](http://www.hiboox.com/images/j1fw8y.jpg)
Tout en disant au revoir à notre Magali qui se trouve à Roissy et qui décolle dans une heure en direction de Managua, nous traversons
LA PLAINE qui jouxte le vallon d’
ENCUMINIERE en suivant le sentier balisé de vert.
Jusque là nous sommes à l’abri d’un mistral soufflant à 90 ou 100 kilomètres heures. Après une petite vingtaine de minute d’échauffement, nous croisons le chemin d’exploitation qui longe dans la vallée, la montagne. Nous le prenons sur sa gauche durant 10 mètres pour prendre rapidement à sa droite maintenant et attraper le
SENTIER DES PLAIDEURS
![[Image: 2.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/2.jpg)
Toujours balisé vert. Si nous apercevons bien la croix de Provence tout en haut a droite,
![[Image: 7.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/7.jpg)
ça n’est pas notre destination, nous souhaitons plutôt aller sur le
COL DE SUBEROQUE,
![[Image: 9.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/9.jpg)
pour nous rendre par la suite au
PIC DES MOUCHES.
![[Image: 11.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/11.jpg)
Après avoir traversé le
VALLON DU DELUBRE, Le sentier s’élève et l’ascension commence réellement, nous traversons la forêt constituée essentiellement de chênes et de pins. Le sol laisse encore apparaître timidement des traces de pluies qui ont eu lieu récemment, mais elles sont loin de suffire. Si les genêts peuvent s’en priver, les fleurs, telles que les orchidées ou crocus de Provence, ainsi que les marguerites et jacinthes, déjà rares demandent encore de la pluie pour pouvoir parfumer plus durablement les divers sentiers et nous inviter à la balade.
![[Image: 12.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/12.jpg)
Toujours sur le même sentier des Plaideurs nous commençons a sortir de la forêt, le Mistral se fait de plus en plus sentir. En se retournant, on peut apercevoir une jolie vue de Vauvenargues et son château.
![[Image: 1.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/1.jpg)
Nous continuons en faisant des haltes car la montée est extrêmement dure. En fait, ce sentier est constitué des marches, toutes plus hautes, les unes que les autres. Heureusement de temps en temps il y a des paliers qui nous permettent de récupérer et de reprendre notre souffle.
Trois heures plus tard, soit le double tu temps prévu sur la borne du départ, nous sommes au
COL DE SUBEROQUE à 941 mètres au dessus de la mer. Un Mistral a tout casser nous empêche de trop nous approcher du bord, coté Nord de la montagne. La vue néanmoins est sublime. D’où nous apercevons la anse du CENGLE terminant une barre d’une demi douzaine de kilomètres du même nom. Cette anse, une espèce de virage sud de l’ancien stade vélodrome, virage sud pourquoi ? Parce qu’il n’y pas de tableau d’affichage ou de rocher qui en ferait office dans mon imaginaire.
![[Image: xn12kl.jpg]](http://www.hiboox.com/images/xn12kl.jpg)
Nous sommes donc entre 400 et 500 mètres au dessus de la moindre habitation. Tous les pitons rocheux de la Ste Victoire sont autant d’endroits très prisés par les parapentistes de la région. Ils y montent en hélico pour se jeter dans le vide et restent des heures et des heures en l’air, dans le silence le plus total, si ce n’est le bruit de leur voile. Il va sans dire que par fort Mistral c’est plutôt déconseillé et je n’en ai pas vu un seul, le danger serait trop important de se faire placarder contre les falaises
![[Image: 4.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/4.jpg)
Nous trouvons un espèce de balcon coté Sud de la montagne pour nous mettre d’abord a l’abris du vent, puis pour nous restaurer. Pendant que mon épouse dresse le pic nic, les pieds quasiment dans le vide, je consulte ma carte pour savoir quel chemin nous allons emprunter pour retourner. Je feuillette également la Provence, que je n’ai pas manqué d’emporter avec moi, dans une poche de mon sac a dos.
Une heure plus tard, nous choisissons de ne pas rentrer par le même chemin mais de continuer sur le
PIC DES MOUCHES, comme initialement prévu donc. En fait ce sentier des PLAIDEURS me fait plus peur à la descente qu’a la montée. Vu le nombre d’escaliers et rochers dangereux qu’on a dû arpenter lors de la montée, emporté par la pente, un pied de travers et c’est l’accident. Je préfère donc jouer la sécurité en longeant la crête, même si…..la vache, on est pas encore arrivé.
Jugez plutôt…5 heures de marche pour rejoindre le point de départ en passant par le
COL DE VAUVENARGUES,
LA BRECHE DE GENTY,
LE COL DU St SER,
LE PIC DES MOUCHES,
LE GOUFFRE DU GARAGAÏ DU CAGOLOUP
Cela en empruntant le GR9 balisé en rouge et blanc, balisage disparaissant parfois ce qui a occasionné des recherches de ce sentier a travers la roche et nous a donné l’occasion de passer par des pièges tels que celui-ci :
![[Image: 8.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/8.jpg)
Mais le plaisir est là, la beauté du paysage, les vues magnifiques ont complètement occulté les difficultés
![[Image: 6.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/6.jpg)
Nous laissons le GR9 qui descend sur la droite sur
l’
ORATOIRE DE MALIVERT et
PUYLOUBIERS, pour prendre à gauche et entamer la descente sur le
COL DES PORTES que les cyclotouristes, (que j’ai été) ont apprit a connaître, en faisant le tour de la ST VICTOIRE. La descente est agréable, d’endroit boisés en balcons et corniches, nous prenons, même s’il se fait tard, le temps d’apprécier les lieux :
![[Image: 3.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/3.jpg)
Nous rencontrons deux vététistes, pas très bien équipés deux jeunes en short en basket, sans casques, ni gants, avec des vélos semblant tout droit sorti d’un marché à la brocante. Tige de selle rouillée, pneus fatigués, bref rien qui m’incite à les envoyer au casse pipe. Leur intention, faire la crête en VTT. Je leur déconseille les sentiers ne sont pas praticables a vélo et le mistral est trop violent sur la crête. Malgré ce, ils décident « d’aller voir ».
Nous arrivons au tout début du chemin d’exploitation dont je vous ai parlé plus avant. Nous faisons une halte, la fatigue commence en effet à se faire se faire sentir. Un petit quart d’heure de repos, une barre de céréale, une razade d’eau. J’explique a mon épouse ma stratégie pour rentrer dans de bonnes conditions. Le principe est simple, c’est plat jusqu’au croisement initial du sentier vert et du chemin d’exploitation, il suffit donc de mettre un pied devant l’autre, et le tour est joué.
La formule a bien plu à mon épouse et mon chien et nous voilà repartis, ce chemin porte bien son nom d’exploitation. On se croirait au Canada avec des coupes de bois partout au long de ce chemin idéal d’ailleurs pour faire une balade familiale en VTT. Vététistes que nous retrouvons d’ailleurs en bonne forme, ils s’arrêtent a notre hauteur pour nous dire que nus avions raison et que c’était très dangereux, mais qu’il se sont éclaté à la descente en fait là ou nous les avions rencontré. Cela dit, il nous dise au revoir l’un d’eux appuis sur ses pédales, voilà t’il pas qu’il casse sa chaîne ? Evidemment il n’en pas de rechange. Heureusement 50 mètres plus loin sur ce chemin c’est en descente jusqu’au village. Nous les laissons en train d’essayer de ce dépanner. Nous continuons notre marche, il se fait de plus en plus tard, le soleil commence a passer derrière la montagne. Les deux cyclistes nous doublent en trombe, l’un sans chaîne, je n’ose imaginer si ça lui arrive alors qu’il est en haut….
Junior, notre fidèle compganon, n’en peut plus et avant de bifurquer sur notre droite sur le sentier tracé de vert on décide de l’empaqueter :
![[Image: 5.jpg]](http://www.opiom.net/images/Collectif/deep/Victoire/5.jpg)
Il est 19h15 nous arrivons à la voiture qui n’est pas une Citroën, au pied du château de Picasso. Depuis 10h30, heures a laquelle nous avons démarré…environ 8 heures se sont écoulées. Ce fut un vrai plaisir. Mieux vaut néanmoins si vous êtes tentés par cette balade
de la faire un jour sans Mistral et peut être plus courte.
Bonne balade sans risques inutiles.
deepbluebdr