J’ai pu voir mercredi, «
De battre mon c½ur s’est arrêté ». Le nouveau film de Jacques Audiard traite des rapports entre un père mafieux et son fils qui est de plus en plus distants vis-à-vis des affaires paternels et souhaite de plus en plus se consacrer à la musique. Le scénario est anti conformiste et exploite divers chemins sans jamais s’y engouffrer, c’est très agréable de voir enfin quelque chose qui diffère et qui s’éloigne des clichés habituels. Au niveau des acteurs, Romain Duris est énorme, tant par sa prestation remarquable que par les situations comiques qu’il provoque. Il confirme tout le bien que l’on colporte à son sujet, c’est un futur très grand à surveiller de près. En bref, c’est un très bon film, à ne pas louper, symbole d’un cinéma français qui semble enfin avoir trouvé, un nouveau souffle.
Récemment, j’ai enfin pu voir «
Le samouraï », film retraçant l’histoire d’un personnage hors du commun, Jeff Costello dit « le samouraï ». Ce dernier est un tueur à gages se distinguant par son professionnalisme, son perpétuel mutisme et par son incroyable charisme. Le film débute lors d’une des missions du « samouraï » ou ce dernier est arrêté comme un suspect potentiel du crime qu’il vient de commettre. Ces employeurs se mettent alors à craindre qu’il parle et tente de le supprimer. Cette ½uvre de Melville diffère de ses précédents polars tant elle semble dépouillée, de dialogues ou d’une histoire complexe. Le réalisateur français mise sur le silence, et sur la simplicité ; de belles images valent mieux qu’un long discours. Et ça marche à merveille, on est choqué voir pétrifié par le silence ambiant qui vous prend à la gorge. On pénètre de plein pied dans la vie de Jeff Costello et comme dans les autres films de Melville, ce dernier fixe le décor et le délimite par des repères temporels que l’on ne quittera plus d’un bout à l’autre du film. Le but est que l’on s’habitue aux lieux que fréquente le personnage principal, on est conditionné pour immerger dans sa vie. Une vie parsemée de multiples détails qui peuvent sembler anodin mais qui renforcent cette idée d’immersion, les habitudes pour s’habiller, la communion entre le samouraï et son oiseau en cage...Alain Delon interprète ce personnage avec un brio et un charisme incroyable. C’est sans aucun doute l’un de ses plus grands rôles. François Poirier est très bon lui aussi, dans le rôle du commissaire expérimenté. Enfin Nathalie Delon éclabousse le film de sa beauté. Melville réalisé une nouvelle fois, un chef d’½uvre, ça semble être une constance pour ce réalisateur de génie. « Il n’y a pas de plus grande solitude que celle du samouraï », peut on lire en préambule du film et après l’avoir visionné, on ressent toujours cette part d’isolement mêlé désormais à la tristesse de quitter un personnage et un univers si attachant. Bref c’est un film noir d’une profonde humanité et d’une rare intensité, un monument comme l’on n’en verra jamais plu.
Je me suis fait un cycle Orson Welles aussi, «
La soif du mal » est excellent, «
le criminel » très bon, «
le troisième homme », j’ai adoré aussi. A noter que Dimanche en fin de soirée, il passe «
La dame de Shanghai » sur Paris Première avec Welles et Rita Hayworth.
«
La soif du mal » est un film d’Orson Welles racontant l’histoire d’un attenta à la bombe à la frontière mexico américaine débouchant sur un conflit entre deux flics aux méthodes radicalement différentes. Charlton Heston interprète le policier mexicain intègre et Orson Welles, un fil américain capable de falsifier des preuves pour faire condamner un homme, qu’il présume coupable. Outre l’histoire passionnante et complexe, la réalisation est exceptionnelle avec notamment un plan séquence énorme en début de film.
Quand au «
Criminel » c’est l’histoire d’un ancien grand criminel nazi qui s’est exilé aux States et qui y a refait sa vie. Un de ses anciens lieutenants est relâché afin d’être pisté. L’histoire est passionnante et cela nous montre, toute l’étendue du caractère humain. Cet ancien génie du mal nazi interprété par Welles est désormais devenu une sorte de référence pour la petite ville qui l’a accueillie. Il y a de nombreuses scènes excellentes comme celle où on lui demande ce qu’il pense de la race allemande et l’ancien nazi répond hypocritement, qu’il faut réaliser une « paix carthaginoise », c'est-à-dire tous les éliminer. Très bon film.
J'avais d'ailleurs ecrit un truc sur "Le troisieme homme", donc je le met ici aussi :
«
Le troisième homme » est un grand film se passant dans une ville de Vienne meurtrie par la seconde guerre mondiale. Un écrivain américain nommé Holly Martins s’y rend pour retrouver un ami qui veut lui offrir du travail. Malheureusement lorsqu’il arrive dans la capitale autrichienne, son ami est mort et son unique vocation dès lors, sera de comprendre les raisons de ce décès. Il tentera d’identifier « le troisième homme », un témoin inconnu qui aurait secouru son ami lors de son accident. Au casting, on retrouve l’excellent Joseph Cotten et le génialissime Orson Welles. Certes la prestation de ce dernier se cantonne à 30 petites minutes mais 30 minutes de bonheur. La réalisation en noir et blanc est d’une incroyable beauté, outre le fait de montrer cette Vienne en ruine, il y a des effets de lumière magnifique comme lors de la scène où l’on découvre le visage d’Orson. En matière de scène mythique, il y a bien sur celle des égouts, ce jeu du chat et de la souris est d’une incroyable intensité. Carol Reed signe un grand film traitant de l’amitié et de ses limites accompagnée d’une musique sublime signée Anton Karas.