Un documentaire explosif Monaco : les mauvaises fréquentations du prince Louis II
Après deux ans d'enquête, Pierre Abramovici livre un document qui met à mal l'image de neutralité de la Principauté pendant la Seconde Guerre mondiale.
Nostalgiques de feue Grace née Kelly, boulimiques des fastes du Rocher et des frasques des rejetons Grimaldi, zappez immédiatement. Vos rêves de guimauve vireraient au cauchemar. La SEPT-Arte commet ce soir un crime de lèse-Principauté en présentant dans le cadre des Mercredis de l'Histoire ce que fut l'" étrange neutralité " monégasque pendant la Seconde Guerre mondiale. Une page d'histoire restée secrète jusqu'à nos jours. En cinquante-deux minutes, Pierre Abramovici permet de comprendre, preuves et témoignages à l'appui, comment Monaco a pu devenir un opulent Éden financier alors que tous les pays européens sortaient ruinés de la guerre.
Ainsi, dès 1933, les nazis ont lorgné sur Monaco, ses casinos blanchisseurs et ses appâts fiscaux. Le banquier-ministre de Hitler, Hjalmar Schacht, voulait y implanter une banque internationale. Lorsque l'armée italienne l'a occupée en 1940, la Principauté est devenue naturellement un centre de propagande fasciste. RMC ? La voix du Führer. Et Louis II, le prince régnant et grand-père de l'actuel Rainier, celle de Pétain : " Je ne veux pas que ma Principauté devienne une Palestine de luxe ", éructe-t-il. Des lois antijuives furent illico proclamées, dès le 3 juillet 1941, dans le Bulletin officiel de la Principauté. " On devait faire des photographies de toute la population, explique un témoin, de profil, du côté droit, en montrant l'oreille pour trouver les Israélites ", selon les sornettes anthropologiques des nazis. Pour entrer dans les bonnes grâces de Hitler, Louis II a même nommé comme consul général à Berlin non pas un Monégasque mais carrément un notable du parti nazi, le docteur Bernhard Bodenstein.
En mars 1942, le docteur Schaefer, président du service de contrôle du Reich à la Banque de France, reçoit un accueil princier à Monaco dans la perspective d'installer sur le Rocher une banque allemande " filiale et non succursale de la Reichsbank ou de la Deutschebank, ou peut-être des deux ". C'est ce que l'on a appelé officiellement la neutralité monégasque. Dès lors, Monaco est devenu une capitale de tous les trafics, des marchés noirs, et des fraudes pas uniquement fiscales. Par la Suisse et par Monaco, l'Allemagne a réussi à contourner les embargos imposés par les Alliés.
L'enquête implacable que nous propose la SEPT-Arte - exercice d'investigation devenu rarissime à la télévision - brise un tabou : ce n'est ni des activités de ses casinos ni de son statut de paradis fiscal que la Principauté de Monaco a tiré sa richesse actuelle. " J'ai assisté impuissant à l'évolution des événements sans jamais m'y associer et sans jamais pouvoir les combattre ", dira le prince Rainier, succédant à Louis II, en 1949. Sans jamais non plus vouloir que toute la vérité soit établie. L'argent n'a pas d'odeur, dit-on. À Monaco, si.
Serge Garde ![Beer Beer](https://www.opiom.net/forums/images/smileysOpiom/beer.gif)