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Alvaro Gonzalez, défenseur de Marseille : «Quand j'étais jeune, j'avais un maillot de l'OM»
Adolescent, le défenseur espagnol se baladait déjà avec les couleurs de Marseille. Il jouait aussi avec ce tempérament que découvre la Ligue 1 cette saison.
Au-delà des Pyrénées, ses coéquipiers l'appelaient «Potes», du nom du village de montagne de Cantabrie, au nord de l'Espagne, d'où il est originaire. Son surnom l'a suivi à Marseille. «Parce que j'ai fait écrire "Potes" sur mes chaussures et "potes", chez vous, ça veut dire "collègues", "amis", raconte Alvaro Gonzalez. Duje (Caleta-Car) m'appelle comme ça.» Le défenseur central était encore invaincu avec l'OM avant le quart de finale de Coupe de France à Lyon mercredi (0-1). Cela ne change rien : l'Espagnol (30 ans), prêté avec option d'achat automatique par Villarreal, a apporté la solidité qui manquait derrière la saison passée. Lundi, il nous a raconté sa bonne intégration à Marseille et a confirmé qu'il serait là la saison prochaine : «Oui, l'option était automatique si je jouais cinq matches. Ce n'est pas officiel. Mais il n'y a pas à laisser planer de doutes : je me sens très bien ici et le club veut que je reste.»
«Que représente l'OM en Espagne ?
Quand j'étais jeune, j'avais un maillot de l'OM. C'est un détail, mais ça montre que l'aura du club dépasse la France.
Vous aviez vraiment un maillot de Marseille ?
J'avais quinze ans. En vacances à Benidorm (près de Valence), on est entrés dans une boutique de maillot : mon frère était reparti avec un maillot de Dortmund et moi avec un de Marseille. Je ne saurais pas trop dire pourquoi... Il n'y avait pas de nom derrière. Devant ? (Il réfléchit.) Il y avait écrit "Neuf" (*). Je le mettais souvent. Je l'ai rappelé au président quand je suis arrivé ici. Ça devait être écrit !
Alvaro Gonzalez a disputé 20 matches cette saison avec l'Olympique de Marseille : 16 en Ligue 1 (sur 24 possibles) et 4 en Coupe de France.
Quelle relation entretenez-vous avec votre entraîneur André Villas-Boas ?
Il a été très important dans ma venue à Marseille. (Andoni) Zubizarreta, (Albert) Valentin et lui ont été à la base de mon arrivée. Une fois que je leur ai dit que je voulais venir, c'est André qui est entré en contact avec moi par téléphone. Il m'a dit que je pouvais beaucoup aider la défense en apportant certaines choses à côté des jeunes défenseurs qu'il y avait déjà. Quand André Villas-Boas t'appelle, c'est quelque chose de spécial. Recevoir un coup de fil de l'un des meilleurs entraîneurs d'Europe a été un atout de plus pour que je sois ici. Avec la confiance qu'il m'accorde, je suis revenu au niveau que j'avais à mes débuts à Villarreal, quand on avait fait de bonnes saisons en terminant cinquième de Liga (en 2017 et 2018).
À Saint-Étienne (2-0, le 5 février), on vous a vu le protéger quand Wahbi Khazri s'en est pris à lui...
(Il sourit.) Je suis une personne totalement différente sur le terrain. Dans la vie, je suis très normal, calme, mais sur le terrain, je me transforme un peu, je deviens ce joueur chaud, à l'image de ce que sont les supporters ici. C'est une manière de vivre le foot et j'aime le vivre comme ça : ça me permet d'être plus concentré sur mon match. Et former une équipe, c'est savoir se défendre les uns les autres.
Cela vous dérange-t-il si l'on dit que vous êtes un défenseur dur ?
Non ! C'est ma façon de jouer ! Il y en a qui se distinguent parce qu'ils sont très bons balle au pied, d'autres parce qu'ils défendent et sont durs, tranchants. Si je n'avais pas ce caractère et que je ne jouais pas comme ça, je ne serais pas au haut niveau, dans l'un des meilleurs Championnats d'Europe.
Vous avez toujours été défenseur ?
Oui, toujours... Bon, c'est vrai que tout petit, dans mon village, j'étais attaquant. Mais dès que je suis arrivé au Racing (Santander), avec mon caractère, ma façon d'être, on m'a fait reculer. Cette grinta que je mettais, c'était plus pour un défenseur que pour un attaquant.
Un ancien défenseur international vous entraîne : Ricardo Carvalho (adjoint de Villas-Boas). Que vous apporte-t-il ?
J'ai eu la chance de jouer contre lui en Espagne. Je devais avoir 20 ans. Il était au Real et moi à Santander. Je ne crois pas qu'il s'en rappelle (il rit). C'était l'un des meilleurs d'Europe à son poste. Comme il a joué à Monaco, il connaît la Ligue 1. Il sait quelle est la structure du jeu en France. Avant que je rentre sur le terrain, il vient toujours me voir pour me dire la même chose : "Alvaro, du calme, et place tes partenaires sur le terrain." C'est toujours la phrase qu'il me sort. Être toujours bien situé les uns par rapport aux autres, c'est l'une des bases de notre force collective.
Sur un terrain, vous aimez diriger...
Dans tous mes clubs, j'ai été capitaine : à Villarreal, à l'Espanyol (Barcelone), au Racing (Santander), à Saragosse. Dans une équipe, il faut avoir des joueurs qui amènent la qualité technique, les buts : on voit que chaque week-end, si ce n'est pas Payet, c'est Dario (Benedetto), sinon c'est Nemanja (Radonjic), Morgan Sanson, Rongier... Mais il faut aussi avoir des personnalités pour être des gagnants, ne jamais se relâcher, ne pas s'habituer à ce qui va bien. C'est l'une des choses que je peux apporter.
Avez-vous l'impression de jouer votre meilleur football ?
Avant, beaucoup de joueurs arrêtaient leur carrière à 30 ans, mais beaucoup d'amis m'ont dit qu'aujourd'hui c'était le meilleur âge, autant physiquement que mentalement. C'est à cet âge que tu arrives à avoir tout en même temps. Ils ont raison. Je dois en profiter. Quand je suis venu ici, j'avais dit que mon premier objectif était de jouer la Ligue des champions. Les gens pensaient que j'étais un peu fou. On est sur une lancée qui peut nous permettre de le faire et on doit être conscients qu'on doit y arriver. J'ai aussi dit que je voulais découvrir la sélection espagnole. C'est mon rêve un peu fou, mais je veux le faire savoir. Je joue toutes les semaines avec des joueurs internationaux. Strootman, Mandanda, Sakai, Payet... Tout le monde va dans sa sélection. J'aimerais faire pareil.
Partagez-vous l'inquiétude de votre entraîneur et de Dimitri Payet sur la nécessité de se renforcer en cas de participation à la C1 ?
C'est sûr que si on jouait la Ligue des champions cette saison, on aurait un effectif un peu court. Si on se qualifie pour la Ligue des champions, avec toutes les compétitions à disputer, on aura besoin de plus de monde. Une des choses que je partage avec ce qu'ont dit le coach et Payet, c'est que si cette saison on donne notre vie pour aller en Ligue des champions et qu'on donne ce bonheur aux supporters et à nous-mêmes, j'aimerais qu'on y soit compétitifs. Marseille a tout pour pouvoir bien y figurer : le public, le stade, la ville. Tout ça mérite qu'on fasse quelque chose de beau.»