24-11-2006, 16:47
De tous temps, l'homo olibrius a voué une passion morbide aux jeux d'hémoglobine. Les arènes de nos ancêtres du calcio suintaient le globule, la foule haranguant ses champions tous de muscles et de cuirs vétus, offrant à l'un sa liberté, à l'autre le droit de vivre ou de mourir. D'un simple geste, en fait, d'un pouce levé un peu haut, ou baissé un peu bas, la foule excitée vivait, vibrait, dépensant son excès d'adrénaline dans un corps à corps malsain par procuration.
Du myrmillon au rétiaire, de l'essédaire au samnite, peu importait la couleur du vainqueur, peu importait la manière, et finalement peu importait le résultat final, la vie d'un homme se dépréciait en fonction de sa combattivité.
Sans se voiler la face d'un casque au cimier, je dois avouer que de plus en plus, je retrouve des similitudes entre nos champions et ces Ferox, Fulgur ou Ursius, champions de leurs états.
En famille ou entre amis, aller défendre les couleurs de sa ville, de sa région en supportant des combattants modernes (et fort peu courageux comparés à leurs ancêtres). La fierté, l'appartenance, l'honneur deviennent alors des valeurs morales, à défendre, coûte que coûte, quelque soit la manière, quelques soient les conséquences.
On en est même rendu à confondre sport, politique et religion, les maux de la société déteignent fortement sur cette frange de la population vouant un culte immodéré pour une sphère de plastique. L'oracle de Delphes doit bien se marrer.
On idolâtre des champions, en position de combat, alignés, regard fier, hymne en fond, front plissé, feignant une concentration de tous les instants, se demandant à combien sera la prime de victoire avant de se demander si ils méritent leur place. Ils la méritent leur place, c'est évident, les dizaines de milliers de personnes présentes, les entourant, les couvant, scandant leurs noms, si ça ce n'est pas de la légitimité populaire ...
Leur maitre, le lanista, présent sur le bord de l'arène, encourage ses protégés, leur intimant l'ordre de se battre jusqu'au dernier souffle, ou au moins jusqu'à la piqûre de la mi-temps. Les muscles brillent, les aisselles sentent, les traits se tirent, et la foule en a pour son argent, du sang et des muscles, des fractures et des buts, de la violence gentiment déversée.
C'est ça aussi le sport, une confrontation digne des âges antiques, on n'a rien inventé, on n'a pas évolué, on recherche finalement toujours la même chose, le frisson qui parcourt une foule, une minute de silence où on fait petitement parti d'un tout, l'affirmation d'une identité en fonction du maillot porté. L'homme n'a vraiment pas changé, le stade est une arène moderne, les joueurs sont nos gladiateurs, on virera d'un sondage un entraineur comme on éliminait un combattant d'un signe de la main. Sentiment de pouvoir, de toute-puissance, de domination, de supériorité aussi.
Les supporters exigent des résultats, leur courroux n'en est que plus renforcé lorsque leurs thraces en short moulant ne court pas assez vite, ou pas assez longtemps, comme des bêtes de somme desquels on exige beaucoup parce qu'ils gagnent beaucoup.
500 ans avant notre ère, les débordements violents, moraux, étaient déjà mis en avant pour mettre un terme à des spectacles d'un autre âge. Aujourd'hui, on scande sa haine de l'autre, une banderole dans les mains, les idées dans les poches, les mains au-dessus d'un crâne d'où ne sort décidement pas grand chose d'humain. D'un autre âge. On court après un homme pour lui montrer qu'on est fort, effet de meute, effet d'entrainement, peu importe d'avoir un cerveau à ce moment là, il faut juste courir vite et frapper fort, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'arène.
Ces combats de gladiateurs étaient à l'époque considérés par les hautes sphères intellectuelles comme un exhutoire, canalisant les soubresauts sociaux. Une manière de calmer la foule en leurs offrant un spectacle nécessaire à l'apaisement des esprits.
Aujourd'hui, rien n'a changé. Une défaite est un casus belli.
Une seule question reste pour l'instant sans réponse : Cui bono ? A quoi bon ?
NATURAM EXPELLES FURCA, TAMEN USQUE RECURRET
Chassez le naturel à coup de fourche, il reviendra toujours.
La nature de l'homme est ainsi faite que sa connerie supplante bien souvent le peu d'intelligence dont il est capable.
Du myrmillon au rétiaire, de l'essédaire au samnite, peu importait la couleur du vainqueur, peu importait la manière, et finalement peu importait le résultat final, la vie d'un homme se dépréciait en fonction de sa combattivité.
Sans se voiler la face d'un casque au cimier, je dois avouer que de plus en plus, je retrouve des similitudes entre nos champions et ces Ferox, Fulgur ou Ursius, champions de leurs états.
En famille ou entre amis, aller défendre les couleurs de sa ville, de sa région en supportant des combattants modernes (et fort peu courageux comparés à leurs ancêtres). La fierté, l'appartenance, l'honneur deviennent alors des valeurs morales, à défendre, coûte que coûte, quelque soit la manière, quelques soient les conséquences.
On en est même rendu à confondre sport, politique et religion, les maux de la société déteignent fortement sur cette frange de la population vouant un culte immodéré pour une sphère de plastique. L'oracle de Delphes doit bien se marrer.
On idolâtre des champions, en position de combat, alignés, regard fier, hymne en fond, front plissé, feignant une concentration de tous les instants, se demandant à combien sera la prime de victoire avant de se demander si ils méritent leur place. Ils la méritent leur place, c'est évident, les dizaines de milliers de personnes présentes, les entourant, les couvant, scandant leurs noms, si ça ce n'est pas de la légitimité populaire ...
Leur maitre, le lanista, présent sur le bord de l'arène, encourage ses protégés, leur intimant l'ordre de se battre jusqu'au dernier souffle, ou au moins jusqu'à la piqûre de la mi-temps. Les muscles brillent, les aisselles sentent, les traits se tirent, et la foule en a pour son argent, du sang et des muscles, des fractures et des buts, de la violence gentiment déversée.
C'est ça aussi le sport, une confrontation digne des âges antiques, on n'a rien inventé, on n'a pas évolué, on recherche finalement toujours la même chose, le frisson qui parcourt une foule, une minute de silence où on fait petitement parti d'un tout, l'affirmation d'une identité en fonction du maillot porté. L'homme n'a vraiment pas changé, le stade est une arène moderne, les joueurs sont nos gladiateurs, on virera d'un sondage un entraineur comme on éliminait un combattant d'un signe de la main. Sentiment de pouvoir, de toute-puissance, de domination, de supériorité aussi.
Les supporters exigent des résultats, leur courroux n'en est que plus renforcé lorsque leurs thraces en short moulant ne court pas assez vite, ou pas assez longtemps, comme des bêtes de somme desquels on exige beaucoup parce qu'ils gagnent beaucoup.
500 ans avant notre ère, les débordements violents, moraux, étaient déjà mis en avant pour mettre un terme à des spectacles d'un autre âge. Aujourd'hui, on scande sa haine de l'autre, une banderole dans les mains, les idées dans les poches, les mains au-dessus d'un crâne d'où ne sort décidement pas grand chose d'humain. D'un autre âge. On court après un homme pour lui montrer qu'on est fort, effet de meute, effet d'entrainement, peu importe d'avoir un cerveau à ce moment là, il faut juste courir vite et frapper fort, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'arène.
Ces combats de gladiateurs étaient à l'époque considérés par les hautes sphères intellectuelles comme un exhutoire, canalisant les soubresauts sociaux. Une manière de calmer la foule en leurs offrant un spectacle nécessaire à l'apaisement des esprits.
Aujourd'hui, rien n'a changé. Une défaite est un casus belli.
Une seule question reste pour l'instant sans réponse : Cui bono ? A quoi bon ?
NATURAM EXPELLES FURCA, TAMEN USQUE RECURRET
Chassez le naturel à coup de fourche, il reviendra toujours.
La nature de l'homme est ainsi faite que sa connerie supplante bien souvent le peu d'intelligence dont il est capable.