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Quelle gauche Dav??
Sinon j'aime bien la
- L'école est-elle bonne à tout faire ?
L'ouverture du grand débat sur l'école risque de se transformer en grand déballage si la dérive que l'on observe ces derniers temps se confirme. En effet comment comprendre les articles divers qui sont publiés ces temps-ci et qui font de l'école le lieu central de la question du voile, du string, du travail... pour ne lister que les derniers parus ?
Examinons de plus près ces quelques thèmes pour observer que s'ils concernent l'école ils n'en sont pas le lieu d'origine. L'école est surtout l'objet central des discours tenus à propos de ces thèmes. Une analyse un peu approfondie de chacun d'eux pourrait pourtant montrer que l'école n'est qu'un commode exutoire de l'incapacité de notre société à traiter un certain nombre des problèmes qu'elle a générés autrement qu'en les scolarisant, en tentant de les disciplinariser dirait Michel Foucault.
Le port de signes ostentatoires d'une conviction religieuse n'est pas un problème nouveau dans notre société et il fut certaines époques où il a été traité avec une rare violence. Or aujourd'hui on tente de demander à l'école de traiter et de résoudre le problème pour toute la société. Cela signifierait donc qu'il n'y a pas d'autre lieu pour aborder la question. La question du foulard est une question générale de vie en société et de gestion des différences et non pas une question d'école.
Le port du string concernerait l'école aussi. Alors qu'il suffit de traverser n'importe quelle ville pour se rendre compte que les publicités se sont multipliées. Mais, encore une fois, on demande à l'école de discipliner la population.
La restauration du travail comme valeur est à la mode en ce moment, entre le président du Medef et le ministre de l'éducation, chacun y va de son couplet. Ce dernier rappelant que c'est l'école, encore elle, qui peut porter le message. Il suffit là encore de regarder quelques instants la télévision pour comprendre que la « valeur » travail est mise à mal par la valeur du travail que chacun réalise pour prendre sa part à la vie sociale.
L'indécence des émoluments de certains dirigeants (parfois membres de comités d'éthiques de la vie professionnelle), les incitations aux gains faciles ne sont-elles pas davantage pourvoyeuses du doute sur le travail comme valeur, qu'une approche pédagogique qui essaie de faire apprendre avec « plaisir » ou au moins de redonner le « désir » d'apprendre.
L'école serait donc en fait le dernier lieu de disciplinarisation sociale, c'est pourquoi elle est désignée systématiquement pour résoudre ces problèmes qui sont générés, la plupart du temps, par l'inconséquence des adultes. Autrement dit nombre de ceux qui s'expriment dans ce sens démontrent l'incapacité à assumer un certain nombre de problèmes si ce n'est en passant par l'école.
La tentation naturelle des membres du système scolaires est évidemment de sanctuariser l'école et d'entrer dans ce processus de disciplinaristation. Michel Tardy avait montré dans les années 60 à propos de la télévision l'illusion de cette posture et nous pensons qu'il en est de même aujourd'hui à propos des TIC.
A force de vouloir scolariser et disciplinariser des problèmes de société, nous transférons à l'école notre responsabilité d'adulte. Les émissions de télé-réalité et la télévision dans son ensemble n'ont pas été inventées dans l'école, ne demandons pas à l'école de résoudre (en tout cas pas seule) les problèmes qu'elles posent. Le string, phénomène de mode et avatar récent de la société de consommation, n'attend pas l'école pour s'imposer, alors pourquoi demander à celle-ci d'apporter un cadre disciplinaire à son utilisation. Le foulard, phénomène nouveau d'une mondialisation qui fait rejoindre religion, pauvreté et révolte, ne peut être traité dans le seul lieu scolaire s'il n'est pas envisagé plus globalement.
Les politiques et certains intellectuels se sont emparés de l'Ecole pour faire valoir leur sens des valeurs fondamentales. Or ils sont beaucoup moins prompts à demander ce même sens des valeurs à un Etat et à des sociétés qui s'enrichissent (ou qui alimentent leur combat) en promouvant l'usage du string, du foulard et du gain d'argent désynchronisé du travail réel.
Non l'école ne doit pas venir la bonne à tout faire de notre absence de repères éthiques. Elle a sa place légitime dans le processus d'éducation sociale et citoyenne, mais pas toute la place comme on le perçoit en filigrane de discours (qui vont s'empresser de le nier) actuellement médiatisés. Nous qui cherchons à penser et vivre la place des Technologies de l'Information et de la Communication dans le système scolaire, avons chaque jour l'occasion de voir que les jeunes qui sont scolarisés dans nos établissements nous demandent des repères pour l'usage, mais ils savent bien que le cadre générateur de cet usage est bien en dehors : dans le monde du travail et dans celui des loisirs en particulier.
Vouloir à tout prix mettre l'école au centre de ces questions est une conduite d'évitement, de déni. Nous manquons probablement de courage en ce moment. La demande de disciplinarisation de la société (si tant est qu'elle soit nécessaire), qui demanderait à être au centre du débat sur l'école, ne doit pas trouver dans l'école sa seule solution.
Bruno Devauchelle
Cepec
Et enfin
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!!