Cher cetace,
alors que le commun des mortels aime à prendre de bonnes résolutions une fois la Saint Sylvestre fêtée, j'ai décidé pour ma part de ne m'y mettre qu'après le passage du solstice d'été. Et pour cause, ma décision n'était pas facile à prendre. Après de longs mois d'intense réflexion et de tergiversations j'ai donc, depuis maintenant une semaine, pris les choses en mains : je ne mangerai plus de carottes râpées conditionnées !
Fini les Pierre Martinet ou autres salades de racines d'ombellifères à forte teneur en carotène dont la sauce fluo est plus douteuse encore que les nems de feu le chinois en bas de chez moi.
Profitant de ma pause de midi, je séchais mardi dernier le monotone repas quotidien entre collègues pour me rendre chez Simply Market. Et là surprise, impossible de trouver une râpe à carottes ! Certainement un coup du lobby Martinien me dis-je ! Mais il en faut plus pour stopper un foutcheubol engagé sur la voie de la consommation intelligente. J'arpentais alors les rues de la banlieue est parisienne pour rejoindre le Carrouf le plus proche. J'étais sûr de mon coup, et au milieu des éplucheurs de légumes et autres coupeurs d'œufs je trouvais mon bonheur : une magnifique râpe à carottes en bakelite d'un vert pastel se mariant parfaitement avec ma bouilloire.
Fier de mon acquisition que j'arborais durant tout l'après midi dans ma poche de chemisette face à des collègues médusés, je pensais déjà à mes achats du soir. Gouverner c'est prévoir. Et la gestion de mon estomac ne peut souffrir d'aucune approximation ! Je parcourais donc le net afin de me renseigner sur les différentes espèces de carottes. Je rêvais déjà d'une bonne salade de Nantaises améliorées, de demi longues de Chantenay ou de carottes Touchon. Quelle ne fut pas ma déception de ne trouver chez mon achalandeur en mangeaille favori que de simples carottes, origine France, sans autre précision. Ma libido gustative en prenait un coup mais j'étais résolu à passer le cap.
Quelques dizaines de minutes plus tard j'étais donc dans ma cuisine, râpant comme à mes plus belles heures passées dans le 93 qui m'a vu grandir. Une cuillère d'huile, quelques gouttes de vinaigre, une pincé de sel et je festoyais, me délectant de ce goût authentique retrouvé et de cette victoire face à la puissance industrielle et sa main visible qu'est le marketing. Pris dans un élan de folie je me voyais déjà arrêter le pâté en croute de chez Franprix ! M'enfin point trop n'en faut.
Alors tout ce petit laïus pour en venir où ?
Et bien m'y voila. Le lendemain de cette saine orgie alimentaire, alors que je me voyais remettre le couvert, j'étais stupéfait de découvrir que les carottes qui avaient passées la nuit dans mon saladier à fruits et légumes étaient déjà bien flétries. J'ai depuis renouvelé l'expérience et re-belote ! Alors que la tomate peut tenir jusqu'à 3/4 jours sans souffrir d'aucune altération il semble que les carottes soient à peine capables de passer une nuit ou deux, tout au plus, sans perdre de leur superbe.
Quel est donc, cetace, cet étrange phénomène ?
N'y aurait-il aucune vie possible pour la carotte en dehors du frigo ?
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