24-01-2006, 18:35
Encore un OM à l'amer. C'est dire si le navire tangue. 12 ans plus tard, les langues mal pendues s'Eydelient. Mais on ne les tournera pas sept fois en bouche devant l'urgence de faire tourner la planche à Biet.
La France bien-pensante vend du moral comme on vend du cul, coincée dans une névrose poulidorienne et flagellatrice. Rien de tel qu'une psychothérapie de groupe nationale pour redorer une conscience à bon compte. Alors on s'allonge sur le divan de l'hypocrisie et on exorcise.
On envoie bien l'armée faire de l'humanitaire...
On était là tranquille, pour la première fois depuis une dizaine d'années. Sans crise, sans remous, avec même un semblant de stabilité. Du jamais vu à Marseille.
Le ciel, les oiseaux et le Maire dans une harmonie inédite. Le lac clément, quoi !
Et voilà que 12 ans après une affaire pourtant jugée, l'OM se retrouve encore précipité dans la piscine à vagues.
Sauf que plus qu'un passé agité, c'est le Marseille actuel qui traîne ce boulet. Et la perpétuité de la peine semble tout d'un coup imméritée.
D'abord, parce qu'on n'y apprend rien. Tous les faits ont été jugés. Comment croire que l'OM ait pu acheter le Milan de Berlusconi !
Les déclarations de Jean-Jacques Eydelie sont une éxaltation des sens : elles donnent visage et couleur à une représentation mentale, bien connue de tous.
On imaginait, on "subodorait" , pour reprendre le terme du juge Eric de Montgolfier. Sauf à penser qu'Eydelie ait menti sous serment...
C'est donc un pavé lancé dans une mare vide. Les remous seraient donc artificiels, provoqués par la main de l'homme ?
Les hasard sont parfois bien fâcheux pour l'OM et Marseille. A quelques mois du procès des comptes de l'OM, Eydelie nous livre la substantifique moëlle de sa confession publique.
La date de sortie du brûlot est prévue pour le 4 mars 2006. Nous nous rendrons à la FNAC, mais pas trop tard car il ne faut pas louper le PSG/OM du soir...
Les bal des faux derches et des mal assis
Les Marseillais en ont marre de se voir confier le rôle de l'éternel bandit.
Marseille est lassée de jouer les faire-valoirs pour des chevaliers pas vraiment blancs.
Le Wenger masqué revient au galop. Le gentleman cambrioleur Arsène, non content de piller les joyaux de la formation française, en remet une couche et érige Marseille en symbôle des "heures sombres du football français".
Comme on dit, on voit toujours mieux Stéphane Paille dans l'oeil du voisin que la Futre qu'on a dans l'Essien.
Comment peut-on prétendre parler au nom du football français quand on a oeuvré dans club défiscalisé, donc hors du cadre de la solidarité entre compatriotes ? Lui-même qui contribue directement à la fuite des talents vers l'étranger ?
Et puisqu'il ose évoquer le dopage, j'ose soumettre au diagnostic public la courbe de croissance de Robert Pirès, entre son départ de Marseille et son installation à Londres, une année plus tard...
Même le Milan AC de Berlusconi, symbole d'une Italie biberonnée au jus d'oranges juvitamininées, monte au créneau.
On voudrait presque nous retirer le titre européen glané à la barbe du grand Milan ! Pendant ce temps, à Parme, on nous prend pour des jambons...
Pour ajouter quelques grammes de finesse dans un monde de dûpes, on voudrait nous faire passer Eydelie pour un homme moral, alors qu'il a oeuvré lui-même pour cette infâmie qu'il dénonce aujourd'hui, faute de ne pas en avoir assez profité !
C'était effectivement une période sombre et des pratiques condamnables.
Mais l'OM a été condamné : descente en 2ème Division, titre national retiré...
Les hommes et le club ont payé.
Mais si c'était un mal national, à en croire les redresseurs de torts : tous les clubs étaient donc concernés. Ce n'était donc pas un particularisme local, ni un épyphénomène.
Si la justice guide les pas de Michel Biet, le co-auteur du libre, on attend impatiemment la sortie d'un tome précieux sur les arcanes de la période Bez à Bordeaux... ou sur les années Borelli à Paris.
Puisqu'il faut croire J-J Eydelie, c'est désormais une acception, on aurait triché quasiment partout en France. Sauf à Bastia, bien entendu.
Esprit Poulidor et acharnement malsain
C'est un art bien français que celui de défaire les vainqueurs. On laisse Armstrong gagner 7 tours de France pour s'indigner ensuite du dopage au moment où Lance décide de raccrocher... Où est la logique ?
On veut du moral là où il n'y en a pas. En France, même les aérosols prétendent sauver la planète.
On béatifie Zidane et l'équipe de France'98 de leur vivant. On omet volontiers au passage, car c'est bien pratique, que les piliers de ce sacre avaient joué à l'OM pendant ladite période... Barthez , Dessailly, Deschamps etc... Zidane jouait à la Juve et perdait ses cheveux dans l'indifférence générale.
L'élan marseillais a pourtant été la pierre angulaire de ce succès historique !
Barthez était encore le meilleur gardien du monde. Aujourd'hui c'est un vieillard délinquant...
A quoi bon nous resservir ce plat sans date de péremption alors que Marseille se bat contre une image déplorable dans tout l'hexagone ?
Comment Marseille peut-elle se dépétrer de cet éternel délit de sale gueule ?
Car entendons-nous bien : si Tapie a procuré joie et fierté non seulement aux Marseillais mais aux quatres coins de l'héxagone, il a aussi condamné le club à vivre sur ce sentiment d'une gloire faussée.
Et c'est un fardeau très lourd à porter, une situation qui nous emmerde plus qu'autre chose. A ce titre, Tapie nous a repris bien plus qu'il nous aura donné.
Il a précipité notre club et notre ville dans la suspicion et l'opprobre collective.
Tapie et l'OM ont été condamnés.
A ce titre, Marseille et l'OM souhaiteraient qu'on leur foot enfin la paix.
Tricards sinon rien
Moralité, même quand on souhaite se faire oublier, on nous réhausse le prix du rachat.
Après avoir réhabilité le délit de sale gueule, certains voudraient l'instauration du délit de sale club.
On comprend mieux les allusions de Lolo Fournier après un très nauséabond OM/PSG : "les pratiques n'ont pas changé. On se croirait revenu 20 ans en arrière".
Voici l'exemple même d'une allégation purement gratuite : on sait que Fournier et la com' du PSG ont tout monté en épingle. Mais médiatiquement, l'OM a été traîté comme un coupable.
Quel est le rapport entre une période révolue et l'OM d'aujourd'hui ? Aucun sinon ce trait d'union tout à fait malhonnête.
Ce genre d'événements nous attriste mais renforce notre intimité entre supporters, voire entre habitants.
Pour prendre une image provocante, l'OM ce sont les Arabes du football français : en proie aux préjugés tenaces mais diablement révélateurs d'un beaufisme ordinaire.
L'autre jour, une amie qui ne comprend rien au foot m'appelle au téléphone: "Tu as vu, il y a encore un scandale à l'OM !"
Je lui réponds: Mais non, c'est toujours la même affaire qui traîne des relents secondaires.
Elle me coupe : "Bah, de toute façon on se refait pas hein ! C'est toujours magouille et compagnie là-bas."
C'est le genre d'impact que nous trouvons sournoisement fâcheux. Ceux qui s'intéressent au football savent faire la part des choses. Pas les autres.
Les raccourcis sont quand même bien pratiques: c'est le gitan qui volera toujours les poules. Du moins à en croire ceux qui n'ont pas de poules. Et l'affaire est classée.
Marseille ne rêve plus de Tapie. Marseille ne rêve plus tout court. Du marchand de Tapie la ville s'est détournée. Depuis on lui vend du rêve. Et du cauchemar aussi.
Marseille essaie d'oublier tout cela.
Si c'est cela que l'on appelle la rançon du succès, les otages demandent leur libération.
On en viendrait presque à souhaiter que l'Olympique Lyonnnais remporte la Ligue des Champions pour se sentir moins seuls.
Espigoulien