Eydelie seul contre tous...
22/01/2006 Par AXEL CAPRON
De Sports.fr
Dans L'Equipe Magazine de samedi et un livre à paraître début mars, l'ex-milieu de terrain de l'Olympique de Marseille Jean-Jacques Eydelie lance un nouveau gros pavé dans la mare, confirmant la corruption de joueurs adverses dans l'affaire VA-OM, mais pointant également des pratiques de dopage courantes à Marseille et dans le foot en général. Des propos qui ont déjà provoqué une levée de boucliers, Bernard Tapie ayant annoncé son intention de porter plainte en diffamataion, tandis que le Milan AC demande que l'OM soit déchu de son titre européen.
![[Image: eydelie.jpg]](http://www.sports.fr/fr/images/20063/eydelie.jpg)
Eydelie a lancé un pavé dans la mare.
12 ans et demi après, l'affaire VA-OM refait donc surface. Impliqué dans ce scandale pour lequel il avait été reconnu coupable de corruption, au même titre que le président de l'OM, Bernard Tapie, et du directeur sportif, Jean-Jacques Bernès, l'ancien milieu de terrain marseillais Jean-Jacques Eydelie a donc lâché sa bombe dans
L'Equipe Magazine de samedi, revenant sur cette affaire, mais surtout sur des pratiques, allant de la tricherie au dopage, courantes, selon ses accusations, à l'époque où il jouait.
Quelle mouche a piqué l'ancien Nantais, muet quand il officiait sur les terrains ?
"On va dire que je suis à l'agonie et que je crache dans la soupe, reconnaît-il.
Je ne suis pourtant pas subitement devenu une balance. Pendant douze ans, j'ai tenu ma langue. Malgré les faits, les accusations, j'ai menti au juge et à la police." Visiblement, la situation précaire de celui qui se contente aujourd'hui du RMI et d'allocations familiales a joué dans ses révélations subites, l'ancien pro ne supportant pas d'être
"le seul à porter la croix de ce fameux VA-OM", lui qui assiste avec amertume aux retours au premier plan des autres protagonistes de l'affaire, Bernard Tapie et Jean-Pierre Bernès, mais également au mutisme de ses anciens amis, notamment Didier Deschamps et Marcel Desailly, qui l'auraient abandonné.
Ce à quoi ce dernier, sur son site Internet, rétorque:
"Contrairement à ce que dit Jean-Jacques, nous ne l'avons pas oublié pendant la tempête, nous étions proches de lui et c'est plus lui, parce que la pression était alors trop forte, qui n'a pas apprécié à sa juste valeur notre présence. Après, je suis parti douze ans à l'étranger, c'est normal que j'aie perdu le contact, il n'est pas le seul que j'ai perdu de vue du fait de l'éloignement. Reste que Jean-Jacques, je l'adore toujours, j'espère que ce livre va lui permettre de rebondir sur le plan psychologique et financier."
"Dans le bus, j'ai parlé de l'enveloppe"
Ces déclarations peuvent donc s'expliquer par le besoin psychologique de vider son sac, l'intéressé espérant qu'elles l'aideront à tourner la page et de se projeter dans un avenir qu'il espère plus souriant. Concrètement, de quoi s'agit-il ? De la confirmation d'abord de son implication dans l'affaire de corruption OM-VA (il a remis l'enveloppe contenant l'argent de la corruption destinée aux Valenciennois Jorge Burruchaga et Christophe Robert à la femme de ce dernier), ce qui lui a valu un an de prison avec sursis et 10.000 francs d'amende, une affaire qui, selon lui, était connue de tous les joueurs de l'époque.
"Dans le bus (après le match gagné 1-0, ndlr)
, j'ai parlé de l'enveloppe, du coup de fil, de la corruption (...) Je voulais que tout le monde sache car je pressentais déjà que j'allais avoir de gros ennuis."
Mais Jean-Jacques Eydelie ne s'arrête pas à cette seule affaire, affirmant qu'à
"Marseille, ça triche à tous les étages". Il revient ainsi sur les bouteilles d'eau des adversaires de l'OM dans lequel l'encadrement phocéen aurait eu l'habitude d'introduire
"je ne sais quoi à travers le bouchon" avec à l'arrivée des résultats parfois surprenants:
"Quand le CSKA Moscou est venu à Marseille, on a vu les joueurs se caguer dessus avant le match. Pas parce qu'ils avaient peur mais parce qu'ils se vidaient, qu'ils avient eu la chiasse d'avoir bu une boisson trafiquée."
Tapie: "Quand j'étais dans le trou, on ne m'emmerdait pas"
Des injections, il en évoque d'autres dans ses révélations, celles qu'auraient subies les héros de la finale de la ligue des champions 1993 avant d'affronter le Milan AC à Munich.
"Avant la finale, on nous a demandé de nous aligner à la queue leu leu pour recevoir une piqûre dans le cul. Rudi Völler a refusé (...) Pendant la partie, je me suis senti différent de d'habitude. Je ne salivais pas de la même façon, j'avais un drôle de goût dans la bouche." Eydelie sous-entend sans en apporter la preuve que ce sont des produits dopés qui auraient alors été injectés, une pratique généralisée dans le football selon lui:
"Le dopage, je l'ai vu dans tous les clubs où je suis passé, sauf à Bastia."
Dopage ou pas ? L'ancien joueur n'est pas le premier à faire ce genre de déclarations. On se souvient que Tony Cascarino avait lui aussi évoqué des injections, sans savoir si le produit contenu dans les seringues était interdit ou pas, tandis que dans son livre
Parole de Capitaine, Marcel Desailly avait raconté un épisode pendant lequel les joueurs étaient fortement incités à avaler des pilules, l'ex-capitaine des Bleus y voyant plus un effet placebo que du dopage.
Desailly qui ajoute d'ailleurs sur son site:
"Quand il évoque les piqûres, je trouve qu'il va un peu trop loin dans la mesure où des injections sont régulièrement pratiquées dans tous les clubs, mais pas dans des buts de dopage. Il utilise certains faits assez classiques de la vie d'un club pour jeter la suspicion, le doute."
Les propos-chocs d'Eydelie ont en tout cas depuis leur parution fait réagir la France du football. Dans une interview accordée au
Journal du Dimanche, Bernard Tapie lance la contre-attaque, annonçant son intention de déposer une plainte pour diffamation face à ce
"coup monté" après qu'Eydelie eut tenté de le faire chanter:
"Il y a un an et demi, Eydelie a fait le tour de mes anciens joueurs et collaborateurs pour faire du chantage: «Si vous ne me donnez pas de fric, je me venge»".
Pour l'ancien patron de l'OM, aujourd'hui acteur à succès et qui n'a peut-être pas dit son dernier mot dans le football (il aimerait faire partie de l'aventure d'un deuxième grand club à Paris), ces révélations n'ont qu'un but, lui nuire au moment où il refait surface (il a gagné son procès contre le Crédit Lyonnais dans l'affaire de la revente d'Adidas):
"Je reviens sur la scène publique et ça ne plaît pas. Mais toutes ces attaques alors que je recommence à remontrer mon nez, c'est bon signe. Cela veut dire que ça marche pour moi. Quand j'étais dans le trou, on ne m'emmerdait pas."
Si tous les joueurs de l'époque marseillaise rejettent en bloc les accusations de leur ancien partenaire, les mettant sur le compte de sa situation difficile, le Milan AC s'y est engouffré, réclamant que l'OM soit destitué de son titre européen. Est-on parti vers un nouveau rebondissement ou le soufflé de ce nouvel épisode du trop long feuilleton des années Tapie va-t-il retomber ? Affaire à suivre...
http://www.sports.fr/fr/cmc/football/200...84505.html