opiOM.net

Version complète : PAPE DIOUF : Le Gaston Leroux du football
Vous consultez actuellement la version basse qualité d’un document. Voir la version complète avec le bon formatage.
Pages : 1 2 3
Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui sur les CDF, une ITW interessante de Pape Diouf, sur le G14, la FIFA, et plus généralement le foot dans au coeur de la nouvelle économie.
Un Pape Diouf fidèle à lui meme, qui excelle dans l'art de la formule, avec comme substantifique moelle, bein...au grand désepsoir de Gargantua...pas grand chose in fine...



PAPE DIOUF : « TROUVER UN TERRAIN D'ENTENTE »
Propos recueillis par Jérôme Latta et Thibault Lécuyer - mardi 13 décembre 2005
Interview – Dans le contexte de "l'affaire Abidal" et du conflit opposant le G14 à la FIFA, le président de l'OM prône le dialogue et l'équilibre entre les clubs et les instances, tout en reconnaissant les risques d'une éventuelle jurisprudence...

Ce qu'il est désormais convenu d'appeler "l'affaire Abidal" a connu un tournant avec le dépôt d'une plainte de l'Olympique lyonnais contre la FIFA, devant le Tribunal de grande instance de Lyon, pour "abus de position dominante lié à la réglementation imposant aux clubs de mettre à disposition des équipes nationales sans indemnités ni prise en charge des assurances". Le club réclame 1,017 million de dommages et intérêts, somme qui correspondrait au préjudice de l'absence d'Éric Abidal, blessé avec l'équipe de France lors du match contre le Costa Rica.
La démarche, qui devait au départ viser la FFF, est soutenue par le G14 dont le directeur général Thomas Kurth a même fait le déplacement dans le Rhône, la semaine passée. Au-delà de la question de la mise à disposition des internationaux, le contentieux constitue d'ores et déjà un enjeu crucial pour l'avenir du football et surtout de l'équilibre entre football de clubs et football de sélections, celles-ci étant de plus en plus menacées (voir "
Fractures impayées").

Nous avons demandé son sentiment à Pape Diouf, président d'un autre club français membre du G14, l'Olympique de Marseille.


Quelle est votre regard sur l'affaire Abidal et la plainte de l'OL?
La position officielle que l'Olympique de Marseille peut exprimer, c'est évidemment que nous faisons preuve de solidarité, parce que telle a été la décision arrêtée par le G14, instance au sein de laquelle nous sommes partie prenante. Cela dit, je peux vous répéter le discours que j'ai tenu ce jour-là : il est certain qu'aujourd'hui, une instance comme la FIFA ne peut plus continuer à réguler, à légiférer le football mondial de la façon qu'elle l'a fait pendant des décennies. Nous avons assisté à d'énormes transformations dans le monde – ne serait-ce que l'éclatement de l'Europe ou l'existence d'une Europe juridique – qui font que les dirigeants internationaux du football ne peuvent plus considérer la discipline comme une espèce de vase clos. Aujourd'hui, il faut intégrer le football dans son environnement géopolitique, juridique, etc. Il faut que la FIFA, d'une position de "despotisme", en vienne à une position de dialogue, à plus d'échanges.

Les enjeux dépassent cependant la seule question du pouvoir de la FIFA...
Attaquer la FIFA revient indirectement à s'attaquer aux associations nationales. La patate chaude qui vient d'être envoyée à la FIFA, Sepp Blatter aura l'habileté de la passer à notre ami Jean-Pierre Escalettes [président de la FFF – NDLR] et c'est la Fédération qui sera concernée. Ainsi, je pense que le jour où la FIFA décidera de discuter, elle intégrera toutes les associations dans cette discussion. La question que je pose est alors la suivante : peut-on demander à celles-ci de supporter sur le plan financier d'éventuelles conséquences d'une blessure comme celle d'Abidal? Car le monde ne se réduit pas à l'Europe : le jour où Eto'o serait blessé avec le Cameroun, pourra-t-on attendre de la Fédération camerounaise la capacité de répondre à ce qui fait l'objet de tout ce remue-ménage? C'est pourquoi il faut un dialogue. Au lieu de voir le G14 jouer les francs-tireurs et les dirigeants de la FIFA jouer les despotes, on doit trouver un terrain d'entente, avec le bon sens que requiert une telle situation.




Cette affaire remet quand même en cause le principe même des équipes nationales, avec un rapport de force qui tourne à l'avantage des clubs les plus riches. Ne sont-elles pas menacées?
Elles peuvent l'être s'il y a entêtement de part et d'autre. Je suis de ceux qui persistent à croire aux vertus du dialogue. Pourquoi faudrait-il être toujours conservateur, alors que la vie évolue? Une instance comme la FIFA ne peut pas dire qu'elle continuera à opérer comme elle l'a toujours fait. Or, jusqu'à présent, elle a fermé la porte à tout dialogue avec le G14. Il est vrai que la manière dont la G14 a émergé a pu effrayer ses dignitaires... Mais à un moment donné, les solutions ne pourront être trouvées qu'autour d'une table de négociations. Il serait effectivement dommage que ce soient les équipes nationales qui pâtissent des positions de "divas" qu'adopteraient certains clubs. L'économique ne doit pas l'emporter sur le sportif : le monde ne se résume pas géographiquement à l'Europe, certains pays existent aussi aux travers de leurs sélections. Le Sénégal a par exemple été connu en 2002 grâce à son parcours en Coupe du monde. Il faut préserver cela et trouver un juste équilibre.

« Un éléphant n'avale pas un autre éléphant »

Mais le G14 ne s'arrêtera pas là, et l'on n'a pas le sentiment qu'il recherche un équilibre, mais plutôt la suprématie des clubs les plus riches...
Il faut quand même savoir qu'il n'y a pas que des mastodontes au sein du G14, mais aussi des clubs néerlandais ou portugais qui ont intérêt à ce que les idées n'aillent pas seulement dans le sens de l'économique et du financier. Une puissance telle que la FIFA se perd un peu à cause de cette puissance, de cette mainmise qui finit par constituer une faiblesse. Ce serait la même chose pour le G14. Il y a un proverbe sénégalais qui dit qu'un éléphant n'avale pas un autre éléphant. Si demain, il y a d'un côté les instances internationales et de l'autre des groupements tels que le G14, on aura une forme de neutralisation ou d'équilibre, à l'image du bloc de l'Est et du bloc de l'Ouest pendant la guerre froide.

Oui, mais c'est le bloc capitaliste qui l'a emporté (rires)…
Comparaison n'est pas raison. Mais quand deux puissances sont face à face, il y a de fortes chances que le dialogue s'instaure.

On a quand même l'impression que le G14 est une sorte d'oligopole qui ne défend qu'une partie des clubs...
On peut le penser, mais n'oubliez pas que le G14 a pris fait et cause pour un club comme Charleroi, au moment où l'affaire Abidal n'était pas encore au fronton des journaux. Vous me direz que c'est stratégique, mais le fait est là. Je n'ai pas de position tranchée aujourd'hui. Je suis amoureux du football, c'est le jeu qui me passionne depuis, dans l'ère moderne, la "Wunderteam" autrichienne jusqu'au "football total" des Hollandais...

Justement, n'avez-vous pas peur que les évolutions économiques nuisent à ce qui fait l'essence de cette passion?
Je relis, parfois, certains éditos de celui que je considère comme probablement le plus grand journaliste de football, François Thébaud du fameux Miroir du Football. Dès les années soixante, il dénonçait les dérives financières qui gangrenaient déjà ce sport, selon lui. Mais le football a continué, c'est une force qui va toujours de l'avant. Certes, il faut des garde-fous. Quand on voit la manière dont les grandes compétitions ont connu une sorte de dénaturation – avec par exemple une inflation du nombre de participants –, on voit bien qu'il faut canaliser, qu'on ne peut pas toujours faire plus. Mais il arrivera un moment où le jeu l'emportera, parce qu'on ne pourra jamais maîtriser le faux rebond, la barre transversale, le dribble d'un joueur...

Le G14 cherche pourtant à limiter l'aléa sportif. Et au-delà, le G14 oppose des formes de libéralisation ou de dérégulation à ce qu'on peut considérer comme des "gouvernements" du football... Pour notre part, nous avons peur que le jeu y perde son esprit...
Je suis comme vous…

Non, vous, vous êtes président de l'OM !
(Rires) Oui, d'accord, mais je suis passionné moi aussi et j'aime ce jeu profondément. J'ai parfois les mêmes appréhensions que vous. Le problème de l'argent, c'est qu'il montre toujours les faiblesses humaines. On peut être tenté de domestiquer le faux rebond, l'arbitrage, de l'orienter. Il faut être vigilant. En tout cas, ceux qui, comme vous, sont les gardiens du temple, doivent être vigilants.
Excellente idée Keyser !

Très intéressant, pas aussi creux que ce que les CdF en disent.
La position de Pape convient bien à Marseille.
C'est un point de vue de tiers-mondiste quelque part. Plus humain et plus proche des gens. Encore marqué par la guerre froide apparemment le Papou, c'est marrant. Il a une position logique.
Je n'avais pas pensé à la question des pays africains pour l'éventuelle jurisprudence Abidal.
Espigoulien a écrit :Excellente idée Keyser !

Très intéressant, pas aussi creux que ce que les CdF en disent.
La position de Pape convient bien à Marseille.
C'est un point de vue de tiers-mondiste quelque part. Plus humain et plus proche des gens. Encore marqué par la guerre froide apparemment le Papou, c'est marrant. Il a une position logique.
Je n'avais pas pensé à la question des pays africains pour l'éventuelle jurisprudence Abidal.

Je me suis fait exactement la meme reflexion et pas uniquement avec les pays Africains...qu'adviendrait l'Ukraine, si Shev venait à se blesser en sélection par exemple !
La finalité d'une carrière de football, doit être la sélection nationale, une récompense pour le joueur.
Aujourd'hui, c'est un vecteur publicitaire, plus qu'une véritable récompense.
Je n'ai jamais compris pourquoi un joueur devait être payé pour évoluer sous le maillot de sa nation, je suis probablement trop naïf, mais je trouve cela abérant Ranting, c'est un peu comme si, fallait payer nos enfants pour qu'ils nous fassent des calins Yuk
Clair!
Mais ce serait tellement plus simple de remédier au problème par un compromis sur les calendriers...
Pas creux du tout !

Belle capacité du Président à cerner le problème .
ce qui est sur c'est que le pape est loin d'etre idiot.

Bonne papounade.
En resumé, faut negocier les interets de tous. Qui peut etre contre?
King
Espigoulien a écrit :Clair!
Mais ce serait tellement plus simple de remédier au problème par un compromis sur les calendriers...

ah bah ça....vaste débat qui régit le monde du ballon rond.
...déjà la CAN la meme année que l'Euro semblerait plus cohérent que la mettre la meme année que le mondial...(dans quel état vont être les nations africaines pour le mondial...et dans quel état les joueurs africains vont ils être en début de saison 2006, après s'être tapé le championnat+coupes(europes et nations) + CAN + Mondial ...Gun2
Mais une harmonisation du calendrier soit...mais une année durera toujours 365 jours...et tant que le nombre de compétitions, ou de tours augmentera dans le seul et unique but de multiplier les retransmissions télévisées et donc les contrats publicitaire on se trouvera devant l"epineux problème de la quadrature du cercle...
Pourquoi vous doutiez des capacités de Pape à disserter sur de tels sujets ?
Non en tout cas vraiment belle et lucide analyse sur la situationn actuelle.
Ce qui est interessant c'est que Diouf est Senegalais et a donc un point de vue different du reste du G14 (qui probablement n'a aucun autre africain ou tiers-modiste dans ses representants).

Je ne pense pas qu'il soit en fait sur la meme longueur d'onde que le reste du G14, mais son point de vue est probablement plus juste, ou du moins plus ouvert.
iMerle a écrit :Pas creux du tout !

Belle capacité du Président à cerner le problème .

Et bien justement, je n'ai pas bien compris, où il se positionnait notre bon Pape...
En substance;il veut que ça change, sans dire ce qui doit changer, il souhaite tout le monde trouve son compte, sans donner la voie à prendre, il prend la défense des faibles...sans occulter le pouvoir des puissants...
Bref, il ménage la chèvre et le choux...pour moi, un grand classique de notre bien aimé Président...
DDLALALALA a écrit :Pourquoi vous doutiez des capacités de Pape à disserter sur de tels sujets ?
Non en tout cas vraiment belle et lucide analyse sur la situationn actuelle.


Clap Nan il est habile, le Pape, il a le sens de la formule.
Je ne sais plus qui des CdF ou de SoFoot l'a surnommé "Pape à strophes" King
keyser a écrit :Et bien justement, je n'ai pas bien compris, où il se positionnait notre bon Pape...
En substance;il veut que ça change, sans dire ce qui doit changer, il souhaite tout le monde trouve son compte, sans donner la voie à prendre, il prend la défense des faibles...sans occulter le pouvoir des puissants...
Bref, il ménage la chèvre et le choux...pour moi, un grand classique de notre bien aimé Président...

C'est un cocoboy moderne.
C'est aussi un moyen de désavouer Lyon et de les faire passer pour des amères loques.
De toute façon, c'ets juste un poids sans la balance. J'ai pas dit une tare. Le Pape n'a aucune décision à prendre.
keyser a écrit :Et bien justement, je n'ai pas bien compris, où il se positionnait notre bon Pape...
En substance;il veut que ça change, sans dire ce qui doit changer, il souhaite tout le monde trouve son compte, sans donner la voie à prendre, il prend la défense des faibles...sans occulter le pouvoir des puissants...
Bref, il ménage la chèvre et le choux...pour moi, un grand classique de notre bien aimé Président...

Mais c'est justement que ce discours du "il faut aussi tenir compte des ineterets des nations faibles/tiers mondistes etc..." n'est normalement pas le discours du G14 qui s'en fout a vrai dire. Lui se positionne pour qu'on en tienne compte. Mais est-ce que d'autres membres du G14 ont ce point de vue? Il suggere que les portugais peut etre ... etc. et qu'en fait la solution ne passe pas par la confrontation juridique ou financiere mais plutot par la discussion.

Donc oui discour pacifiste d'un negociateur, diplomate qui a quand meme mis sur la table un des problemes que le G14 en fait cherche a occulter.
keyser a écrit :Et bien justement, je n'ai pas bien compris, où il se positionnait notre bon Pape...
En substance;il veut que ça change, sans dire ce qui doit changer, il souhaite tout le monde trouve son compte, sans donner la voie à prendre, il prend la défense des faibles...sans occulter le pouvoir des puissants...
Bref, il ménage la chèvre et le choux...pour moi, un grand classique de notre bien aimé Président...
Le bon Pape constate que le sportif et l' économique sont fortement liés et parfois antagonistes .... et que quand il y a antagonisme, soit tu vas au clash, soit tu discutes !
Au passage il égratigne un peu les fédés, leur fonctionnement avec la patate chaude dont on se débarasse .

Après, il n' y a pas de solution miracle, faut se réunir et en parler .
Si ça se trouve, tout cela va accoucher d' une souris, l' obligation pour les organisateurs de souscrire une assurance pour dédommager les clubs en cas d'indispo .
keyser a écrit :Aujourd'hui, c'est un vecteur publicitaire, plus qu'une véritable récompense.
Je n'ai jamais compris pourquoi un joueur devait être payé pour évoluer sous le maillot de sa nation, je suis probablement trop naïf, mais je trouve cela abérant Ranting, c'est un peu comme si, fallait payer nos enfants pour qu'ils nous fassent des calins Yuk

D'autant plus qu'ils continuent à être payés par leur clubs pendant les concentrations en séléction nationale.

La solution est peut être là, les primes de la fédé aux clubs et pas aux joueurs.
Mais après, on aura aussi deux poids, deux mesures pour les assurances.
La cheville de Ronaldinho n'est pas au même prix que la cheville de Mendoza ou que le genou de Jeff Strasser.
De là a ce qu'elles empechent un joueur d'etre sélectionné par peur de sa blessure et donc de devoir casquer plus cher ....
Oui, mais ces chevilles n' assurent pas non plus le même spectacle !
Et qui dit spectacle dit droits télé ....
Si Diouf nous retire de cette organisation oligarchique (pour ne pas donner un autre mot, trop polémique), il aura mon respect à vie, quelque soit ses prochaines décisions Cool

En tout cas, ses réponses me satisfont, il remonte fortement dans mon estime
Tiens, une conséquence rigolote, quand on pense à ce genre de choses, Anelka le banni est plus intéressant que Cissé .
Pages : 1 2 3