28-04-2005, 23:20
Un ballon pas si rond
Pauvre football, pour toi, la cabane serait-elle définitivement tombée sur le chien ? A grands coups d'up-and-under de fric, à grands coups de pieds de médiatisation, à grandes chandelles de diabolisation, tout ce monde se serait-il stéréotypé, asseptisé, vidé de son envie et de son jeu ? En un mot, sur le chemin de la décadence ?
Quand la balle ovale n'en finit plus de rebondir, surtout pas droit, pour notre plus grand plaisir, toi tu flottes au gré du vent avec tes nouvelles coutures extra renforcées.
Quand les arbitres se la jouent collectif, avec leurs collègues du vrai arbitrage à trois, et même avec l'écran pour Montrévidéo (il Mexique celui-là), chez toi, ils continuent à se la jouer SuperS(t)ars ou V'achiri.
Quand LE club, notre Stade à tous, n'en finit plus de gagner en se recyclant, et de se recycler en gagnant, notre Olympique s'inspire de la ville, To loose, pas du club.
Quand pour un Bernard Goutta perd à donner tout son Sang sans demander d'Or, tu ne nous proposes que des Fiorèse, des Anelka ou des Luccin, tu remplaces les valeurs par des voleurs.
Quand tu n'hésites pas à sacrifier l'enfant que le pays du rugby a bien voulu t'offrir pour garder les portes de ton temple, lui, le rugby, n'en a que faire, de tes fausses idoles, et saura reconnaître les siens.
Alors soit toi, tu l'as gagné, ta Coupe du Monde ! Mais à quel prix !
Quand un Irlandais remplaçant, qui vient de rentrer en cours de match, n'arrive pas à se résoudre à devoir sortir immédiatement et qu'il continue à jouer malgré sa double entorse du genou, toi tu nous proposes des dizaines de Pipo et Fiofio par week-ends.
Quand pour une Tortue béglaise, tu nous proposes une collection de Galactiques en tournée en Chine.
Alors soit, toi tu parviens à vendre des OL-Coiffures et des calebards floqués David VII Beckham.
Quand les vainqueurs offrent une haie d'honneur aux vaincus, toi tu nous offres une pluie de fumigène et de boulon sur un gardien champion du monde au lieu de pousser ton équipe.
Quand Sergio la Faucheuse Betsen a le drapeau basque accroché au coeur et qu'il se met des millions de livres dans son arrière-train, tu ne penses Quatari chesse.
Quand pour un Laporte tu nous proposes un Santini, quand pour un Traiteur Intraitable tu nous offres un actionnaire intrayable.
Alors, pour tout ça, si seulement tu pouvais revenir aux fondamentaux, à l'équipe et à l'éthique, à la beauté du jeu. Ne pas avoir peur d'évoluer, de te remettre en cause. Revenir à des valeurs qui expulsent d'elles-même toute tricherie et corruption. Après tout, tu as au moins un avantage, tous les arbitres et les juges ne sont pas anglophones, tu as une chance de t'en tirer !
Allez, malgré tout, la dernière phrase qui me passe par la tête, on ne se refait pas : "Allez les petits !" "Le chien n'est pas encore mort !"