En ces temps agités pour la fumerie, où les cacas nerveux se disputent aux pétages de plomb
, où la parano virtuelle prend soudain des allures ridicules,:vod: n'oublions jamais qu'à l'aide de super-flux, on cause de superflu,
voici un petit espace réservé à la poésie... :incline:
J'inaugure l'affaire avec quelque chose d'archi-connu mais néanmoins énorme signé le roi Arthur. Chers amibes, déposez-ici vos poémes préférés et qu'un vent pacificateur souffle sur les paillasses... :incline:
Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud
Bien que l'on ait un très bon poète dans la fumerie dont je tairai le nom, mais dont les merveilleux vers gagneraient à être connus. Voici le premier poème qui me vient en tête que je trouve splendide de Musset:
Ballade à la lune
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?
Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?
Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?
Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?
Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?
Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
à travers les barreaux.
Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.
Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.
Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !
Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !
Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.
Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.
Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !
Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.
Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.
Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.
T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.
T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !
Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.
Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.
Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
Poème mis en chanson par Brassens de façon divine.
Boeuf une idée merveilleuse
Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Baudelaire, Les fleurs du mal IV
XIX ème pour tout le monde?
Le premier qui met Nerval
et qui me l'explique est mon héros
Sympa comme idée Boeuf :pouce: , je m'en rappelle de ton poème je l'ai appris en primaire je trouvais cela très triste, en plus on devait faire le dessin qui allait avec, ça m'a marqué :vod: :lol: !!!
Voici un de mes poèmes préfèrés, vous le savaz déjà puisque KOKO l'a cité dans un de ses posts. C'est "Les Phares" de Baudelaire :
Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse,
Oreiller de la chair fraîche où l'on ne peut aimer,
Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse,
Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer;
Léonard de Vinci, miroir profond et sombre,
Où des anges charmants, avec de doux souris
Tout chargé de mystère, apparaissent à l'ombre
Des glaciers et des pins qui ferment leur pays,
Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d'un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement;
Michel-Ange, lieu vague où l'on voit des Hercules
Se mêler à des Christs, et se lever tout droits
Des fantômes puissants qui dans les crépuscules
Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts;
Colères de boxeur, impudences de faune,
Toi qui sus ramasser la beauté des goujats,
Grand cur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune,
Puget, mélancolique empereur des forçats,
Watteau, ce carnaval où bien des curs illustres,
Comme des papillons, errent en flamboyant,
Décors frais et légers éclairés par des lustres
Qui versent la folie à ce bal tournoyant,
Goya, cauchemar plein de choses inconnues,
De ftus qu'on fait cuire au milieu des sabbats,
De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues
Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas;
Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges,
Ombragé par un bois de sapins toujours vert,
Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
Passent, comme un soupir étouffé de Weber;
Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes,
Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum,
Sont un écho redit par mille labyrinthes;
C'est pour les curs mortels un divin opium!
C'est un cri répété par mille sentinelles,
Un ordre renvoyé par mille porte-voix;
C'est un phare allumé sur mille citadelles,
Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois!
Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité!
Moi aussi je fais dans le connu mais je l'adore celui-ci
:)
Est-il possible de revenir sur son poème préféré? Parce que ça risque de changer tous les jours
En fait je préfère escelui de Villon:
La ballade des dames du temps jadis
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ni Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine
Mais où sont les neiges d'antan?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Abelard à Saint-Denis?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine?
Mais où sont les neiges d'antan?
La reine Blanche comme lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen;
Où sont-ils, où, Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous remaine:
Mais où sont les neiges d'antan?
Ralala Boeuf riche idée
La poésie, ce cri aux notes douces... :y:
Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima ?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?
René Char
Extrait de
"Eloge d'une soupçonnée,
Poésie/Gallimard"
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini,tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux,languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or,chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit : -
C'est sous Louis treize;et je crois voir s'étendre
Un coteau vert,que le couchant jaunit.
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs,avec une rivière
Baignant ses pieds,qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame,à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs,en ses habits anciens,
Que,dans une autre existence peut-être,
j'ai déjà vue... - et dont je me souviens !
merci GG plus que l'explication et tu es mon idole :fou:
Ca fait des années que je tente de comprendre un seul vers de Nerval!!!
Apprendre à versifier est rassurant.
Les premiers balbutiements passés, l’esprit s’accommode d’un rythme sécurisant par ses contraintes.
La prose, elle, s’apprivoise plus lentement, comme toute liberté.
Extrait de FRAGMENTS D'INCERTITUDE Spicilège en ligne
Fanfarlo a écrit :merci GG plus que l'explication et tu es mon idole :fou:
Ca fait des années que je tente de comprendre un seul vers de Nerval!!!
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule Etoile est morte,et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie .
Dans la nuit du Tombeau,Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La Fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
Empathie et musique des vers ....... pour toute explication :(
La cigarette
[indent]Oui, ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.
Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
Me plonge en une extase infinie et m'endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.
Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Ou l'on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.
Et puis, quand je m'éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le coeur plein d'une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d'oie.
[indent]Jules Laforgue
[/indent]
[/indent]
Une négresse...
Une négresse par le démon secouée
Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
Et criminels aussi sous leur robe trouée
Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux:
À son ventre compare heureuse deux tétines
Et, si haut que la main ne le saura saisir,
Elle darde le choc obscur de ses bottines
Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir
Contre la nudité peureuse de gazelle
Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant
Renversée elle attend et s'admire avec zèle,
En riant de ses dents naïves à l'enfant;
Et, dans ses jambes où la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin,
Avance le palais de cette étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.
Stéphane Mallarmé
boeuf mode a écrit :Avance le palais de cette étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.
Stéphane Mallarmé
Arghh, l'avait la pompe facile finalement, le grand Serge
Campana a écrit :Arghh, l'avait la pompe facile finalement, le grand Serge
remarque bien, doc... c'est pas pour le défendre, le tête de chou (quoique) mais il le dit lui même dans la chanson
Glass securit ( fin)
...
Oh et puis bouse je quitte
Tes muqueuses shit
J'ouvre mon lexique
Mallarmé dixit
Je cite
Et dans ses jambes où la victime se couche
Levant une peau noire ouverte sous le crin
Avance le palais de cette étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin
tiens pendant qu'on est avec lui, une de mes préférés point de vue texte...:incline:
Flash forward
Un soir qu'à l'improviste chtac
Je frappe à ma porte toc toc
Sans réponse je pousse le loqu
Et j'écoute gémir le hamac
Grincer les ressorts du paddock
J'avance dans le block
Out et mon kodak
Impressionne sur les plaques
Sensibles de mon cerveau une vision de claque
Je sens mon rythme cardiaque
Qui passe brusquement à mach
Deux tic tac tic tac tic tac tic tac
Comme sous un électrochoc
Elle était entre deux macaques
Du genre festival à Woodstock
Et semblait une guitare rock
A deux jacks
L'un à son trou d'obus l'autre à son trou de balle
Crac
Eh doc...
Qui moi paranoïaque ?
Demandez donc un peu au vioque
Qui est portier de nuit au Rox
Y Hôtel si je débloque
C'est là à jamais sur le bloc
Notes de ma mémoire black
Sur white et quoique
Je fasse ça me reviendra en flash back
Bordel jusqu'à ce que j'en claque.
Voyez, au milieu, les flottes armées d'airain, la bataille d'Actium,
tout Leucate bouillonnant des armements guerriers et les flots étincelants de reflets d'or,
D'un côté César Auguste pousse au combat l'Italie,
Avec le Sénat et le peuple, les pénates et les grands dieux,
Il se dresse sur une haute poupe, et ses tempes heureuses
Lancent une double flamme; l'astre paternel brille sur sa tête.
Non loin Agrippa secondé par les vents et les dieux,
Conduit de haut son escadre, le front resplendissant d'un fier insigne guerrier
Une couronne navale ornée de rostres d'or.
De l'autre coté avec les forces barbares et les armes disparates,
Antoine revenu vainqueur des peuples de l'Aurore et des rivages de la mer rouge
Traîne à sa suite l'Egypte, les troupes de l'Orient, le fond de la Bactriane,
A ses côtés horreur, son épouse égyptienne !
Enéide de
Virgile, le plus grand
boeuf mode a écrit :remarque bien, doc... c'est pas pour le défendre, le tête de chou (quoique) mais il le dit lui même dans la chanson
Hu hu, thanx beef, je ne savais plus de quel titre ginzburgien étaient tirés ces superbes vers - j'imaginais une chanson beaucoup plus ancienne - et le "Mallarmé dixit" l'exonère pour cette fois
Un contemporain génial touche-à-tout...
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraimment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurais l'etrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algue
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
- entre 1951 et 1952 -
Et les calligrammes de l'ami Guillaume ! Vous connaissez !?
Bueno vu que Cétacé m'a devancé, j'en mets un autre de Vian que j'adore, sissi vraiment :incline:
Je bois
Systématiquement
Pour oublier les amis de ma femme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier tous mes emmerdements
Je bois
N'importe quel jaja
Pourvu qu'il fasse ses douze degrés cinque
Je bois
La pire des vinasses
C'est dégueulasse, mais ça fait passer l'temps
La vie est-elle tell'ment marrante
La vie est-elle tell'ment vivante
Je pose ces deux questions
La vie vaut-elle d'être vécue
L'amour vaut-il qu'on soit cocu
Je pose ces deux questions
Auxquelles personne ne répond... et
Je bois
Systématiquement
Pour oublier le prochain jour du terme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier que je n'ai plus vingt ans
Je bois
Dès que j'ai des loisirs
Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule
Je bois
Sans y prendre plaisir
Pour pas me dire qu'il faudrait en finir...
B.Vian
Pis c'est une chanson mais c'est aussi un poème en quelque sorte, bref c'est du Renaud et ce gars là sait écrire aussi, j'vous mets celle là mais j'aurais pu en mettre plein d'autres tant ses ecrits sont fameux.
Quand il est arrivé
A la Belle de Mai
Y connaissait dégun
Le parisien,
Qu'es aco ce fadòli
Avéses yeux de gòbi ?
A dit tout le quartier
Qui l'espinchait
Y fait le fier ce pébronnasse !
Oh, Bonne Mère, qué counas !
L'est pas de la Marsiale
C'est un con à la voile
On va lui esquicher
Le bout du nez
Premier jour au bistrot
L'a payé l'apéro
A tous ces enfévés
Pas rancunier !
Y se sont empégués
Jusqu'à la nuit tombée
A la santé peuchère
De l'estranger
Y fait le fier parc'qu'il est riche
Oh, Bonne Mère, qué stoquefiche!
C'est un vrai rompe-figue
Dis, il est de Martigues ?
Qu'est-c'qu'on peut s'en séguer
De ses lovés !
Le lendemain le cacou
Se promenait partout
Avè sa fiancée
Comme un trophée
C'était un belle nine
Au long cou de galine
L'avait dû la furer
Au poulailler
Y fait le fier le parigot !
Oh, Bonne mère, qué cafalo !
Vé, elle a le cul presque
Comme la porte d'aix !
Va caguer à Endoume,
Oh, fangoule !
Un jour, à des nistons
Qui jouaient au ballon
Il dit : "Oh, les minots !
Y a du boulot !
pour remporter le match
Faut se lever le maffre,
Et allez ! Bouleguez
Les bras-cassés ! "
Y fait le fier, fatche de con !
Mets-y peuchère un pastisson !
Et qu'il aille au Vieux Port
Faire ses estrambords
Peut même s'y néguer
L'estranger !
La caraque était née
Avé la crépine
Son équipe a brillé
A été digne !
Avé le cul, ma foi,
Un peu bordé déanchois
L'a fait des Phocéens
Européens
Y fait le fier et y parade
La Cannebière elle le bade !
Mais il nous casse aussi
Un peu les alibòfi
Car si on a la Coupe,
Il l'a aussi !
Après cette aventure
L'est devenu madur
L'a voulu remplacé
Le député !
Il est bon, ce jobastre,
Pour le 54 !
Y va se retrouver
A Montfavet !
Y fait le fier et y voudrait
Oh, Bonne Mère, nous escaner !
R'tourne à la capitale
Ou bien au pégal !
Ou au PSG
Chez les papés !
A la belle de Mai,
Aux Goudes et au Panier,
Il a salut dégun
Le Parisien
Quand il est remonté
Dedans son TGV
Avé sa fiancée
Et ses lovés !
Y fait le fier, ce pebronnasse !
Oh, Bonne Mère, c'est une estrasse !
Méfi ! Les trains s'arrêtent
Quelques fois aux Baumettes
Aprés un pénéquet
A l'Evêché !
Ecoute ma quique belle,
Cette histoire c'est celle
D'un fada, d'une brêle,
D'une bordille
Qui savait pas qu'ici
On aime les bandits,
Qu'on donne l'amitié
Aux estrangers
Mais si y sont fiers comme le pape
Oh, Bonne Mère, allez, escape !
Fais du bien à Bertrand
Il te le rend en caguant !
Donne lui le ballon
De nos nistons,
Dès qu'il sera champion
Il voudra, ce pébron,
Remplacer le Gaston !
Ça pas question, fatche de con !!!
Renaud :incline: