29-11-2004, 11:09
Troussier Première au stade
Il lit une note
« Il y a différents points que je souhaite vous adresser ensuite je réponds aux questions.
En me confiant la direction technique de l’équipe, les dirigeants de l’OM m’ont témoigné une grande confiance. C’est donc avec détermination et enthousiasme que j’ai accepté cette mission. Après 15 années passées à l’étranger, je suis aussi content d’être de retour au pays et particulièrement ici en terre de football. Ces années à l’étranger m’ont permis d’enrichir ma vision du football que je suis aujourd’hui impatient de mettre au service d’un des clubs les plus emblématiques du championnat de France. Mais avant cela, permettez moi de saluer le travail accompli par José la caution Marseillaise et son équipe qui ont donné le meilleur d‘eux même. J’ajouterais même qu’ils ont su préserver l’essentiel. Le retrait de José est un acte courageux. Il a fait preuve d’abnégation en plaçant les intérêts au club au delà de ses propres intérêts. Comme vous le savez José reste au club dans des fonctions qui bien évidemment resteront à définir, mais sachez que j’en suis pleinement ravi. Je tiens aussi à remercier la direction de l’OM, Christophe Bouchet et plus particulièrement Pape Diouf, qui a été mon interlocuteur privilégié. Ma mission est de redonner confiance aux joueurs et fierté aux supporteurs. Je vais entreprendre cette mission avec sérénité car j’ai confiance en ce groupe composé de joueurs de qualité et expérimentés. Il s’agit en premier lieu de leur faire prendre conscience de leur potentiel individuel et collectif. Ma mission consiste également à réinstaller dans les meilleurs délais, l’OM à la place qui doit être la sienne c'est-à-dire parmi les tous premiers clubs du championnat. Il est donc nécessaire d’agir en redéfinissant les objectifs, dans une sérénité retrouvée. Je vais m’y employer sans délai avec tout le staff en agissant sur plusieurs leviers. Nous allons avancer tous ensemble avec une unité et en étant habité par un professionnalisme sans faille et une grande rigueur personnelle. Cela nécessitera une forte concentration autour des objectifs et une constance dans l’effort et la performance. Voila. La feuille de route est désormais classée et ma ligne de conduite fixée. Nos objectifs sont ambitieux. Il ne peut en être autrement à l’OM. Maintenant place aux actes et au travail.
A l’OM l’entraîneur n’a pas beaucoup de temps pour s’adapter ?
Le temps est toujours compté. Seul les résultats comptent. Le résultat d’un entraîneur n’est pas simplement un problème de terrain. Il n’est pas réservé qu’aux entraîneurs. Il y a aussi tout un environnement qui est propice à l’épanouissement et à l’expression. Je serai aussi exigeant sur l’environnement dans lequel les joueurs vont travailler, dans lequel les joueurs vont vivre. Ce n’est qu’à travers ce contexte que les joueurs se sentiront considérés. Le terrain, c’est une relation de performance. L’entraîneur sera exigeant donc on ne peut pas dire que l’entraîneur va utiliser une technique affective. Parfois il est bon aussi de tirer le meilleur des joueurs et vous savez très bien que pour tirer le meilleur des joueurs, lorsque vous avez à faire à des chevaux de course, à des athlètes de très haut niveau, il y a des techniques justement pour faire sortir tout le jus. Lorsque le joueur va se trouver dans une situation de donner le meilleur, il faut aussi qu’il ait le sentiment que lorsqu’il fini son travail, il peut se sentir aimé, encouragé. Et c’est ce package d’environnement qui fait que le joueur pourra s’exprimer en toute confiance. Le succès de Philippe Troussier, ce n’est pas le succès seulement de Philippe Troussier. C’est celui de toute l’équipe qui va tourner autour de Philippe Troussier, au service de la performance, au service des joueurs, dans un environnement où il existe un contexte particulier, parce qu’on sait qu’à Marseille c’est un peu différent des autres mais qui fait partie intégrante de notre succès. Je rappelle que vous également presse vous faites partie de cet appareil.
Quel est le premier diagnostic du docteur Troussier sur le malade OM ?
L’équipe est 3ème du championnat. Nous sommes dans une logique d’obtenir des objectifs majeurs, c'est-à-dire une qualification pour la Champion League, il suffit de regarder le calendrier et de regarder surtout le classement. Moi je n’ai pas le sentiment qu’il y ait une crise d’objectif. Il y a peut être actuellement une petite crise de confiance due aux attentes. Il y a dans cette ville, dans cette région de la France, un club qui s’appelle l’OM. Il y a peut-être une culture du résultat qui est appréciée différemment ce qui veut dire que lorsqu’il y a défaite, ça provoque peut-être plus de déception qu’autre part. C’est l’effet de sentiments de ces gens qui adorent ce club et qui fait qu’on a tendance à dire que l’ambiance est un peu difficile mais moi j’ai eu la chance pendant 15 années à l’étranger de vivre ces moments là. Ces moments de passion, d’excès. Ca fait partie intégrante de notre métier. Moi-même j’incarne un peu ces valeurs, moi je vis avec passion, rigueur et envie et moi aussi je n’aime pas perdre. Je constate que l’équipe n’est pas malade, elle est 3ème du championnat et je demande aux joueurs, de se dire que nous sommes 3ème. Ils n’ont pas besoin de l’entraîneur pour se dire qu’ils sont troisièmes. Ils faut aussi qu’eux comprennent que s’ils sont 3ème, ce sont eux les joueurs qui sont sur le terrain qui sont face au pouvoir du jeu. Aujourd’hui le pouvoir du jeu fait qu’ils sont 3ème. C’est dans cette démarche là que chacun doit prendre conscience qu’il est un homme et un joueur important. Aujourd’hui nous sommes toujours dans une position d’attente et dans une logique d’obtenir des résultats. Lorsque les joueurs eux-mêmes disent qu’ils ne sont pas à leur niveau et qu’on est 3ème, que va-t-il se passer lorsqu’ils seront biens ? On va rigoler non ? On attend beaucoup de ces joueurs. Le joueur qui fait une mauvaise passe a le sentiment qu’il a raté son match. C‘est un petit peu l’esprit du jeu. Imaginons que demain un jouer fasse une passe en retrait. Comment ça sera compris ? Que c’est de l’anti-jeu. Alors qu’on sait tous que sur le plan stratégique pour man½uvre on a besoin de mettre un ballon en retrait, de reconstruire une attaque intelligente et ça ne sert à rien de s’écraser sur le but adverse en essayant de faire des dribles inutiles. Une passe en retrait qui peut parfois même toucher son gardien c’est quoi ? C’est une façon de reproduire un jeu, une grosse vague et cette grosse vague va s’écraser sur le but adverse avec une grosse puissance. C’est une façon plus intelligente de man½uvrer et de repartir sur des bases plus seines. Vu du public, vu de la presse, c’est une façon de dire, ils jouent en retrait. C’est un peu tout ça ou il y a une confusion entre la machine que l’entraîneur met en place parce que vous devez comprendre que le football moderne aujourd’hui, ce n’est pas de marquer à tous les coups. C’est aussi man½uvrer. Je sais que lorsqu’on est à Marseille on veut faire un résultat, mais nous on est confronté à ces problèmes là. Il faut bien trouver du jeu pour pouvoir trouver la faille. Peut-être que cette faille on la trouvera à la 90ème minute. Nous aussi on a envie de gagner 3 à 0, de gagner des matchs de bien jouer, que ça se passe bien etc. On est habités par la même envie que la votre et celle des supporteurs. Simplement sur le terrain il y a un entraîneur et une équipe qui pensent comme nous, ils ont la même démarche technique donc le match doit se gagner sur quoi ? Sur un détail. Mais c’est difficile de gagner un match. Ca se jouera peut-être sur un coup de chance. Cette chance peut-être que Marseille n’en a pas bénéficiée pendant un moment. Imaginez qu’aujourd’hui il y ait trois points de plus. Imaginez ce qui pourrait être possible, et vous dites que les joueurs ne sont pas en forme. Ce qui veut dire qu’on serait en situation peut être plus difficile. On serait mieux classés et peut-être plus de pression. C’est à nous de garder la tête froide. C’est à nous de notre côté de trouver les solutions pour que ces joueurs puissent travailler avec plus de sérénité. Mais on ne changera pas la passion, ça ne sert à rien de passer le temps à faire dépassionner le débat. Dépassionner le débat c’est un mot qui existe dans le dictionnaire marseillais ? Non. Dépassionner le débat non. Aujourd’hui il y a la passion, il y a une énergie, il faut canaliser tout ça. C’est à nous entraîneurs à faire le vide autours des joueurs. C’est pour cela qu’on va être exigeants avec vous, avec ceux qui veulent toucher ce club, qui veulent donner aussi quelque chose. Mais nous aussi on est obligé d’être dans notre cuisine. Lorsque vous allez au resto, ceux qui sont dans la cuisine ils ont souffert pour que les produits soient de bonne qualité. Nous on veut travailler dans ces conditions là. Il faut que vous compreniez aussi qu’il y a des choses qu’on ne vous dira pas. C’est à vous de le comprendre.
Vous allez mettre plus de distance avec la presse ?
Il y aura un cadre professionnel. Il y aura une relation professionnelle entre notre devoir de donner de l’information. Une grosse partie se situera dans le cadre de notre relation professionnelle. Il nous faut du temps où nous avons envie d’être seuls et nous avons un devoir vis-à-vis de vous. Il y aura un calendrier. Il y a un département communication qui est là pour ça, pour que vous puissiez faire votre travail dans les meilleures conditions. Mon activité dans un premier temps se réduira à des devoirs dans le cadre de ma profession. Nous sommes dans une situation de transition et comprenez bien que mon calendrier aujourd’hui il est plein. Depuis que je suis arrivé je me demande où est le carré vert. Je suis venu ici pour relever un challenge sportif, une mission sportive. Ca touche les joueurs et la performance.
Vous êtes adepte du 3 5 2 ?
On imagine, mais on ne peut pas prévoir. Si au bout de 15 minutes on est mené 1 à 0 et au bout de 20 minutes on a pris un carton rouge. Ce scénario là, ce qu’on appelle le coaching. Il y a la sélection du joueur, on met le joueur le mieux adapté pour répondre collectivement aux besoins. Il y a l’équipe qui va commencer le match sur un scénario qu’on a fait. On a fait une équipe par rapport à nos qualités mais aussi par rapport à l’adversaire. On ne joue pas de la même façon conte le Bayern, Caen ou Créteil. Ca veut dire qu’il y a un rapport de force. Que vous êtes actif ou réactif, ça c’est à nous de l’estimer, c’est pour ça qu’on envoie des scouts, qu’on essaye de faire le match avant, ensuite on a une équipe pour réaliser notre objectif, c’est à dire gagner le match en tenant compte qu’en face il y a des adversaires qui ont aussi un profil de jeu et ensuite il y a une écriture en direct sur le terrain et là c’est le coaching. Il faut palier, remplacer le joueur qui est sorti et remplacer le joueur qui ne répond pas aux conditions. Sur le plan tactique il y a deux options pour commencer un match, c’est facile à dire c’est une défense à 4 ou à 3. Ca c’est la photo prise à l’engagement vous savez très bien qu’après vous êtes toujours en situation de surnombre ou en situation d’infériorité.
Il y a trois ans vous aviez dit que vous ne pensiez pas que cette ville était aussi belle ?
Je n’ai pas le temps de la découvrir aujourd’hui. J’espère la visiter dans sa démarche culturelle plus profondément parce que comprenez bien que j’ai beaucoup voyagé et que j’ai la chance d’avoir partagé aussi pas mal de choses sur le plan culturel avec différents pays et aujourd’hui je n’arrivais pas à mesurer quel était cet acquis. Aujourd’hui j’arrive dans un pays où je m’aperçois que derrière moi j’ai des bagages. C’est là que je sens que j’ai acquis beaucoup de choses. J’arrive à 50 ans, on ne pourra dire que je suis trop jeune ou trop vieux pour Marseille. Je suis à un moment de ma vie parfaite epour résoudre cette mission qui est très excitante.
C’était la bonne heure pour venir en France ?
Oui. J’ai répondu au challenge sportif. Je ne suis pas venu ici avec une idée de mercenariat. Si j’étais un mercenaire vous comprenez bien que j’en aurais fait une question d’argent et je ne serais pas venu à Marseille. Seul le challenge sportif m’intéresse. Je pouvais prendre l’Ecosse. J’étais en balance avec Tochak pour rependre le Pays de Galle. C’était une mission qui m’intéressait. Je m’étais mis d’accord à 99% avec le Ghana. J’ai dis non tout de suite au Nigeria et mon contrat avec Kobé est signé à 95%. Je n’ai pas été correct avec ces dirigeants là parce que quelque part j’avais donné mon accord de principe. Mais j’ai estimé que l’image de Marseille, l’image de l’OM était suffisante pour leur faire comprendre que le challenge ne pouvait pas se refuser. Donc je le seul prétexte acceptable pour ne pas allé au Ghana ou à Kobé c’était de dire je vais à l’OM.
Vous arrivez dans une situation un peu tourmentée ?
Je ne suis pas entièrement d’accord pour dire ça. En tout cas moi je ne l’accepte pas. Je ne veux pas m’associer à ce tourment parce que c’est le passé. Moi mon projet est un projet d’avenir. Don je vais tenir compte de la réalité du moment. La réalité du moment c’est qu’il y a bien une équipe qui est 3ème du championnat qu’il y a des joueurs chevronnés, expérimentés et talentueux. Je ne vais pas les citer. Donc je préfère partir de ces principes là.
Vous avez des exigences pour le mercato ?
Je ne suis pas le seul à maîtriser ce dossier parce que je pense qu’en ce qui concerne le recrutement ce n’est pas le problème que de l’entraîneur parce qu’on s’est aperçu que les critères pour renforcer une équipe n’étaient pas que techniques. Ce sont des critères sociologiques. On s’aperçoit que pour venir ici il faut avoir une grande capacité à résister à l’environnement. C’est sûrement ce que doivent se dirent les dirigeants du Réal, Barcelone, Galatasaray, Fénerbace et j’en passe. Mais il est parfois possible de trouver le joueur que l’on cherche dans le club. Prenez l’exemple de Strasbourg. Ils avaient besoin d’un latéral gauche et il dormait dans le club. Les joueurs sont des joueurs hautement qualifiés, pour être dans l’effectif de l’OM ce sont des joueurs qui ont un passé, qui ont eu une formation, ce sont des techniciens du football et ils peuvent relever toutes les consignes que demandera un entraîneur. Si déjà collectivement on arrive a créer une équipe, c'est-à-dire une infiltration sur les phases offensives ou les phases défensives, dans notre communication pour qu’on arrive à faire trois ou quatre passe de suite pour prendre confiance, à partir de là les individualités qui dans un premiers temps sont mises au service du collectif parce qu’on doit travailler ensemble et qu’ensuite à travers cette expression collective ils arrivent à travailler ensemble, a apporter le plus individuel, on aura trouvé les vraies solutions. Le renfort au mercato ça veut dire on change des joueurs, bon on a aussi des contraintes, des budgets ont été mis en place, les joueurs sont très chers. Pourquoi ne pas partir du principe qu’on a ce qu’il faut ici. Déjà essayons de voir comment les joueurs vont réagir. Sur cette première question mais le mercato ça appartient à d’autres personnes. Il y a Pape qui est responsable aussi de ce domaine, il y a des exigences, moi aussi j’aurai des exigences mais c’est en formant notre équipe où justement on pourra en discuter qu’on prendra la décision. Ca sera une décision de club.
Votre inexpérience du football européen ?
J’ai quand même fait plus de 200 Matchs au niveau international. C’est vrai que moi j’ai un niveau mondial. Vous parlez Européen c’est vrai que j’ai un niveau mondial. Moi j’ai plutôt une expérience mondiale, pas européenne. Mais j’apprends vite puis vous pensez que les dirigeants de Marseille ont été chercher un entraîneur qui n’est pas suffisamment compétent ? Pape a répondu à cette question. Lorsqu’ils m’ont choisi, ils ont pris un risque. Ils ont dit on prend quelqu’un qui n’a jamais entraîné en France. C’est vrai que je suis dans la peau d’un Capello, d’un Van Gall, d’un Lipi qui arrive à Marseille. Eux ne connaissent pas le football français. Moi je suis un étranger qui est le plus Français des étrangers. Je viens avec des certitudes. Et j’ai managé des joueurs. Aujourd’hui l’expérience européenne c’est vrai qu’en coupe du monde j’ai joué la Belgique, l’Italie, la Turquie, La Norvège, la Suède, la Pologne, l’équipe de France, ou l’Espagne. C’est vrai que si je venais de Troyes vous ne m’auriez pas posé cette question là. Je connais mon métier et j’ai été longtemps l’entraîneur du vendredi. Vous savez d’un sélectionneur national on l’appelle un entraîneur du vendredi, les joueurs arrivent 48h avant un match. Je pense avoir acquis une certaine expérience.
Comment avez-vous vécu les bouleversements de ces derniers jours à l’OM ?
Je suis venu ici pour remplir une mission dans un domaine bien particulier. Un domaine qui m’est imparti. J’ai la responsabilité pour relever un challenge sportif et je vais avoir le staff et l’environnement nécessaire pour obtenir la meilleure performance. Mon programme est très chargé. Tout ce qui touche en dehors de ce département c’est du ressort soit de l’actionnaire Principal c’est M. Dreyfus, si vous voulez lui poser la question parce que M. Bouchet a remis sa démission, la recherche d’un nouveau Président ce n’est pas du ressort de Philippe Troussier et je n’ai aucun commentaire à faire sur tout ce qui va se passer en dehors du domaine qui m’est imparti.
Vous arrivez avec un staff ?
Oui avec un certaine nombre de personnes. Encore une fois ce n’est pas une question de compétence. C’est plus pour marquer ma prise en main. Dans votre boulot lorsqu’un nouveau patron arrive, vous êtes toujours en position d’attente en disant qu’est ce qu’il va nous faire ? Pour être opérationnel je ne veux pas que les joueurs se posent la question. Je ne veux pas tomber dans le piège et expliquer à tout le monde qu’il faut tourner à gauche alors qu’avant ils pensaient qu’il fallait tourner à droite. Je veux avoir une main mise sur mon projet sportif, mais les gens en place compétents vont s’associer à mon projet même si dans un premier temps ils vont avoir besoin d’un certain nombre d’explications mais j’espère qu’ils vont avoir l’intelligence de travailler pour Philippe Troussier en terme du projet de façon efficace.
Il va y avoir des doublons forcément.
Non chacun aura une place bien précise. Il y aura une redéfinition des rôles. Il y a la présence d’un staff quand on sera à l’entraînement, d’un staff dans d’autres domaines. Ce n’est pas simplement une heure trente qu’on passe ensemble tous les jours. C’est un ensemble. L’accueil du joueur, la propreté des équipements, les soins, c’est de la responsabilité technique et c’est ma responsabilité. Maintenant qu’il y ait d’autres services, mais tous sont au service du projet sportif dont j’ai la responsabilité et dont le timing se fera en fonction de mes desiderata. L’équipe que je vais faire autour de moi sera au service de ce projet sportif dont j’ai la charge.
Il ne s’agit pas d’instaurer la dictature mais il ne s’agit pas non plus d’être copain avec les joueurs et qu’il y ait des passes droits.
Le programme ?
Il y a un passage de témoin. Il y a une période de transition. Il y a le retrait de José. Une phase de transition qui a été prise en chargé par Albert Emon, Jean Philippe Durand Laurent Spinosi et toute l’équipe qui est autour des joueurs. Elle a été assumée et a permis de gagner ce match contre Nantes. J’ai été présent ici et je me suis présenté au staff à l’ensemble des joueurs hier pour qu’ils sachent que je suis bien en charge de l’équipe professionnelle et que j’ai souhaité le faire avant de m’adresser officiellement à vous. Je voulais qu’il y ait une réaction une prise de conscience à l’action de José.
En même temps je voulais savoir. Je ne regrette pas d’être venu à Marseille, c’est un challenge de haut niveau, que je veux relever et je ne me suis pas trompé sur la qualité de l’effectif. Ca nécessitait une prise de conscience et quelque part que ça se traduise par un résultat. Le premier témoignage pour moi, c’est que justement il y a eu cette prise de conscience. Elle s’est traduite par le résultat. Le groupe n’est pas malade. Je viens plus rassuré. Le stage que nous allons mettre en place, je pense que vous le comprenez, c’est un acte de transition également c’est maintenant je prends le relais. Nous vivons une situation exceptionnelle. En vivant auprès des joueurs je vais mieux les connaître, faire passer mon message, familiariser l’environnement à une nouvelle méthode de travail. Il va falloir que les joueurs la ressentent et il y a un match à préparer et on est dans la région ou ce match va avoir lieu. Au lieu de partir vendredi on part trois jours avant. Une liste de joueur a été faite. J’ai souhaité compléter le groupe avec des joueurs mis à l’écart pour différentes raisons. Des joueurs ne vont pas venir parce que après avoir écouté un certain nombre de personne nous avons décidé de les laisser à Marseille.
Luyndula ?
Tout ce qui est derrière c’est de l’histoire. Aujourd’hui Péguy Luyndula est dans l’effectif contractuel de Marseille il n’y a aucune raison pour qu’il ne vienne pas.
Que pensez vous du match contre Nantes ?
Le résultat d’hier était important sur le plan comptable. Il y a deux phases. Il y a la phase qu’on a retrouvé lors que match conter PSG, la volonté de faire la différence la volonté de marquer on a le sentiment que chacun se met à la disposition d’une volonté d’aller vers l’avant et de faire des efforts et on s’aperçoit que lorsqu’on mène 2 à 0 on ne sent peut être pas encore, peut être pour des raisons de confiance, suffisamment une équipe capable de pouvoir gérer. La notion de gérer est un terme à faire comprendre pour les supporteurs. On dit communément reculer pour mieux sauter. Dans la mesure où on peut penser qu’une attaque se construit par l’arrière pour prendre de l’élan pour construire une grosse vague. Je pense que c’est plus lié au contexte du moment. C’est à moi à redonner plus confiance.
Le centre de formation ?
Bien sur c’est important Il fait partie de la section professionnelle. Ce n’est pas un enfer et un calvaire de venir en équipe professionnelle. Il ne faut pas que les gens aient de l’appréhension pour venir. C’est à nous à leur faire prendre conscience que c’est un milieu rassurant.
Caen ?
Ce match est déjà dans ma tête. Gagner c’est une attitude et l’attitude c’est la façon dont on va concevoir notre jeu, la façon dont on va pour s’exprimer. Et gagne un match c’est le reflet d’un ensemble d’initiative. Gagner ce n’est pas simplement je marque, je marque un deuxième et je gagne. C’est aussi j’encaisse… Il y a de l’action et de la réaction. C’est pour ça, dans soutien d‘une équipe on peut très bien être menés à la 80ème mais il y a toujours le temps nécessaire pour revenir au score. Il y a des exemples à cela. Donc ce n’est pas parce qu’on a pris un but à la 15ème minute qu’on est en position d‘échec. Nous on en est persuadés, mais l’environnement, ceux qui donnent les messages, ceux qui nous font transpirer, et ceux qui nous aident. Cette équipe de Marseille, moi j’en ai une idée, mais ceux qui sont autour, ceux qui sont dans l’arène eux aussi ont une part de responsabilité pour construire leur équipe. Moi j’ai mon idée rationnelle sur la stratégie parce que c’est mon métier, mais sociologiquement il faut que les supporteurs se reconnaissent dans l’équipe. Donc ils vont la construire et ils vont m’aider à la construire.
Hier j’ai posé la question de savoir si le mot renoncement existait. Nous on n’a pas le droit de renoncer. On ne va pas faire grève, on n’a pas le droit, on est devant le devoir. On est là parce qu’on est des professionnels. On ne va pas se débiner, on sera toujours présents et on va toujours assumer nos responsabilités et on voudrait que tout notre environnement soit comme ça.
Il lit une note
« Il y a différents points que je souhaite vous adresser ensuite je réponds aux questions.
En me confiant la direction technique de l’équipe, les dirigeants de l’OM m’ont témoigné une grande confiance. C’est donc avec détermination et enthousiasme que j’ai accepté cette mission. Après 15 années passées à l’étranger, je suis aussi content d’être de retour au pays et particulièrement ici en terre de football. Ces années à l’étranger m’ont permis d’enrichir ma vision du football que je suis aujourd’hui impatient de mettre au service d’un des clubs les plus emblématiques du championnat de France. Mais avant cela, permettez moi de saluer le travail accompli par José la caution Marseillaise et son équipe qui ont donné le meilleur d‘eux même. J’ajouterais même qu’ils ont su préserver l’essentiel. Le retrait de José est un acte courageux. Il a fait preuve d’abnégation en plaçant les intérêts au club au delà de ses propres intérêts. Comme vous le savez José reste au club dans des fonctions qui bien évidemment resteront à définir, mais sachez que j’en suis pleinement ravi. Je tiens aussi à remercier la direction de l’OM, Christophe Bouchet et plus particulièrement Pape Diouf, qui a été mon interlocuteur privilégié. Ma mission est de redonner confiance aux joueurs et fierté aux supporteurs. Je vais entreprendre cette mission avec sérénité car j’ai confiance en ce groupe composé de joueurs de qualité et expérimentés. Il s’agit en premier lieu de leur faire prendre conscience de leur potentiel individuel et collectif. Ma mission consiste également à réinstaller dans les meilleurs délais, l’OM à la place qui doit être la sienne c'est-à-dire parmi les tous premiers clubs du championnat. Il est donc nécessaire d’agir en redéfinissant les objectifs, dans une sérénité retrouvée. Je vais m’y employer sans délai avec tout le staff en agissant sur plusieurs leviers. Nous allons avancer tous ensemble avec une unité et en étant habité par un professionnalisme sans faille et une grande rigueur personnelle. Cela nécessitera une forte concentration autour des objectifs et une constance dans l’effort et la performance. Voila. La feuille de route est désormais classée et ma ligne de conduite fixée. Nos objectifs sont ambitieux. Il ne peut en être autrement à l’OM. Maintenant place aux actes et au travail.
A l’OM l’entraîneur n’a pas beaucoup de temps pour s’adapter ?
Le temps est toujours compté. Seul les résultats comptent. Le résultat d’un entraîneur n’est pas simplement un problème de terrain. Il n’est pas réservé qu’aux entraîneurs. Il y a aussi tout un environnement qui est propice à l’épanouissement et à l’expression. Je serai aussi exigeant sur l’environnement dans lequel les joueurs vont travailler, dans lequel les joueurs vont vivre. Ce n’est qu’à travers ce contexte que les joueurs se sentiront considérés. Le terrain, c’est une relation de performance. L’entraîneur sera exigeant donc on ne peut pas dire que l’entraîneur va utiliser une technique affective. Parfois il est bon aussi de tirer le meilleur des joueurs et vous savez très bien que pour tirer le meilleur des joueurs, lorsque vous avez à faire à des chevaux de course, à des athlètes de très haut niveau, il y a des techniques justement pour faire sortir tout le jus. Lorsque le joueur va se trouver dans une situation de donner le meilleur, il faut aussi qu’il ait le sentiment que lorsqu’il fini son travail, il peut se sentir aimé, encouragé. Et c’est ce package d’environnement qui fait que le joueur pourra s’exprimer en toute confiance. Le succès de Philippe Troussier, ce n’est pas le succès seulement de Philippe Troussier. C’est celui de toute l’équipe qui va tourner autour de Philippe Troussier, au service de la performance, au service des joueurs, dans un environnement où il existe un contexte particulier, parce qu’on sait qu’à Marseille c’est un peu différent des autres mais qui fait partie intégrante de notre succès. Je rappelle que vous également presse vous faites partie de cet appareil.
Quel est le premier diagnostic du docteur Troussier sur le malade OM ?
L’équipe est 3ème du championnat. Nous sommes dans une logique d’obtenir des objectifs majeurs, c'est-à-dire une qualification pour la Champion League, il suffit de regarder le calendrier et de regarder surtout le classement. Moi je n’ai pas le sentiment qu’il y ait une crise d’objectif. Il y a peut être actuellement une petite crise de confiance due aux attentes. Il y a dans cette ville, dans cette région de la France, un club qui s’appelle l’OM. Il y a peut-être une culture du résultat qui est appréciée différemment ce qui veut dire que lorsqu’il y a défaite, ça provoque peut-être plus de déception qu’autre part. C’est l’effet de sentiments de ces gens qui adorent ce club et qui fait qu’on a tendance à dire que l’ambiance est un peu difficile mais moi j’ai eu la chance pendant 15 années à l’étranger de vivre ces moments là. Ces moments de passion, d’excès. Ca fait partie intégrante de notre métier. Moi-même j’incarne un peu ces valeurs, moi je vis avec passion, rigueur et envie et moi aussi je n’aime pas perdre. Je constate que l’équipe n’est pas malade, elle est 3ème du championnat et je demande aux joueurs, de se dire que nous sommes 3ème. Ils n’ont pas besoin de l’entraîneur pour se dire qu’ils sont troisièmes. Ils faut aussi qu’eux comprennent que s’ils sont 3ème, ce sont eux les joueurs qui sont sur le terrain qui sont face au pouvoir du jeu. Aujourd’hui le pouvoir du jeu fait qu’ils sont 3ème. C’est dans cette démarche là que chacun doit prendre conscience qu’il est un homme et un joueur important. Aujourd’hui nous sommes toujours dans une position d’attente et dans une logique d’obtenir des résultats. Lorsque les joueurs eux-mêmes disent qu’ils ne sont pas à leur niveau et qu’on est 3ème, que va-t-il se passer lorsqu’ils seront biens ? On va rigoler non ? On attend beaucoup de ces joueurs. Le joueur qui fait une mauvaise passe a le sentiment qu’il a raté son match. C‘est un petit peu l’esprit du jeu. Imaginons que demain un jouer fasse une passe en retrait. Comment ça sera compris ? Que c’est de l’anti-jeu. Alors qu’on sait tous que sur le plan stratégique pour man½uvre on a besoin de mettre un ballon en retrait, de reconstruire une attaque intelligente et ça ne sert à rien de s’écraser sur le but adverse en essayant de faire des dribles inutiles. Une passe en retrait qui peut parfois même toucher son gardien c’est quoi ? C’est une façon de reproduire un jeu, une grosse vague et cette grosse vague va s’écraser sur le but adverse avec une grosse puissance. C’est une façon plus intelligente de man½uvrer et de repartir sur des bases plus seines. Vu du public, vu de la presse, c’est une façon de dire, ils jouent en retrait. C’est un peu tout ça ou il y a une confusion entre la machine que l’entraîneur met en place parce que vous devez comprendre que le football moderne aujourd’hui, ce n’est pas de marquer à tous les coups. C’est aussi man½uvrer. Je sais que lorsqu’on est à Marseille on veut faire un résultat, mais nous on est confronté à ces problèmes là. Il faut bien trouver du jeu pour pouvoir trouver la faille. Peut-être que cette faille on la trouvera à la 90ème minute. Nous aussi on a envie de gagner 3 à 0, de gagner des matchs de bien jouer, que ça se passe bien etc. On est habités par la même envie que la votre et celle des supporteurs. Simplement sur le terrain il y a un entraîneur et une équipe qui pensent comme nous, ils ont la même démarche technique donc le match doit se gagner sur quoi ? Sur un détail. Mais c’est difficile de gagner un match. Ca se jouera peut-être sur un coup de chance. Cette chance peut-être que Marseille n’en a pas bénéficiée pendant un moment. Imaginez qu’aujourd’hui il y ait trois points de plus. Imaginez ce qui pourrait être possible, et vous dites que les joueurs ne sont pas en forme. Ce qui veut dire qu’on serait en situation peut être plus difficile. On serait mieux classés et peut-être plus de pression. C’est à nous de garder la tête froide. C’est à nous de notre côté de trouver les solutions pour que ces joueurs puissent travailler avec plus de sérénité. Mais on ne changera pas la passion, ça ne sert à rien de passer le temps à faire dépassionner le débat. Dépassionner le débat c’est un mot qui existe dans le dictionnaire marseillais ? Non. Dépassionner le débat non. Aujourd’hui il y a la passion, il y a une énergie, il faut canaliser tout ça. C’est à nous entraîneurs à faire le vide autours des joueurs. C’est pour cela qu’on va être exigeants avec vous, avec ceux qui veulent toucher ce club, qui veulent donner aussi quelque chose. Mais nous aussi on est obligé d’être dans notre cuisine. Lorsque vous allez au resto, ceux qui sont dans la cuisine ils ont souffert pour que les produits soient de bonne qualité. Nous on veut travailler dans ces conditions là. Il faut que vous compreniez aussi qu’il y a des choses qu’on ne vous dira pas. C’est à vous de le comprendre.
Vous allez mettre plus de distance avec la presse ?
Il y aura un cadre professionnel. Il y aura une relation professionnelle entre notre devoir de donner de l’information. Une grosse partie se situera dans le cadre de notre relation professionnelle. Il nous faut du temps où nous avons envie d’être seuls et nous avons un devoir vis-à-vis de vous. Il y aura un calendrier. Il y a un département communication qui est là pour ça, pour que vous puissiez faire votre travail dans les meilleures conditions. Mon activité dans un premier temps se réduira à des devoirs dans le cadre de ma profession. Nous sommes dans une situation de transition et comprenez bien que mon calendrier aujourd’hui il est plein. Depuis que je suis arrivé je me demande où est le carré vert. Je suis venu ici pour relever un challenge sportif, une mission sportive. Ca touche les joueurs et la performance.
Vous êtes adepte du 3 5 2 ?
On imagine, mais on ne peut pas prévoir. Si au bout de 15 minutes on est mené 1 à 0 et au bout de 20 minutes on a pris un carton rouge. Ce scénario là, ce qu’on appelle le coaching. Il y a la sélection du joueur, on met le joueur le mieux adapté pour répondre collectivement aux besoins. Il y a l’équipe qui va commencer le match sur un scénario qu’on a fait. On a fait une équipe par rapport à nos qualités mais aussi par rapport à l’adversaire. On ne joue pas de la même façon conte le Bayern, Caen ou Créteil. Ca veut dire qu’il y a un rapport de force. Que vous êtes actif ou réactif, ça c’est à nous de l’estimer, c’est pour ça qu’on envoie des scouts, qu’on essaye de faire le match avant, ensuite on a une équipe pour réaliser notre objectif, c’est à dire gagner le match en tenant compte qu’en face il y a des adversaires qui ont aussi un profil de jeu et ensuite il y a une écriture en direct sur le terrain et là c’est le coaching. Il faut palier, remplacer le joueur qui est sorti et remplacer le joueur qui ne répond pas aux conditions. Sur le plan tactique il y a deux options pour commencer un match, c’est facile à dire c’est une défense à 4 ou à 3. Ca c’est la photo prise à l’engagement vous savez très bien qu’après vous êtes toujours en situation de surnombre ou en situation d’infériorité.
Il y a trois ans vous aviez dit que vous ne pensiez pas que cette ville était aussi belle ?
Je n’ai pas le temps de la découvrir aujourd’hui. J’espère la visiter dans sa démarche culturelle plus profondément parce que comprenez bien que j’ai beaucoup voyagé et que j’ai la chance d’avoir partagé aussi pas mal de choses sur le plan culturel avec différents pays et aujourd’hui je n’arrivais pas à mesurer quel était cet acquis. Aujourd’hui j’arrive dans un pays où je m’aperçois que derrière moi j’ai des bagages. C’est là que je sens que j’ai acquis beaucoup de choses. J’arrive à 50 ans, on ne pourra dire que je suis trop jeune ou trop vieux pour Marseille. Je suis à un moment de ma vie parfaite epour résoudre cette mission qui est très excitante.
C’était la bonne heure pour venir en France ?
Oui. J’ai répondu au challenge sportif. Je ne suis pas venu ici avec une idée de mercenariat. Si j’étais un mercenaire vous comprenez bien que j’en aurais fait une question d’argent et je ne serais pas venu à Marseille. Seul le challenge sportif m’intéresse. Je pouvais prendre l’Ecosse. J’étais en balance avec Tochak pour rependre le Pays de Galle. C’était une mission qui m’intéressait. Je m’étais mis d’accord à 99% avec le Ghana. J’ai dis non tout de suite au Nigeria et mon contrat avec Kobé est signé à 95%. Je n’ai pas été correct avec ces dirigeants là parce que quelque part j’avais donné mon accord de principe. Mais j’ai estimé que l’image de Marseille, l’image de l’OM était suffisante pour leur faire comprendre que le challenge ne pouvait pas se refuser. Donc je le seul prétexte acceptable pour ne pas allé au Ghana ou à Kobé c’était de dire je vais à l’OM.
Vous arrivez dans une situation un peu tourmentée ?
Je ne suis pas entièrement d’accord pour dire ça. En tout cas moi je ne l’accepte pas. Je ne veux pas m’associer à ce tourment parce que c’est le passé. Moi mon projet est un projet d’avenir. Don je vais tenir compte de la réalité du moment. La réalité du moment c’est qu’il y a bien une équipe qui est 3ème du championnat qu’il y a des joueurs chevronnés, expérimentés et talentueux. Je ne vais pas les citer. Donc je préfère partir de ces principes là.
Vous avez des exigences pour le mercato ?
Je ne suis pas le seul à maîtriser ce dossier parce que je pense qu’en ce qui concerne le recrutement ce n’est pas le problème que de l’entraîneur parce qu’on s’est aperçu que les critères pour renforcer une équipe n’étaient pas que techniques. Ce sont des critères sociologiques. On s’aperçoit que pour venir ici il faut avoir une grande capacité à résister à l’environnement. C’est sûrement ce que doivent se dirent les dirigeants du Réal, Barcelone, Galatasaray, Fénerbace et j’en passe. Mais il est parfois possible de trouver le joueur que l’on cherche dans le club. Prenez l’exemple de Strasbourg. Ils avaient besoin d’un latéral gauche et il dormait dans le club. Les joueurs sont des joueurs hautement qualifiés, pour être dans l’effectif de l’OM ce sont des joueurs qui ont un passé, qui ont eu une formation, ce sont des techniciens du football et ils peuvent relever toutes les consignes que demandera un entraîneur. Si déjà collectivement on arrive a créer une équipe, c'est-à-dire une infiltration sur les phases offensives ou les phases défensives, dans notre communication pour qu’on arrive à faire trois ou quatre passe de suite pour prendre confiance, à partir de là les individualités qui dans un premiers temps sont mises au service du collectif parce qu’on doit travailler ensemble et qu’ensuite à travers cette expression collective ils arrivent à travailler ensemble, a apporter le plus individuel, on aura trouvé les vraies solutions. Le renfort au mercato ça veut dire on change des joueurs, bon on a aussi des contraintes, des budgets ont été mis en place, les joueurs sont très chers. Pourquoi ne pas partir du principe qu’on a ce qu’il faut ici. Déjà essayons de voir comment les joueurs vont réagir. Sur cette première question mais le mercato ça appartient à d’autres personnes. Il y a Pape qui est responsable aussi de ce domaine, il y a des exigences, moi aussi j’aurai des exigences mais c’est en formant notre équipe où justement on pourra en discuter qu’on prendra la décision. Ca sera une décision de club.
Votre inexpérience du football européen ?
J’ai quand même fait plus de 200 Matchs au niveau international. C’est vrai que moi j’ai un niveau mondial. Vous parlez Européen c’est vrai que j’ai un niveau mondial. Moi j’ai plutôt une expérience mondiale, pas européenne. Mais j’apprends vite puis vous pensez que les dirigeants de Marseille ont été chercher un entraîneur qui n’est pas suffisamment compétent ? Pape a répondu à cette question. Lorsqu’ils m’ont choisi, ils ont pris un risque. Ils ont dit on prend quelqu’un qui n’a jamais entraîné en France. C’est vrai que je suis dans la peau d’un Capello, d’un Van Gall, d’un Lipi qui arrive à Marseille. Eux ne connaissent pas le football français. Moi je suis un étranger qui est le plus Français des étrangers. Je viens avec des certitudes. Et j’ai managé des joueurs. Aujourd’hui l’expérience européenne c’est vrai qu’en coupe du monde j’ai joué la Belgique, l’Italie, la Turquie, La Norvège, la Suède, la Pologne, l’équipe de France, ou l’Espagne. C’est vrai que si je venais de Troyes vous ne m’auriez pas posé cette question là. Je connais mon métier et j’ai été longtemps l’entraîneur du vendredi. Vous savez d’un sélectionneur national on l’appelle un entraîneur du vendredi, les joueurs arrivent 48h avant un match. Je pense avoir acquis une certaine expérience.
Comment avez-vous vécu les bouleversements de ces derniers jours à l’OM ?
Je suis venu ici pour remplir une mission dans un domaine bien particulier. Un domaine qui m’est imparti. J’ai la responsabilité pour relever un challenge sportif et je vais avoir le staff et l’environnement nécessaire pour obtenir la meilleure performance. Mon programme est très chargé. Tout ce qui touche en dehors de ce département c’est du ressort soit de l’actionnaire Principal c’est M. Dreyfus, si vous voulez lui poser la question parce que M. Bouchet a remis sa démission, la recherche d’un nouveau Président ce n’est pas du ressort de Philippe Troussier et je n’ai aucun commentaire à faire sur tout ce qui va se passer en dehors du domaine qui m’est imparti.
Vous arrivez avec un staff ?
Oui avec un certaine nombre de personnes. Encore une fois ce n’est pas une question de compétence. C’est plus pour marquer ma prise en main. Dans votre boulot lorsqu’un nouveau patron arrive, vous êtes toujours en position d’attente en disant qu’est ce qu’il va nous faire ? Pour être opérationnel je ne veux pas que les joueurs se posent la question. Je ne veux pas tomber dans le piège et expliquer à tout le monde qu’il faut tourner à gauche alors qu’avant ils pensaient qu’il fallait tourner à droite. Je veux avoir une main mise sur mon projet sportif, mais les gens en place compétents vont s’associer à mon projet même si dans un premier temps ils vont avoir besoin d’un certain nombre d’explications mais j’espère qu’ils vont avoir l’intelligence de travailler pour Philippe Troussier en terme du projet de façon efficace.
Il va y avoir des doublons forcément.
Non chacun aura une place bien précise. Il y aura une redéfinition des rôles. Il y a la présence d’un staff quand on sera à l’entraînement, d’un staff dans d’autres domaines. Ce n’est pas simplement une heure trente qu’on passe ensemble tous les jours. C’est un ensemble. L’accueil du joueur, la propreté des équipements, les soins, c’est de la responsabilité technique et c’est ma responsabilité. Maintenant qu’il y ait d’autres services, mais tous sont au service du projet sportif dont j’ai la responsabilité et dont le timing se fera en fonction de mes desiderata. L’équipe que je vais faire autour de moi sera au service de ce projet sportif dont j’ai la charge.
Il ne s’agit pas d’instaurer la dictature mais il ne s’agit pas non plus d’être copain avec les joueurs et qu’il y ait des passes droits.
Le programme ?
Il y a un passage de témoin. Il y a une période de transition. Il y a le retrait de José. Une phase de transition qui a été prise en chargé par Albert Emon, Jean Philippe Durand Laurent Spinosi et toute l’équipe qui est autour des joueurs. Elle a été assumée et a permis de gagner ce match contre Nantes. J’ai été présent ici et je me suis présenté au staff à l’ensemble des joueurs hier pour qu’ils sachent que je suis bien en charge de l’équipe professionnelle et que j’ai souhaité le faire avant de m’adresser officiellement à vous. Je voulais qu’il y ait une réaction une prise de conscience à l’action de José.
En même temps je voulais savoir. Je ne regrette pas d’être venu à Marseille, c’est un challenge de haut niveau, que je veux relever et je ne me suis pas trompé sur la qualité de l’effectif. Ca nécessitait une prise de conscience et quelque part que ça se traduise par un résultat. Le premier témoignage pour moi, c’est que justement il y a eu cette prise de conscience. Elle s’est traduite par le résultat. Le groupe n’est pas malade. Je viens plus rassuré. Le stage que nous allons mettre en place, je pense que vous le comprenez, c’est un acte de transition également c’est maintenant je prends le relais. Nous vivons une situation exceptionnelle. En vivant auprès des joueurs je vais mieux les connaître, faire passer mon message, familiariser l’environnement à une nouvelle méthode de travail. Il va falloir que les joueurs la ressentent et il y a un match à préparer et on est dans la région ou ce match va avoir lieu. Au lieu de partir vendredi on part trois jours avant. Une liste de joueur a été faite. J’ai souhaité compléter le groupe avec des joueurs mis à l’écart pour différentes raisons. Des joueurs ne vont pas venir parce que après avoir écouté un certain nombre de personne nous avons décidé de les laisser à Marseille.
Luyndula ?
Tout ce qui est derrière c’est de l’histoire. Aujourd’hui Péguy Luyndula est dans l’effectif contractuel de Marseille il n’y a aucune raison pour qu’il ne vienne pas.
Que pensez vous du match contre Nantes ?
Le résultat d’hier était important sur le plan comptable. Il y a deux phases. Il y a la phase qu’on a retrouvé lors que match conter PSG, la volonté de faire la différence la volonté de marquer on a le sentiment que chacun se met à la disposition d’une volonté d’aller vers l’avant et de faire des efforts et on s’aperçoit que lorsqu’on mène 2 à 0 on ne sent peut être pas encore, peut être pour des raisons de confiance, suffisamment une équipe capable de pouvoir gérer. La notion de gérer est un terme à faire comprendre pour les supporteurs. On dit communément reculer pour mieux sauter. Dans la mesure où on peut penser qu’une attaque se construit par l’arrière pour prendre de l’élan pour construire une grosse vague. Je pense que c’est plus lié au contexte du moment. C’est à moi à redonner plus confiance.
Le centre de formation ?
Bien sur c’est important Il fait partie de la section professionnelle. Ce n’est pas un enfer et un calvaire de venir en équipe professionnelle. Il ne faut pas que les gens aient de l’appréhension pour venir. C’est à nous à leur faire prendre conscience que c’est un milieu rassurant.
Caen ?
Ce match est déjà dans ma tête. Gagner c’est une attitude et l’attitude c’est la façon dont on va concevoir notre jeu, la façon dont on va pour s’exprimer. Et gagne un match c’est le reflet d’un ensemble d’initiative. Gagner ce n’est pas simplement je marque, je marque un deuxième et je gagne. C’est aussi j’encaisse… Il y a de l’action et de la réaction. C’est pour ça, dans soutien d‘une équipe on peut très bien être menés à la 80ème mais il y a toujours le temps nécessaire pour revenir au score. Il y a des exemples à cela. Donc ce n’est pas parce qu’on a pris un but à la 15ème minute qu’on est en position d‘échec. Nous on en est persuadés, mais l’environnement, ceux qui donnent les messages, ceux qui nous font transpirer, et ceux qui nous aident. Cette équipe de Marseille, moi j’en ai une idée, mais ceux qui sont autour, ceux qui sont dans l’arène eux aussi ont une part de responsabilité pour construire leur équipe. Moi j’ai mon idée rationnelle sur la stratégie parce que c’est mon métier, mais sociologiquement il faut que les supporteurs se reconnaissent dans l’équipe. Donc ils vont la construire et ils vont m’aider à la construire.
Hier j’ai posé la question de savoir si le mot renoncement existait. Nous on n’a pas le droit de renoncer. On ne va pas faire grève, on n’a pas le droit, on est devant le devoir. On est là parce qu’on est des professionnels. On ne va pas se débiner, on sera toujours présents et on va toujours assumer nos responsabilités et on voudrait que tout notre environnement soit comme ça.