02-03-2006, 20:20
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La rédaction web des Echos - 1er mars 2006
VIE POLITIQUE -
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EN MARGE
Alors que le débat français sur l'usage et le trafic des stupéfiants s'est figé dans la célèbre loi de 1970, la culture rap est le nouveau véhicule de communication sur le sujet de la classe politique néerlandaise. Les deux rappeurs les plus en vue du moment aux Pays-Bas ne sont autres que le ministre de la Justice, Piet Donner, et le maire de Maastricht, Geert Leers. Appartenant tous deux au Parti chrétien-démocrate, ils n'en sont pas moins devenus des rivaux sur les ondes. A quelques semaines d'intervalle, l'un et l'autre ont enregistré une chanson sur ce rythme des banlieues pour faire passer un message politique des plus sérieux.
Problème qui agite régulièrement la société batave, la légalisation des drogues douces est à l'origine depuis des années d'un clivage entre le pouvoir central de La Haye et les communes. Au point que les maires des grandes villes, notamment les voisines de l'Allemagne, ont formé une association prônant la légalisation pure et simple de l'« herbe » et du « hasch » afin de faire cesser la criminalité dérivant de leur trafic.
A quelques semaines des élections municipales, le premier magistrat de Maastricht n'a pas hésité à mettre en musique ses idées. « Mon nom est Geert Leers, bourgmestre de Maastricht/C'est pas nouveau que l'alcool est une drogue dure/Mais c'est pourtant légal, alors pourquoi se crisper sur le cannabis/Une politique qui récompense les criminels », chante le maire sur un rythme saccadé. Déjà cocasse en soi, l'affaire rebondit aujourd'hui avec la réponse du ministre de la Justice, un personnage aussi conventionnel qu'un Edouard Balladur en France. Relevant un défi a priori impensable pour un politicien gris muraille partisan d'imposer des cours de religion à l'école, Piet Donner, cinquante-sept ans, s'est converti au rap pour donner la réplique. « Les joints nous ont rendus célèbres/Mais les dégâts on en parle pas/Ici Donner de la justice/J'agis avec la police/La dope à dégager/car la Hollande en toxico très peu pour moi. » Après les mélomanes, il reviendra surtout aux électeurs de juger la pertinence de ces arguments percutants lors du scrutin de mardi prochain.
DIDIER BURG (À AMSTERDAM)
