17-06-2004, 06:55
Sonnez clairons et trompettes ! Voilà le confrère d’Hadji Lazaro sapé en chef d’orchestre qui voudrait bien nous jouer la partition d’un autre sourd, l’hymne à la joie à l’unisson par tous les artistes du grand Orchestra Massilia. Et que vibrent les tympans et frémissent les poils de bras, on nous promet du nirvana sur ce coup là, une nouvelle marseillaise prête à enflammer l’eurovision !!!
Et puis finalement la première partie est assurée par le Big Bazar qui entonne maladroitement les Pléiades de Xenakis, des sons qui nous traversent de part en part sans qu’on ne puisse plus distinguer le laid du beau, le vrai du faux ou la raie du dos.
Pas de blues du Businessman pour notre garçon boucher, mais la morgue et la suffisance de celui qui se voyait déjà en haut de l'affiche. On voudrait voir les comédiens, voir les magiciens....mais on ne nous annonce que des peintres, et pas même des Michelange ou des Botticelli en raison du manque de Monet. Alors de déraison en déraison on nous amène le Variétés Club de France, ceux qui hier encore n’avaient déjà plus vingt ans.
Du fond de la cathédrale s'élèvent les chants sacrés de notre Zarathoustra pontifical, mais l'Hallelujah ne s'élève pas encore jusqu’aux cieux. Seul peut-être le ‘Gloria in excellsis Drogba’ parvient un tantinet à se faire entendre. Si ce n’est que les fidèles restent définitivement muets en dépit de l’agitation et de la bonne volonté du gentil diacre un peu nigaud, pauvre minot qui gesticule en vain car dans la sacristie le gosse péle. Comme toujours, au nom de Dieu, on nous promet une éternité qu’on ne verra jamais venir.
Tandis que sur le parvis l'Alain la nouille au vent veut nous jouer la Traviata, sur un air de busy man déjà entendu en un peu plus jazzy. « Elle me les brise menuet menuet. », aurait-il déclamé après coup concernant la double cruche. Mais tant pis pour cette braque manie neuve. Il en aura fait un peu Strauss. Le flûtiau de l'Alain n’étant pas forcément le noeud du problème. Un petit concerto privé à l'attention du petit personnel étant plutôt ma foi une intention fort louable. Mais il semblerait que certains auditeurs se soient involontairement retrouvés a portée de l'événement, qu’ils soient blancs, noirs, majeurs ou surtout mineurs. Voila la clé du problème, clé de fa étant donné la gravité de la situation. Faute de goût sinon faute professionnelle, c'est en tout cas là que l'Alain fait un couac et s’accroche sans mesure avec les enfants de ch½urs pour une saute qui a tournée au triolet. Le rythme est perdu, l’harmonie disparaît remplacée par une cacophonie sans nom. Rien de moins que le concert annuel de La-Bastide-De-Serou. (Malgré tout le respect que je porte a leur lutte contre l’autisme, un mal qui se répand… se répand… ). En tout cas un air d'une saison de Vivaldi déjà disponible dans les Bach qui nous dit enfin pourquoi le Boucher tourne le dos au Rossini.
Pourtant le d’ores et déjà sacré tube de cet été, successeur en titre des "Tic tic tac", "Yakalelo" et autres "Pata pata", nous vient d'outre-manche. Celui-la estampillé Petruskof et non plus Jacques Vabre. On ne bouge plus son petit corps huilé sur la Macarena ou la Lambada mais sur la toute nouvelle Didiedroba. Avec en bonus track je danse le Mya Frye, succès assuré dans toutes les bonnes discothèques de camping. Tout ça a comme un air de déjà entendu bien sur, rien que du remixé sans cesse selon les arrangements en vogue. Mais çà s’entend partout et çà rentre partout, çà rentre partout mais c’est pas rigolo du tout. Pourtant qu’on aime ou pas on le sifflotera tout l’été en se répétant sans cesse : "Que c’est trop con ce truc mais punaise qu’on peut pas s’en débarrasser un peu comme du chat Pouic !!!".
Pour l’instant chacun fait ses gammes, en attendant que le ton monte du sol au plafond. D’la caution Marseillaise en anicroches, d’accord ou pas d’accords, on s’envoie les premières mesures moderato en attendant le crescendo. Les voies du seigneur sont impénétrables, se plait-on a rappeler, et même Las Ketchup n’a pas réussi à passer l’été dernier. Alors bon… Même si comme toujours çà râpe un peu, pas de quoi avoir le blues. Tout çà n’est somme toute que du classique.
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