04-06-2004, 16:16
La Grande Histoire de la Transhumance 2003-04, vol.1
Baka, Chapuis and Co quittant Marseille, sous le regard ému de Drogba, Beye et autres N'Diaye...
Nous sommes au début de l'été 2003. Alain Perrin, le nouveau berger, bâton de commandeur à la main, vient de conclure sa première campagne. Couronnée de succès, elle a même explosé les quotas imposés par les hautes instances à sa prise en main de l'exploitation. En effet, il a réussi à faire monter sa ferme au 3ème rang national lors du grand Concours général, grâce à un cheptel rustique et dirigé de main de maître par un Boeuf à poil lisse, mais au combien efficace...
Mais Bruxelles est tâtillonne et ses directives européennes lui demandent de changer son vulgaire troupeau de chèvres en un magnifique élevage de pur-sangs, et ce dans dans les 2 mois. Les normes sanitaires édictées par les eurocrates imposent un certain standing pour pouvoir permettre des déplacements aux quatre coins de l'Union, dans le cadre des rassemblements annuels des plus beaux cheptels.
La mort dans l'âme, notre guide se lance alors dans la transhumance de ses chèvres. Un voyage qu'il sait sans retour pour nombre d'entre elles, traumatisant pour d'autres.
Petit état des lieux des troupes aux destins contrastés, un an après.
Le boss du troupeau de chèvres était en fait un boeuf. Sa haute taille et ses ruminations dans l'étable avant de sortir sur le pré exercaient une grande fascination sur ses congénères à quatre pattes. Mais, las de brouter nos vertes pelouses, il a choisi l'exotisme en allant se reposer dans les luxuriantes oasis du Moyen-Orient. Franck Leboeuf, en signant à Al-Saad, a permis d'étoffer son compte en banque et par la même occasion son palmarès en remportant le relevé championnat des vieilles gloires des prés.
Il envisage même de s'engager aux USA, histoire de se tester face aux bovins aux hormones des ranchs du Far-West et de prouver la valeur de l'élevage français...
L'autre pièce historique du troupeau était la chèvre vinicole, chargée de vendanger les occasions. Perrin comptait la semer en priorité dans les hauts pâturages. Mais le Baka s'accrochait, au grand dam du véto Piola, marquant même le premier but de la saison à Guingamp. Finalement, il se décidait à rejoindre Pampelune, où l'Osasuna lui tendait les bras. Il comptait bien se mêler au traditionnel encierro, au milieu des fougueux toros espagnols.
Tel un anglo-saxon galvanisé par les récits d'Hemingway, notre Ibrahima Bakayoko national s'est métamorphosé dans la capitale de Navarre. Buts, passes décisives, il était méconnaissable, tout comme son équipe qui flirtait avec le haut du classement... Malheureusement, une blessure à la cuisse l'a stoppé dans son envol, tout comme l'Osasuna qui ne gagnait plus sans lui, comme l'expliquait un journal local...
Son club a terminé finalement 13ème de la Liga des las Estrellas, et lui avec des stats bakayokiennes somme toute: 4 buts, 3 passes décisives en 25 rencontres et 21 titularisations.
Voyant cette réussite à l'export, Perrin a tenté de refourguer en douce de la viande avariée chez nos amis rosbeefs, plus connus pour leur talents alcooliques que culinaires. Le pigeon nommé Leeds United s'est vu livrer 3 beaux spécimens de pure race de Capri Marseillicus: Salomon Olembé, Lamine Sakho et Cyril Chapuis. Ont-ils importé une maladie qui a contaminé les autres joueurs? Ont-ils enseigné leurs coups spéciaux à Viduka and co? En tout cas, aucun des 3 n'a connu la réussite, et Leeds est descendu en Division 1...
Salomon Olembé n'a pas trop eu l'occasion de gambader sur les vertes pelouses anglaises avec ses 12 matches joués. Alignés plus ou moins régulièrement jusqu'en décembre, il a été écarté durablement en seconde partie de saison (CAN...) et n'a plus disputé que le dernier match de la saison contre Chelsea.
Lamine Sakho aurait pu s'en sortir. Après des débuts remarqués (1 but contre les Magpies pour son premier match) et quelques titularisations, il a progressivement disparu devenant remplaçant jusqu'en janvier et s'eclipsant définitivement le 21 février après un bout de match joué à ManUtd. En résumé, 17 matches dont 9 titulaires et un seul petit but.
Le cas Cyril Chapuis est plus complexe. Prix Marionnaud 2003, il pensait pouvoir séduire les cochonnes d'Outre-Manche. Grosse erreur, il est revenu au bercail la queue entre les pattes au mercato d'hiver. Le nouveau pasteur de service, le José grand ami des champs, l'a renvoyé illico à Strasbourg. Son caractère de mule associé à un talent de chèvre non croisée lui a évité de se faire mal aux sabots sur les terrains gelés d'Alsace. Chouette, il sera de retour à l'écurie dès cet été...
Continuons la revue d'effectif avec Djamel Belmadi, qui est allé sifflé là-haut sur la colline, enfin plutôt sur les dunes du Qatar, à El-Ittihad. Son talent d'oiseau musical n'a pas du convaincre les Princes mélomanes, car il vient d'être renvoyé de sa salle de concert. Son club convoite en effet une star mondiale, Rivaldo, qui a bien plus de coffre que notre pinson tant décrié au Vélodrome...
Piotr Swierczewski, ancien cochonglier nourri aux fênes corses, a lui aussi tenté sa chance en Angleterre, à Birmingham. Son numéro 34 n'a pas eu la chance de prendre l'air, il est resté dans la penderie toute l'année: ce brave polak s'est gelé les miches en tribunes, et n'a disputé aucun match sous ses nouvelles couleurs...
Enfin, pour terminer cette première partie, un petit mot sur nos jeunes, issus de la couveuse, alimentés par leur mer (Méditerranée) depuis leur naissance. Mais jugés tendres, frêles, sans avenir, ils ont été vendus à d'autres exploitations (Reina à La Gantoise, Deschamps à Sedan, B.Gavanon à Nancy...), d'autres ont été chassés sans ménagements. Ils ont réussi à trouver refuge chez d'autres éleveurs, moins renommés certes, mais tellement plus gentils avec eux (Gafour à Cannes, Grégori et J.Pérez à Créteil...). Des jeunes pousses, gênées par leurs aînés, ont pu trouver une auge à leur taille en se faisant prêter dans des exploitations plus modestes, plus proches du petit domaine familial que de la Ferme des Célébrités (M'Bodji à Cannes...)
Et les Sychev, Fernandao, Van Buyten, Tuzzio et autres Laurenti me direz-vous... Leur pedigree et leur noble origine, leur destin particulier demandent bien une seconde partie. La Grande Histoire de la Transhumance est si riche...