12-12-2004, 21:03
paddy a écrit :j'osais pas le direje pense que l'Alain t'avait bien répondu ! :chinese: je citerai juste ça en ajoût![]()
Dis donc boeuf, je ne sais pas si tu avais vu mon post sur le sujet Abel gance. Y a l'épaulard qui m'avait donné quelques billes mais aucun m'a donné un avis perso sur le sujet. ça te dit quelque chose toi ?
On sait que la question du cadre fonde le cinéma : en installant une limite visuelle, ce dernier permet paradoxalement l’ouverture la plus grande en suggérant un "ailleurs ", ce fameux hors champ qui donne au sujet tout son sens Mais, au-delà du cinéma, ce problème alimente les institutions imaginaires depuis des lustres parce qu’il pose comme préalable à toute forme de création la nécessité du retrait : c’est très littéralement ce qu’énonce le mythe de la création du monde (Tsimtsoum). Et si l’art du cadrage participe de cette logique du renoncement, il paraît difficile d’en refuser les limites.
C’est pourtant ce qu’Abel Gance tente de faire dans Napoléon. Car il faut bien le dire, les trois écrans réunis n’ont à peu près rien à voir avec le procédé cinémascope - qui se contente d’élargir la perspective - et cela pour au moins deux raisons : d’une part parce qu’ils ne montrent pas nécessairement une seule et même image (c’est même souvent le contraire) mais surtout parce qu’ils n’apparaissent pas tout le temps. Les limites du cadre sont ainsi assumées jusqu’à un certain point, puis ces repères explosent lors de l’apparition des fameux triptyques. Le fantasme des poupées russes est ici porté à la démesure : d’une part, on se prend à rêver à un monde sans frontière (pourquoi ce triptyque ne se multiplierait-il pas lui-même ?), d’autre part, l’½il est systématiquement ramené au centre de l’écran où Abel Gance multiplie les superpositions d’images, rendant du même coup presque impossible le balayage visuel de l’ensemble du tableau.:napo: