17-10-2012, 18:58
Les premiers frimas de l'automne commençaient à assaillir la ville. Le vent avait amené le mauvais temps et se chargait de faire tomber les feuilles rouges et jaunes, formant un tapis coloré sur le bitume. Debout, le nez collé à la vitre du salon, il regardait les gouttes de pluie glisser inexorablement le long du double vitrage, prenant des trajectoires toujours imprévisibles. Un peu comme lors de l'épreuve du fakir au "Juste Prix" de Philippe Risoli.
Le cappuccino brûlant dans le mug "I Love NY" lui réchauffait les mains. Il ne put s'empêcher de sourire devant l'incongruité de la situation en réalisant qu'il n'avait pourtant jamais mis les pieds sur le territoire lointain de l'oncle Sam. Puis après tout, ce n'était pas son mug, et ce n'était pas de sa faute à lui si elle collectionait toutes les babioles de la Terre siglées "I Love". Il ne serait d'ailleurs pas surpris si elle sortait de la salle de bain en portant comme seul vêtement un long t-shirt blanc, avec en grosses lettres rouges un "I Love Paris" qui lui donnait irrépressiblement envie de lui arracher encore cet affreux bout de tissu.
Une rafale de vent fit claquer la fenêtre entrouverte de la chambre et le tira de sa contemplative torpeur automnale. Dans la salle de bain, l'irritant sèche-cheveux avait remplacé le doux clapotis de l'eau de la douche. Dans 5 minutes et 37 secondes, il le savait maintenant, elle et son entêtante odeur de monoï le rejoindraient près de la fenêtre. Ses cheveux encore un peu humides, noués dans une serviette bleue, lui donneraient comme d'habitude un petit air de Marge Simpson.
Comme les gouttes sur la vitre, les heures de ce dimanche s'écoulaient lentement. Monotones. Il avait pourtant bien essayé de pimenter la journée. Il rêvait d'un plan à Troyes, pour casser cette routine qui s'était installée aussi rapidement que l'OM en tête du classement de la Ligue 1. Mais elle n'avait pas voulu le suivre dans ses délires. "Je vaux mieux que des magasins d'usine vendant à prix cassés des pulls à carreaux remis à la mode par Raphaël Mezrahi". L'argument était là, imparable. Sans qu'il sache vraiment comment, il s'était retrouvé emprisonné. Elle l'avait emprisonné. Car comme la chèvre de Monsieur Seguin, il avait arrêté de lutter pour sa liberté et s'était laissé prendre dans ses filets.
Cette vision fit sur lui un effet d'électrochoc. Il lui fallait réagir. Ce mug. Ce T-shirt. Ce Monoï... Un dernier instinct de survie venait de lui dicter de s'enfuir loin de cette douce prison. Il lui restait moins de 5 minutes maintenant, il n'avait qu'à aller récupérer ses quelques affaires éparpillées sur le sol. Il jeta la fin de son mug dans l'évier, mit son écharpe et ouvrit la porte. La vent cinglant faillit lui faire faire demi-tour pour retourner tout penaud près de sa fenêtre. Alors, comme tout être humain qui va marcher sous la pluie, il rentra la tête dans ses épaules dans l'espoir illusoire d'éviter au maximum les gouttes. Il erra dans la ville déserte, sans but, et bien évidemment trempé jusqu'aux os. Les réflexes humains de protection ne remplaceront décidemment jamais un bon parapluie.
Les néons blafards des boutiques accentuaient cette impression de fin du monde. Au détour d'une ruelle, il jeta un coup d'oeil au mur de télévisions d'un magasin Hifi au travers de la vitrine. Calés sur Canal Plus, les écrans plasma passaient l'avant-match du Grand Match du Dimanche. Estac-OM. Les derniers contre les premiers. Il se demanda si la sono du Stade de l'Aube allait cracher du Céline Dion et du Booba pour bien rester dans le thème de la soirée.
S'il se dépêchait, il serait au pub avant le coup d'envoi fictif du match par Alain Perrin. Ragaillardi par cette perspective, il remis la tête dans ses épaules et hâta le pas. A quelques centaines de mètres de là, une Marge Simpson cherchait en vain son Homer. Si elle avait pris la peine de chercher à mieux le connaître, elle aurait su qu'elle l'aurait retrouvé au pub, sirotant sa bière du dimanche soir avec ses potes. Homer prêt à la guerre contre Troyes... Décidemment, les classiques ne se démodent jamais.
Le cappuccino brûlant dans le mug "I Love NY" lui réchauffait les mains. Il ne put s'empêcher de sourire devant l'incongruité de la situation en réalisant qu'il n'avait pourtant jamais mis les pieds sur le territoire lointain de l'oncle Sam. Puis après tout, ce n'était pas son mug, et ce n'était pas de sa faute à lui si elle collectionait toutes les babioles de la Terre siglées "I Love". Il ne serait d'ailleurs pas surpris si elle sortait de la salle de bain en portant comme seul vêtement un long t-shirt blanc, avec en grosses lettres rouges un "I Love Paris" qui lui donnait irrépressiblement envie de lui arracher encore cet affreux bout de tissu.
Une rafale de vent fit claquer la fenêtre entrouverte de la chambre et le tira de sa contemplative torpeur automnale. Dans la salle de bain, l'irritant sèche-cheveux avait remplacé le doux clapotis de l'eau de la douche. Dans 5 minutes et 37 secondes, il le savait maintenant, elle et son entêtante odeur de monoï le rejoindraient près de la fenêtre. Ses cheveux encore un peu humides, noués dans une serviette bleue, lui donneraient comme d'habitude un petit air de Marge Simpson.
Comme les gouttes sur la vitre, les heures de ce dimanche s'écoulaient lentement. Monotones. Il avait pourtant bien essayé de pimenter la journée. Il rêvait d'un plan à Troyes, pour casser cette routine qui s'était installée aussi rapidement que l'OM en tête du classement de la Ligue 1. Mais elle n'avait pas voulu le suivre dans ses délires. "Je vaux mieux que des magasins d'usine vendant à prix cassés des pulls à carreaux remis à la mode par Raphaël Mezrahi". L'argument était là, imparable. Sans qu'il sache vraiment comment, il s'était retrouvé emprisonné. Elle l'avait emprisonné. Car comme la chèvre de Monsieur Seguin, il avait arrêté de lutter pour sa liberté et s'était laissé prendre dans ses filets.
Cette vision fit sur lui un effet d'électrochoc. Il lui fallait réagir. Ce mug. Ce T-shirt. Ce Monoï... Un dernier instinct de survie venait de lui dicter de s'enfuir loin de cette douce prison. Il lui restait moins de 5 minutes maintenant, il n'avait qu'à aller récupérer ses quelques affaires éparpillées sur le sol. Il jeta la fin de son mug dans l'évier, mit son écharpe et ouvrit la porte. La vent cinglant faillit lui faire faire demi-tour pour retourner tout penaud près de sa fenêtre. Alors, comme tout être humain qui va marcher sous la pluie, il rentra la tête dans ses épaules dans l'espoir illusoire d'éviter au maximum les gouttes. Il erra dans la ville déserte, sans but, et bien évidemment trempé jusqu'aux os. Les réflexes humains de protection ne remplaceront décidemment jamais un bon parapluie.
Les néons blafards des boutiques accentuaient cette impression de fin du monde. Au détour d'une ruelle, il jeta un coup d'oeil au mur de télévisions d'un magasin Hifi au travers de la vitrine. Calés sur Canal Plus, les écrans plasma passaient l'avant-match du Grand Match du Dimanche. Estac-OM. Les derniers contre les premiers. Il se demanda si la sono du Stade de l'Aube allait cracher du Céline Dion et du Booba pour bien rester dans le thème de la soirée.
S'il se dépêchait, il serait au pub avant le coup d'envoi fictif du match par Alain Perrin. Ragaillardi par cette perspective, il remis la tête dans ses épaules et hâta le pas. A quelques centaines de mètres de là, une Marge Simpson cherchait en vain son Homer. Si elle avait pris la peine de chercher à mieux le connaître, elle aurait su qu'elle l'aurait retrouvé au pub, sirotant sa bière du dimanche soir avec ses potes. Homer prêt à la guerre contre Troyes... Décidemment, les classiques ne se démodent jamais.