01-03-2019, 18:23
Le mec en question n'est pas n'importe qui, puisqu'il s'agit tout simplement de l'un des meilleurs joueurs du monde au moment où il rejoint l'OM en provenance de Saint-Étienne. C'est bon, vous avez deviné ? Eh oui, ce mec c'est Salif Keïta, la « Panthère noire », l'attaquant malien qui venait de claquer un total ahurissant de 71 buts en championnat lors de ses deux dernières saisons avec les Verts – 42 lors de la saison 70-71, où il ne finit pas meilleur buteur car un certain… Josip Skoblar en marque 44.
Keïta arrive à l'OM en été 72 et joue son premier match officiel avec le club contre (vous l'avez dans le mille) Saint-Étienne. Victoire de l'OM 3-1, doublé de Keïta qui adresse un bras d'honneur au président des Verts, Roger Rocher, avec lequel ses rapports s'étaient dégradés avant son départ. Mais l'histoire vécue entre Keïta et l'OM sera bien trop courte et constituera une véritable opportunité manquée. À l'époque, les clubs français ont droit à deux étrangers et l'OM a déjà dans ses rangs le Yougoslave Skoblar et le Suédois Magnusson.
Le club rêve de pouvoir aligner ses trois joyaux offensifs en même temps. Il espère d'abord convaincre Magnusson de se faire naturaliser – une pratique qui se répand à l'époque parmi les joueurs étrangers possédant un lien de parenté avec la France – mais ce dernier est finalement réticent à cette idée. L'OM tente ensuite de faire obtenir une licence de joueur « assimilé » à Keïta, mais le Malien ne veut pas en entendre parler car il est hors de question pour lui de « ne plus être un Malien à part entière ». L'été suivant, après 18 matches et 10 buts sous les couleurs olympiennes, Keïta quitte la France et rejoint le FC Valence, entraîné par un certain Alfredo Di Stefano. Il fera trois saisons en Espagne, puis trois au Portugal avec le Sporting, avant de terminer sa carrière aux États-Unis (pas loin de chez moi, avec les sympathiques New England Tea Men – un nom pareil, ça ne s'invente pas).
La vie de Keïta est parsemée d'anecdotes fascinantes, bien trop nombreuses pour être énumérées ici, mais il y en a une que j'ai retenue parce qu'elle colle au thème qui nous intéresse ici. Keïta était souvent comparé au roi Pelé et ils se croisèrent en mars 71 à Colombes, lors d'un match amical. Le grand Santos, sans doute le meilleur club du monde de la décennie précédente, vient affronter une « entente ASSE-OM » composée des meilleurs joueurs des deux clubs. C'est-y pas beau, ça ? La rencontre se termine sur un 0-0, mais Keïta réalise une prestation stratosphérique qui éclipse celle du génie brésilien. Ah, et c'est Brigitte Bardot qui donna le coup d'envoi ce soir-là…
Back to zeu présent, les z'aminches ! Les temps ont bien changé (et Brigitte Bardot aussi, mais ça c'était plus prévisible). L'OM a connu depuis la gloire et la déchéance, été porté aux nues et traîné dans la boue. Aujourd'hui, le club se cherche sous la houlette d'un bâtisseur bostonien, en quête d'un nouveau souffle qui tarde à gonfler les voiles du rafiot. Faute d'un Magnusson, on s'extasie sur un Thauvin. Orphelins d'un Skoblar, on encense Balotelli. Et sans le génie d'une panthère malienne, on s'appuie sur la ténacité d'un Brésilien atypique ; dur, sec et droit. Ce qui est déjà pas mal, me direz-vous. En face, ils ont une charnière centrale septuagénaire, leur maître à jouer s'appelle Rémi Cabella et ils sont malgré tout bien placés pour accrocher l'Europe en fin de saison. Tous les espoirs sont donc permis – enfin, surtout celui de terminer quatrième, mais sur un malentendu et si les Lyonnais continuent à faire n'importe quoi un match sur deux, sait-on jamais…
Une chose est sûre : si l'on voit au Vélodrome dimanche une fraction du talent dont l'OM et Saint-Étienne étaient pétris à l'époque où Keïta est passé du second au premier, on aura droit à une très belle rencontre. Deux géants devenus cyclopes chancelants, restés menaçants mais en quête d'équilibre et de vision. L'un des deux mordra-t-il la poussière, ou se regarderont-ils en chiens de faïence, montrant les crocs et grondant sourdement, avant de se détourner l'un de l'autre et se mettre à la recherche de proies plus faciles ? J'en sais rien, je suis pas devin, mais vu qu'on se déplace au Parc le 17 mars et que la Saint-Patrick risque de sentir le gaz pour elles, nos biquettes seraient inspirées de faire le plein de points contre Saint-Étienne et Nice au Vélodrome, d'autant que le stade bien garni qui s'annonce pour ces rencontres ne se satisfera de rien de moins.
Allez l'OM !
Keïta arrive à l'OM en été 72 et joue son premier match officiel avec le club contre (vous l'avez dans le mille) Saint-Étienne. Victoire de l'OM 3-1, doublé de Keïta qui adresse un bras d'honneur au président des Verts, Roger Rocher, avec lequel ses rapports s'étaient dégradés avant son départ. Mais l'histoire vécue entre Keïta et l'OM sera bien trop courte et constituera une véritable opportunité manquée. À l'époque, les clubs français ont droit à deux étrangers et l'OM a déjà dans ses rangs le Yougoslave Skoblar et le Suédois Magnusson.
Le club rêve de pouvoir aligner ses trois joyaux offensifs en même temps. Il espère d'abord convaincre Magnusson de se faire naturaliser – une pratique qui se répand à l'époque parmi les joueurs étrangers possédant un lien de parenté avec la France – mais ce dernier est finalement réticent à cette idée. L'OM tente ensuite de faire obtenir une licence de joueur « assimilé » à Keïta, mais le Malien ne veut pas en entendre parler car il est hors de question pour lui de « ne plus être un Malien à part entière ». L'été suivant, après 18 matches et 10 buts sous les couleurs olympiennes, Keïta quitte la France et rejoint le FC Valence, entraîné par un certain Alfredo Di Stefano. Il fera trois saisons en Espagne, puis trois au Portugal avec le Sporting, avant de terminer sa carrière aux États-Unis (pas loin de chez moi, avec les sympathiques New England Tea Men – un nom pareil, ça ne s'invente pas).
La vie de Keïta est parsemée d'anecdotes fascinantes, bien trop nombreuses pour être énumérées ici, mais il y en a une que j'ai retenue parce qu'elle colle au thème qui nous intéresse ici. Keïta était souvent comparé au roi Pelé et ils se croisèrent en mars 71 à Colombes, lors d'un match amical. Le grand Santos, sans doute le meilleur club du monde de la décennie précédente, vient affronter une « entente ASSE-OM » composée des meilleurs joueurs des deux clubs. C'est-y pas beau, ça ? La rencontre se termine sur un 0-0, mais Keïta réalise une prestation stratosphérique qui éclipse celle du génie brésilien. Ah, et c'est Brigitte Bardot qui donna le coup d'envoi ce soir-là…
Back to zeu présent, les z'aminches ! Les temps ont bien changé (et Brigitte Bardot aussi, mais ça c'était plus prévisible). L'OM a connu depuis la gloire et la déchéance, été porté aux nues et traîné dans la boue. Aujourd'hui, le club se cherche sous la houlette d'un bâtisseur bostonien, en quête d'un nouveau souffle qui tarde à gonfler les voiles du rafiot. Faute d'un Magnusson, on s'extasie sur un Thauvin. Orphelins d'un Skoblar, on encense Balotelli. Et sans le génie d'une panthère malienne, on s'appuie sur la ténacité d'un Brésilien atypique ; dur, sec et droit. Ce qui est déjà pas mal, me direz-vous. En face, ils ont une charnière centrale septuagénaire, leur maître à jouer s'appelle Rémi Cabella et ils sont malgré tout bien placés pour accrocher l'Europe en fin de saison. Tous les espoirs sont donc permis – enfin, surtout celui de terminer quatrième, mais sur un malentendu et si les Lyonnais continuent à faire n'importe quoi un match sur deux, sait-on jamais…
Une chose est sûre : si l'on voit au Vélodrome dimanche une fraction du talent dont l'OM et Saint-Étienne étaient pétris à l'époque où Keïta est passé du second au premier, on aura droit à une très belle rencontre. Deux géants devenus cyclopes chancelants, restés menaçants mais en quête d'équilibre et de vision. L'un des deux mordra-t-il la poussière, ou se regarderont-ils en chiens de faïence, montrant les crocs et grondant sourdement, avant de se détourner l'un de l'autre et se mettre à la recherche de proies plus faciles ? J'en sais rien, je suis pas devin, mais vu qu'on se déplace au Parc le 17 mars et que la Saint-Patrick risque de sentir le gaz pour elles, nos biquettes seraient inspirées de faire le plein de points contre Saint-Étienne et Nice au Vélodrome, d'autant que le stade bien garni qui s'annonce pour ces rencontres ne se satisfera de rien de moins.
Allez l'OM !