18-11-2010, 10:52
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T[/SIZE]he édito. Lécrit ultime sur le foot. Il est là, sous mes yeux cernés par la traversée dune nuit blanche où la tempête neuronale fit rage; où les vents porteurs dinspiration gonflèrent mon aile à la plume corsaire et fouettèrent mon style au sang des poètes écumeurs. Il est là vous dis-je, trempé dans des paquets damer, le couplet catamaran, le fendant cantique du jeu de ballon. Lédito sublime !
Il est là le pavé lancé dans le marrez-vous du Web footballistique. Là sur mon écran, couché en toutes lettres dune belle police Times New Roman qui na jamais aussi bien porté son nom. Il est là le beau pamphlet, tout chaud et replet, sorti du four utérin de ma carte mère, et des moulins de mon Core Duo.
Il est là, le divin enfin !
Jen étais incontestablement à un niveau dautosatisfaction stratosphérique. Jattrapais graduellement une melonite occipitale à ne plus passer les double-portes et lépaississement de mes chevilles avoisinait léléphantiasis de foire.
Je reluquai fièrement mon texte comme la septième merveille de la planète foot et grattai une allumette pour embraser une clope avec le même contentement viril de John Wayne venant de tuer Liberty Valence. Stupeur. Une main sabattît sur mon épaule.
Je sursautai, métranglai et recrachai ma clope incandescente. Catastrophe. Après un salto avant la cigarette retomba en piquet à laplomb exact de ma braguette et alla se loger sous moi. Attaque au napalm. Le mégot consuma instantanément mon jean et mon fauteuil tournant. Le feu mhabite, paniquai-je. Je décollai à la verticale dun saut marsupial et me retrouvai en station debout sur mon siège. Je me mis à gifler furieusement mon entre jambe et labourer lassise en skaï ornée en son centre dun cratère rougeoyant qui nen finissait pas de grandir.
Ces gesticulations intempestives eurent pour effet de lancer une rotation subite de mon fauteuil pivotant de manufacture suédoise. Après deux tours de manège à pleine vitesse le TORBJÖRN méjecta sans coup férir aussi sûrement que la force centrifuge possède la fâcheuse tendance à éloigner les corps du centre de giration.
Leffet de fronde menvoya valdinguer à lautre bout de la pièce et me ramena à la gravité douloureuse du plancher des vaches. Doublement douloureux si concurremment, vous tamponnez les tables gigognes et faites choir un cendrier en marbre, indestructible au regard de votre crâne. Un punaise de cendrier modern style en marbre donyx rose, refourgué par votre mère lors du premier emménagement et qui vous suivait de piaule en piaule avec la fidélité insolente des mochetés inaltérables.
Javais mal partout, des pieds à la tête, en passant par lentrecuisse passablement endolori depuis ma séance dauto-flagellation. Je gisais lamentablement recroquevillé contre la plinthe nez à nez avec ce maudit cendar tout à fait intact. Lonyx rose navait pas une éraflure tandis quun uf de pigeon grossissait inexorablement sous mon cuir chevelu. Au feu ! La mousse rembourrant lassise en simili cuir étant hautement inflammable; mon fauteuil pivotant était en train de partir en torche.
Lincendie fût maitrisé avec le reste de café que contenait mon mug et dégagea une fumée dense et âcre, mélange de polyuréthane et de skaï fondu en suspension. Je reconnus mon pompier de service à travers les volutes noirâtres : Bouli, brandissait mon mug tel un extincteur toujours pointé vers le brasier éteint. Sans doute craignait-il un backdraft, un retour de flamme du fauteuil suédois. Allez savoir ? Il en faisait des kilotonnes le Bouli. Estimant tout danger écarté, il déposa finalement le mug et me considéra, affichant un rictus compatissant tout à fait insupportable.
-Suis encore arrivé à temps dis donc !, me balança sans rire mon voisin avant de me tendre une main salvatrice à linstar du sapeur sur sa grande échelle.
-« Quest ce que tu fous là ?, dis-je assez peu reconnaissant. Tu aurais pu frapper ! »
-« Jamais un homme à terre !», sesclaffa-t-il en me relevant.
Je soupirais à sa vanne pourrie tout en époussetant mes bras dune poussière de plinthe antédiluvienne.
En même temps jai les clés ! », poursuivit mon voisin en brandissant un porte-clés OM en ferraille au bleu écaillé.
Joubliais que je lui avais laissé un double pour quil vienne arroser mon bonsaï durant mes absences hors du territoire. Je me désolais de cette initiative et de létat piteux de mon TORBJÖRN aux entrailles calcinées. Sans parler de mon jean quune palpation sommaire de lentrecuisse échancrée diagnostiqua irrémédiablement foutu. Jexhortai Bouli à en venir vite au fait et au but de sa visite surprise.
Rien de bien surprenant, somme toute. Il avait une touche avec une certaine Dondon 27 sur son site de rencontres en ligne et il devait passer un test sous forme de quizz pour la dernière étape avant rendez-vous. Il déplia une feuille sortie du fin fond de la poche latérale dun pantacourt type treillis militaire qui en comptait une bonne douzaine. Une page A4 froissée peu ragoutante avec en filigrane quelques auréoles de graisse. Sans nul doute les stigmates dun concubinage forcé avec un reste de goûter aux Knaki stagnant dans son bermuda.
-Elle doit être branchée psy la meuf, me dit-il en me montrant le mail imprimé de Dondon27 destiné à PiqueNiqueur Pseudo de Bouli. « Tu vois le genre, intello vicieuse, genre à chercher la petite bête, et jai peur de la boulette ».
Bouli, boulet, boulette étant une suite, on ne peut plus logique.
Je jetai un il sur la feuille tenue dun doigt, et le questionnaire concocté par Dondon27 à lattention de ses prétendants.
Dondon27 Drôle didée lorsquon pense à lépithète associé qui vient obligatoirement en tête. Fasciné au passage que 26 autres filles aient pu aussi choisir un tel pseudo.
« Par exemple, là, doit y avoir un piège, reprit-il. Jai répondu chatte à plusieurs reprises, et jne suis pas bien sûr ! » .
Question 1: « Quest-ce que les filles ont au milieu des jambes ? »
-Essaye genou !, suggérai-je tout en lui rendant sa feuille.
Bouli me regarda comme si je venais de découvrir le principe de la relativité générale, il arqua une moue approbative, sortit un Bic 4 couleurs dune énième poche de son pantacourt et ratura en rouge.
-Jette un il au reste. Hein ? On sait jamais, insista Bouli.
La purge. Je dénombrai une bonne soixantaine de questions, plus tartignoles les unes que les autres. Son quizz à la con, genre Questions pour un Pervers avait un air de déjà vu datant de la préhistoire du Web et des blagues pourries par mailing-listes. Une page entière dont je vous fais grâce. Une demi-heure plus tard :
Question 59 : « Quest-ce qui est plus large chez une femme mariée que chez une célibataire ? »
-Son lit., bâillai-je.
Bouli opina derechef et biffa son énième chatte.
A la dernière question : « Qui monte sur un toit brûlant? »
-Là, je ne vois pas le piège, jaurais dit comme toi. Une chatte., conclus-je
-Ah ?, sétonna Bouli.
Il avait en fait répondu un ramoneur.
Bon, cest bien beau toutes ces conneries de quizz, mais jai un édito à poster et un fauteuil à restaurer. Faudrait voir à mettre les voiles mon petit Bouli me souffla mon for intérieur ; si fort que nous quittâmes mon bureau éditorial au trône cramoisi et mîmes le cap sur le vestibule. De plus jétais pressé de changer mon pantalon perforé; les coutures roussies à lentre-jambe lâchaient un peu plus à chacun de mes mouvements. Je risquai la burne out. Soit le comble absolu du ridicule. Jexpliquai à Bouli lair désolé que javais pas mal de trucs à faire.
- Moi pareil, suis surbooké.
-«Allez Salut Bouli !, insistai-je en le raccompagnant sur le seuil de ma porte.
- Attends Je tai pas dit la meilleure?
-Tas trouvé un job?, répondis-je en le poussant gentiment sur le pallier
-Non, non déconne pas, cest sérieux. Jai un autre rencart ce soir.
-Content pour toi.
- Eve2
- Ciao !, dis-je en lui refermant la porte au nez.
- chezEve
Je rouvris hébété et grimaçant dincompréhension.
A mon tour je le regardai fixement comme si Bouli venait de poser le paradoxe de la relativité restreinte de mes priorités.
Eve2chezEve javais bien entendu !
Dilatation de lespace temps et de mes globes oculaires, javais relativement perdu tout référentiel. Me revint en mémoire cet apophtegme einsteinien : Il est fort possible quau delà de notre bon sens, se cache des mondes insoupçonnés. Ou à peu près.
-Tas rencart avec Pé avec Eve avec Elle ?, balbutiai-je enfin.
-Oui à LEden Café. Elle voulait sexcuser pour lautre fois Jai pas bien tout compris je dois dire.
Normal. Je navais rien dit à Bouli du quiproquo. Quand il était revenu pour le match lautre fois, javais prétexté une rage de dent pour justifier lescalope apposée sur ma joue et la tuméfaction subite de mon maxillaire gauche.
-Tu vas y aller ?, minquiétai-je
-Ben, je me disais que cétait pas très bon de courir deux lapines en même temps. Non ?
Japprouvais vigoureusement, exagérant un hochement de tête tel un cleps en peluche sur une plage arrière de R12.
-La proie pour lombre. Cest sûr !, dis-je en opinant de plus belle.
-Hein ?
-Je dis que tu as entièrement raison Bouli, confirmai-je, avec une tape amicale sur son quadriceps rembourré.
-Mais dun autre coté, Eve2chezEve je suis sur quelle est b
- STOP !, hurlais-je en en me bouchant les oreilles.
Bouli me dévisagea un instant, interloqué par ce cri étrange venu de lintérieur. Ce hurlement primaire. Puis son visage sillumina.
« Jai compris Jai tout compris » perçus-je sur ses lèvres. Bouli secouait vers moi un doigt inquisiteur. Jai du faire un léger pas de retrait. Et un physionomiste averti aurait sans doute distingué une rougeur poindre sur mon faciès.
Tu as compris Bouli ? Même moi, je my perds un peu mon vieux. Tu as compris que le mail tendre que javais écrit à ta place pour Eve2chezEve nétait autre quun copier-coller de ma correspondance amoureuse avec Pénélope. Sauf que Eve2chezEve savéra être Pénélope, mon ex qui me prend donc logiquement pour Piqueniqueur, cest à dire toi, mais pas vraiment toi, puisque du coup pour elle cest moi et pas toi. Sur ce, Pénélope alias Eve débarque chez moi, très énervée, mimaginant draguer en ligne avec les même mots damour, elle se sent doublement trahie, sen suivent la gifle et lescalope et Tu as vraiment compris tout ça Bouli ?*, songeai-je un brin perplexe tout en ôtant les mains de mes oreilles me ramenant brutalement à la réalité sonore.
« Cest comme ma mémé ! », beugla Bouli.
-« Ta mémé ?, métonnai-je, en secouant lauriculaire dans mon pavillon.
-Oui. Tout pareil. Jai compris tas des Acouphénomènes !, masséna-t-il sérieux comme un pape.
- Ah ? Ah oui ! Exactement Des acouphènes!
-Cest drôle ce bazar, ça fait comment au juste ?
-Ben Imagine un arbitre lilliputien logé dans ton conduit auditif et sifflant un pénalty contre lOM toutes les 3 secondes. Lenfer quoi.
-Tes vraiment un obsédé avec ton OM. Pas que ça dans la vie tu sais!, macheva-t-il avec un sourire narquois.
-On disait quoi ?, repris-je
-Que Eve2chez Eve était une
-Non ! On disait quelle ma lair super aussi la gr euh Dondon trucmuche. Tas tout juste à son Quizz. Crois moi cest du tout cuit cette affaire !
-Yep surtout quon a un point commun qui tue. Un truc de Ouf. Elle adore les Knaki Balls!
-Alors là Bouli. Cest imparable. Y a pas à hésiter une seconde, dis-je en lempoignant virilement par les deux épaules cette fois.
-Oui mais quand même, elle a lair canon Eve2chezEve.
-Et la beauté intérieure ?, soulignai-je.
-Je vois pas le rapport, en plus suis pas très déco tu sais.
-Et si elle déteste les Knaki Balls ton canon ?, lançai-je à bout dargument.
Bouli se gratta la tête et les coroñes devant ce choix cornélien.
-Tu veux pas me rendre un service ?, dit-il.
-Non.
- Si Tu pourrais y aller à ma place ?
Dans la tête de Bouli, il sagissait de me faire passer pour PiqueNiqueur et de jauger la beauté extérieure dEve en même temps que son penchant éventuel pour la charcuterie industrielle. Si Eve2chezEve était bonne je cite, il la réattaquerait sur le site sous un autre pseudo.
Dans les faits, Bouli me proposait daller à un rendez-vous qui métait destiné et de me faire passer pour moi.
Elle était bien bonne en effet.
-Il est à quelle heure mon ton rencart ?, demandai-je dans un faux soupir.
Javais une heure devant moi.
Pas de temps à perdre donc. Je partis fissa me déodoriser les aisselles, me gargarisant dune solution buccale mentholée, tout en me mirant dans le recto grossissant du miroir double-face. Je ne voulais négliger aucun détail. Javais un poil sur le pif de la longueur dune liane de forêt tropicale et le sourcil hirsute. Aucune pince à épiler nhabitait plus mon appartement depuis le départ de Pénélope. Fouille frénétique de ma boîte à outils famélique. Javais eu la vision de la pince à écharde incorporée au couteau suisse de mon père. Vieux rêve, cette dernière sétait volatilisée depuis belle lurette et les mini-ciseaux tordus savérèrent inutilisables. Jessayai avec la pince à dénuder pour écourter ma pilosité récalcitrante. Pas longtemps, je manquai dun poil de me pincer jusquau sang. Finalement je me rabattis sur la lame du canif helvétique coincée à léquerre en guise de coupe-chou.
Résultat des courses : appendice nasal écarlate et desquamé.
Gommage illico à la crème hydratante exfoliante qui sentait le rance doublé dun contour des yeux effet glaçon qui ne mange pas de pain. Ensuite, direction le dressing, constitué par deux planches en contreplaqué aux horizontales cintrées et un portant surchargé. Jhésitai devant une chemise grise anthracite à col mao ou la noire à fines rayures ivoire de chez TopMan. La noire, évidemment. Je ressortis la veste à double poches passepoilées du remariage de ma mère pas si poilant, lenfilai par dessus un jean sans trou au cul et chaussai mes bottines en agneau retourné dernier cri. illade finale au miroir. Après mûre réflexion, je décidai de garder ma barbe de 3 jours, histoire de faire genre. Fin prêt. Flûte ! Jallais oublier. Indispensable : Brumisation faciale avec le reste dÔ dIssey, cadeau danniversaire de Pénélope.
Bon cette fois cest bon, me voilà habillé, crémé, coiffé, poudré, lotionné tel un Mignon de Cour. Un Métrosexuel comme on dirait aujourdhui, histoire de substituer un néologisme au ridicule. Métro, cest trop. De toutes les manières, jaurais beau faire le beau, jétais au max de ma bogossitude (soit une magnitude miséreuse sur léchelle de Clooney). Ne pas insister, me chuchota la voix de la raison. Cest sur cet éclair de lucidité que je sortis et dévalai les escaliers en sifflotant, faisant pianoter mes doigts sur la rampe cirée.
Jétais en avance. En route vers lEden. Javais rendez-vous avec Pénélope. Excité comme une puce adolescente sur le point de sauter sur son premier bichon.
Je nétais décidément quun incorrigible con.
* Cf, édito Chelsea OM.
[b]
Vous lignorez peut-être, chers membres de la Fumerie, mais chaque Edito avant dêtre mis en ligne est supervisé par le CSO. La lettre « O » ne renvoie pas ici à OpiOM, comme on aurait pu le penser de prime abord, mais à Oc !
Comité de Surveillance dOc, donc.
Et de fait, je me dois de vous faire part en post-scriptum de ses remarques avisées sur cet édito.
Extraits de tchat:
OC : -Je ne félicite pas. Là, on est dans le grand nimporte quoi Fly. Avec tes conneries on risque une chute drastique de connexions. Aucun rapport avec le match. Rien, que dalle. Rien sur le foot. On a lhabitude certes. Mais tu aurais pu ad minima te fendre dune allusion régionaliste. Toulouse, Le Capitole, la Ville Rose, Nougaro, la Saucisse, que sais-je ?
Votre Serviteur : Pour la saucisse Il y a le passage sur les Knaki !
OC Ô Cheval ! Cest Strasbourg les Knaki.
VS Ah ? Alors non cest vrai, aucun rapport. Je peux titrer « Que le vil rose capitule, ou Comment limportant cest la poutre. »
OC Pas compris.
VS Cest que cest pas bon alors.
OC Je vois quil y 2 éditos à suivre. Diantre ! Et la suite est du même tonneau ?
VS Cest à dire ?
OC Je veux dire, je ne suis pas cité. Rien.
VS Je le crains.
OC Je te confirme que ça craint. Pourtant cela ne pourrait quaider, ajouter un plus dans mon rapport en somme.
VS Ajouter plus de langue dOc en somme si je saisis bien le rapport
OC Parfaitement. Je dirais même Plus que Parfaitement. Bon, il faut que je te laisse et déconnecte lI-Pad 3G, mon caddie vient de retrouver ma balle dans une décapotable garée à 150 m du green en plus cest ma bagnole. Je dois droper ou défoncer le pare-brise Jhésite. Jen suis déjà à 12 coups sur un Par 3. Faut dire que tu mas sacrément contrarié avec ton édito.
VS Désolé
OC Et bien sûr pas un mot sur cette anecdote golfique.
VS Cela va sans dire.
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Fly&Stone
T[/SIZE]he édito. Lécrit ultime sur le foot. Il est là, sous mes yeux cernés par la traversée dune nuit blanche où la tempête neuronale fit rage; où les vents porteurs dinspiration gonflèrent mon aile à la plume corsaire et fouettèrent mon style au sang des poètes écumeurs. Il est là vous dis-je, trempé dans des paquets damer, le couplet catamaran, le fendant cantique du jeu de ballon. Lédito sublime !
Il est là le pavé lancé dans le marrez-vous du Web footballistique. Là sur mon écran, couché en toutes lettres dune belle police Times New Roman qui na jamais aussi bien porté son nom. Il est là le beau pamphlet, tout chaud et replet, sorti du four utérin de ma carte mère, et des moulins de mon Core Duo.
Il est là, le divin enfin !
Jen étais incontestablement à un niveau dautosatisfaction stratosphérique. Jattrapais graduellement une melonite occipitale à ne plus passer les double-portes et lépaississement de mes chevilles avoisinait léléphantiasis de foire.
Je reluquai fièrement mon texte comme la septième merveille de la planète foot et grattai une allumette pour embraser une clope avec le même contentement viril de John Wayne venant de tuer Liberty Valence. Stupeur. Une main sabattît sur mon épaule.
Je sursautai, métranglai et recrachai ma clope incandescente. Catastrophe. Après un salto avant la cigarette retomba en piquet à laplomb exact de ma braguette et alla se loger sous moi. Attaque au napalm. Le mégot consuma instantanément mon jean et mon fauteuil tournant. Le feu mhabite, paniquai-je. Je décollai à la verticale dun saut marsupial et me retrouvai en station debout sur mon siège. Je me mis à gifler furieusement mon entre jambe et labourer lassise en skaï ornée en son centre dun cratère rougeoyant qui nen finissait pas de grandir.
Ces gesticulations intempestives eurent pour effet de lancer une rotation subite de mon fauteuil pivotant de manufacture suédoise. Après deux tours de manège à pleine vitesse le TORBJÖRN méjecta sans coup férir aussi sûrement que la force centrifuge possède la fâcheuse tendance à éloigner les corps du centre de giration.
Leffet de fronde menvoya valdinguer à lautre bout de la pièce et me ramena à la gravité douloureuse du plancher des vaches. Doublement douloureux si concurremment, vous tamponnez les tables gigognes et faites choir un cendrier en marbre, indestructible au regard de votre crâne. Un punaise de cendrier modern style en marbre donyx rose, refourgué par votre mère lors du premier emménagement et qui vous suivait de piaule en piaule avec la fidélité insolente des mochetés inaltérables.
Javais mal partout, des pieds à la tête, en passant par lentrecuisse passablement endolori depuis ma séance dauto-flagellation. Je gisais lamentablement recroquevillé contre la plinthe nez à nez avec ce maudit cendar tout à fait intact. Lonyx rose navait pas une éraflure tandis quun uf de pigeon grossissait inexorablement sous mon cuir chevelu. Au feu ! La mousse rembourrant lassise en simili cuir étant hautement inflammable; mon fauteuil pivotant était en train de partir en torche.
Lincendie fût maitrisé avec le reste de café que contenait mon mug et dégagea une fumée dense et âcre, mélange de polyuréthane et de skaï fondu en suspension. Je reconnus mon pompier de service à travers les volutes noirâtres : Bouli, brandissait mon mug tel un extincteur toujours pointé vers le brasier éteint. Sans doute craignait-il un backdraft, un retour de flamme du fauteuil suédois. Allez savoir ? Il en faisait des kilotonnes le Bouli. Estimant tout danger écarté, il déposa finalement le mug et me considéra, affichant un rictus compatissant tout à fait insupportable.
-Suis encore arrivé à temps dis donc !, me balança sans rire mon voisin avant de me tendre une main salvatrice à linstar du sapeur sur sa grande échelle.
-« Quest ce que tu fous là ?, dis-je assez peu reconnaissant. Tu aurais pu frapper ! »
-« Jamais un homme à terre !», sesclaffa-t-il en me relevant.
Je soupirais à sa vanne pourrie tout en époussetant mes bras dune poussière de plinthe antédiluvienne.
En même temps jai les clés ! », poursuivit mon voisin en brandissant un porte-clés OM en ferraille au bleu écaillé.
Joubliais que je lui avais laissé un double pour quil vienne arroser mon bonsaï durant mes absences hors du territoire. Je me désolais de cette initiative et de létat piteux de mon TORBJÖRN aux entrailles calcinées. Sans parler de mon jean quune palpation sommaire de lentrecuisse échancrée diagnostiqua irrémédiablement foutu. Jexhortai Bouli à en venir vite au fait et au but de sa visite surprise.
Rien de bien surprenant, somme toute. Il avait une touche avec une certaine Dondon 27 sur son site de rencontres en ligne et il devait passer un test sous forme de quizz pour la dernière étape avant rendez-vous. Il déplia une feuille sortie du fin fond de la poche latérale dun pantacourt type treillis militaire qui en comptait une bonne douzaine. Une page A4 froissée peu ragoutante avec en filigrane quelques auréoles de graisse. Sans nul doute les stigmates dun concubinage forcé avec un reste de goûter aux Knaki stagnant dans son bermuda.
-Elle doit être branchée psy la meuf, me dit-il en me montrant le mail imprimé de Dondon27 destiné à PiqueNiqueur Pseudo de Bouli. « Tu vois le genre, intello vicieuse, genre à chercher la petite bête, et jai peur de la boulette ».
Bouli, boulet, boulette étant une suite, on ne peut plus logique.
Je jetai un il sur la feuille tenue dun doigt, et le questionnaire concocté par Dondon27 à lattention de ses prétendants.
Dondon27 Drôle didée lorsquon pense à lépithète associé qui vient obligatoirement en tête. Fasciné au passage que 26 autres filles aient pu aussi choisir un tel pseudo.
« Par exemple, là, doit y avoir un piège, reprit-il. Jai répondu chatte à plusieurs reprises, et jne suis pas bien sûr ! » .
Question 1: « Quest-ce que les filles ont au milieu des jambes ? »
-Essaye genou !, suggérai-je tout en lui rendant sa feuille.
Bouli me regarda comme si je venais de découvrir le principe de la relativité générale, il arqua une moue approbative, sortit un Bic 4 couleurs dune énième poche de son pantacourt et ratura en rouge.
-Jette un il au reste. Hein ? On sait jamais, insista Bouli.
La purge. Je dénombrai une bonne soixantaine de questions, plus tartignoles les unes que les autres. Son quizz à la con, genre Questions pour un Pervers avait un air de déjà vu datant de la préhistoire du Web et des blagues pourries par mailing-listes. Une page entière dont je vous fais grâce. Une demi-heure plus tard :
Question 59 : « Quest-ce qui est plus large chez une femme mariée que chez une célibataire ? »
-Son lit., bâillai-je.
Bouli opina derechef et biffa son énième chatte.
A la dernière question : « Qui monte sur un toit brûlant? »
-Là, je ne vois pas le piège, jaurais dit comme toi. Une chatte., conclus-je
-Ah ?, sétonna Bouli.
Il avait en fait répondu un ramoneur.
Bon, cest bien beau toutes ces conneries de quizz, mais jai un édito à poster et un fauteuil à restaurer. Faudrait voir à mettre les voiles mon petit Bouli me souffla mon for intérieur ; si fort que nous quittâmes mon bureau éditorial au trône cramoisi et mîmes le cap sur le vestibule. De plus jétais pressé de changer mon pantalon perforé; les coutures roussies à lentre-jambe lâchaient un peu plus à chacun de mes mouvements. Je risquai la burne out. Soit le comble absolu du ridicule. Jexpliquai à Bouli lair désolé que javais pas mal de trucs à faire.
- Moi pareil, suis surbooké.
-«Allez Salut Bouli !, insistai-je en le raccompagnant sur le seuil de ma porte.
- Attends Je tai pas dit la meilleure?
-Tas trouvé un job?, répondis-je en le poussant gentiment sur le pallier
-Non, non déconne pas, cest sérieux. Jai un autre rencart ce soir.
-Content pour toi.
- Eve2
- Ciao !, dis-je en lui refermant la porte au nez.
- chezEve
Je rouvris hébété et grimaçant dincompréhension.
A mon tour je le regardai fixement comme si Bouli venait de poser le paradoxe de la relativité restreinte de mes priorités.
Eve2chezEve javais bien entendu !
Dilatation de lespace temps et de mes globes oculaires, javais relativement perdu tout référentiel. Me revint en mémoire cet apophtegme einsteinien : Il est fort possible quau delà de notre bon sens, se cache des mondes insoupçonnés. Ou à peu près.
-Tas rencart avec Pé avec Eve avec Elle ?, balbutiai-je enfin.
-Oui à LEden Café. Elle voulait sexcuser pour lautre fois Jai pas bien tout compris je dois dire.
Normal. Je navais rien dit à Bouli du quiproquo. Quand il était revenu pour le match lautre fois, javais prétexté une rage de dent pour justifier lescalope apposée sur ma joue et la tuméfaction subite de mon maxillaire gauche.
-Tu vas y aller ?, minquiétai-je
-Ben, je me disais que cétait pas très bon de courir deux lapines en même temps. Non ?
Japprouvais vigoureusement, exagérant un hochement de tête tel un cleps en peluche sur une plage arrière de R12.
-La proie pour lombre. Cest sûr !, dis-je en opinant de plus belle.
-Hein ?
-Je dis que tu as entièrement raison Bouli, confirmai-je, avec une tape amicale sur son quadriceps rembourré.
-Mais dun autre coté, Eve2chezEve je suis sur quelle est b
- STOP !, hurlais-je en en me bouchant les oreilles.
Bouli me dévisagea un instant, interloqué par ce cri étrange venu de lintérieur. Ce hurlement primaire. Puis son visage sillumina.
« Jai compris Jai tout compris » perçus-je sur ses lèvres. Bouli secouait vers moi un doigt inquisiteur. Jai du faire un léger pas de retrait. Et un physionomiste averti aurait sans doute distingué une rougeur poindre sur mon faciès.
Tu as compris Bouli ? Même moi, je my perds un peu mon vieux. Tu as compris que le mail tendre que javais écrit à ta place pour Eve2chezEve nétait autre quun copier-coller de ma correspondance amoureuse avec Pénélope. Sauf que Eve2chezEve savéra être Pénélope, mon ex qui me prend donc logiquement pour Piqueniqueur, cest à dire toi, mais pas vraiment toi, puisque du coup pour elle cest moi et pas toi. Sur ce, Pénélope alias Eve débarque chez moi, très énervée, mimaginant draguer en ligne avec les même mots damour, elle se sent doublement trahie, sen suivent la gifle et lescalope et Tu as vraiment compris tout ça Bouli ?*, songeai-je un brin perplexe tout en ôtant les mains de mes oreilles me ramenant brutalement à la réalité sonore.
« Cest comme ma mémé ! », beugla Bouli.
-« Ta mémé ?, métonnai-je, en secouant lauriculaire dans mon pavillon.
-Oui. Tout pareil. Jai compris tas des Acouphénomènes !, masséna-t-il sérieux comme un pape.
- Ah ? Ah oui ! Exactement Des acouphènes!
-Cest drôle ce bazar, ça fait comment au juste ?
-Ben Imagine un arbitre lilliputien logé dans ton conduit auditif et sifflant un pénalty contre lOM toutes les 3 secondes. Lenfer quoi.
-Tes vraiment un obsédé avec ton OM. Pas que ça dans la vie tu sais!, macheva-t-il avec un sourire narquois.
-On disait quoi ?, repris-je
-Que Eve2chez Eve était une
-Non ! On disait quelle ma lair super aussi la gr euh Dondon trucmuche. Tas tout juste à son Quizz. Crois moi cest du tout cuit cette affaire !
-Yep surtout quon a un point commun qui tue. Un truc de Ouf. Elle adore les Knaki Balls!
-Alors là Bouli. Cest imparable. Y a pas à hésiter une seconde, dis-je en lempoignant virilement par les deux épaules cette fois.
-Oui mais quand même, elle a lair canon Eve2chezEve.
-Et la beauté intérieure ?, soulignai-je.
-Je vois pas le rapport, en plus suis pas très déco tu sais.
-Et si elle déteste les Knaki Balls ton canon ?, lançai-je à bout dargument.
Bouli se gratta la tête et les coroñes devant ce choix cornélien.
-Tu veux pas me rendre un service ?, dit-il.
-Non.
- Si Tu pourrais y aller à ma place ?
Dans la tête de Bouli, il sagissait de me faire passer pour PiqueNiqueur et de jauger la beauté extérieure dEve en même temps que son penchant éventuel pour la charcuterie industrielle. Si Eve2chezEve était bonne je cite, il la réattaquerait sur le site sous un autre pseudo.
Dans les faits, Bouli me proposait daller à un rendez-vous qui métait destiné et de me faire passer pour moi.
Elle était bien bonne en effet.
-Il est à quelle heure mon ton rencart ?, demandai-je dans un faux soupir.
Javais une heure devant moi.
Pas de temps à perdre donc. Je partis fissa me déodoriser les aisselles, me gargarisant dune solution buccale mentholée, tout en me mirant dans le recto grossissant du miroir double-face. Je ne voulais négliger aucun détail. Javais un poil sur le pif de la longueur dune liane de forêt tropicale et le sourcil hirsute. Aucune pince à épiler nhabitait plus mon appartement depuis le départ de Pénélope. Fouille frénétique de ma boîte à outils famélique. Javais eu la vision de la pince à écharde incorporée au couteau suisse de mon père. Vieux rêve, cette dernière sétait volatilisée depuis belle lurette et les mini-ciseaux tordus savérèrent inutilisables. Jessayai avec la pince à dénuder pour écourter ma pilosité récalcitrante. Pas longtemps, je manquai dun poil de me pincer jusquau sang. Finalement je me rabattis sur la lame du canif helvétique coincée à léquerre en guise de coupe-chou.
Résultat des courses : appendice nasal écarlate et desquamé.
Gommage illico à la crème hydratante exfoliante qui sentait le rance doublé dun contour des yeux effet glaçon qui ne mange pas de pain. Ensuite, direction le dressing, constitué par deux planches en contreplaqué aux horizontales cintrées et un portant surchargé. Jhésitai devant une chemise grise anthracite à col mao ou la noire à fines rayures ivoire de chez TopMan. La noire, évidemment. Je ressortis la veste à double poches passepoilées du remariage de ma mère pas si poilant, lenfilai par dessus un jean sans trou au cul et chaussai mes bottines en agneau retourné dernier cri. illade finale au miroir. Après mûre réflexion, je décidai de garder ma barbe de 3 jours, histoire de faire genre. Fin prêt. Flûte ! Jallais oublier. Indispensable : Brumisation faciale avec le reste dÔ dIssey, cadeau danniversaire de Pénélope.
Bon cette fois cest bon, me voilà habillé, crémé, coiffé, poudré, lotionné tel un Mignon de Cour. Un Métrosexuel comme on dirait aujourdhui, histoire de substituer un néologisme au ridicule. Métro, cest trop. De toutes les manières, jaurais beau faire le beau, jétais au max de ma bogossitude (soit une magnitude miséreuse sur léchelle de Clooney). Ne pas insister, me chuchota la voix de la raison. Cest sur cet éclair de lucidité que je sortis et dévalai les escaliers en sifflotant, faisant pianoter mes doigts sur la rampe cirée.
Jétais en avance. En route vers lEden. Javais rendez-vous avec Pénélope. Excité comme une puce adolescente sur le point de sauter sur son premier bichon.
Je nétais décidément quun incorrigible con.
A Suivre
Part 2 au prochain Edito - Match Spartak-OM
[/SIZE]Part 2 au prochain Edito - Match Spartak-OM
* Cf, édito Chelsea OM.
[b]
[SIZE=4]Apostille dOrigine Contrôlée
Vous lignorez peut-être, chers membres de la Fumerie, mais chaque Edito avant dêtre mis en ligne est supervisé par le CSO. La lettre « O » ne renvoie pas ici à OpiOM, comme on aurait pu le penser de prime abord, mais à Oc !
Comité de Surveillance dOc, donc.
Et de fait, je me dois de vous faire part en post-scriptum de ses remarques avisées sur cet édito.
Extraits de tchat:
OC : -Je ne félicite pas. Là, on est dans le grand nimporte quoi Fly. Avec tes conneries on risque une chute drastique de connexions. Aucun rapport avec le match. Rien, que dalle. Rien sur le foot. On a lhabitude certes. Mais tu aurais pu ad minima te fendre dune allusion régionaliste. Toulouse, Le Capitole, la Ville Rose, Nougaro, la Saucisse, que sais-je ?
Votre Serviteur : Pour la saucisse Il y a le passage sur les Knaki !
OC Ô Cheval ! Cest Strasbourg les Knaki.
VS Ah ? Alors non cest vrai, aucun rapport. Je peux titrer « Que le vil rose capitule, ou Comment limportant cest la poutre. »
OC Pas compris.
VS Cest que cest pas bon alors.
OC Je vois quil y 2 éditos à suivre. Diantre ! Et la suite est du même tonneau ?
VS Cest à dire ?
OC Je veux dire, je ne suis pas cité. Rien.
VS Je le crains.
OC Je te confirme que ça craint. Pourtant cela ne pourrait quaider, ajouter un plus dans mon rapport en somme.
VS Ajouter plus de langue dOc en somme si je saisis bien le rapport
OC Parfaitement. Je dirais même Plus que Parfaitement. Bon, il faut que je te laisse et déconnecte lI-Pad 3G, mon caddie vient de retrouver ma balle dans une décapotable garée à 150 m du green en plus cest ma bagnole. Je dois droper ou défoncer le pare-brise Jhésite. Jen suis déjà à 12 coups sur un Par 3. Faut dire que tu mas sacrément contrarié avec ton édito.
VS Désolé
OC Et bien sûr pas un mot sur cette anecdote golfique.
VS Cela va sans dire.
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Fly&Stone
En cas de morsure de vipère, sucez-vous le genou, ça fait marrer les écureuils