30-01-2010, 03:30
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bouse, bouse, bouse, caguer , généreuse madame qui travaille très tard le soir, généreuse madame qui travaille très tard le soir, généreuse madame qui travaille très tard le soir !
3 fois, 3 fois que je recommence. Et à chaque fois le même fichu résultat.
C'est un cauchemar, il faut absolument que je me réveille. Je me sens vide. Comme si aucune sensation n'était plus possible. Mes jambes sont comme pleines d'eau froide, comme si elles n'avaient plus d'os, plus de muscles. Sans m'en rendre compte je tombe au sol et commence à pleurer.
Il me faut quelques minutes pour retrouver les esprits, pour me relever péniblement en m'aidant de la cuvette. Face au miroir de la salle de bain je n'arrive pas à me voir, je ne vois que son visage. Son visage chocolat qui me regarde et rigole, se moquant de ma situation pathétique. Il m'a eu, jamais je n'aurais du lui faire confiance. Tout est de sa faute. Pourtant je ne suis pas en colère, je n'y arrive pas. Je crois avoir atteint un tel niveau de désespoir que je suis totalement insensible au monde extérieur. Je m'asperge le visage d'eau glacée, peut-être que ça réussira à me réveiller, à me sortir de ma triste torpeur.
Toujours en sous-vêtements j'allume la machine à café. Tasse brûlante en main je me dirige vers la baie vitrée et allume une cigarette. Il est tôt, peut-être 10h, pourtant les terrasses des cafés de la Place de la Comédie sont déjà pleines. Des jeunes, des moins jeunes, tous assis dans un but différent. Certains passent le temps, d'autres prennent leur dose matinale d'alcool, d'autres draguent. Comme une réaction automatique à la première gorgée de café j'allume une Camel. C'est évident que je ne devrais pas, mais les vieilles habitudes sont un fardeau impossible à s'en débarrasser. Je reste là, comme un piquet, sans bouger. Je ne bouge que pour boire ou tirer une latte. Je suis au ralenti, une amibe amorphe qui attendrait d'être emportée alors que dehors le monde s'affole. Je me sens comme dans une autre dimension, comme si j'étais en train de regarder un programme à la télé. Aujourd'hui ce monde n'est pas le mien, je suis ailleurs.
Le téléphone sonne et me sort de ma rêverie. Orange veut m'offrir un nouveau mobile, ce dont je me contrefous. Par pure gratuité j'engueule de tous les noms de la Terre mon interlocuteur puis raccroche. Je termine ma cigarette nerveusement, cul-sec mon fond de café noirâtre. Il faut absolument que je sorte d'ici, je ne peux pas rester dans cet appartement, je ne peux plus.
Je sors de la douche rapidement, j'enfile rapidement ce qui me tombe sous la main, je n'ai vraiment pas le goût de m'apprêter. J'attrape mes clés, jette un dernier regard à ce loft devenu étranger, puis claque la porte en sortant.
La rue de la Loge est noire de monde. Étudiants en art à moitié drogués, sans-abris en quête d'un euro, groupes de jeunes de la Mosson, CSP+ revenants du Virgin, employés de Loulou Nicollin, tous semblent me regarder. J'imagine peut-être, mais je me déteste tellement que le monde entier doit probablement partager ce sentiment. Je me sens comme une bête parmi les hommes.
J'ai envie de de pleurer, de fuir cette foule. Je me dirige vers l'arrêt de tram en serrant les poings, en essayant de rester digne, comme si je voulais rester inaperçue, comme si j'étais en cavale. J'allume une cigarette en attendant le prochain tram. Un jeune hippie m'en demande une, je lui tend le paquet, il se sert. J'essaie de me centrer, de faire le point. Comment vais-je réussir à lui parler ? A regarder ses yeux sans trembler quand je lui dirais mon désormais terrible secret ? Le tram arrive, je monte et m'affale dans le premier siège libre. Le roulement me berce pendant que je recommence mon introspection.
Je suppose que ce qui m'arrive est totalement ma faute. Si seulement j'avais repoussé les avances de cet étranger la première fois. C'était pourtant si agréable de se sentir à nouveau comme ça, désirable comme si j'avais 20 ans à nouveau. Peut-être était-ce pour la nouveauté que j'ai sauté à pieds joints dans cette aventure. L'interdit était si tentant. Était-ce à cause du comportement de mon homme que j'ai agis ainsi ? J'avais envie qu'il prenne soin de moi comme avant, comme quand on vivait dans notre Aurillac natal, je voulais qu'il délaisse enfin ses horaires de folie, ses dossiers toujours urgents, son ballon et sa stupide équipe de foot de la ville d'à côté. Peut-être avais-je envie de lui faire du mal, je ne sais pas. Pourtant j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, ça n'a aucune logique. Car malgré tout je l'aime, je n'ai jamais cessé de l'aimer même quand je m'imaginais délaissée. Et cette nouvelle situation ne change rien, au contraire. Plutôt que de voir ça comme une porte de sortie, j'ai l'impression de les avoir trahis, lui et sa confiance totale, lui et son amour tout en retenue et en sous entendu.
En fait non, ce n'est pas une impression, je suis l'incarnation de Judas faite femme. Par pur plaisir de luxure j'ai trahi l'homme que j'aime. Et ces tests de grossesse positifs qu'il découvrira dans la poubelle de la salle de bain à son retour seront mes trente pièces d'argent.
Pénélope, out.
bouse, bouse, bouse, caguer , généreuse madame qui travaille très tard le soir, généreuse madame qui travaille très tard le soir, généreuse madame qui travaille très tard le soir !
3 fois, 3 fois que je recommence. Et à chaque fois le même fichu résultat.
C'est un cauchemar, il faut absolument que je me réveille. Je me sens vide. Comme si aucune sensation n'était plus possible. Mes jambes sont comme pleines d'eau froide, comme si elles n'avaient plus d'os, plus de muscles. Sans m'en rendre compte je tombe au sol et commence à pleurer.
Il me faut quelques minutes pour retrouver les esprits, pour me relever péniblement en m'aidant de la cuvette. Face au miroir de la salle de bain je n'arrive pas à me voir, je ne vois que son visage. Son visage chocolat qui me regarde et rigole, se moquant de ma situation pathétique. Il m'a eu, jamais je n'aurais du lui faire confiance. Tout est de sa faute. Pourtant je ne suis pas en colère, je n'y arrive pas. Je crois avoir atteint un tel niveau de désespoir que je suis totalement insensible au monde extérieur. Je m'asperge le visage d'eau glacée, peut-être que ça réussira à me réveiller, à me sortir de ma triste torpeur.
Toujours en sous-vêtements j'allume la machine à café. Tasse brûlante en main je me dirige vers la baie vitrée et allume une cigarette. Il est tôt, peut-être 10h, pourtant les terrasses des cafés de la Place de la Comédie sont déjà pleines. Des jeunes, des moins jeunes, tous assis dans un but différent. Certains passent le temps, d'autres prennent leur dose matinale d'alcool, d'autres draguent. Comme une réaction automatique à la première gorgée de café j'allume une Camel. C'est évident que je ne devrais pas, mais les vieilles habitudes sont un fardeau impossible à s'en débarrasser. Je reste là, comme un piquet, sans bouger. Je ne bouge que pour boire ou tirer une latte. Je suis au ralenti, une amibe amorphe qui attendrait d'être emportée alors que dehors le monde s'affole. Je me sens comme dans une autre dimension, comme si j'étais en train de regarder un programme à la télé. Aujourd'hui ce monde n'est pas le mien, je suis ailleurs.
Le téléphone sonne et me sort de ma rêverie. Orange veut m'offrir un nouveau mobile, ce dont je me contrefous. Par pure gratuité j'engueule de tous les noms de la Terre mon interlocuteur puis raccroche. Je termine ma cigarette nerveusement, cul-sec mon fond de café noirâtre. Il faut absolument que je sorte d'ici, je ne peux pas rester dans cet appartement, je ne peux plus.
Je sors de la douche rapidement, j'enfile rapidement ce qui me tombe sous la main, je n'ai vraiment pas le goût de m'apprêter. J'attrape mes clés, jette un dernier regard à ce loft devenu étranger, puis claque la porte en sortant.
La rue de la Loge est noire de monde. Étudiants en art à moitié drogués, sans-abris en quête d'un euro, groupes de jeunes de la Mosson, CSP+ revenants du Virgin, employés de Loulou Nicollin, tous semblent me regarder. J'imagine peut-être, mais je me déteste tellement que le monde entier doit probablement partager ce sentiment. Je me sens comme une bête parmi les hommes.
J'ai envie de de pleurer, de fuir cette foule. Je me dirige vers l'arrêt de tram en serrant les poings, en essayant de rester digne, comme si je voulais rester inaperçue, comme si j'étais en cavale. J'allume une cigarette en attendant le prochain tram. Un jeune hippie m'en demande une, je lui tend le paquet, il se sert. J'essaie de me centrer, de faire le point. Comment vais-je réussir à lui parler ? A regarder ses yeux sans trembler quand je lui dirais mon désormais terrible secret ? Le tram arrive, je monte et m'affale dans le premier siège libre. Le roulement me berce pendant que je recommence mon introspection.
Je suppose que ce qui m'arrive est totalement ma faute. Si seulement j'avais repoussé les avances de cet étranger la première fois. C'était pourtant si agréable de se sentir à nouveau comme ça, désirable comme si j'avais 20 ans à nouveau. Peut-être était-ce pour la nouveauté que j'ai sauté à pieds joints dans cette aventure. L'interdit était si tentant. Était-ce à cause du comportement de mon homme que j'ai agis ainsi ? J'avais envie qu'il prenne soin de moi comme avant, comme quand on vivait dans notre Aurillac natal, je voulais qu'il délaisse enfin ses horaires de folie, ses dossiers toujours urgents, son ballon et sa stupide équipe de foot de la ville d'à côté. Peut-être avais-je envie de lui faire du mal, je ne sais pas. Pourtant j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, ça n'a aucune logique. Car malgré tout je l'aime, je n'ai jamais cessé de l'aimer même quand je m'imaginais délaissée. Et cette nouvelle situation ne change rien, au contraire. Plutôt que de voir ça comme une porte de sortie, j'ai l'impression de les avoir trahis, lui et sa confiance totale, lui et son amour tout en retenue et en sous entendu.
En fait non, ce n'est pas une impression, je suis l'incarnation de Judas faite femme. Par pur plaisir de luxure j'ai trahi l'homme que j'aime. Et ces tests de grossesse positifs qu'il découvrira dans la poubelle de la salle de bain à son retour seront mes trente pièces d'argent.
Pénélope, out.