07-08-2008, 08:51
Echoué fraîchement dans une salle dattente, jobservais amusé les atavofigures qui la peuplaient Dans ce melting pot de cinq mètres par quatre, au décor sobre et blafard sagite tout un microcosme au comportement révélateur.
Un petit regroupement de comédie humaine qui se jauge furtivement du coin de lil.
Il y a le patient lambda qui ne veut pas déranger, droit sur sa chaise, il salue poliment tout nouvel arrivant et scrute avec attention ses pieds parfaitement rangés lun à côté de lautre, lhabitué qui tutoie la réceptionniste et prend ses aises, un tantinet hypocondriaque il consulte sans sémouvoir, le cérébral, solitaire et hautain qui patiente en lisant le Fondement de la morale d Arthur Schopenhauer et se distrait entre deux chapitres dans la résolution express dun Sudoku force 5, le pseudo intellectuel qui se nourrit de Voici car la lecture permet de souvrir sur le monde, même tardivement car les numéros écornés datent généralement, la mère et sa fille qui nous font profiter des derniers évènements intimes survenus dans leurs vies privées respectives, le commercial surbooké qui passe ses appels ronflants avec son iPhone dernier cri, ladolescent boutonneux qui, sitôt que le commercial a raccroché, nous fait profiter du contenu de son mp3, linsupportable gamin qui vous file des coups de pieds dans les tibias à chaque passage devant la table basse sous le regard attendri de ses apathiques parents
Avant que lassistante ne me dilate, nayez pas mauvais esprit, jétais en consultation chez une ophtalmologiste, javais eu le temps dexercer mon acuité et de songer à la situation.
Après avoir fait un sort au billevesée dusage du genre : On peut être dans lattente sans nécessairement faire le guet, jextrapolais un tantinet (décidemment incorrigible !) sur la situation olympienne...
Car, tout compte fait, cela fait quinze années que nous fréquentons vainement la salle dattente sans la manifestation dune quelconque guérison, si les joueurs empochent les cachets, les supporters ont du mal à avaler la pilule
Comme dans la salle dattente de mon praticien les malades olympiens possèdent des lieux de rassemblements.
La Fumerie en est un.
On y retrouve des patients impatients de toutes sortes.
Lhypocondriaque qui est persuadé que la défense va être fébrile, les meneurs transparents, les attaquants muets.
Le quérulent qui revendique sans se lasser, le neurasthénique que rien ne met en joie, même pas une danse en tongues un soir de liesse.
Le féru de chiffres qui multiplie les calculs, lasthmatique apnéique qui arrête de respirer si on ne satisfait pas ses desiderata.
Léternel indisposé qui nadmet pas dautres règles.
Quelques rares cas atteints du syndrome de La Tourette ayant nécessité chez les webmastres lusage dun script spécial pour cacher ce défaut à la frappe. OpiOM possède aussi un comité des tics
Le dipsomane qui boit pour oublier, le névrosé qui napparaît quen période mercatale, le monomaniaque qui fait fixette sur un joueur pour le vilipender sans merci ou pour le louer sans mesure, voire même le porter aux nues du moment quil est de la même origine que lui.
Lapoplectique qui napparaît que les soirs de match, écrit en majuscule et abuse du smiley.
Laveugle qui se contente découter lavis dAssouly et qui regrette de nêtre pas sourd.
Lenrhumé dont les reniflements sont les conséquences conjointes dabsence de toit et de cur gros. A propos de cur, pas de cardiaques, la succession de quinze années de chocs émotionnels ayant permis dopérer une belle sélection naturelle. Même là, plus dattaque
Certains souffrent du score-but, maladie pernicieuse qui vous fait prendre tous les nouveaux attaquants recrutés pour des Josip Papin ou des Jean-Pierre Skoblar, dautres plus enflés, viennent pour crever labcès.
Lamnésique, le plus heureux, qui ne sait pas pour quelle raison il est là, linsomniaque qui est le seul à correspondre avec les forumistes des antipodes.
La liste nest pas exhaustive, la salle dattente est bien fréquentée, on se parle, on échange, on partage les virus et suivant les circonstances on est tour à tour anémique puis fiévreux, hébété puis délirant Un désagrément collégial cependant, lérythème fessier.
Il y a même laccompagnateur qui vient là pour rendre service, il est en bonne santé lorsquil est supporter de Lyon ou na pas rendez-vous en même temps que vous si sa peine est Capitale
On a mis tous ces malades en quarantaine depuis quinze ans, faut pas sétonner si le forum est rempli de quinquagénaires !
Mais ce boudoir où lon se presse, dans tous les sens du terme, est-il si funeste que cela ?
Si l'on construisait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d'attente écrivait joliment Jules Renard.
Quelle félicité dêtre dans l'antichambre du bonheur, car parfois la porte s'ouvre, souvent quand on ne sy attend pas, on se laisse surprendre par ce troublant émoi, cessons de vouloir forcer la serrure et nous atteindrons enfin le seuil de satisfaction globale de nos vies et comme pour la garnison de Buzzati, valétudinaires fantassins opiomanes, notre cerise sur le gâteau sera notre dessert des tares-tares !
Alors prends les rênes et fouette coach et