14-10-2005, 01:26
OM-PsG : La minute de Silence...
Ce soir la mer est calme. Après plusieurs jours de lutte acharnée, les flots fatigués semblent vouloir renoncer, enfin. Il n'y a plus rien à prouver, plus rien. Alors l'obscurité a lentement envahi le rivage, au rythme de la mer. A la manière du peintre seul face à sa toile, les couleurs se sont voilées par petites touches, imperceptibles. Jusqu'à ce que finalement, elle soit là, la nuit.
Mais elle n'est pas toute seule la garce... Parce que si l'on s'approche un petit peu, doucement, on fini par apercevoir deux silhouettes qui se détachent de l'ombre de la lune. Immobiles et tranquilles, simplement, ils semblent posés là comme par hasard. Improbables aspérités au flanc d'une immense dune, suspendus au silence de cette conversation qu'ils ne peuvent partager. Ils se laissent seulement bercer par cette sensation de vide et d'infini qui les remplit et les contient... les fait coquillages au coin du monde.
On ne voit pas la fin de cette plage. L'étendu de sable s'en va loin dans la nuit, au-delà du discernable. Des milliards de petits grains de sables qui auront passé des milliards d'heures et de journées à rouler de droite et de gauche, à se frotter, à se polir, tout au long des milliards de sacs et ressacs qui les charrient depuis les temps lointains. Et l'océan, lui-même, qui se confond au loin avec une mer d'étoiles. L'océan. Le grand tout et ses profondeurs inconnues aux failles gigantesques et aux volcans fantasques. De ceux qui ne verront jamais la lumière, à d'autres qui affrontent quotidiennement baudroies vicieuses et calmars géants, on vous souhaite simplement bienvenue au royaume des titans. Que les torrents d'âmes qui s'y sont toujours déversés puissent aussi reposer en paix. Ami, enfant, femme ou père. Peut-être que pour chacun d'entre eux brille une étoile, là-haut. Celles-là si brillantes, si proches, suspendues à l'obscurité comme par magie. Les mondes inaccessibles à portée de main. Il y a quoi là-bas? La vie, la beauté, la mort, l'alternative? Rien sûrement... Et alors? On ira un de ces jours, tu verras.
Voilà tout ce que l'on peut voir au fond de leurs yeux silencieux, inutiles frontières d'un esprit dilué, dissout... Tout cela ne pourra pas avoir de fin. C'est écrit. Les instants en ont assez de se suivre, il semble plus n'en rester qu'un qui n'en finirait plus de disparaître. Plus d'adieu, et plus rien à attendre. Une minute, une année... Un siècle. Juste rester là pour l'éternité.
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Mais pourtant, comme tombé de nulle part, survient toujours l'instant d'après. Moment fugace qui n'est pas précédé, qui ne peut PAS exister. Et tout à coup le monde entier, contenu là depuis toujours, s'écroule dans un silence assourdissant...
Un geste lent, un soupir arraché au néant. "Allez, viens petit, c'est bientôt l'heure du match."
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