Rome, ville éternelle et siège d’affrontements plus glorieux les uns que les autres, voit une nouvelle fois ce soir, débouler un nouvel adversaire de poids dans son amphithéâtre. C’est en effet Massalia qui débarque dans le Latium afin de glaner sa place en finale de la coupe Intertoto. Le challenge est de taille et les hommes de Jean Fernandez seront sans doute pris de frissons quand ils pénétreront dans l’enceinte magnifique de l’Olimpico, c’est en effet le genre de stade à vous frapper de convulsions incontrôlables, surtout lorsque l’on se remémore la dernière confrontation entre les deux clubs. Les troupes laziales l’avaient emporté 5-1 avec notamment un quadruplé d’Inzaghi, une autre époque….
Désormais l’Om a abandonné les fastes de l’ère Courbis, et s’est mis au régime crétois, l’heure est au recrutement sans moyens financiers, une seule folie, elle se nomme Niang, le reste n’a rien coûté ou si peu. En tête de la cohorte olympienne, Jean Fernandez qui tente d’insuffler une discipline spartiate à ce club qui baignait jadis dans la luxure. Mais il n’y a pas que les hoplites dirigés par Jeannot qui ont été mis à la diet, question légionnaires romains, on a suivi la même voie…
Le club romain fondé en 1900 par un groupe de neuf jeunes amis sur la « Piazza della Liberta », a tout connu ou presque, l’opulence tout d’abord, dans les années 98 à 2000, avec l’arrivée du stratège Sven Goran Eriksson. Ce meneur d’hommes hors pair, a réussi à constituer une belle équipe dès sa première saison en 1997/1998 avec le fabuleux Roberto Mancini, Jugovic, Almeyda et à remporter une coupe d’Italie face au Milan. L’année suivante, c’est l’entrée en bourse et l’arrivée de nouvelles grandes figures comme Salas ou Vieri. En 1999, la Lazio remporte la coupe des coupes face à Majorque sur le score de 2 buts à 1 et la Supercopa face à Manchester. En 2000, la déesse Fortuna continue de veiller sur le club Lazial qui fête son centenaire, Veron et Nedved à la baguette, Crespo et Claudio Lopez devant, la Lazio est la plus belle équipe d’Europe. Elle remporte successivement la Coupe d’Italie ainsi que le scudetto à la dernière journée grâce à une victoire face à la Reggina. Malheureusement le vent tourne et financièrement, le club va très mal. Malgré une coupe d’Italie en 2004, la Lazio suffoque, dépossédée de ses meilleurs éléments chaque année, criblée de dettes, sa survie en Serie A tient du miracle. La dette de 140 millions d’Euros a donc été échelonnée sur 23 ans. Pour résumer, la Lazio est plus proche de l’indigence stigmatisée par De Sica que des fresques luxuriantes peintes par Fellini dans son « Satyricon ». Encore dernièrement, Berlusconi confiait que la Lazio était encore parmi l’élite, en raison du danger que constituerait l’insurrection des Ultras Lazial.
La « Vox populi » justement parlons en, dont une frange a choisi la Curva pour scander leur appartenance extrémiste, les fameux « Irriducibili » avec à leur tête le très controversé Fabrizio Taffolo. C’est grâce à eux et à la médisance populaire, que l’image de la Lazio a été à jamais bafouée. Désormais lorsque l’on prononce le nom de ce club, vient comme un écho ces quelques mots « Club de fachos ». C’est sur que l’hommage à Arkan, voire dernièrement, le geste absurde de « Paoletto » Di Canio lors du derby romain n’ont rien fait pour arranger les choses… En des temps plus anciens, ces hommes qui ternissent l’image du club et par là même celle de la cité, auraient été marqués du sceau des proscrits, leur têtes placées ensuite sur des rostres auraient été soumises à la vindicte populaire. Mais il est loin le temps de Sylla, l’heure est à la démocratie.
Revenons au sportif bien plus attrayant, le club Lazial s’éloigne de plus en plus des vertus néroniennes qui avaient fait sa force, à savoir le Luxus et l’Agôn. Outre la richesse désormais absente, ce sont les exploits sportifs qui manquent maintenant, 10eme de Serie A la saison dernière, le club romain doit sa place en Intertoto au désistement de Messine et de Livourne. Le club a perdu de nombreux cadres dont Giannichedda parti à la Juve, les freres Filippini à Palerme et enfin Bazzani qui est retourné à la Sampdoria. Les Romains sont encore un peu justes dans leur préparation et leurs rencontres amicales ont été effectuées contre des petites équipes, comme Chatillon (23-0 pour la Lazio), le Havana Club (17-0 pour la Lazio), San Martino (9-1 pour la Lazio) et enfin Gardena (14-0 pour la Lazio). Leur seul vrai adversaire ont été les finlandais de Tampere mais l’affaire a été vite réglée (3-0) à l’aller, et (1-1) au retour. Au niveau des recrues, le recrutement à l’instar des Olympiens, a été discret. Ils se sont renforcés avec : Igli Tare le très physique attaquant de Bologne, Behrami le prometteur ailier droit de Vérone, Baronio qui revient de prêt, et enfin la venue des défenseurs Belleri et Cribari d’Udine. En lieu et place d’allenatore, à défaut d’avoir pu avoir Le Guen, le président romain Claudio Lolito a misé sur Dellio Rossi.
Du coté de la phalange laziale, on a misé sur un 4-4-2 classique, avec une arrière garde prétorienne new look, puisque seul Zauri était présent l’année dernière. A noter la défection de Matias Lequi, blessé, qui laisse sa place à Sannibale, un jeune défenseur de l’équipe B. Au milieu de terrain, c’est costaud avec Fabio Liverani, très bon technicien. Sur le plan offensif, il reste un héritier de la grande époque laziale, le dernier César en exercice, Aparecido Rodrigues qui manie son flanc gauche comme personne. A droite Manfredini. En attaque les deux vétérans, Di Canio et Muzzi, respectivement 37 et 35 ans. L’absence de Tommaso Rocchi blessé contre les Finlandais de Tempere a profité à « Toro » Muzzi.
Du coté olympien, Fernandez a misé sur un 4-2-3-1, qui dans le jeu s’apparente plus à un 4-5-1. Première titularisation de Lamouchi associé à Oruma dans l’entrejeu. Nasri retrouve son poste de meneur de jeu axial aux cotés de deux joueurs excentrés, Ribery sur le coté gauche et Koke à droite. Seul en pointe Mamadou Niang.
Composition de la Lazio : Sereni- Zauri-Sannibale-Cribari-Belleri-Liverani-Firmani-Cesar-Manfredini-Di Canio-Muzzi.
Composition de l'OM : Carasso-Taiwo-Meité-Déhu-Beye-Lamouchi-Oruma-Ribery-Nasri-Koke-Niang-
Le compte rendu :
A la 5eme minute, les premiers contacts sont durs. Sannibale fait une faute dangereuse sur Oruma, Cribari en commet une sur Niang.
A la 8eme minute, Di Canio résiste aux charges, il lance Muzzi. Taiwo intervient bien.
A la 9eme minute, faute sur Niang. Carton pour Cribari.
A la 12eme minute, lancé en profondeur Niang bénéficie d’un un contre un face à Sereni, il vendange cette occasion. Un moindre mal puisqu’il était en positon de hors jeu.
A la 14eme minute, César joue rapidement un coup franc dans la surface, Déhu repousse in extremis.
A la 19eme minute, Nasri tente sa chance à 20 mètres, c’est bien au dessus.
A la 21eme minute, sur le couloir gauche, César se met une nouvelle fois en évidence, centre tendu pour Di Canio mais Meité intervient proprement.
A la 24eme minute, faute de Déhu sur Muzzi. César joue rapidement le coup et centre pour Sannibale, qui place sa tête mais c’est au dessus du cadre.
A la 25eme minute, Nasri réalise un très beau travail défensivement, un contre s’amorce rapidement avec Ribery qui passe le ballon à Niang, ce dernier rentre dans la surface laziale mais il est repris de manière impeccable par Belleri.
A la 30eme minute, la tension monte. Ribery et Oruma sont à terre. Di Canio crée une nouvelle fois des problèmes. Il s’en prend à Meité, et place sa tête contre celle du joueur originaire de Seine Saint Denis. Abdou, reste impassible à ses provocations. Déhu intervient alors auprès de « Paoletto », très intelligemment tente de calmer le joueur. C’est un beau geste de fair play que réalise là le capitaine phocéen. Di Canio hérite d’un carton jaune. Quelques secondes après, il commet une main volontaire. L’arbitre espagnol a pitié du joueur lazial dont le cerveau semble déjà bien émoussé et ne l’expulse pas.
A la 35eme minute, Di Canio lance magnifiquement Muzzi mais bonne sortie de Carrasso.
A la 37eme minute, Niang se bat puissamment, Manfredini l’accroche à l’entrée de la surface et hérite d’un carton jaune. Le coup franc qui suit ne donne rien.
A la 39eme minute, nouveau joueur lazial averti en la personne de Firmani, c’est le 4eme carton jaune distribué chez les biancocelesti.
A la 41eme minute, carton jaune pour Beye qui retient César. Coup franc lointain tiré par Fabio Liverani, il trouve la tête de Cribari qui remet au second poteau pour Di Canio esseulé qui marque. 1-0 pour la Lazio. Taiwo et Meité sont passés littéralement à travers et cruelle erreur de marquage sur l’avant centre lazial. C’etait la seule occasion que les romains s’étaient procurés.
Mi-temps
A la 54eme minute, Nasri tente une nouvelle fois de frapper de loin, ça passe nettement au dessus des cages de Sereni.
A la 56eme minute, Taiwo suite à une passe d’Oruma, réalise lui aussi une belle frappe de loin, qui passe à côté des buts du gardien romain.
A la 62eme minute, Di Canio lance une nouvelle fois Muzzi en profondeur qui frappe à l’entrée de la surface, Carrasso arrête bien le tir.
A la 63eme minute, carton pour Meité.
A la 64eme minute, rentrée de Mendoza à la place de Koke. Ribery retrouve ainsi son couloir droit, tandis que le condor va animer le flanc gauche.
A la 68eme minute, sur un corner bien tiré par Mendoza, Beye réalise une belle tête que Sereni dévie. C’etait la plus belle occasion olympienne jusque là.
A la 69eme minute, frappe surpuissante de Taiwo qui est déviée par un défenseur romain. Le portier romain repousse, le ballon heurte le montant droit. Meité seul aux 6 mètres reprend le ballon du droit et marque. C’est l’égalisation marseillaise 1-1.
A la 70eme minute, rentrée de la tour de contrôle albanaise Igli Tare à la place de Di Canio.
A la 72eme minute, sur un centre de César, Tare trouve le poteau, Carrasso était battu.
A la 75eme minute, Mendoza donne un ballon en retrait pour Oruma qui frappe. Firmani met son corps en opposition.
A la 76eme minute, centre de Cesar pour la tête de Zauri, Déhu repousse.
A la 79eme minute, percussion de Mendoza côté gauche, il remise pour Nasri qui rate le cadre.
A la 82eme minute, Ribery frappe à l’entrée de la surface, ça passe à droite des buts de Sereni.
A la 84eme minute, rentrée de De Silvestri, jeune défenseur lazial considéré comme le successeur d’Alessandro Nesta.
A la 89eme minute, Liverani tire un coup franc à 20 mètres suite à une faute de Meité sur Tare. Ca passe juste à côté.
A la 93eme minute, Niang percute dans la défense laziale, il dribble, rentre dans la surface de réparation et tire largement au dessus.
L’analyse :
La démarche hoplitique, l’½il fier, les olympiens peuvent rejoindre leur Phocée avec le sentiment du devoir accompli. Certes, on est parfois passé tout près du trépas, la faute à une légion laziale bien plus fraîche qu’on ne l’aurait cru, et ce malgré les absences, d’Oddo, de Lequi et de Tommaso Rocchi. On pensait nos marseillais capables de mettre le feu de manière néronienne, avec le dribbleur stambouliote, le félin nigérian et ce diable de Mamadou, mais il en faudra plus pour enflammer l’arène romaine. Aux vues de leurs résultats récents, à leur match amical face aux fumeurs de Havane, on s'imaginait un remake de « Rome Ville Ouverte », n’en déplaise à Rosselini. Mais même avec une arrière garde prétorienne new look, avec une attaque composée de deux briscards ayant déjà un pied dehors, ils sont parvenus à nous tenir tête sérieusement.
Même si en première mi-temps, la tactique mise en place par Jean Fernandez ne laissait que peu d’espaces aux occasions laziale, ils sont parvenus à marquer contre le cours du jeu. La faute à une défense olympienne toujours aussi fébrile. En deuxième période, les romains se sont montrés plus entreprenants, leur marquage serré a laissé peu de place à nos milieux. Le jeune Nasri pris dans l’étau Liverani-Firmani, en a perdu son latin. Koke placé sur le même côté que le génial César aparecido, n’a jamais pu se montrer à son avantage. Certains se demandent encore si il était sur le terrain. Ribery quant à lui ne semblait pas à son aise sur le couloir gauche. Quant à Niang, trop esseulé dans la surface adverse, il manquait cruellement de soutien. Les passes étaient saccadées et manquaient de précision. Outre le résultat satisfaisant, Quid Novi sous le sunlight ? Lamouchi a été plutôt bon pour sa première apparition, tout comme Mendoza qui s’est montré à son avantage sur coups de pied arrêté. A noter néanmoins que la titularisation de Lamouchi a sans doute influé sur les performances d’Oruma, beaucoup moins fringuant que lors de ses dernières sorties. Qui a dit qu’il y avait un milieu relayeur de trop ?
Ah l’arôme des grands soirs, on ne s’en lasse pas, quel agréable moment passé dans cette enceinte de l’Olimpico. Ce résultat nul est de bon augure pour la suite de la compétition, on évite la tragédie julio claudienne qui nous tendait les bras et on a désormais de bonnes chances de se hisser jusqu’en finale. Peu importe la manière, on a assuré l’essentiel et comme le dit ce dicton latin, « Ad Augusta per angusta », on va vers de grandes choses mais par des voies étroites.
Dav_