09-03-2005, 05:07
Avez-vous des Regrets d’avoir joué ce match ?
Non je n’ai pas de regrets. Ce match là il fallait le faire. Je ne veux pas m’abriter derrière les conditions de jeu. En tout cas en ce qui concerne la partie dont j'ai la responsabilité, je ne veux pas m’abriter derrière ça. Depuis trois ou quatre semaines les conditions de jeu sont pénibles et sont sûrement à l’origine de notre baisse de régime. Il faut remonter au match de Bastia, au match de Istres, ou à celui de Saint-Étienne. Nous avons une baisse de régime, mais pour l’instant cette baisse n’a pas eu de conséquence sur notre classement. Le classement c’est ça notre objectif. Nous sommes dans l’objectif. Simplement lorsqu’on était 5ème et qu’on voulait être 2ème nous étions entrés dans une dynamique pour obtenir les points, pour obtenir cette deuxième place.
Aujourd’hui nous sommes déjà 2ème, donc on n’est pas dans la même situation psychologique. Etre 5ème pour devenir deuxième, ou être 2ème et dire maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
C’est plus difficile de gérer cette deuxième place qui correspond à nos objectifs. On a perdu ce match, mais c'est sans conséquence. On pourrait dire : on avait un match difficile à Saint-Étienne, on l’a perdu et finalement lorsqu’on regarde le classement on est mieux qu’avant le match de Bastia. Avant Bastia on est 4ème, trois matchs après, en ayant eu une baisse de régime en terme de performance, on est deuxième tout seul. On est mieux aujourd’hui en terme de classement qu’il y a trois semaines avant Bastia. C’est quelque chose qui fait qu’aujourd’hui il ne faut pas s’abriter sur le simple fait que le match était difficile. Moi, ce que je vois, c’est qu'on a perdu le match. Qu'on ait perdu deux points contre Istres, ou qu'on ait gagné à Bastia peu importe, car sur les trois derniers matchs, nous n’avons pris que 4 points.
Moi en tant qu’entraîneur c’est mon boulot d’anticiper, et d’analyser que nous sommes sur une pente qui ne me satisfait pas. C’est normal. Ma responsabilité est d’anticiper sur les évènements de façon à remobiliser les troupes sur le plan du travail, de leur démarche personnelle, individuelle. Cela passe aussi par un investissement individuel. Sur le collectif, à présent, je pense qu’on a une certaine maturité qui fait qu’on est deuxième sans aucun doute, mais je pense qu’il faut qu’on remobilise les états d’âmes des uns et des autres sur le plan plus personnel. Il faut qu’on aille plus au bout de nos idées, qu’on ait une démarche avec un autre investissement. C’est dans ce domaine là que je vais mobiliser les troupes cette semaine, avec la rigueur qui nous appartient, avec les causeries et tout un ensemble d’ingrédients, pour que l’on ne puisse pas se relâcher; puisqu’on est dans une situation de confort qui est de dire que malgré la défaite nous sommes toujours deuxièmes. Il ne faut pas que ce soit à cause des intempéries. Il faut aussi se demander si on est toujours en phase avec notre caractère, si on défend le ballon avec la même conviction.
Je pense que c’est en terme de responsabilité individuelle qu’il faut remobiliser les hommes, les joueurs, de façon à reconstituer les conditions qui faisaient que nous étions sur une pente ascendante. Là, c’est une première alerte nécessaire en terme de production de jeu. Aujourd’hui nous avons une assise qui fait que nous arrivons à construire des attaques, à garder le ballon et c’est vrai que dans cette démarche de possession de ballon, les conditions de jeu ne sont pas propices à la collectivité. Sur le rapport de dimanche contre Saint-Étienne, ce rapport où on a la maîtrise du ballon et du jeu, il est vrai que les conditions ne nous ont pas facilité la tâche, surtout dans la phase terminale du jeu où il faut faire un centre précis ou une passe précise.
Quoi qu’il en soit, on voulait onze points en 5 matchs et on ne les aura pas. On a 7 points, si on gagne samedi contre Lens on terminera avec 10 points au maximum. On est donc à -1 par rapport à nos objectifs, mais notre dernier cycle était excédentaire de 3 points. Il nous faut donc une victoire contre Lens pour rester dans nos objectifs. Je préfère disséquer mon objectif final de cette façon. Zéro point, un point on a vécu ce cycle lorsque je suis arrivé avec les matchs à Lyon et contre Auxerre. Je veux voir notre capacité à rebondir aujourd’hui. Lens a besoin de prendre des points pour recoller à la 6ème ou 5ème place. Ils auront donc une motivation particulière. Nous, nous devons coller à nos temps de passages et une victoire nous maintiendrait à cette deuxième place quoi qu’il arrive. On attaque l’étape des Alpes face à Lens. On passe au processus suivant. On a le maillot du 2ème, il n’a pas de couleur ? Mais c’est à nous à le conserver
Jouer le dernier, est-ce un avantage ?
Jouer en dernier, c’est comme un match en retard. On en a eu plusieurs comme ça mais à l’époque c’était pour passer devant.
Pourquoi les joueurs n’ont jamais joué sur Nakata ?
Je ne peux pas répondre à cette question. Les événements se sont présentés comme ça. Ça, ce n’est pas le fait de Nakata.
Mais les joueurs se sont-ils interrogés à son sujet ?
Non il n’y a pas eu d’interrogation. On savait qu’à droite c’était plus facile de passer. On en avait discuté, c’était souvent là où il y avait un espace à exploiter, mais après c'est la vérité du jeu. Il ne faut pas y voir autre chose, c'est le jeu qui s’est emballé de ce côté-là.
Vous avez envisagé de changer votre tactique à un moment ?
Non, parce qu’on n’avait pas de problème dans le positionnement. Nous avions la production du jeu. C’était le contrôle qui faisait qu’on ratait, le joueur qui bloquait, le manque d’appui qui nous aurait peut-être permis de faire l’enchaînement supplémentaire. Je trouvais qu’en première mi-temps on avait cette démarche et on arrivait tout de suite dans leurs 40 m.
C’est vrai que là il nous manquait un peu de profondeur, ce qui me paraît un peu logique. Lorsque vous êtes à 40 mètres du but, la profondeur est limitée alors qu’eux avaient la profondeur totale. Il suffisait de taper les yeux fermés, ils avaient une profondeur devant, mais la profondeur se limitait dans notre démarche d’avancer. On était à 25 mètres de leur but. Donc à 25 mètres de leur but, il faut passer cette ligne défensive etc.. Et là il n’y avait peut-être pas les appuis nécessaires, le ballon est toujours glissant, c’est difficile. Il a manqué dans cette partie du jeu, une certaine précision, un contrôle bien fait etc…
C’est vrai ça a perturbé l’approche. C’est d’ailleurs ce que j’ai dit à la mi-temps, on manque de profondeur dans le sens, on manque de percussion, on n’arrive pas à se retourner, à mettre le ballon derrière la défense. Mais cette défense est tellement regroupée, entre la défense et la ligne de corner il devait y avoir 10 mètres. Eux, ils avaient 45 mètres. C’est plus facile de mettre un ballon 45 mètres devant et que tout le monde court comme des fous sur le ballon.
C’est vrai que dans une démarche de construire nous avons été mis plus en difficulté que l’adversaire qui en trois passes, pouvait être dangereux. Nous il nous fallait 10 passes pour être dangereux. Nous étions sur un bloc et nous étions man½uvrés. Ce n’était pas une démarche de système, c’est une démarche où on n'arrivait pas à utiliser le ballon. Maintenant j’ai souhaité changer, malheureusement Batlles est rentré à 2 à 0. C’est un peu à l’image du match contre Istres. Je fais le changement à la mi-temps et lorsque Hemdani se met en branle on est déjà amené un à zéro contre Istres. C’est une réaction de revenir au score, on n’était pas dans la situation de produire, mais de réagir.
L’effet Hemdani contre Istres a été dilué dans le handicap du score d’entrée. Là, Batlles rentre. A un à zéro ils ne sont pas à l’abri d’une légalisation et on savait qu’on pouvait marquer à la 75e minutes. C’est ce que j’avais dit à la mi-temps, vous allez marquer à la 75e et vous allez voir que, dans le dernier quart d’heure, ils vont souffrir. C’est le genre de match où on égalise à la 75e et on les embête jusqu’à la 93e. Malheureusement, lorsque le Batlles rentre il y a déjà deux à zéro. Le match il est plié. Il est plié stratégiquement parce que les autres font entrer leurs défenseurs. Nous on pousse on pousse et on peut même en prendre un troisième.
Pourquoi ne pas avoir effectué des changements dès la mi-temps. Surtout que Costa était en danger ?
Costa est sorti. Le problème c’est qu’à la mi-temps l’arbitre vient me voir et me dit : « je vais sortir votre joueur ». Déjà je n’ai pas pris de risque. Hemdani n’était pas chaud. Je suis allé voir l’arbitre et je lui ai dit : « Je vais sortir Costa dans 10 minutes. » de façon qu’il ne l’expulse pas dans ces minutes. J’ai dit à Costa, tu ne joues pas pendant 10 minutes. Vous avez vu il n’a pas joué pendant 10 minutes. Cette situation, je suis obligé de la tenir en tant que responsable de l’équipe. Je suis obligé de tenir compte de ça.
Mais l’arbitre vous a mis la pression ?
Non. Ne dites pas ça. Je préfère cette attitude de l’arbitre. Il est le directeur du jeu. Il me dit, écoutez monsieur je vous préviens tout de suite. Le carton rouge je peux lui mettre 200 fois avant. Quand on vous dit attention la prochaine petite faute, il dégage, c'est bien de me le dire. Tout le monde s’en doutait mais si ça arrive, ça revient à casser la machine. On peut penser qu’il peut prendre un garçon rouge mais on pense aussi qu’il peut se calmer. Lorsqu’un joueur prend un carton, il faut savoir qu’il peut prendre un rouge tout de suite après. On prend des cartons nous. L’idée de dire, il prend un deuxième carton, on n’y pense pas trop. Vous avez bien vu que je ne change quand même pas des joueurs qui prennent un carton. Vous m’avez déjà vu travailler. Sauf Beye contre Rennes rappelez-vous. Il prend son carton, je le sors parce que je sens qu’il peut en prendre un deuxième. Il y a des situations effectivement où on le sent. Là, je sentais qu’on allait terminer à 10.
Moi, je préfère cette relation d’un arbitre qui dit : "bon écoutez, sachez que ça ne se passe pas bien...". Un arbitre lorsqu’il met un carton, il faut savoir qu’avant il dit attention Monsieur la prochaine fois je vous en un. Là, l’arbitre assistant est venu me voir en disant attention M. Troussier il faut que vous sachiez que votre gars est en sursis, la prochaine fois il dégage. Donc moi à la mi-temps je prends la décision et je dis je sors. Mais je sors dans 10 minutes le temps que le remplaçant s’échauffe. Ça veut dire que s’il fait une faute, l'arbitre va peut-être passer. Donc la relation que j’ai avec l’arbitre, est une relation intelligente. Moi je dis que je voudrais développer cette relation avec l’arbitrage. Il ne faut pas le voir sous une forme de pression. Il est le directeur du jeu, il fait son boulot.
Donc au contraire si on peut développer une relation intelligente avec l’entraîneur en disant : "écoutez monsieur l’entraîneur, si votre joueur continu, il faut que vous sachiez que je vais le sortir", c'est qu'il est en sursis. Est-ce que ça ne serait pas une façon de lutter contre le carton rouge ? Le premier carton rouge c’est déjà une responsabilité qu’on renomme au staff en disant : "écoutez messieurs, sachez que ça ne se passe pas bien, moi je juge les actes, mais je vous préviens". Maintenant si le gars qui est prévenu prend un carton rouge, il ne doit pas pleurer. Moi je trouve que cette démarche-là est intelligente. Je préférerais, si vous deviez analyser dire "est-ce qu’on peut avancer ?"
On parle de l’arbitrage, de la vidéo, du climat, des situations. L’entraîneur qui se lève du banc, on a l’impression que c’est un bandit qui vient agresser l’arbitre, alors que l’entraîneur qui se lève c’est déjà pour calmer ses joueurs. Lorsqu’il se lève pour calmer ses joueurs et que vous avez un arbitre assistant qui vous renvoie, vous croyez c'est l'entraineur qui met le feu ? L’entraîneur c’est celui qui a un rôle à jouer. Il vient dire à ses joueurs de se calmer. Et ce rôle il faut l’amplifier. C’est une bonne chose lorsque l’arbitre assistant qui est en contact direct vient vous dire : attention le gars est en danger.
Vous positivez ça ?
Oui je préfère positiver, parce que c’est rendre service à l’équipe et au jeu. Ce n’est pas créér un handicap que de permettre à l’entraîneur de mettre un carton rouge à son joueur. C’est une décision que j’ai prise pour que mon équipe reste à 11, et pour garder la compacité de mon groupe. J’ai eu une relation intelligente avec le directeur du jeu. Nous aussi on a une responsabilité. Je la positive à 200 %.
Costa a une mauvaise image ?
C’est vrai qu'au bout de 20 minutes on avait déjà fait cinq fautes, on a manqué de sérénité dans cet aspect-là. On a eu des fautes en notre défaveur qui font que le match ensuite a basculé. Moi j’ai été obligé de prendre une décision pour protéger mon équipe. C’est une réalité qui appartient au jeu, aux conditions, au climat, mais qui appartient aussi à cette ambition du gars qui veut gagner. On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des joueurs. Chacun l’exprime à sa façon. Certains l’expriment par la peur de gagner, ce tennisman qui n’arrive pas à faire son point sur des balles de match. L’autre qui va tout casser. Vous avez l’expression en fonction des individus, des personnalités, des sensibilités, des uns et des autres.
Chacun vit ça à sa façon. On est des hommes. Vous pensez que les joueurs ont envie de perdre le match ? Non. On a l’ambition de consolider notre deuxième place, de rattraper Lyon. Avoir des temps de passage en point parce que c’est des primes au bout dont ils bénéficient. Ces éléments-là, ils les ont dans leur esprit. On en parle. Maintenant comment c’est vécu en interne, comment c’est vécu sur le terrain ? On a vu des gars qui ont peur de gagner. Ces valeurs là existent dans le sport de haut niveau. Nous sommes dans cette situation là. On est cinquième, on veut être deuxième, c’est un processus de chasse. On est deuxième qu’est-ce qu’on fait ? Continuez à mettre des coups, continuez à travailler à l’entraînement, à être agressifs, mais pourquoi ? On est deuxième !
Pour la première place c’est trop loin. Pour rester là, c’est une démarche psychologique qui est un peu différente. Nous vivons cette période-là. L’objectif c’est d’y rester. Pour y rester nous avons les recettes. La recette c’est de remobiliser les états d’âmes, remobiliser les uns les autres. Leur rappeler que ça passe par des démarches, par une rigueur, par du travail. Moi aussi j’ai mes responsabilités, je dois être face au groupe, je dois les prévenir, les mettre en alerte. C’est mon boulot d’anticiper les événements. J’ai aussi un rôle à jouer sur la mise en alerte de la situation. Ne pas s’endormir, ne pas s’abriter sur le climat, jouer le match, non, non, non. Il faut qu’on revienne avec plus de caractère à des démarches plus responsables. C’est ces mots-là que je vais leur dire. Après il y a le jeu, il y a l’arbitre; celui qui le vit bien, et celui qui ne le vit pas bien.
Pour revenir sur Nakata, il a fait ce que vous attendiez ?
Oui, je dirais même je l’ai un peu bridé. Je lui ai dit au départ, tu joues à cette place là, mais….
T’es pas Cafu ?
Oui. En gros c’était ça. L’idée était de jouer verticalement, de ne pas chercher à centrer, alors qu'on sentait qu’il pouvait aller centrer. Même s’il n’a pas reçu beaucoup de ballons, deux ou trois fois il pouvait aller plus loin. Moi je trouve qu’il a fait un bon match techniquement. Les conditions sont…., Vous le voyez lorsqu’un joueur donne la balle. J’en ai discuté avec les autres. Ils savent que c’est posé, que le gars va la remettre soit derrière soit au milieu, le ballon va être bien frappé. Le fait de dire que je contrôle et j’y vais, c’est une seconde de moins. Mais quand je l'ai donné, je pars les yeux fermés, j’ai gagné une seconde plus. La différence c’est qu’une action est meilleure uniquement lorsque le gars est sa confiance.
On n’a pas eu la même impression devant la télévision ?
Moi je suis satisfait. C’est son premier match, compte tenu du fait qu’il arrive d’une autre planète, je trouve qu’il a fait un bon match, solide, il n’a pas été pire que les autres. C’est trop facile de tomber dessus Nakata, Nakata. C’est des mots. « C’est Nipon ni mauvais » moi j’ai fais ça depuis 10 ans…Je ne vais pas tomber dans ce cliché là. Je sais que c’est un bon joueur et qui va être capable de nous apporter beaucoup.
Mais son dégagement dans le vide qui passe au zapping, ça va le perturber non ?
Ça c’est un manque de considération. C’était facile de faire valoir ces valeurs-là qui, effectivement appartiennent au manque d’expérience de ces gens-là. Et c’est facile en tant que français de tomber sur un étranger et de le malmener comme ça. C’est tellement ringard, facile et glauque ces images là. Moi je ne tombe pas du tout dans ces images là. Ce sont les images qu’on avait de Clémenté en disant : "il ne parle même pas le français". Moi je ne tombe pas dans cette bassesse, surtout pas. Moi j’ai confiance en lui, c’est un bon joueur. Je vais vous en sortir des images passées en zapping et ça ne va pas arracher certains joueurs. Je ne tomberai surtout pas dans cette image là. Pour moi il me satisfait, il a fait un bon match, ce qui est encourageant pour la suite.
Vous avez des nouvelles de Barthez ?
Non. On reprend aujourd’hui.
Vous avez parlé de me manque de motivation, de concentration vous ne l’aviez pas vu arrivé ?
Non. J’ai eu une relation individuelle avec les groupes, les lignes pour préparer ce match, leur redonner confiance. Chacun avait la consigne de ses responsabilités, le contenu de ses responsabilités. On sait qu’un joueur est bon lorsqu’il touche 35 fois le ballon, lorsqu’il fait 10 km, lorsqu’il vient, qu’il va centrer et qu’il revient. Chacun sait que lorsqu’il est bon, c’est sur son contenu. Le gars qui dit :"moi je suis bon lorsque je ne m’entraîne pas la semaine, que je touche un ballon, que je fais 100 mètres", non! Je lui rappelle que lorsqu’il est bon, c’est qu’il a touché 46 ballons, qu'il a frappé trois fois, qu'il a centré six fois, qu'il a fait 8 km 500 et il a terminé avec un kilo de moins de sueur. Donc ça, c’est le contenu, c’est un repère. Lorsqu’il fait un mauvais match, je lui dis : regarde, tu n’as touché que trois ballons, tu as fait 50 mètres et de ton maillot on n'a enlevé que 50 g de sueur.
Après il a son petit contenu et il sait que lorsqu’il est bon, il doit s’échauffer pendant 20 minutes, que le mercredi ça doit lui brûler un peu l’estomac et s’il fait la sieste d’après-midi c’est pas plus mal. Après il a son contenu.
Comme ils ont tous fait du football depuis l’âge de 12 ans, ils ont derrière eux tout un ensemble de choses qui fait que pour être bon, ils savent ce qu’il faut faire. Après, moi, je suis le consommateur de ces individualités. Toi tu vas jouer à gauche, toi à droite. Moi mon rôle c’est de consommer et de les positionner. J’ai une part de responsabilité qui représente 60 % des résultats mais 60 % du résultat parfois ce n’est pas suffisant pour gagner. Il faut aussi que le gars joue des coups. C’est un partage des responsabilités. Il y a des relations du lundi au samedi avec l’entraîneur, pour orchestrer, pour essayer de guider. Ca c’est un contenu. Après le joueur de Marseille il a commencé à 12 ans, il a un beau contrat, une belle bagnole, des enfants, il est bien, motivé, l’année prochaine il aura un contrat de cinq ans, qu'on va augmenter. On peut penser que ce joueur là, dans cette équipe va rapporter aussi sa part de responsabilité.
Mieux que le gars qui arrive du marché avec de vieux baskets et qui ne sait pas pourquoi il est venu.
La motivation est aussi liée au talent et à l’individu. Moi je ne vais pas changer l’individu. Je vais changer l’équipe. Les individus je ne vais pas changer leurs pieds, leur mentalité. Ça c’est pour vous expliquer qu’ils ont quand même une responsabilité. Je veux bien les transcender une minute avant le match en leur disant :"soulève cette montagne…." Il faut que le joueur puisse aussi se retrouver autour du projet. Qu’ils puissent se retrouver entre eux peut-être le soir en mangeant une brochette, peut-être que c’est là aussi que se construit le projet. Peut-être qu’ils vont se retrouver le dimanche après-midi, au stade.
L’adhésion, le rassemblement autour d’un projet ce n’est pas une heure par jour. Moi je ne les ai qu’une heure par jour. C’est aussi tout un ensemble de choses qui fait qu’on se retrouve tous autour d’un projet qui est le projet de l’OM. Qui est celui de jouer la champions League, d’en parler le soir lorsqu’on est devant la télévision. Le projet s’inscrit dans une démarche. De s’entraîner bien fort une heure par jour n’est peut-être pas suffisant. Il faut aussi que le gars baigne dans une mentalité où il va se retrouver, soit avec des potes, ses partenaires, son président, son entraîneur qui fait que tout ça va consolider le projet. Le projet, on ne peut pas l’isoler d’un environnement. Le projet c’est pas un entraîneur qui gueule. Ça, ça représente 5 % du boulot.
Luyindula semble être moins en forme. Il semble retomber dans ses travers du début de championnat ?
Je vous renvoie à la démarche que j’ai eu de dire qu’on doit tous se remettre en cause individuellement. C’est un peu à l’image de la remobilisation que je souhaite faire. Peu importe la question que vous posez. Quelque part il faut que chacun puisse se dire est-ce que je suis toujours en phase avec ce que je faisais il y a quelques temps lorsque le j’étais un peu plus affamé, ou lorsque l’équipe était un peu moins bien placée. Est-ce que la démarche individuelle est toujours propice au caractère, à l’exigence, à l’ambition, est-ce que je fais le nécessaire ? La réponse que je vous fais, c’est la réponse que je vais faire à l’ensemble des joueurs pour qu’ils puissent se remettre en cause. Moi mon rôle s’est de les sensibiliser sur ce souci de faire.
C’est Dahou qui va remplacer Koke ?
Non Dahou s’est blessé hier soir au genou. Il en a pour 6 semaines...
Non je n’ai pas de regrets. Ce match là il fallait le faire. Je ne veux pas m’abriter derrière les conditions de jeu. En tout cas en ce qui concerne la partie dont j'ai la responsabilité, je ne veux pas m’abriter derrière ça. Depuis trois ou quatre semaines les conditions de jeu sont pénibles et sont sûrement à l’origine de notre baisse de régime. Il faut remonter au match de Bastia, au match de Istres, ou à celui de Saint-Étienne. Nous avons une baisse de régime, mais pour l’instant cette baisse n’a pas eu de conséquence sur notre classement. Le classement c’est ça notre objectif. Nous sommes dans l’objectif. Simplement lorsqu’on était 5ème et qu’on voulait être 2ème nous étions entrés dans une dynamique pour obtenir les points, pour obtenir cette deuxième place.
Aujourd’hui nous sommes déjà 2ème, donc on n’est pas dans la même situation psychologique. Etre 5ème pour devenir deuxième, ou être 2ème et dire maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
C’est plus difficile de gérer cette deuxième place qui correspond à nos objectifs. On a perdu ce match, mais c'est sans conséquence. On pourrait dire : on avait un match difficile à Saint-Étienne, on l’a perdu et finalement lorsqu’on regarde le classement on est mieux qu’avant le match de Bastia. Avant Bastia on est 4ème, trois matchs après, en ayant eu une baisse de régime en terme de performance, on est deuxième tout seul. On est mieux aujourd’hui en terme de classement qu’il y a trois semaines avant Bastia. C’est quelque chose qui fait qu’aujourd’hui il ne faut pas s’abriter sur le simple fait que le match était difficile. Moi, ce que je vois, c’est qu'on a perdu le match. Qu'on ait perdu deux points contre Istres, ou qu'on ait gagné à Bastia peu importe, car sur les trois derniers matchs, nous n’avons pris que 4 points.
Moi en tant qu’entraîneur c’est mon boulot d’anticiper, et d’analyser que nous sommes sur une pente qui ne me satisfait pas. C’est normal. Ma responsabilité est d’anticiper sur les évènements de façon à remobiliser les troupes sur le plan du travail, de leur démarche personnelle, individuelle. Cela passe aussi par un investissement individuel. Sur le collectif, à présent, je pense qu’on a une certaine maturité qui fait qu’on est deuxième sans aucun doute, mais je pense qu’il faut qu’on remobilise les états d’âmes des uns et des autres sur le plan plus personnel. Il faut qu’on aille plus au bout de nos idées, qu’on ait une démarche avec un autre investissement. C’est dans ce domaine là que je vais mobiliser les troupes cette semaine, avec la rigueur qui nous appartient, avec les causeries et tout un ensemble d’ingrédients, pour que l’on ne puisse pas se relâcher; puisqu’on est dans une situation de confort qui est de dire que malgré la défaite nous sommes toujours deuxièmes. Il ne faut pas que ce soit à cause des intempéries. Il faut aussi se demander si on est toujours en phase avec notre caractère, si on défend le ballon avec la même conviction.
Je pense que c’est en terme de responsabilité individuelle qu’il faut remobiliser les hommes, les joueurs, de façon à reconstituer les conditions qui faisaient que nous étions sur une pente ascendante. Là, c’est une première alerte nécessaire en terme de production de jeu. Aujourd’hui nous avons une assise qui fait que nous arrivons à construire des attaques, à garder le ballon et c’est vrai que dans cette démarche de possession de ballon, les conditions de jeu ne sont pas propices à la collectivité. Sur le rapport de dimanche contre Saint-Étienne, ce rapport où on a la maîtrise du ballon et du jeu, il est vrai que les conditions ne nous ont pas facilité la tâche, surtout dans la phase terminale du jeu où il faut faire un centre précis ou une passe précise.
Quoi qu’il en soit, on voulait onze points en 5 matchs et on ne les aura pas. On a 7 points, si on gagne samedi contre Lens on terminera avec 10 points au maximum. On est donc à -1 par rapport à nos objectifs, mais notre dernier cycle était excédentaire de 3 points. Il nous faut donc une victoire contre Lens pour rester dans nos objectifs. Je préfère disséquer mon objectif final de cette façon. Zéro point, un point on a vécu ce cycle lorsque je suis arrivé avec les matchs à Lyon et contre Auxerre. Je veux voir notre capacité à rebondir aujourd’hui. Lens a besoin de prendre des points pour recoller à la 6ème ou 5ème place. Ils auront donc une motivation particulière. Nous, nous devons coller à nos temps de passages et une victoire nous maintiendrait à cette deuxième place quoi qu’il arrive. On attaque l’étape des Alpes face à Lens. On passe au processus suivant. On a le maillot du 2ème, il n’a pas de couleur ? Mais c’est à nous à le conserver
Jouer le dernier, est-ce un avantage ?
Jouer en dernier, c’est comme un match en retard. On en a eu plusieurs comme ça mais à l’époque c’était pour passer devant.
Pourquoi les joueurs n’ont jamais joué sur Nakata ?
Je ne peux pas répondre à cette question. Les événements se sont présentés comme ça. Ça, ce n’est pas le fait de Nakata.
Mais les joueurs se sont-ils interrogés à son sujet ?
Non il n’y a pas eu d’interrogation. On savait qu’à droite c’était plus facile de passer. On en avait discuté, c’était souvent là où il y avait un espace à exploiter, mais après c'est la vérité du jeu. Il ne faut pas y voir autre chose, c'est le jeu qui s’est emballé de ce côté-là.
Vous avez envisagé de changer votre tactique à un moment ?
Non, parce qu’on n’avait pas de problème dans le positionnement. Nous avions la production du jeu. C’était le contrôle qui faisait qu’on ratait, le joueur qui bloquait, le manque d’appui qui nous aurait peut-être permis de faire l’enchaînement supplémentaire. Je trouvais qu’en première mi-temps on avait cette démarche et on arrivait tout de suite dans leurs 40 m.
C’est vrai que là il nous manquait un peu de profondeur, ce qui me paraît un peu logique. Lorsque vous êtes à 40 mètres du but, la profondeur est limitée alors qu’eux avaient la profondeur totale. Il suffisait de taper les yeux fermés, ils avaient une profondeur devant, mais la profondeur se limitait dans notre démarche d’avancer. On était à 25 mètres de leur but. Donc à 25 mètres de leur but, il faut passer cette ligne défensive etc.. Et là il n’y avait peut-être pas les appuis nécessaires, le ballon est toujours glissant, c’est difficile. Il a manqué dans cette partie du jeu, une certaine précision, un contrôle bien fait etc…
C’est vrai ça a perturbé l’approche. C’est d’ailleurs ce que j’ai dit à la mi-temps, on manque de profondeur dans le sens, on manque de percussion, on n’arrive pas à se retourner, à mettre le ballon derrière la défense. Mais cette défense est tellement regroupée, entre la défense et la ligne de corner il devait y avoir 10 mètres. Eux, ils avaient 45 mètres. C’est plus facile de mettre un ballon 45 mètres devant et que tout le monde court comme des fous sur le ballon.
C’est vrai que dans une démarche de construire nous avons été mis plus en difficulté que l’adversaire qui en trois passes, pouvait être dangereux. Nous il nous fallait 10 passes pour être dangereux. Nous étions sur un bloc et nous étions man½uvrés. Ce n’était pas une démarche de système, c’est une démarche où on n'arrivait pas à utiliser le ballon. Maintenant j’ai souhaité changer, malheureusement Batlles est rentré à 2 à 0. C’est un peu à l’image du match contre Istres. Je fais le changement à la mi-temps et lorsque Hemdani se met en branle on est déjà amené un à zéro contre Istres. C’est une réaction de revenir au score, on n’était pas dans la situation de produire, mais de réagir.
L’effet Hemdani contre Istres a été dilué dans le handicap du score d’entrée. Là, Batlles rentre. A un à zéro ils ne sont pas à l’abri d’une légalisation et on savait qu’on pouvait marquer à la 75e minutes. C’est ce que j’avais dit à la mi-temps, vous allez marquer à la 75e et vous allez voir que, dans le dernier quart d’heure, ils vont souffrir. C’est le genre de match où on égalise à la 75e et on les embête jusqu’à la 93e. Malheureusement, lorsque le Batlles rentre il y a déjà deux à zéro. Le match il est plié. Il est plié stratégiquement parce que les autres font entrer leurs défenseurs. Nous on pousse on pousse et on peut même en prendre un troisième.
Pourquoi ne pas avoir effectué des changements dès la mi-temps. Surtout que Costa était en danger ?
Costa est sorti. Le problème c’est qu’à la mi-temps l’arbitre vient me voir et me dit : « je vais sortir votre joueur ». Déjà je n’ai pas pris de risque. Hemdani n’était pas chaud. Je suis allé voir l’arbitre et je lui ai dit : « Je vais sortir Costa dans 10 minutes. » de façon qu’il ne l’expulse pas dans ces minutes. J’ai dit à Costa, tu ne joues pas pendant 10 minutes. Vous avez vu il n’a pas joué pendant 10 minutes. Cette situation, je suis obligé de la tenir en tant que responsable de l’équipe. Je suis obligé de tenir compte de ça.
Mais l’arbitre vous a mis la pression ?
Non. Ne dites pas ça. Je préfère cette attitude de l’arbitre. Il est le directeur du jeu. Il me dit, écoutez monsieur je vous préviens tout de suite. Le carton rouge je peux lui mettre 200 fois avant. Quand on vous dit attention la prochaine petite faute, il dégage, c'est bien de me le dire. Tout le monde s’en doutait mais si ça arrive, ça revient à casser la machine. On peut penser qu’il peut prendre un garçon rouge mais on pense aussi qu’il peut se calmer. Lorsqu’un joueur prend un carton, il faut savoir qu’il peut prendre un rouge tout de suite après. On prend des cartons nous. L’idée de dire, il prend un deuxième carton, on n’y pense pas trop. Vous avez bien vu que je ne change quand même pas des joueurs qui prennent un carton. Vous m’avez déjà vu travailler. Sauf Beye contre Rennes rappelez-vous. Il prend son carton, je le sors parce que je sens qu’il peut en prendre un deuxième. Il y a des situations effectivement où on le sent. Là, je sentais qu’on allait terminer à 10.
Moi, je préfère cette relation d’un arbitre qui dit : "bon écoutez, sachez que ça ne se passe pas bien...". Un arbitre lorsqu’il met un carton, il faut savoir qu’avant il dit attention Monsieur la prochaine fois je vous en un. Là, l’arbitre assistant est venu me voir en disant attention M. Troussier il faut que vous sachiez que votre gars est en sursis, la prochaine fois il dégage. Donc moi à la mi-temps je prends la décision et je dis je sors. Mais je sors dans 10 minutes le temps que le remplaçant s’échauffe. Ça veut dire que s’il fait une faute, l'arbitre va peut-être passer. Donc la relation que j’ai avec l’arbitre, est une relation intelligente. Moi je dis que je voudrais développer cette relation avec l’arbitrage. Il ne faut pas le voir sous une forme de pression. Il est le directeur du jeu, il fait son boulot.
Donc au contraire si on peut développer une relation intelligente avec l’entraîneur en disant : "écoutez monsieur l’entraîneur, si votre joueur continu, il faut que vous sachiez que je vais le sortir", c'est qu'il est en sursis. Est-ce que ça ne serait pas une façon de lutter contre le carton rouge ? Le premier carton rouge c’est déjà une responsabilité qu’on renomme au staff en disant : "écoutez messieurs, sachez que ça ne se passe pas bien, moi je juge les actes, mais je vous préviens". Maintenant si le gars qui est prévenu prend un carton rouge, il ne doit pas pleurer. Moi je trouve que cette démarche-là est intelligente. Je préférerais, si vous deviez analyser dire "est-ce qu’on peut avancer ?"
On parle de l’arbitrage, de la vidéo, du climat, des situations. L’entraîneur qui se lève du banc, on a l’impression que c’est un bandit qui vient agresser l’arbitre, alors que l’entraîneur qui se lève c’est déjà pour calmer ses joueurs. Lorsqu’il se lève pour calmer ses joueurs et que vous avez un arbitre assistant qui vous renvoie, vous croyez c'est l'entraineur qui met le feu ? L’entraîneur c’est celui qui a un rôle à jouer. Il vient dire à ses joueurs de se calmer. Et ce rôle il faut l’amplifier. C’est une bonne chose lorsque l’arbitre assistant qui est en contact direct vient vous dire : attention le gars est en danger.
Vous positivez ça ?
Oui je préfère positiver, parce que c’est rendre service à l’équipe et au jeu. Ce n’est pas créér un handicap que de permettre à l’entraîneur de mettre un carton rouge à son joueur. C’est une décision que j’ai prise pour que mon équipe reste à 11, et pour garder la compacité de mon groupe. J’ai eu une relation intelligente avec le directeur du jeu. Nous aussi on a une responsabilité. Je la positive à 200 %.
Costa a une mauvaise image ?
C’est vrai qu'au bout de 20 minutes on avait déjà fait cinq fautes, on a manqué de sérénité dans cet aspect-là. On a eu des fautes en notre défaveur qui font que le match ensuite a basculé. Moi j’ai été obligé de prendre une décision pour protéger mon équipe. C’est une réalité qui appartient au jeu, aux conditions, au climat, mais qui appartient aussi à cette ambition du gars qui veut gagner. On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des joueurs. Chacun l’exprime à sa façon. Certains l’expriment par la peur de gagner, ce tennisman qui n’arrive pas à faire son point sur des balles de match. L’autre qui va tout casser. Vous avez l’expression en fonction des individus, des personnalités, des sensibilités, des uns et des autres.
Chacun vit ça à sa façon. On est des hommes. Vous pensez que les joueurs ont envie de perdre le match ? Non. On a l’ambition de consolider notre deuxième place, de rattraper Lyon. Avoir des temps de passage en point parce que c’est des primes au bout dont ils bénéficient. Ces éléments-là, ils les ont dans leur esprit. On en parle. Maintenant comment c’est vécu en interne, comment c’est vécu sur le terrain ? On a vu des gars qui ont peur de gagner. Ces valeurs là existent dans le sport de haut niveau. Nous sommes dans cette situation là. On est cinquième, on veut être deuxième, c’est un processus de chasse. On est deuxième qu’est-ce qu’on fait ? Continuez à mettre des coups, continuez à travailler à l’entraînement, à être agressifs, mais pourquoi ? On est deuxième !
Pour la première place c’est trop loin. Pour rester là, c’est une démarche psychologique qui est un peu différente. Nous vivons cette période-là. L’objectif c’est d’y rester. Pour y rester nous avons les recettes. La recette c’est de remobiliser les états d’âmes, remobiliser les uns les autres. Leur rappeler que ça passe par des démarches, par une rigueur, par du travail. Moi aussi j’ai mes responsabilités, je dois être face au groupe, je dois les prévenir, les mettre en alerte. C’est mon boulot d’anticiper les événements. J’ai aussi un rôle à jouer sur la mise en alerte de la situation. Ne pas s’endormir, ne pas s’abriter sur le climat, jouer le match, non, non, non. Il faut qu’on revienne avec plus de caractère à des démarches plus responsables. C’est ces mots-là que je vais leur dire. Après il y a le jeu, il y a l’arbitre; celui qui le vit bien, et celui qui ne le vit pas bien.
Pour revenir sur Nakata, il a fait ce que vous attendiez ?
Oui, je dirais même je l’ai un peu bridé. Je lui ai dit au départ, tu joues à cette place là, mais….
T’es pas Cafu ?
Oui. En gros c’était ça. L’idée était de jouer verticalement, de ne pas chercher à centrer, alors qu'on sentait qu’il pouvait aller centrer. Même s’il n’a pas reçu beaucoup de ballons, deux ou trois fois il pouvait aller plus loin. Moi je trouve qu’il a fait un bon match techniquement. Les conditions sont…., Vous le voyez lorsqu’un joueur donne la balle. J’en ai discuté avec les autres. Ils savent que c’est posé, que le gars va la remettre soit derrière soit au milieu, le ballon va être bien frappé. Le fait de dire que je contrôle et j’y vais, c’est une seconde de moins. Mais quand je l'ai donné, je pars les yeux fermés, j’ai gagné une seconde plus. La différence c’est qu’une action est meilleure uniquement lorsque le gars est sa confiance.
On n’a pas eu la même impression devant la télévision ?
Moi je suis satisfait. C’est son premier match, compte tenu du fait qu’il arrive d’une autre planète, je trouve qu’il a fait un bon match, solide, il n’a pas été pire que les autres. C’est trop facile de tomber dessus Nakata, Nakata. C’est des mots. « C’est Nipon ni mauvais » moi j’ai fais ça depuis 10 ans…Je ne vais pas tomber dans ce cliché là. Je sais que c’est un bon joueur et qui va être capable de nous apporter beaucoup.
Mais son dégagement dans le vide qui passe au zapping, ça va le perturber non ?
Ça c’est un manque de considération. C’était facile de faire valoir ces valeurs-là qui, effectivement appartiennent au manque d’expérience de ces gens-là. Et c’est facile en tant que français de tomber sur un étranger et de le malmener comme ça. C’est tellement ringard, facile et glauque ces images là. Moi je ne tombe pas du tout dans ces images là. Ce sont les images qu’on avait de Clémenté en disant : "il ne parle même pas le français". Moi je ne tombe pas dans cette bassesse, surtout pas. Moi j’ai confiance en lui, c’est un bon joueur. Je vais vous en sortir des images passées en zapping et ça ne va pas arracher certains joueurs. Je ne tomberai surtout pas dans cette image là. Pour moi il me satisfait, il a fait un bon match, ce qui est encourageant pour la suite.
Vous avez des nouvelles de Barthez ?
Non. On reprend aujourd’hui.
Vous avez parlé de me manque de motivation, de concentration vous ne l’aviez pas vu arrivé ?
Non. J’ai eu une relation individuelle avec les groupes, les lignes pour préparer ce match, leur redonner confiance. Chacun avait la consigne de ses responsabilités, le contenu de ses responsabilités. On sait qu’un joueur est bon lorsqu’il touche 35 fois le ballon, lorsqu’il fait 10 km, lorsqu’il vient, qu’il va centrer et qu’il revient. Chacun sait que lorsqu’il est bon, c’est sur son contenu. Le gars qui dit :"moi je suis bon lorsque je ne m’entraîne pas la semaine, que je touche un ballon, que je fais 100 mètres", non! Je lui rappelle que lorsqu’il est bon, c’est qu’il a touché 46 ballons, qu'il a frappé trois fois, qu'il a centré six fois, qu'il a fait 8 km 500 et il a terminé avec un kilo de moins de sueur. Donc ça, c’est le contenu, c’est un repère. Lorsqu’il fait un mauvais match, je lui dis : regarde, tu n’as touché que trois ballons, tu as fait 50 mètres et de ton maillot on n'a enlevé que 50 g de sueur.
Après il a son petit contenu et il sait que lorsqu’il est bon, il doit s’échauffer pendant 20 minutes, que le mercredi ça doit lui brûler un peu l’estomac et s’il fait la sieste d’après-midi c’est pas plus mal. Après il a son contenu.
Comme ils ont tous fait du football depuis l’âge de 12 ans, ils ont derrière eux tout un ensemble de choses qui fait que pour être bon, ils savent ce qu’il faut faire. Après, moi, je suis le consommateur de ces individualités. Toi tu vas jouer à gauche, toi à droite. Moi mon rôle c’est de consommer et de les positionner. J’ai une part de responsabilité qui représente 60 % des résultats mais 60 % du résultat parfois ce n’est pas suffisant pour gagner. Il faut aussi que le gars joue des coups. C’est un partage des responsabilités. Il y a des relations du lundi au samedi avec l’entraîneur, pour orchestrer, pour essayer de guider. Ca c’est un contenu. Après le joueur de Marseille il a commencé à 12 ans, il a un beau contrat, une belle bagnole, des enfants, il est bien, motivé, l’année prochaine il aura un contrat de cinq ans, qu'on va augmenter. On peut penser que ce joueur là, dans cette équipe va rapporter aussi sa part de responsabilité.
Mieux que le gars qui arrive du marché avec de vieux baskets et qui ne sait pas pourquoi il est venu.
La motivation est aussi liée au talent et à l’individu. Moi je ne vais pas changer l’individu. Je vais changer l’équipe. Les individus je ne vais pas changer leurs pieds, leur mentalité. Ça c’est pour vous expliquer qu’ils ont quand même une responsabilité. Je veux bien les transcender une minute avant le match en leur disant :"soulève cette montagne…." Il faut que le joueur puisse aussi se retrouver autour du projet. Qu’ils puissent se retrouver entre eux peut-être le soir en mangeant une brochette, peut-être que c’est là aussi que se construit le projet. Peut-être qu’ils vont se retrouver le dimanche après-midi, au stade.
L’adhésion, le rassemblement autour d’un projet ce n’est pas une heure par jour. Moi je ne les ai qu’une heure par jour. C’est aussi tout un ensemble de choses qui fait qu’on se retrouve tous autour d’un projet qui est le projet de l’OM. Qui est celui de jouer la champions League, d’en parler le soir lorsqu’on est devant la télévision. Le projet s’inscrit dans une démarche. De s’entraîner bien fort une heure par jour n’est peut-être pas suffisant. Il faut aussi que le gars baigne dans une mentalité où il va se retrouver, soit avec des potes, ses partenaires, son président, son entraîneur qui fait que tout ça va consolider le projet. Le projet, on ne peut pas l’isoler d’un environnement. Le projet c’est pas un entraîneur qui gueule. Ça, ça représente 5 % du boulot.
Luyindula semble être moins en forme. Il semble retomber dans ses travers du début de championnat ?
Je vous renvoie à la démarche que j’ai eu de dire qu’on doit tous se remettre en cause individuellement. C’est un peu à l’image de la remobilisation que je souhaite faire. Peu importe la question que vous posez. Quelque part il faut que chacun puisse se dire est-ce que je suis toujours en phase avec ce que je faisais il y a quelques temps lorsque le j’étais un peu plus affamé, ou lorsque l’équipe était un peu moins bien placée. Est-ce que la démarche individuelle est toujours propice au caractère, à l’exigence, à l’ambition, est-ce que je fais le nécessaire ? La réponse que je vous fais, c’est la réponse que je vais faire à l’ensemble des joueurs pour qu’ils puissent se remettre en cause. Moi mon rôle s’est de les sensibiliser sur ce souci de faire.
C’est Dahou qui va remplacer Koke ?
Non Dahou s’est blessé hier soir au genou. Il en a pour 6 semaines...
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