Ce ruisseau, dont l'onde tremblante
Réfléchit la clarté des cieux,
Paraît dans sa course brillante
Étinceler de mille feux;
Tandis qu'au fond du lit paisible,
Où, par une pente insensible,
Lentement s'écoulent ses flots,
Il entraîne une fange impure
Qui d'amertume et de souillure
Partout empoisonne ses eaux.
De même un passager délire,
Un éclair rapide et joyeux
Entrouvre ma bouche au sourire,
Et la gaîté brille en mes yeux;
Cependant mon âme est de glace,
Et rien n'effacera la trace
Des malheurs qui m'ont terrassé.
En vain passera ma jeunesse,
Toujours l'importune tristesse
Gonflera mon c½ur oppressé.
Car il est un nuage sombre,
Un souvenir mouillé de pleurs,
Qui m'accable et répand son ombre
Sur mes plaisirs et mes douleurs.
Dans ma profonde indifférence,
De la joie ou de la souffrance
L'aiguillon ne peut m'émouvoir;
Les biens que le vulgaire envie
Peut-être embelliront ma vie,
Mais rien ne me rendra l'espoir.
Du tronc à demi détachée
Par le souffle des noirs autans,
Lorsque la branche desséchée
Revoit les beaux jours du printemps,
Si parfois un rayon mobile,
Errant sur sa tête stérile,
Vient brillanter ses rameaux nus,
Elle sourit à la lumière;
Mais la verdure printanière
Sur son front ne renaîtra plus.
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Je viens de faire une découverte, je sais j'ai honte mais bon. Lisez cette merveille.
RACAN, Stances sur la Retraite.
TIRCIS, il faut penser à faire la retraite;
La course de nos jours est plus qu’à demi faite;
L’âge insensiblement nous conduit à la mort:
Nous avons assez vu sur la mer de ce monde
Errer au gré des flots notre nef vagabonde;
II est temps de jouir des délices du port.
Le bien de la fortune est un bien périssable;
Quand on bâtit sur elle, on bâtit sur le sable;
Plus on est élevé, plus on court de dangers;
Les grands pins sont en butte aux coups de la tempête,
Et la rage des vents brise plutôt le faîte
Des maisons de nos rois que les toits des bergers.
O bienheureux celui qui peut de sa mémoire
Effacer pour jamais ce vain espoir de gloire,
Dont l’inutile soin traverse nos plaisirs;
Et qui, loin retiré de la foule importune,
Vivant dans sa maison, content de sa fortune,
A, selon son pouvoir, mesuré ses désirs!
Il laboure le champ que labourait son père;
Il ne s’informe point de ce qu’on délibère
Dans ces graves conseils d’affaires accablés;
Il voit sans intérêt la mer grosse d’orages,
Et n’observe des vents les sinistres présages,
Que pour le soin qu’il a du salut de ses blés.
Roi de ses passions, il a ce qu’il désire.
Son fertile domaine est son petit empire,
Sa cabane est son Louvre et son Fontainebleau;
Ses champs et ses jardins sont autant de provinces,
Et sans porter envie à la pompe des princes
Se contente chez lui de les voir en tableau.
Il voit de toutes parts combler d’heur sa famille,
La javelle à plein poing tomber sous sa faucille,
Le vendangeur ployer sous le faix des paniers;
Et semble qu’à l’envi les fertiles montagnes,
Les humides vallons, et les grasses campagnes
S’efforcent à remplir sa cave et ses greniers.
Il suit aucune fois un cerf par les foulées,
Dans ces vieilles forêts du peuple reculées,
Et qui même du jour ignorent le flambeau;
Aucune fois des chiens il suit les voix confuses,
Et voit enfin le lièvre, après toutes ses ruses,
Du lieu de sa naissance en faire son tombeau.
Tantôt il se promène au long de ses fontaines,
De qui les petits flots font luire dans les plaines
L’argent de leurs ruisseaux parmi l’or des moissons;
Tantôt il se repose, avecque les bergères,
Sur des lits naturels de mousse et de fougères,
Qui n’ont d’autres rideaux que l’ombre des buissons.
Il soupire en repos l’ennui de sa vieillesse,
Dans ce même foyer où sa tendre jeunesse
A vu dans le berceau ses bras emmaillotés;
Il tient par les moissons registre des années,
Et voit de temps en temps leurs courses enchaînées
Vieillir avecque lui les bois qu’il a plantés.
Il ne va point fouiller aux terres inconnues,
A la merci des vents et des ondes chenues,
Ce que nature avare a caché de trésors;
Et ne recherche point, pour honorer sa vie
De plus illustre mort, ni plus digne d’envie,
Que de mourir au lit où ses pères sont morts.
Il contemple, du port, les insolentes rages
Des vents de la faveur, auteurs de nos orages,
Allumer des mutins les desseins factieux;
Et voit en un clin d’œil, par un contraire échange,
L’un déchiré du peuple au milieu de la fange
Et l’autre à même temps élevé dans les cieux.
S’il ne possède point ces maisons magnifiques,
Ces tours, ces chapiteaux, ces superbes portiques
Où la magnificence étale ses attraits,
Il jouit des beautés qu’ont les saisons nouvelles;
Il voit de la verdure et des fleurs naturelles,
Qu’en ces riches lambris l’on ne voit qu’en portraits.
Crois-moi, retirons-nous hors de la multitude,
Et vivons désormais loin de la servitude
De ces palais dorés où tout le monde accourt:
Sous un chêne élevé les arbrisseaux s’ennuient,
Et devant le soleil tous les astres s’enfuient,
De peur d’être obligés de lui faire la cour.
Après qu’on a suivi sans aucune assurance
Cette vaine faveur qui nous paît d’espérance,
L’envie en un moment tous nos desseins détruit;
Ce n’est qu’une fumée; il n’est rien de si frêle;
Sa plus belle moisson est sujette à la grêle,
Et souvent elle n’a que des fleurs pour du fruit.
Agréables déserts, séjour de l’innocence,
Où loin des vanités, de la magnificence,
Commence mon repos et finit mon tourment,
Vallons, fleuves, rochers, plaisante solitude,
Si vous fûtes témoins de mon inquiétude,
Soyez-le désormais de mon contentement!
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cetace a écrit :1618 ! :blondblush1: Surprenant , ça évoque plutôt le 19ème siècle !
Je ne connaissais pas!
Surprenant n'est pas? Je vais faire un tour chez le bouquiniste demain :paysan:
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A coup sur en Provence, peut être plus quailleurs,
Lautomne étant venu, et ce chaque matin,
Plaines, vallons et bois sont parcourus sans fin
Par des meutes formées de chiens et de chasseurs.
Depuis que Cro-Magnon, un natif dEspigoule,
A compris quil pourrait avec la farigoule,
Donner un nouveau goût aux repas quotidiens,
Il choisit de traquer, lièvres, perdreaux, lapins.
Pour ce faire il fallait de limagination,
Quant à prendre un gibier plus rapide que lui.
Du silex à la flèche, il passa au fusil,
Qui transforme la chasse, mais cest lévolution.
Aujourdhui Ecolos, Elus européens,
Votent textes sur textes pour sa disparition.
Ils méprisent cet acte de la Révolution,
Qui accorda ce droit à chaque Citoyen.
Suggérons aux nemrods un peu de discipline,
Relative à la faune, à leurs prélèvements.
Nous devons préserver pour nos petits enfants,
Les souches qui encore vivent dans nos collines.
Dans cet esprit, la chasse doit rester « passe temps « .
En tirer trop profit donne raison aux « verts ».
Les us et les coutumes ont aussi leurs revers ;
Sachons les adapter à lenvironnement.
Puisse donc Saint Hubert, notre très cher Patron,
Constatant nos erreurs, accorder notre pardon.
Et que la croix dressée entre les bois du Cerf,
Protège pour toujours cet acquis de nos Pairs.
Allant à la pêche à la grenouille
je me suis retrouver avec de l'eau jusqu'aux
genoux
Je trouve ta poésie vaseuse Chichi :D
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Le loriot entra dans la capitale de l'aube
L'épée de son chant ferma le lit triste.
Tout à jamais prit fin.
Post-Scriptum
Ecartez-vous de moi qui suis patiente sans bouche;
A vos pieds je suis né, mais vous m'avez perdu;
Mes feux ont trop précisé leur royaume;
Mon trésor a coulé contre votre billot.
Le désert comme asile au seul tison suave
Jamais ne m'a nommé, jamais ne m'a rendu.
Ecartez-vous de moi qui patiente sans bouche:
Le trèfle de la passion est de fer dans ma main.
Dans la stupeur de l'air où s'ouvrent mes allées,
Le temps émondera peu à peu mon visage,
Comme un cheval sans fin dans un labour aigri.
Sur la nappe d'un étang glacé
Je t'aime,
Hiver aux graine belliqueuses.
Maintenant ton image luit
Là où son coeur s'est penché.
Un oiseau...
Un oiseau chante sur un fil
Cette vie simple, à fleur de terre.
Notre enfer s'en réjouit.
Puis le vent commence à souffrir
Et les étoiles s'en avisent.
Ô folles, de parcourir
Tant de fatalité profonde !
Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l'impossible.
Pourtant.
Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. A quand la récolte de l'abîme? Mais tu as crevé les yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...
Qu'est-ce qui t'a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
La jeunesse n'est pas une periode de la vie,
elle est un etat d'esprit, un effet de la volonte,
une qualite de l'imagination, une intensite emotive,
une victoire du courage sur la timidite,
du gout de l'aventure sur l'amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vecu un certain nombre d'annees :
on devient vieux parce qu'on a deserte son ideal.
Les annees rident la peau ; renoncer a son ideal ride l'ame.
Les preoccupations, les doutes, les craintes et les desespoirs sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre et devenir poussiere avant la mort.
Jeune est celui qui s'etonne et s'emerveille.
Il demande comme l'enfant insatiable :
Et apres ? Il defie les evenements et trouve de la joie au jeu de la vie.
Vous etes aussi jeune que votre foi.
Aussi vieux que votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-meme.
Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez receptif.
Receptif a ce qui est beau, bon et grand.
Receptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini.
Si un jour, votre coeur allait etre mordu par le pessimisme et ronge par le cynisme,
puisse Dieu avoir pitie de votre ame de vieillard.
12-05-2006, 02:01 (Modification du message : 12-05-2006, 02:03 par bedo.)
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
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Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant