24-02-2011, 16:42
(24-02-2011, 14:20)Nil Sanyas a écrit : Je suis plutôt d'accord avec toi hermeister, cependant, concernant les votes, en tout cas au premier tour (car franchement les résultats du second tour, je ne peux dire qui a gagné et perdu...), c'était particulièrement serré non, avec une nette domination de Gbagbo au sud et au nord-est (sauf deux ou trois zones) et une tout aussi nette domination de Ouattara au nord.
A moins bien sûr que les dés étaient pipés dès le premier tour, ce qui n'est pas impossible...
A ton avis, le président sénégalais a un rôle direct dans cette affaire ? (cf la rencontre Ouattara/Wade)
Bon je vais essayer de faire court car beaucoup plaignent de la longueur.
1/ au premier tour y'a un écart de 6 points entre le premier Gbagbo qui est à 38% et Ouattara qui lui est à 32% soit 400 000 voix, en ayant un taux de participation de 83% sur une population électorale de 5 000 000 et environ 3 à 4 % de bulletins nuls, donc il est difficile de parler de score tenu sachant qu'ils étaient plus d'une dizaine sur la ligne de départ.
Gbagbo remporte des régions dans l'ensemble du territoire, au nord est, à l'ouest, centre ouest, et au sud, alors que son adversaire doit sa présence au second tour par les scores soviétiques, environ 88%, qu'il réalise dans les seules régions du nord et nord ouest (endroit qui correspond à sa zone communautaire et sous occupation de ses amis les "héros et les robins des bois"), dans le reste du pays Ouattara limite la casse grâce au "dioulabougou" et à Abidjan grâce à "Adjamé et Abobo" peuplés en grande partie de gens venant du nord dans l'ensemble le vote ethnique a bien fonctionné pour lui, car sociologiquement les gens du nord sont sur tout le territoire.
Quant à Gbagbo là où il fait ses gros scores sont dans les régions du sud est du pays là dans ces régions se trouvent à la fois sa base électorale (notamment l'agneby 72%) et des prises des anciens bastions du parti unique le PDCI RDA.
Contrairement à ce que certains pseudos experts de F24 et Itélé ont vendus Gbagbo est issue du centre ouest et dans la région du Fromager, sa région natale, il n'arrive en tête qu'avec 56% loin des 88% des voix de Ouattara et Bédié dans leur région natale, d'ailleurs il a même perdu la plus grande ville de sa région natale.
Et puis je te passe les départements annulés et ceux de la diaspora française annulés sous des pseudos prétextes par la Commission électorale qui lui font perdre 1 ou 2 points, donc le premier tour n'était pas si serré.
D'ailleurs toutes les projections faites nécessitaient qu'au deuxième tour pour refaire son retard M. Ouattara devait compter sur un taux de participation identique et un report de + de 2/3 des voix du PDCI RDA, autant ce dernier point a fonctionné très bien dans les bastions PDCI du centre et du sud Ouest autant la première condition est tout le nœud du problème pour désigner le vainqueur, noeud qui a été démêlé de la manière requise par le Conseil Constitutionnel.
2/ Donc nous voila pour le deuxième tour, la question ici est de savoir d'où sort les dix points d'écart entre le taux de participation officielle annoncé 24H00 après la fermeture du scrutin par la commission électorale à savoir environ 70% et le taux de participation constaté quand le sieur Bakayoko a annoncé ses résultats avec un taux de participation qui frôle les 81 % et cela sans inclure les bulletins nuls. Par conséquent en incluant les bulletins on se retrouverait avec un taux identique au premier tour, alors que tous les observateurs et même les partis étaient unanimes le soir du scrutin pour annoncer une baisse significative de la participation et que si l'on atteignait les 70% ce serait très bien. Et là entre le 29 novembre et le 2 décembre alors que le scrutin est clos depuis le 28 novembre, on gagne 10 points ce qui correspond à 600 000 voix soit l'écart que nous constatons entre les deux candidats sur les résultats donnés par Bakayoko. Voila je m'arrête ici, car depuis la question a été résolu par la juridiction compétente et avec les règles de droit en vigueur dans ce pays, et je pense que c'est ce dernier point qui plait pas à Sarkozy et Obama, eux ils préfèrent féliciter un président comme Compaoré, au pouvoir depuis 23 ans et réélu à plus de 80% des voix avec son conseil constitutionnel qui a annulé plus d'un 1/4 des bulletins, et une diaspora de plus de 7 millions rien qu'en côte d'ivoire qui n'a pas son mot à dire.
3/ Wade après avoir été longtemps une des grandes figures de proue de l'opposition en Afrique occidentale, est devenu depuis son accession au pouvoir un des derniers gardiens de la françafrique, ponctué de temps à autre de bouffés panafricanisme.
Ouattara et lui sont du même courant libéral, ce sont les Alain Madelin des tropiques, et ont leurs partis respectifs qui sont membres de l'équivalent libéral de l'international socialiste, première chose qui les rapprochent, mais c'est surtout la rébellion qui les rapprochent Wade a eu un rôle très important dans le soutien aux héros et robin et de bois, il est celui qui offrit des passeports diplomatique aux rebelles ivoiriens pour pouvoir voyager librement et a recyclé l'argent des casses de ces derniers de la BCEAO de Bouaké dans la succursale Sénégalaise de Dakar. Il est également un des plus gros financiers de la dernière campagne de Ouattara.
Avec Gbagbo, ces rapports sont tendus depuis que celui-ci n'a pas accepté de le soutenir pour son projet de NEPAD, que sur la question de la nomination du gouverneur de la BCEAO que voulait récupérer Dakar on lui a rappelé une règle non écrite qui veut que le plus gros contributeur soit celui qui nomme à la présidence, mais Wade obtint, tout de même, pour le Sénégal la présidence de la BRVM situé à Abidjan, donc les deux hommes s'affrontent sur la scène du leadership sous régionale et de contrôle de ses institutions, et Wade a sans doute pensé qu'une rébellion affaiblissant Gbagbo lui été bénéfique.