30-08-2004, 00:09
Merci Messieurs...Et pourtant, je suis en retard! je m'étais promis pour le 10 Août de clarifier une situation qui nous porte préjudice depuis...le 25 Decembre 1793...Alors, Noël ou St Laurent Pythéas ?...Lisez donc, c'est votre histoire...La vraie!
Tout commence par la fin...
Ce fut un méchant cadeau de Noël que firent à Marseille, le 25 décembre 1793, Barras, Fréron, Salicetti et Ricord, représentants de la Convention pour les départements du Midi.
Qu'une ville soit débaptisée, passe encore, cela c'est vu maintes fois, Toulon, qui a pactisé avec l'ennemi anglais, est rebaptisée Port-la-Montagne. Mais au moins on lui laisse un nom!
Qu'a-t-elle fait, cette ville, qu'on a vu jusqu'ici fer de lance de la Révolution, pour mériter pareil châtiment ?
Durant l'été 1792 on a pendu "à la lanterne", à tour de bras, des gens qui n'étaient pas des aristocrates, mais des boutiquiers, des pêcheurs, des vieux prêtres, notamment là où ils étaient le plus facile à cueillir et surtout, là où ils avaient le moins d’argent pour négocier…leur pseudo culpabilité…La terreur aussi, se nourrissait de corruption…
Les "pendeurs" ainsi qu'on les appelait, étaient une bande de voyous menées par les frères Savon. Ces horreurs effrayaient le peuple de Marseille, qui voit la "gauche" révolutionnaire (La Montagne) déborder les Girondins, vers qui va sa préférence.
Et puis Marseille tremble pour ses intérêts. La Convention a placé le grand port en position de blocus, en déclarant la guerre à l'Angleterre.
En 1792, le port accueilli 3.000 navires de grand commerce, en 1793, trois cents seulement ont touché les rives du Lacydon. Alors se dessine une sorte de contre-révolution.
Les conservateurs forment un comité. Ils font arrêter Jean Savon et chassent les représentants de la Convention. Ils font exécuter Jean Savon, et les plus excités des membres du Club des Jacobins. Les sections de la ville s'opposent aux clubs et défendent la fédération girondine contre le jacobinisme centralisateur. A Paris, les Jacobins ont été arrêtés... Marseille entre en insurrection.
Mais lorsque la Convention du 2 juin 1793 exclut les chefs de la Gironde, Marseille rejette l'autorité de l'Assemblée et lève une armée insurrectionnelle qui s'empare d'Avignon favorable aux Jacobins. Vaincue par les troupes de Cartaux, elle est envahie le 25 août. Ce seront dix mois de terreur.
La guillotine fonctionne en permanence sur la Canebière, cela se traduit par 251 exécutions en quatre mois. Le représentant de la Convention, le fameux Fréron, débaptise Marseille, qui devient la "ville sans nom".Il fait détruire une dizaine d'édifices coupables selon lui d'avoir abrité les sections contre-révolutionnaires, telle l'église des Accoules dont seul subsiste le clocher.
Il élimine les Jacobins locaux au profit de cadres venus de Paris. Il pense la ville "incurable à jamais, à moins d'une déportation de tous les habitants". La ville retrouvera son nom le 22 février 1794. La chute de Robespierre y déclenche une réaction contre-révolutionnaire extrêmement sanglante.
Le 10 mai, des sabreurs marseillais vont jusqu'à Aix massacrer leurs compatriotes jacobins emprisonnés. Le 15 juin, ils en tuent 107 autres enfermés au fort Saint-Jean. Partout l'insécurité règne.
En 1797 encore, Paris (NDR le pouvoir central et pas le peuple...qui est resté très impressionné, par des événements antérieurs...que je vous raconte ci-dessous ) dénonce en Marseille "une des villes qui offrent le spectacle le plus scandaleux de l'insoumission aux lois" et lui reproche son "ardent amour" pour l'Ancien Régime....Période troublée que nous n'aimerions pas revivre...Toutes les villes de France y compris ( et surtout ) Paris ( par le génie militaire de Bonaparte ) ont eu a souffrir de terribles exactions...Mais ville sans nom, pourquoi ?
Laissez-vous captiver par la jolie plume d’une lettrée Parisienne, Rosalie Jullien, c’est fille d'un commerçant de Pontoise. Elle a une connaissance approfondie de la langue française, de la littérature, du latin, de l'italien et de l'anglais. Elle correspond souvent avec son mari Marc-Antoine…Pour notre (mon, dois-je dire) plus grand bonheur…D’autant qu’elle est le témoin privilégié…d’un certain 10 Août 1792
Vendredi 10 août, 4ème de la liberté, à neuf heures du soir
Jour de sang, jour de carnage, et pourtant jour de victoire qui est arrosé de nos larmes. Ecoutez et frémissez. La nuit s’était passée sans événements ; la grande question agitée devait attirer beaucoup de monde et, disait-on, les faubourgs. C’est pourquoi on avait rempli les Tuileries de gardes nationaux. L’Assemblée aussi avait une triple garde.
Le Roi, le matin, avait fait, au pont tournant, la revue des Suisses, vers les six heures ; à huit heures il fut à l’Assemblée Nationale. Les Marseillais venaient se joindre aux gardes parisiennes, fraternellement. On entendait des cris de : « Vive le Roi, au F... la nation », couverts par mille cris de : « Vive la Nation ». Tout à coup toutes les fenêtres du château sont garnies de Suisses. De tous les côtés, et tout à coup, ils font une décharge à balles sur la garde nationale. Les portes du château s’ouvrent hérissées de canons et lâchent une bordée sur le peuple. Les Suisses s’appellent. La garde nationale avait à peine de quoi tirer deux coups ; elle est criblée, le peuple fuit, puis la rage, le désespoir, rallient tout. Les Marseillais sont autant de héros qui font des prodiges de valeur. On force le château, la justice du ciel applaudit toutes les voies, et les Suisses expient, par tous les genres de mort, la basse trahison dont ils sont les instruments. Toute la famille royale sanguinaire s’était réfugiée dans le Sénat ; dans un moment favorable, on les fait mettre dans la tribune du logographe où ils sont encore. Il n’y a eu aucuns journaux, je n’ai pas entendu dire un mot de l’Assemblée, et chose inouïe, elle a peut-être été plus calme aujourd’hui qu’aucun jour de son existence. C’était aujourd’hui, mémorable 10 août, que la contre-révolution éclatait à Paris. Toujours insensés, ils croyaient que la corruption des chefs d’une partie de la garde nationale soutenue des royalistes avec des Suisses fameux et tous les valets des Tuileries feraient bonne contenance et étourdiraient les sans-culottes sans armes. Ils sont confondus. La fortune se déclare, et en moins de deux heures, le Louvre est investi et la victoire certaine. Le tocsin, la générale, mille cris funèbres : Aux armes, aux armes (NDR…Ce cri est décidément le nôtre !), retentissaient dans tout Paris. Les boutiques se ferment les femmes et les enfants se cachent.
Rien ne peut peindre la consternation et le désespoir où nous étions. La Commune a fait des chefs- d’½uvre dont je ne puis donner les détails. Purgée tout à coup de son venin aristocratique, elle s’est organisée de nouveau indépendante de son département. Elle a donné des armes, des munitions, secondé l’ardeur des citoyens que la trahison a si parfaitement réunis. Que cavalerie, grenadiers, chasseurs, sans-culottes sont frères et servent tous dans le même sens, la chose publique. Les piques et les baïonnette ont fait d’aujourd’hui l’alliance la plus sincère et la plus auguste.
Tous les officiers vont être cassés ce soir, et Santerre est, depuis midi, Commandant général de la Garde Nationale, Manuel et Danton, chargés du civil. Pétion est plein de vie, mais frémissez : Le Roi l’avait mandé hier, à minuit, à 5 heures du matin il n’en était pas sorti. La Commune inquiète vole au Sénat, et obtient un décret pour réclamer, au château, le magistrat du peuple : Il en sort escorté des braves Bretons. Il est conduit à la maison commune où Manuel lui fait les plus graves reproches pour s’être laissé retenir loin de son poste et il le consigne chez lui par le v½u de la Commune, sous la garde des courageux Bretons. On dit que c’est pour garantir ses jours précieux et le mettre à l’abri de la responsabilité ; enfin, il a passé la journée renfermé. On prétend que sa tête aurait sauté sur le peuple à la première décharge des Suisses.
Le peuple a tout brisé dans le château, il a foulé aux pieds toute la pompe des rois, les richesses les plus précieuses ont volé par les fenêtres ; le feu a été mis aux quatre coins de la caserne des Suisses et ils ont juré de raser le château. Il y a eu des têtes coupées, des fureurs populaires dont la grossièreté fait plus d’horreurs aux gens irréfléchis que la scélératesse civilisée des rois qui font périr des générations entières par la caprice d’une maîtresse ou le bon plaisir d’un intrigant Peuple français, tu as vaincu, dans Paris, l’Autriche et la Prusse. Ce jour que deux ou trois aristocrates que j’ai vus dans leur cave m’ont dit être celui qui allait les faire voler à Paris, les en recule de dix mille lieues. Ils disent aussi que c’est le signal d’une guerre civile et j’ai dans l’idée que nous en avons éteint, aujourd’hui, le flambeau.
Louis XVI est déchu par le fait, il a armé des satellites contre son peuple, il a fait plus, il l’a fait canarder. Lisez la constitution. La Commune s’est fait apporter toutes les lettres d’un courrier qui arrivait.
On prétend qu’il y en à 32 de M. Lafayette qui annoncent qu’il vole à Paris sans son armée comptant sur [NDR....barré, illisible]
Ce qu’il y a de frappant, c’est qu’à midi, la funeste guerre était finie et que la sécurité, non la sérénité, était rétablie. Toutes les femmes ont couvert les rues en pleurant et se lamentant parce que chacune était dans l’attente et la crainte d’une perte cruelle. Beaucoup de troupes sont revenues, sur les 7 heures, avec des trophées d’armes, des lambeaux au bout de leur baïonnette, des dépouilles suisses, etc., etc. Marion a été jusque dans la cour du Carrousel où elle a vu 4 morts qu’on enlevait, reste de peut être plusieurs mille. On n’a pas encore fait ce funeste dénombrement. Elle m’a rapporté que les rues étaient pleines de femmes. Jamais elle n’a vu plus de monde. J’ai couru aussi tout l’après-midi avec Auguste mais nous avons borné nos courses à la mairie et au palais ; il fallait fendre la presse partout et cela m’a empêchée d’aller plus loin. J’ai envoyé chez la bonne Canat qui fondait en larmes. J’ai recueilli, par le chemin, des détails confirmés par cent témoins sur la décharge des Suisses qui a été si traîtresse et si inattendue qu’elle a tout à fait réveillé le lion et réuni tous les partis ; elle n’a nullement été provoquée et tout Paris attestera cette vérité.
Je coucherai, cette nuit, ma porte ouverte, tandis que tous les propriétaires de la capitale ont mis double serrure à leur porte dans l’attente des brigands. C’est là leur cheval de bataille et il y a des gens qui seront fort étonnés de vivre demain parce que la canaille qui n’est pas arrêtée par la loi doit fondre ce soir sur eux et leur trésor. Paris est illuminé, et les patrouilles se font comme en 89. Le calme le plus profond règne là et la surveillance est si active qu’on peut dormir en repos.
On a crié le journal du soir à onze heures ; je n’ai pu l’avoir. Je suis levée jusque hier minuit et je me sens l’âme usée et languissante par toutes les vives émotions que j’ai éprouvées depuis vingt quatre heures.
Il est minuit, et le tambour m’a fait relever. C’est un décret de l’Assemblée nationale en 15 ou 20 articles que l’on proclame dans les rues. Il a été lu à la porte de la place, rue St Jacques ; je n’en ai entendu que des mots, mais aux vifs applaudissements qu’il [suscita], je juge de sa bonté. Votre frère m’a apporté ici tout son argent parce qu’il redoute les brigands qui commettent tant d’horreurs. Braves Marseillais, vous avez la gloire de faire la France libre. Ces martyrs de la liberté ont péri les premiers parce qu’ils étaient en première ligne, il en reste grâce au ciel !
Rosalie JULLIEN
Mais Alors...qui sont ces Marseillais si braves ????
Sans rire, quel est le Marseillais qui ne s’est pas bouché le nez…en parlant de la rue Thubaneaud ?…Je me souviens même lorsque la France était encore dans l’Otan, avant que De Gaulle ne l’en sorte, un de ces mataf Américain faisant escale…demandant où se trouvait cette rue étroite au quidam Marseillais, qui mine embarrassée, faisait semblant de ne pas comprendre...et qui le dirigeait vers l’Opéra.
Et pourtant, c’est là, dans cette rue réputée infâme, que naquit à coup sur, le chant guerrier le plus connu de tous les temps…Sachez, pour la petite histoire (ou la grande, qui sait ?) que les Bolcheviques renversèrent le Tsar non pas au rythme de l’Internationale ( aussi Française d’ailleurs) mais bel et bien de la MARSEILLAISE !!!
C'est dans la rue Thubaneau, le 21 juin 1792 - une plaque le rappelle - que "La Marseillaise" prit son envol, entonnée par la voix d'un Montpelliérain :
Etienne-François Mireur, délégué du Club des Jacobins, qui fit entendre à ses collègues marseillais rassemblés pour un banquet fraternel, un chant inconnu, "Le chant de marche des armées aux frontières", composé par un officier de Franche-conté, Rouget de l'Isle, dont le refrain disait :
"Allez enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé" et qui les exhortait : "formez vos bataillons!".
Justement, les Marseillais sont en train de le former leur bataillon, à l'appel de l'avocat Charles Barbaroux.
La situation est grave en ce mois de juin 1792. L'ennemi est aux frontières, la Révolution est menacée de l'extérieur comme de l'intérieur. L'Assemblée, inquiète, a demandé que dans toutes les villes, soient formés des bataillons de fédérés pour défendre la patrie.
On va trouver cinq cent seize hommes pour former ce bataillon. Les sections d'artisans, de commerçants, de marins, sont à l'avant garde de la Révolution. Elles estiment que Paris agit trop mollement.
Dès le lendemain du "banquet fraternel", où Mireur a chanté la future Marseillaise, le journal des Départements Méridionaux publie les paroles.
Le chant devient en quelques heures extrêmement populaire. On le chante partout dans les rues. Les volontaires du Bataillon des Fédérés marseillais formé le 28 juin 1792, auquel se joindra celui de Montpellier, va mettre 27 jours pour gagner la capitale à pieds.
Le 2 juillet, par un beau soir d'été, le Bataillon, drapeau tricolore déployé, se rassemble sur les Cours et suivi par une foule immense prend la direction de la Porte d'Aix avec, aux lèvres, l'hymne nouveau.
De ville en ville, de village en village, les Marseillais propagent "le chant de guerre des armées aux frontières", dont ils distribuent les paroles.
Ils arrivent à Charenton, où les accueillent Barbaroux, Rebecqui et Pierre Baille, les déléguées de Marseille.
Déjà des libelles royalistes insultent les arrivants :
"Tout ce que Marseille a pu fournir de plus crapuleux". Qu'importe!
Le 30 juillet, les Fédérés marseillais, débouchent sur la place de la Bastille acclamés par le peuple parisiens, qui reprend à son tour les paroles de ce que l'on commence à appeler "Le chant des Marseillais".
Le 2 août, le Bataillon conquiert son premier titre de gloire.
Le 10 août, le Bataillon joue un rôle essentiel dans la prise des Tuileries.
Dix-neuf fédérés sont tués, leurs noms figurent sur une plaque commémorative dans la salle du Conseil de l'Hôtel de Ville.
A Paris les fédérés marseillais en tête des assaillants donnent l'assaut aux Tuileries. Les Suisses retranchés ouvrent le feu sur les émeutiers.
Le 20 octobre de retour à Marseille, les héros, sont accueillis par une ville en délire.
On entonnera "Le chant des Marseillais" à Jemmapes où Dumouriez aurait dit à ses troupes découragées : "Chantez le chant des Marseillais!" De là à l'appeler "La Marseillaise", il n'y avait qu'un pas. Le chant devint hymne national sous le nom de "La Marseillaise" le 14 juillet 1795.
Mais il faudra attendre le 14 février 1879, pour que "La Marseillaise" devienne l'hymne de la France républicaine.
Tout commence par la fin...
Ce fut un méchant cadeau de Noël que firent à Marseille, le 25 décembre 1793, Barras, Fréron, Salicetti et Ricord, représentants de la Convention pour les départements du Midi.
Qu'une ville soit débaptisée, passe encore, cela c'est vu maintes fois, Toulon, qui a pactisé avec l'ennemi anglais, est rebaptisée Port-la-Montagne. Mais au moins on lui laisse un nom!
Qu'a-t-elle fait, cette ville, qu'on a vu jusqu'ici fer de lance de la Révolution, pour mériter pareil châtiment ?
Durant l'été 1792 on a pendu "à la lanterne", à tour de bras, des gens qui n'étaient pas des aristocrates, mais des boutiquiers, des pêcheurs, des vieux prêtres, notamment là où ils étaient le plus facile à cueillir et surtout, là où ils avaient le moins d’argent pour négocier…leur pseudo culpabilité…La terreur aussi, se nourrissait de corruption…
Les "pendeurs" ainsi qu'on les appelait, étaient une bande de voyous menées par les frères Savon. Ces horreurs effrayaient le peuple de Marseille, qui voit la "gauche" révolutionnaire (La Montagne) déborder les Girondins, vers qui va sa préférence.
Et puis Marseille tremble pour ses intérêts. La Convention a placé le grand port en position de blocus, en déclarant la guerre à l'Angleterre.
En 1792, le port accueilli 3.000 navires de grand commerce, en 1793, trois cents seulement ont touché les rives du Lacydon. Alors se dessine une sorte de contre-révolution.
Les conservateurs forment un comité. Ils font arrêter Jean Savon et chassent les représentants de la Convention. Ils font exécuter Jean Savon, et les plus excités des membres du Club des Jacobins. Les sections de la ville s'opposent aux clubs et défendent la fédération girondine contre le jacobinisme centralisateur. A Paris, les Jacobins ont été arrêtés... Marseille entre en insurrection.
Mais lorsque la Convention du 2 juin 1793 exclut les chefs de la Gironde, Marseille rejette l'autorité de l'Assemblée et lève une armée insurrectionnelle qui s'empare d'Avignon favorable aux Jacobins. Vaincue par les troupes de Cartaux, elle est envahie le 25 août. Ce seront dix mois de terreur.
La guillotine fonctionne en permanence sur la Canebière, cela se traduit par 251 exécutions en quatre mois. Le représentant de la Convention, le fameux Fréron, débaptise Marseille, qui devient la "ville sans nom".Il fait détruire une dizaine d'édifices coupables selon lui d'avoir abrité les sections contre-révolutionnaires, telle l'église des Accoules dont seul subsiste le clocher.
Il élimine les Jacobins locaux au profit de cadres venus de Paris. Il pense la ville "incurable à jamais, à moins d'une déportation de tous les habitants". La ville retrouvera son nom le 22 février 1794. La chute de Robespierre y déclenche une réaction contre-révolutionnaire extrêmement sanglante.
Le 10 mai, des sabreurs marseillais vont jusqu'à Aix massacrer leurs compatriotes jacobins emprisonnés. Le 15 juin, ils en tuent 107 autres enfermés au fort Saint-Jean. Partout l'insécurité règne.
En 1797 encore, Paris (NDR le pouvoir central et pas le peuple...qui est resté très impressionné, par des événements antérieurs...que je vous raconte ci-dessous ) dénonce en Marseille "une des villes qui offrent le spectacle le plus scandaleux de l'insoumission aux lois" et lui reproche son "ardent amour" pour l'Ancien Régime....Période troublée que nous n'aimerions pas revivre...Toutes les villes de France y compris ( et surtout ) Paris ( par le génie militaire de Bonaparte ) ont eu a souffrir de terribles exactions...Mais ville sans nom, pourquoi ?
Laissez-vous captiver par la jolie plume d’une lettrée Parisienne, Rosalie Jullien, c’est fille d'un commerçant de Pontoise. Elle a une connaissance approfondie de la langue française, de la littérature, du latin, de l'italien et de l'anglais. Elle correspond souvent avec son mari Marc-Antoine…Pour notre (mon, dois-je dire) plus grand bonheur…D’autant qu’elle est le témoin privilégié…d’un certain 10 Août 1792
Vendredi 10 août, 4ème de la liberté, à neuf heures du soir
Jour de sang, jour de carnage, et pourtant jour de victoire qui est arrosé de nos larmes. Ecoutez et frémissez. La nuit s’était passée sans événements ; la grande question agitée devait attirer beaucoup de monde et, disait-on, les faubourgs. C’est pourquoi on avait rempli les Tuileries de gardes nationaux. L’Assemblée aussi avait une triple garde.
Le Roi, le matin, avait fait, au pont tournant, la revue des Suisses, vers les six heures ; à huit heures il fut à l’Assemblée Nationale. Les Marseillais venaient se joindre aux gardes parisiennes, fraternellement. On entendait des cris de : « Vive le Roi, au F... la nation », couverts par mille cris de : « Vive la Nation ». Tout à coup toutes les fenêtres du château sont garnies de Suisses. De tous les côtés, et tout à coup, ils font une décharge à balles sur la garde nationale. Les portes du château s’ouvrent hérissées de canons et lâchent une bordée sur le peuple. Les Suisses s’appellent. La garde nationale avait à peine de quoi tirer deux coups ; elle est criblée, le peuple fuit, puis la rage, le désespoir, rallient tout. Les Marseillais sont autant de héros qui font des prodiges de valeur. On force le château, la justice du ciel applaudit toutes les voies, et les Suisses expient, par tous les genres de mort, la basse trahison dont ils sont les instruments. Toute la famille royale sanguinaire s’était réfugiée dans le Sénat ; dans un moment favorable, on les fait mettre dans la tribune du logographe où ils sont encore. Il n’y a eu aucuns journaux, je n’ai pas entendu dire un mot de l’Assemblée, et chose inouïe, elle a peut-être été plus calme aujourd’hui qu’aucun jour de son existence. C’était aujourd’hui, mémorable 10 août, que la contre-révolution éclatait à Paris. Toujours insensés, ils croyaient que la corruption des chefs d’une partie de la garde nationale soutenue des royalistes avec des Suisses fameux et tous les valets des Tuileries feraient bonne contenance et étourdiraient les sans-culottes sans armes. Ils sont confondus. La fortune se déclare, et en moins de deux heures, le Louvre est investi et la victoire certaine. Le tocsin, la générale, mille cris funèbres : Aux armes, aux armes (NDR…Ce cri est décidément le nôtre !), retentissaient dans tout Paris. Les boutiques se ferment les femmes et les enfants se cachent.
Rien ne peut peindre la consternation et le désespoir où nous étions. La Commune a fait des chefs- d’½uvre dont je ne puis donner les détails. Purgée tout à coup de son venin aristocratique, elle s’est organisée de nouveau indépendante de son département. Elle a donné des armes, des munitions, secondé l’ardeur des citoyens que la trahison a si parfaitement réunis. Que cavalerie, grenadiers, chasseurs, sans-culottes sont frères et servent tous dans le même sens, la chose publique. Les piques et les baïonnette ont fait d’aujourd’hui l’alliance la plus sincère et la plus auguste.
Tous les officiers vont être cassés ce soir, et Santerre est, depuis midi, Commandant général de la Garde Nationale, Manuel et Danton, chargés du civil. Pétion est plein de vie, mais frémissez : Le Roi l’avait mandé hier, à minuit, à 5 heures du matin il n’en était pas sorti. La Commune inquiète vole au Sénat, et obtient un décret pour réclamer, au château, le magistrat du peuple : Il en sort escorté des braves Bretons. Il est conduit à la maison commune où Manuel lui fait les plus graves reproches pour s’être laissé retenir loin de son poste et il le consigne chez lui par le v½u de la Commune, sous la garde des courageux Bretons. On dit que c’est pour garantir ses jours précieux et le mettre à l’abri de la responsabilité ; enfin, il a passé la journée renfermé. On prétend que sa tête aurait sauté sur le peuple à la première décharge des Suisses.
Le peuple a tout brisé dans le château, il a foulé aux pieds toute la pompe des rois, les richesses les plus précieuses ont volé par les fenêtres ; le feu a été mis aux quatre coins de la caserne des Suisses et ils ont juré de raser le château. Il y a eu des têtes coupées, des fureurs populaires dont la grossièreté fait plus d’horreurs aux gens irréfléchis que la scélératesse civilisée des rois qui font périr des générations entières par la caprice d’une maîtresse ou le bon plaisir d’un intrigant Peuple français, tu as vaincu, dans Paris, l’Autriche et la Prusse. Ce jour que deux ou trois aristocrates que j’ai vus dans leur cave m’ont dit être celui qui allait les faire voler à Paris, les en recule de dix mille lieues. Ils disent aussi que c’est le signal d’une guerre civile et j’ai dans l’idée que nous en avons éteint, aujourd’hui, le flambeau.
Louis XVI est déchu par le fait, il a armé des satellites contre son peuple, il a fait plus, il l’a fait canarder. Lisez la constitution. La Commune s’est fait apporter toutes les lettres d’un courrier qui arrivait.
On prétend qu’il y en à 32 de M. Lafayette qui annoncent qu’il vole à Paris sans son armée comptant sur [NDR....barré, illisible]
Ce qu’il y a de frappant, c’est qu’à midi, la funeste guerre était finie et que la sécurité, non la sérénité, était rétablie. Toutes les femmes ont couvert les rues en pleurant et se lamentant parce que chacune était dans l’attente et la crainte d’une perte cruelle. Beaucoup de troupes sont revenues, sur les 7 heures, avec des trophées d’armes, des lambeaux au bout de leur baïonnette, des dépouilles suisses, etc., etc. Marion a été jusque dans la cour du Carrousel où elle a vu 4 morts qu’on enlevait, reste de peut être plusieurs mille. On n’a pas encore fait ce funeste dénombrement. Elle m’a rapporté que les rues étaient pleines de femmes. Jamais elle n’a vu plus de monde. J’ai couru aussi tout l’après-midi avec Auguste mais nous avons borné nos courses à la mairie et au palais ; il fallait fendre la presse partout et cela m’a empêchée d’aller plus loin. J’ai envoyé chez la bonne Canat qui fondait en larmes. J’ai recueilli, par le chemin, des détails confirmés par cent témoins sur la décharge des Suisses qui a été si traîtresse et si inattendue qu’elle a tout à fait réveillé le lion et réuni tous les partis ; elle n’a nullement été provoquée et tout Paris attestera cette vérité.
Je coucherai, cette nuit, ma porte ouverte, tandis que tous les propriétaires de la capitale ont mis double serrure à leur porte dans l’attente des brigands. C’est là leur cheval de bataille et il y a des gens qui seront fort étonnés de vivre demain parce que la canaille qui n’est pas arrêtée par la loi doit fondre ce soir sur eux et leur trésor. Paris est illuminé, et les patrouilles se font comme en 89. Le calme le plus profond règne là et la surveillance est si active qu’on peut dormir en repos.
On a crié le journal du soir à onze heures ; je n’ai pu l’avoir. Je suis levée jusque hier minuit et je me sens l’âme usée et languissante par toutes les vives émotions que j’ai éprouvées depuis vingt quatre heures.
Il est minuit, et le tambour m’a fait relever. C’est un décret de l’Assemblée nationale en 15 ou 20 articles que l’on proclame dans les rues. Il a été lu à la porte de la place, rue St Jacques ; je n’en ai entendu que des mots, mais aux vifs applaudissements qu’il [suscita], je juge de sa bonté. Votre frère m’a apporté ici tout son argent parce qu’il redoute les brigands qui commettent tant d’horreurs. Braves Marseillais, vous avez la gloire de faire la France libre. Ces martyrs de la liberté ont péri les premiers parce qu’ils étaient en première ligne, il en reste grâce au ciel !
Rosalie JULLIEN
Mais Alors...qui sont ces Marseillais si braves ????
Sans rire, quel est le Marseillais qui ne s’est pas bouché le nez…en parlant de la rue Thubaneaud ?…Je me souviens même lorsque la France était encore dans l’Otan, avant que De Gaulle ne l’en sorte, un de ces mataf Américain faisant escale…demandant où se trouvait cette rue étroite au quidam Marseillais, qui mine embarrassée, faisait semblant de ne pas comprendre...et qui le dirigeait vers l’Opéra.
Et pourtant, c’est là, dans cette rue réputée infâme, que naquit à coup sur, le chant guerrier le plus connu de tous les temps…Sachez, pour la petite histoire (ou la grande, qui sait ?) que les Bolcheviques renversèrent le Tsar non pas au rythme de l’Internationale ( aussi Française d’ailleurs) mais bel et bien de la MARSEILLAISE !!!
C'est dans la rue Thubaneau, le 21 juin 1792 - une plaque le rappelle - que "La Marseillaise" prit son envol, entonnée par la voix d'un Montpelliérain :
Etienne-François Mireur, délégué du Club des Jacobins, qui fit entendre à ses collègues marseillais rassemblés pour un banquet fraternel, un chant inconnu, "Le chant de marche des armées aux frontières", composé par un officier de Franche-conté, Rouget de l'Isle, dont le refrain disait :
"Allez enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé" et qui les exhortait : "formez vos bataillons!".
Justement, les Marseillais sont en train de le former leur bataillon, à l'appel de l'avocat Charles Barbaroux.
La situation est grave en ce mois de juin 1792. L'ennemi est aux frontières, la Révolution est menacée de l'extérieur comme de l'intérieur. L'Assemblée, inquiète, a demandé que dans toutes les villes, soient formés des bataillons de fédérés pour défendre la patrie.
On va trouver cinq cent seize hommes pour former ce bataillon. Les sections d'artisans, de commerçants, de marins, sont à l'avant garde de la Révolution. Elles estiment que Paris agit trop mollement.
Dès le lendemain du "banquet fraternel", où Mireur a chanté la future Marseillaise, le journal des Départements Méridionaux publie les paroles.
Le chant devient en quelques heures extrêmement populaire. On le chante partout dans les rues. Les volontaires du Bataillon des Fédérés marseillais formé le 28 juin 1792, auquel se joindra celui de Montpellier, va mettre 27 jours pour gagner la capitale à pieds.
Le 2 juillet, par un beau soir d'été, le Bataillon, drapeau tricolore déployé, se rassemble sur les Cours et suivi par une foule immense prend la direction de la Porte d'Aix avec, aux lèvres, l'hymne nouveau.
De ville en ville, de village en village, les Marseillais propagent "le chant de guerre des armées aux frontières", dont ils distribuent les paroles.
Ils arrivent à Charenton, où les accueillent Barbaroux, Rebecqui et Pierre Baille, les déléguées de Marseille.
Déjà des libelles royalistes insultent les arrivants :
"Tout ce que Marseille a pu fournir de plus crapuleux". Qu'importe!
Le 30 juillet, les Fédérés marseillais, débouchent sur la place de la Bastille acclamés par le peuple parisiens, qui reprend à son tour les paroles de ce que l'on commence à appeler "Le chant des Marseillais".
Le 2 août, le Bataillon conquiert son premier titre de gloire.
Le 10 août, le Bataillon joue un rôle essentiel dans la prise des Tuileries.
Dix-neuf fédérés sont tués, leurs noms figurent sur une plaque commémorative dans la salle du Conseil de l'Hôtel de Ville.
A Paris les fédérés marseillais en tête des assaillants donnent l'assaut aux Tuileries. Les Suisses retranchés ouvrent le feu sur les émeutiers.
Le 20 octobre de retour à Marseille, les héros, sont accueillis par une ville en délire.
On entonnera "Le chant des Marseillais" à Jemmapes où Dumouriez aurait dit à ses troupes découragées : "Chantez le chant des Marseillais!" De là à l'appeler "La Marseillaise", il n'y avait qu'un pas. Le chant devint hymne national sous le nom de "La Marseillaise" le 14 juillet 1795.
Mais il faudra attendre le 14 février 1879, pour que "La Marseillaise" devienne l'hymne de la France républicaine.
Cum igitur Massilis et fama rerum gestarum et abundantia opum et uirium gloria uirente floreret, repente finitimi populi ad nomen Massiliensium delendum uelut ad commune extinguendum incendium concurrunt.
Trogue Pompée.
Trogue Pompée.