12-09-2011, 08:16
On ne louera jamais assez les rares moments de l’existence où, le corps occupé à des tâches répétitives et contrôlées, l’esprit vaque vers des hauteurs insoupçonnées.
Le jardinier qui remue la terre, le peintre en bâtiment le pinceau et l’opiniâtre marcheur ses membres inférieurs ont tous en commun cette séparation du corps et de l’esprit.
Dimanche, lendemain de match insipide, je songe à tout cela en repassant consciencieusement mes chemises, mon humeur est froissée il n’est pas question que mes chemises le soient !
Maitrisant cet art de manière scientifique par la grâce d’un mariage tardif et par voie de conséquence d’un célibat prolongé créateur d’autonomie, j’agis mécaniquement, en ouvrier consciencieux tout en m’émerveillant entre deux jets de vapeur sur mon habileté, ma virtuosité, bref mon savoir fer…salivant devant tant de maestria, ce qui est parfois bien utile pour humecter la pattemouille d’un fer en manque de vapeur, je remarque soudain qu’une de mes mains, celle qui ne tient pas l’ustensile de ménage, vit sa propre vie.
En effet, alors que mes pensées ressassent les occasions perdues, celle-ci, sans que mon cerveau lui transmette ses habituelles recommandations fait preuve de toute sa technicité en toute indépendance.
J’entends déjà les persifleurs se gausser à la lecture de ce qualificatif accolé à cet usage trivial…et pourtant.
Comme dans toute activité humaine la réussite finale dépend de la préparation en amont. Dans ce genre d’exercice la main opposée, celle qui ne tient pas le fer, a une action prépondérante. Elle aplanit le tissu, prépare le terrain, tirant tantôt d’un côté puis de l’autre, époussette les saletés risquant de tacher les liquettes immaculées, bref, s’agite devant l’étrave en métal comme des balayeurs de curling face à la pierre en granite poli du champion.
Un repasseur manchot et célibataire a bien des soucis à se faire s’il veut jouer au Brummell.
J’en suis donc là à observer l’étrange manège de cette main émancipée qui semble mener une vie propre et indépendante, au péril des brûlures avoisinantes et promises quand, fasciné, je prends soudain conscience que c’est un peu cela qui manque cette année à mon équipe favorite.
Un membre servile et prévenant, un porteur d’eau (déminéralisée tant qu’à faire), un fidèle factotum qui prépare le terrain.
Le fer n’est rien sans la main éclaireuse, comme le brillant soliste sans le laborieux récupérateur.
Pris d’une soudaine excitation, je verticalise mon engin, (c’est ainsi qu’il se met au repos, contrairement à d’autres engins) récupère ma main free lance et caressant mon menton comme tout penseur qui se respecte imagine un système tactique qui va redonner une nouvelle vigueur à mon équipe favorite et écraser ses adversaires à plates coutures.
Helenio Herrera ayant jadis inventé le catenaccio, inspiré du verrou suisse, j’allais, à présent, poser les fondations de la stratégie pressophilique en m’inspirant moi aussi d’un objet quotidien.
Certes Alain Perrin avait tenté avec une amie blanchisseuse quelques expériences dans cette direction mais sans grand succès, il s’était même cassé la pipe.
Il me revient donc de définir les bases de ma future stratégie.
Sélectionner des joueurs voltigeurs choisis avec doigté, comme les cinq extrémités de ma main gauche, capables de préparer le terrain, d’ouvrir des brèches, d’éviter les obstacles, inlassables et patients, tenaces et persévérants.
Un peu à la manière des joueurs de foot américain qui déblayent le terrain, mais, le règlement l’interdisant, on jouera sur l’illusion, la ruse, la fausse piste, attendant la circonstance propice, choisissant bien le moment, l’instant du leurre de jeu.
Le terrain ainsi préparé, la voie dégagée, entreront en scène les cinq autres joueurs, inoxydable, possédant un moral d’acier, chaud bouillant en ayant sous la semelle, c’est avec ces caractéristiques que nous les définirons.
Les supporters en vapeur pourront alors entonner leur fameuse complainte, « Mouille le maillot » avec un à-propos de bon aloi, ma tactique sidérophilique n’en sera que plus pertinente.
A propos de vapeur, le stade Karaiskaki, antre d’Olympiakos, est parait-il un modèle dans l’échelle des degrés hygrométriques.
Le Pirée à venir, comme dirait El chi qui n’en manque pas une (sauf celle-là !) mais pourtant il n’y a pas de quoi être chiffonné, un thermostat bien réglé et repasser l’hellène ce ne devrait pas être coton…
Cetace
Le jardinier qui remue la terre, le peintre en bâtiment le pinceau et l’opiniâtre marcheur ses membres inférieurs ont tous en commun cette séparation du corps et de l’esprit.
Dimanche, lendemain de match insipide, je songe à tout cela en repassant consciencieusement mes chemises, mon humeur est froissée il n’est pas question que mes chemises le soient !
Maitrisant cet art de manière scientifique par la grâce d’un mariage tardif et par voie de conséquence d’un célibat prolongé créateur d’autonomie, j’agis mécaniquement, en ouvrier consciencieux tout en m’émerveillant entre deux jets de vapeur sur mon habileté, ma virtuosité, bref mon savoir fer…salivant devant tant de maestria, ce qui est parfois bien utile pour humecter la pattemouille d’un fer en manque de vapeur, je remarque soudain qu’une de mes mains, celle qui ne tient pas l’ustensile de ménage, vit sa propre vie.
En effet, alors que mes pensées ressassent les occasions perdues, celle-ci, sans que mon cerveau lui transmette ses habituelles recommandations fait preuve de toute sa technicité en toute indépendance.
J’entends déjà les persifleurs se gausser à la lecture de ce qualificatif accolé à cet usage trivial…et pourtant.
Comme dans toute activité humaine la réussite finale dépend de la préparation en amont. Dans ce genre d’exercice la main opposée, celle qui ne tient pas le fer, a une action prépondérante. Elle aplanit le tissu, prépare le terrain, tirant tantôt d’un côté puis de l’autre, époussette les saletés risquant de tacher les liquettes immaculées, bref, s’agite devant l’étrave en métal comme des balayeurs de curling face à la pierre en granite poli du champion.
Un repasseur manchot et célibataire a bien des soucis à se faire s’il veut jouer au Brummell.
J’en suis donc là à observer l’étrange manège de cette main émancipée qui semble mener une vie propre et indépendante, au péril des brûlures avoisinantes et promises quand, fasciné, je prends soudain conscience que c’est un peu cela qui manque cette année à mon équipe favorite.
Un membre servile et prévenant, un porteur d’eau (déminéralisée tant qu’à faire), un fidèle factotum qui prépare le terrain.
Le fer n’est rien sans la main éclaireuse, comme le brillant soliste sans le laborieux récupérateur.
Pris d’une soudaine excitation, je verticalise mon engin, (c’est ainsi qu’il se met au repos, contrairement à d’autres engins) récupère ma main free lance et caressant mon menton comme tout penseur qui se respecte imagine un système tactique qui va redonner une nouvelle vigueur à mon équipe favorite et écraser ses adversaires à plates coutures.
Helenio Herrera ayant jadis inventé le catenaccio, inspiré du verrou suisse, j’allais, à présent, poser les fondations de la stratégie pressophilique en m’inspirant moi aussi d’un objet quotidien.
Certes Alain Perrin avait tenté avec une amie blanchisseuse quelques expériences dans cette direction mais sans grand succès, il s’était même cassé la pipe.
Il me revient donc de définir les bases de ma future stratégie.
Sélectionner des joueurs voltigeurs choisis avec doigté, comme les cinq extrémités de ma main gauche, capables de préparer le terrain, d’ouvrir des brèches, d’éviter les obstacles, inlassables et patients, tenaces et persévérants.
Un peu à la manière des joueurs de foot américain qui déblayent le terrain, mais, le règlement l’interdisant, on jouera sur l’illusion, la ruse, la fausse piste, attendant la circonstance propice, choisissant bien le moment, l’instant du leurre de jeu.
Le terrain ainsi préparé, la voie dégagée, entreront en scène les cinq autres joueurs, inoxydable, possédant un moral d’acier, chaud bouillant en ayant sous la semelle, c’est avec ces caractéristiques que nous les définirons.
Les supporters en vapeur pourront alors entonner leur fameuse complainte, « Mouille le maillot » avec un à-propos de bon aloi, ma tactique sidérophilique n’en sera que plus pertinente.
A propos de vapeur, le stade Karaiskaki, antre d’Olympiakos, est parait-il un modèle dans l’échelle des degrés hygrométriques.
Le Pirée à venir, comme dirait El chi qui n’en manque pas une (sauf celle-là !) mais pourtant il n’y a pas de quoi être chiffonné, un thermostat bien réglé et repasser l’hellène ce ne devrait pas être coton…
Cetace