18-02-2012, 20:31
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Ça m’a fait tout drôle. Les murs immaculés avaient cette odeur de solvant caractéristique de la peinture fraîche. L’espace semblait immense à cause du vide que matérialisait l’absence de mes meubles.
Tout était neuf.
J’ai tout de suite voulu voir la cuisine, toute propre, sans parfum d’huile ni coulures de gras sur la hotte, pas de piles d’assiettes en équilibre instable, pas de casseroles sales dans l’évier. Le plan de travail est blanc et noir comme un mot croisé géant. Le retour carrelé de la paillasse n’a pas une écaille. Le revêtement des placards ne recèle pas la moindre trace de rayure et les portes coulissent sans effort. Le frigo ouvert sent le plastique et les clayettes sont encore emballées dans du film bulle.
La salle de bain regorge d’appendices en inox, les pattes octogonales du miroir, les robinets design, le pommeau de douche et le pourtour des flexibles brasillent sous les spots étanches du plafond.
Je notais des jets de massage intégrés à la paroi laquée.
Tout était beau.
Le trône suspendu avec sa chasse en alu brossé encastrée et bouton digital semblait un siège de navette spatiale.
Mon dressing sentait la sciure de bois stratifié et s’étalaient sur tout un pan de mur, une tringle en laiton transversale avec porte-pantalon rétractable surplombait des caissons à chaussures amovibles.
Tout était pensé.
Le compteur électrique dernier cri s’inscrivait parfaitement au dessous d’un parallélépipède mystérieux avec des diodes clignotantes en carrousel.
Tout avait changé.
Je m’approchait des baies vitrées à l’impeccable transparence et eut un petit pincement au cœur en envisageant le nouveau paysage qui s’offrait à ma vue à l’instar de Neil Armstrong admirant la terre à travers la glace étanche de son scaphandre.
Tout était si nouveau.
« punaise Fly, qu’est-ce que tu fous… ? »
C’était Bouli. Il avait profité comme moi, du programme de relogement suite à la démolition prochaine de notre ancien immeuble, le hasard avait voulu qu’il se retrouva juste au dessous de moi, comme avant. Bouli redevenait mon voisin.
Rien n’avait changé.
Il se tenait sur le seuil de mon nouveau logis sans paillasson et avait apposé sur ma porte d’entrée nickel chrome sa grosse main pleine d’une substance luisante. Sans nul doute un mélange ketchup-mayo, vestige de son récent casse-dalle.
« Y a match ce soir et tu déballes pas la télé ? Continua-t-il en désignant la pile de carton qui obstruait le hall.
Je lui répondis d'abord avec le calme de l'olympien que le match était diffusé sur une chaîne à laquelle je n’étais pas abonné et ensuite d’enlever illico sa paluche pleine de gras de mon chambranle. Bouli la frotta à son bermuda et précisa sa pensée.
-J’ai plus de monnaie, j’ai refilé un bon pourliche aux déménageurs vu qu’ils ont fini par griller le monte charge à force de monter mes aquariums.
-Tu les avais vidés au moins ?
-Euh… t’es drôle toi, je fais comment avec mes tilapias, ça prend pas le métro ces bêtes là… Bon j’ai repéré la superette en bas. Tu sais quoi?
-Le type vend des Knaki-Balls !
-Comment t’as deviné.
Rien de nouveau.
Bouli, ne voulant nullement renoncer à ses habitudes de soir de foot, m’expliqua alors de laisser tomber la télé et de plutôt déballer mon ordi. Il suggéra d’aller quémander poliment chez les potos d’OpiOM le smiley qui va bien pour mater le match. Pendant ce temps, il irait chercher l’apéro. Il me spécifia que le type de la superette vendait aussi des bières et me délesta d’un billet supplémentaire.
-Branche aussi le frigo me rappela-t-il en fourrant la monnaie dans ses poches latérales et disparût dans cet ascenseur rutilant et entièrement moquetté qu’il kiffait grave, vu qu'il était souvent en rade dans notre vieil immeuble.
Je souriais, Knaki Balls, Smiley Magique, Topic OM-VA. Un peu d’OpiOM.
Que demande le peuple!
Tout pouvait recommencer.
Fly
Edit : Les gars, c'est Bouli, Oubliez pas le petit Smiley siouplait, sinon il va faire le tour du web en s'énervant, parce qu'il trouve pas, et se rabattre salement sur mes knakis. Merci pour lui.
Ça m’a fait tout drôle. Les murs immaculés avaient cette odeur de solvant caractéristique de la peinture fraîche. L’espace semblait immense à cause du vide que matérialisait l’absence de mes meubles.
Tout était neuf.
J’ai tout de suite voulu voir la cuisine, toute propre, sans parfum d’huile ni coulures de gras sur la hotte, pas de piles d’assiettes en équilibre instable, pas de casseroles sales dans l’évier. Le plan de travail est blanc et noir comme un mot croisé géant. Le retour carrelé de la paillasse n’a pas une écaille. Le revêtement des placards ne recèle pas la moindre trace de rayure et les portes coulissent sans effort. Le frigo ouvert sent le plastique et les clayettes sont encore emballées dans du film bulle.
La salle de bain regorge d’appendices en inox, les pattes octogonales du miroir, les robinets design, le pommeau de douche et le pourtour des flexibles brasillent sous les spots étanches du plafond.
Je notais des jets de massage intégrés à la paroi laquée.
Tout était beau.
Le trône suspendu avec sa chasse en alu brossé encastrée et bouton digital semblait un siège de navette spatiale.
Mon dressing sentait la sciure de bois stratifié et s’étalaient sur tout un pan de mur, une tringle en laiton transversale avec porte-pantalon rétractable surplombait des caissons à chaussures amovibles.
Tout était pensé.
Le compteur électrique dernier cri s’inscrivait parfaitement au dessous d’un parallélépipède mystérieux avec des diodes clignotantes en carrousel.
Tout avait changé.
Je m’approchait des baies vitrées à l’impeccable transparence et eut un petit pincement au cœur en envisageant le nouveau paysage qui s’offrait à ma vue à l’instar de Neil Armstrong admirant la terre à travers la glace étanche de son scaphandre.
Tout était si nouveau.
« punaise Fly, qu’est-ce que tu fous… ? »
C’était Bouli. Il avait profité comme moi, du programme de relogement suite à la démolition prochaine de notre ancien immeuble, le hasard avait voulu qu’il se retrouva juste au dessous de moi, comme avant. Bouli redevenait mon voisin.
Rien n’avait changé.
Il se tenait sur le seuil de mon nouveau logis sans paillasson et avait apposé sur ma porte d’entrée nickel chrome sa grosse main pleine d’une substance luisante. Sans nul doute un mélange ketchup-mayo, vestige de son récent casse-dalle.
« Y a match ce soir et tu déballes pas la télé ? Continua-t-il en désignant la pile de carton qui obstruait le hall.
Je lui répondis d'abord avec le calme de l'olympien que le match était diffusé sur une chaîne à laquelle je n’étais pas abonné et ensuite d’enlever illico sa paluche pleine de gras de mon chambranle. Bouli la frotta à son bermuda et précisa sa pensée.
-J’ai plus de monnaie, j’ai refilé un bon pourliche aux déménageurs vu qu’ils ont fini par griller le monte charge à force de monter mes aquariums.
-Tu les avais vidés au moins ?
-Euh… t’es drôle toi, je fais comment avec mes tilapias, ça prend pas le métro ces bêtes là… Bon j’ai repéré la superette en bas. Tu sais quoi?
-Le type vend des Knaki-Balls !
-Comment t’as deviné.
Rien de nouveau.
Bouli, ne voulant nullement renoncer à ses habitudes de soir de foot, m’expliqua alors de laisser tomber la télé et de plutôt déballer mon ordi. Il suggéra d’aller quémander poliment chez les potos d’OpiOM le smiley qui va bien pour mater le match. Pendant ce temps, il irait chercher l’apéro. Il me spécifia que le type de la superette vendait aussi des bières et me délesta d’un billet supplémentaire.
-Branche aussi le frigo me rappela-t-il en fourrant la monnaie dans ses poches latérales et disparût dans cet ascenseur rutilant et entièrement moquetté qu’il kiffait grave, vu qu'il était souvent en rade dans notre vieil immeuble.
Je souriais, Knaki Balls, Smiley Magique, Topic OM-VA. Un peu d’OpiOM.
Que demande le peuple!
Tout pouvait recommencer.
Fly
Edit : Les gars, c'est Bouli, Oubliez pas le petit Smiley siouplait, sinon il va faire le tour du web en s'énervant, parce qu'il trouve pas, et se rabattre salement sur mes knakis. Merci pour lui.
En cas de morsure de vipère, sucez-vous le genou, ça fait marrer les écureuils