13-01-2013, 01:45
-On va rater le match je te dis…
Je serais devant une grande baie surplombant Manhattan au soleil couchant. Je perdrais mon regard le long des gratte-ciel New-yorkais, le laissant rebondir de toits en toits avant de plonger vers la baie. Puis je verrais s’allumer des fenêtres par millier comme si ce fût ma volonté. Je commanderais aux lumières de la ville et ferais chatoyer l’Hudson par la seule force de ma pensée.
J’habiterais un loft blanc avec cuisine américaine en inox brossé, une paire de fauteuil Barcelona trônerait au centre d’un séjour aux meubles filaires encadrant un écran géant HD ultraplat ouvert sur tous les Windows du monde.
Je serais de la race de ces néo alchimistes qui transforment le vent des marchés en or sur un compte très bien numéroté.
Je logerais aux étages élevés de la fourmilière et regarderais les fourmis d’en haut.
Je vivrais très largement aux dessus des possibilités des autres.
Je serais du dernier cercle des cyniques.
Je m’habillerais en costard taillé sur mesure, les chemises aussi, porterais une montre Vintage, la Tag Heuer Monaco comme Léonardo di Caprio et un sac besace en cuir de chez Lancel pour la French Touch. J’aurais le sens du détail qui tue les ploucs et ne ferais jamais de faute de goût. Je prendrais soin à ce que mes chaussettes m’arrivent bien en haut du mollet pour me hisser sans honte sur les tabourets de bars d’hôtel de Luxe et commander des Dry Martinis aux olives.
Je tutoierais les rois du monde au hasard de cocktails V.I.P et m’esclafferais à la moindre de leur plaisanterie comme si Le Rockefeller Center était le temple de l’humour mondain. Je serais un faux cul de première et un lécheur de bottines Louboutin, je porterais moi même des pâtisseries japonaises au thé vert à d’étranges créatures sans âge, femmes ou veuves des rois du monde, aux gestes ralentis par l’exosquelette en or blanc de chez Tiffany qui ceinture tous leurs membres et aide à leur station debout.
-C’est dans cinq minutes t’entends ou pas ?
Je mènerais grand train et aurais ma loge pour assister aux matchs des Giants.
Je baiserais à tout va des tops model anorexiques bien perchées et des putes asiatiques lors de partouzes endiablées.
Je serais Star Fucker et aurais à mon tableau de chasse la énième révélation Rn’B de l’année, une jeune chanteuse de Brooklyn aux seins d’ébène et au nombril percé qui se serait jetée sur moi telle une panthère affamée.
Je la prendrais dans les ascenseurs de palace, les toilettes de night-club à la mode, et à l’arrière de mon coupé sans capote. Nous tomberions dans l’excès d’alcool et de drogue avec une facilité déconcertante.
Nous entretiendrions scrupuleusement une relation anticonformiste conforme aux normes de la déchéance en vogue. Nous aurions la tête à l’envers et le nez dans les rails de la jet set.
Nous serions so show off, au summum du n’importe quoi.
Je finirais par la tromper back-stage avec sa choriste avant de me taper son guitariste dans un back-room du Bronx.
Ca la rendrait folle.
Au matin elle déboulerait au loft alors que je m’envoie sa demi-sœur et un chihuahua.
Elle dévasterait mon dressing en trouant à la clope mes costumes Armani, exploserait mon lustre à boules suspendues à coup de club de golf, éventrerait mon faux Basquiat avec un fer 7 et éclaterait le miroir Gustavien au sand-wedge.
Elle hurlerait : Fuck Off à chaque fin de phrase et en claquant la porte blindée.
Je la rattraperais devant le tambour vitré du hall d’entrée et lui promettrais l’enfer de piano-bars miteux des bas fonds de Harlem ou de chanter du Whitney Huston à des transats de préretraités texans sur des croisières cheap le long du Mississipi.
Je jurerais les grands dieux dont j’ai les numéros de portable qu’elle raterait sa carrière entre deux cures de désintox.
Nous serions hystériques et pathétiques jusqu’au bout sous le regard impassible du portier portoricain..
Elle s’engouffrerait dans un taxi jaune et répéterait Fuck Off derrière la vitre parce que même sans le son, on comprend bien.
Elle filerait direction Time Square. Je ne la suivrais pas et réaliserais être à moitié nu, en calbut moule-couille CK, au beau milieu de la 5eme Avenue.
Je retournerais chez moi en croisant mes voisins de palier, stoïque et magnifique, au dernier étage de ma suffisance avec l’arrogance des corps bodybildés aux électrodes abdominales.
Pour me calmer, j’ouvrirais la double porte de mon armoire réfrigérée et boirais au coin déchiré d'une brique en carton. Je ferais tressauter longuement ma pomme d’Adam mal rasée où ruissellerait une substance crémeuse. Puis après m’être essuyé du revers de la main, je me laisserais glisser le long de la paroi chromée du frigo high tech avec cette tête de vainqueur désespéré en quête de rédemption qu’ont les buveurs de yaourt liquide dans les films américains.
Ding ! Tinte le four.
Bouli revient de la cuisine avec un seau fumant et un pack de bière blonde. Mon voisin, venu voir le match, ne comprend pas pourquoi je ne change pas de chaîne. Il ajoute que mon film est supra-chiant et en V.O pour ne rien arranger. Lire et regarder en même temps, il sait pas comment je fais.
Comme je ne réagis pas, il me prend la télécommande des mains.
« Ce soir… le grand match de la ligue 1 », annonce brusquement et sans rire un animateur d’un canal qu’il faut payer en plus.
-punaise, c’était moins une… Tu rêvais ou quoi ? me dit Bouli.
« Ce soir pour vous abonnés privilégiés… une rencontre qui promet un magnifique spectacle de football, un des tournants de la saison peut-être … », s’enflamme le journaliste avec des trémolos dans la voix, trahissant, ou sa grande hypocrisie, ou sa grande peine, selon comment on veut voir le monde en ce dimanche soir
-Tiens c’est tout chaud… me dit Bouli en me tendant le plateau de knakis micro-ondées.
Je ne bronche pas.
-Oh tu rêves encore ou bien ? reprit-il
-Non j’en veux pas de ta kro dégueu et de tes saucisses à la con, dis-je en me levant d’un bond.
-Tu rêvais que t’étais relou ou bien ? Me répondit Bouli en retournant le seau de knakis par devers lui.
-Je rêvais que je buvais du petit lait si tu veux tout savoir.
-Il est tout pourri ton rêve, dit-il en s’enfilant une poignée de saucisses.
« Le coup d’envoi du grand match ! C’est parti pour 90 minutes de grand spectacle…, beugle le gars derrière l’écran. Football club de Sochaux Montbeliard VS Olympique de Marseille! »
Là, j’avais définitivement réintégré la réalité, j’ai pris un Yop et suis revenu me carrer dans mon futon de chez Fly.
Je serais devant une grande baie surplombant Manhattan au soleil couchant. Je perdrais mon regard le long des gratte-ciel New-yorkais, le laissant rebondir de toits en toits avant de plonger vers la baie. Puis je verrais s’allumer des fenêtres par millier comme si ce fût ma volonté. Je commanderais aux lumières de la ville et ferais chatoyer l’Hudson par la seule force de ma pensée.
J’habiterais un loft blanc avec cuisine américaine en inox brossé, une paire de fauteuil Barcelona trônerait au centre d’un séjour aux meubles filaires encadrant un écran géant HD ultraplat ouvert sur tous les Windows du monde.
Je serais de la race de ces néo alchimistes qui transforment le vent des marchés en or sur un compte très bien numéroté.
Je logerais aux étages élevés de la fourmilière et regarderais les fourmis d’en haut.
Je vivrais très largement aux dessus des possibilités des autres.
Je serais du dernier cercle des cyniques.
Je m’habillerais en costard taillé sur mesure, les chemises aussi, porterais une montre Vintage, la Tag Heuer Monaco comme Léonardo di Caprio et un sac besace en cuir de chez Lancel pour la French Touch. J’aurais le sens du détail qui tue les ploucs et ne ferais jamais de faute de goût. Je prendrais soin à ce que mes chaussettes m’arrivent bien en haut du mollet pour me hisser sans honte sur les tabourets de bars d’hôtel de Luxe et commander des Dry Martinis aux olives.
Je tutoierais les rois du monde au hasard de cocktails V.I.P et m’esclafferais à la moindre de leur plaisanterie comme si Le Rockefeller Center était le temple de l’humour mondain. Je serais un faux cul de première et un lécheur de bottines Louboutin, je porterais moi même des pâtisseries japonaises au thé vert à d’étranges créatures sans âge, femmes ou veuves des rois du monde, aux gestes ralentis par l’exosquelette en or blanc de chez Tiffany qui ceinture tous leurs membres et aide à leur station debout.
-C’est dans cinq minutes t’entends ou pas ?
Je mènerais grand train et aurais ma loge pour assister aux matchs des Giants.
Je baiserais à tout va des tops model anorexiques bien perchées et des putes asiatiques lors de partouzes endiablées.
Je serais Star Fucker et aurais à mon tableau de chasse la énième révélation Rn’B de l’année, une jeune chanteuse de Brooklyn aux seins d’ébène et au nombril percé qui se serait jetée sur moi telle une panthère affamée.
Je la prendrais dans les ascenseurs de palace, les toilettes de night-club à la mode, et à l’arrière de mon coupé sans capote. Nous tomberions dans l’excès d’alcool et de drogue avec une facilité déconcertante.
Nous entretiendrions scrupuleusement une relation anticonformiste conforme aux normes de la déchéance en vogue. Nous aurions la tête à l’envers et le nez dans les rails de la jet set.
Nous serions so show off, au summum du n’importe quoi.
Je finirais par la tromper back-stage avec sa choriste avant de me taper son guitariste dans un back-room du Bronx.
Ca la rendrait folle.
Au matin elle déboulerait au loft alors que je m’envoie sa demi-sœur et un chihuahua.
Elle dévasterait mon dressing en trouant à la clope mes costumes Armani, exploserait mon lustre à boules suspendues à coup de club de golf, éventrerait mon faux Basquiat avec un fer 7 et éclaterait le miroir Gustavien au sand-wedge.
Elle hurlerait : Fuck Off à chaque fin de phrase et en claquant la porte blindée.
Je la rattraperais devant le tambour vitré du hall d’entrée et lui promettrais l’enfer de piano-bars miteux des bas fonds de Harlem ou de chanter du Whitney Huston à des transats de préretraités texans sur des croisières cheap le long du Mississipi.
Je jurerais les grands dieux dont j’ai les numéros de portable qu’elle raterait sa carrière entre deux cures de désintox.
Nous serions hystériques et pathétiques jusqu’au bout sous le regard impassible du portier portoricain..
Elle s’engouffrerait dans un taxi jaune et répéterait Fuck Off derrière la vitre parce que même sans le son, on comprend bien.
Elle filerait direction Time Square. Je ne la suivrais pas et réaliserais être à moitié nu, en calbut moule-couille CK, au beau milieu de la 5eme Avenue.
Je retournerais chez moi en croisant mes voisins de palier, stoïque et magnifique, au dernier étage de ma suffisance avec l’arrogance des corps bodybildés aux électrodes abdominales.
Pour me calmer, j’ouvrirais la double porte de mon armoire réfrigérée et boirais au coin déchiré d'une brique en carton. Je ferais tressauter longuement ma pomme d’Adam mal rasée où ruissellerait une substance crémeuse. Puis après m’être essuyé du revers de la main, je me laisserais glisser le long de la paroi chromée du frigo high tech avec cette tête de vainqueur désespéré en quête de rédemption qu’ont les buveurs de yaourt liquide dans les films américains.
Ding ! Tinte le four.
Bouli revient de la cuisine avec un seau fumant et un pack de bière blonde. Mon voisin, venu voir le match, ne comprend pas pourquoi je ne change pas de chaîne. Il ajoute que mon film est supra-chiant et en V.O pour ne rien arranger. Lire et regarder en même temps, il sait pas comment je fais.
Comme je ne réagis pas, il me prend la télécommande des mains.
« Ce soir… le grand match de la ligue 1 », annonce brusquement et sans rire un animateur d’un canal qu’il faut payer en plus.
-punaise, c’était moins une… Tu rêvais ou quoi ? me dit Bouli.
« Ce soir pour vous abonnés privilégiés… une rencontre qui promet un magnifique spectacle de football, un des tournants de la saison peut-être … », s’enflamme le journaliste avec des trémolos dans la voix, trahissant, ou sa grande hypocrisie, ou sa grande peine, selon comment on veut voir le monde en ce dimanche soir
-Tiens c’est tout chaud… me dit Bouli en me tendant le plateau de knakis micro-ondées.
Je ne bronche pas.
-Oh tu rêves encore ou bien ? reprit-il
-Non j’en veux pas de ta kro dégueu et de tes saucisses à la con, dis-je en me levant d’un bond.
-Tu rêvais que t’étais relou ou bien ? Me répondit Bouli en retournant le seau de knakis par devers lui.
-Je rêvais que je buvais du petit lait si tu veux tout savoir.
-Il est tout pourri ton rêve, dit-il en s’enfilant une poignée de saucisses.
« Le coup d’envoi du grand match ! C’est parti pour 90 minutes de grand spectacle…, beugle le gars derrière l’écran. Football club de Sochaux Montbeliard VS Olympique de Marseille! »
Là, j’avais définitivement réintégré la réalité, j’ai pris un Yop et suis revenu me carrer dans mon futon de chez Fly.
En cas de morsure de vipère, sucez-vous le genou, ça fait marrer les écureuils