09-02-2013, 23:07
Je me réveillai brusquement, recouvert d’un fin linceul de sueur, émergeant d’un cauchemar dont le seul souvenir me glaçait le sang. De la fenêtre me parvenait un bruissement intermittent, crescendo et decrescendo, qu’il fallut une dizaine de secondes à mon cerveau embué pour identifier comme étant le passage à proximité de véhicules sous la pluie.
Dans mon rêve, un être immonde me traquait dans ce qui semblait être une vieille station d’épuration à moitié inondée, dont les murs suintants et les fuites d’innombrables tuyaux avaient irrémédiablement rouillé la moindre vis, le moindre boulon, le moindre centimètre carré de métal. Jamais je ne pus discerner avec clarté les traits de mon poursuivant, mais je voyais parfois briller en me retournant le reflet d’un filet de bave fielleuse, pendant d’un orifice humide que je devinais garni de longs crocs, et surplombé d’une paire d’yeux luisants de malveillance. Je trébuchais de pièce en pièce, mes jambes immergées jusqu’aux genoux, luttant contre une force invisible qui telle un courant m’obligeait à lutter pour avancer. À chaque instant, à chaque pas, je redoutais de sombrer dans l’hystérie, submergé par l’angoisse et incapable de remonter à la surface. Je baignais dans ma propre peur, tel un vieux marsouin blessé pris en chasse par une meute d’épaulards affamés.
Ne connaissant pas l’endroit où je me trouvais, j’errais sans savoir où j’allais, m’en remettant au sort pour me sortir la tête de l’eau et me permettre d’échapper à l’horrible créature à mes trousses, dont la respiration chuintante me paraissait se rapprocher petit à petit. Sur le point de chavirer, mon esprit obnubilé par l’inéluctable naufrage sanglant qui m’attendait, je me mis à pleurer sans bruit, les larmes traçant de longs sillons moites le long de mes joues. Non pas pour moi, car l’idée de me vider de mon essence vitale ne m’effrayait que peu, mais pour les êtres aimés que je laisserais derrière moi, pour la peine qui jaillirait en eux puis croupirait tel un marécage nauséabond, sabordant leur vie quotidienne. Résigné à mon sort, je m’assis sur le sol ruisselant et m’adossai à une paroi détrempée, refusant de continuer à fuir comme une poule mouillée.
Le souffle du monstre se faisait toujours plus bruyant, et je distinguais désormais d’étranges grognements, accompagnés d’une espèce de gargouillis rauque, semblable aux derniers décilitres de l’eau d’un bain qui s’écoulent dans les canalisations. Dans quelques secondes, la chose indicible franchirait le pas de la porte de la pièce où je me trouvais, et le flot de mon sang se mêlerait bientôt aux ruisselets d’eau et de rouille qui se répandaient un peu partout dans la station abandonnée.
C’est à ce moment précis que je m’éveillai soudain, trempé jusqu’aux os et aussi désorienté qu’un apprenti loup de mer sans boussole. Je tendis le bras et me saisis du verre d’eau posé sur ma table de nuit, puis l’avalai d’un trait. M’ébrouant comme un caniche mouillé, je tentai de me changer les idées en pensant à ce qui m’attendait aujourd’hui. Dimanche, me dit mon réveil, donc rien. Ah si, le match de l’OM à Evian. Je soupirai et me levai péniblement, luttant contre ma paresse naturelle, non pas par souci d’activité ou par propension à l'effort, mais parce que j’étais en proie à une furieuse envie de pisser…
Dans mon rêve, un être immonde me traquait dans ce qui semblait être une vieille station d’épuration à moitié inondée, dont les murs suintants et les fuites d’innombrables tuyaux avaient irrémédiablement rouillé la moindre vis, le moindre boulon, le moindre centimètre carré de métal. Jamais je ne pus discerner avec clarté les traits de mon poursuivant, mais je voyais parfois briller en me retournant le reflet d’un filet de bave fielleuse, pendant d’un orifice humide que je devinais garni de longs crocs, et surplombé d’une paire d’yeux luisants de malveillance. Je trébuchais de pièce en pièce, mes jambes immergées jusqu’aux genoux, luttant contre une force invisible qui telle un courant m’obligeait à lutter pour avancer. À chaque instant, à chaque pas, je redoutais de sombrer dans l’hystérie, submergé par l’angoisse et incapable de remonter à la surface. Je baignais dans ma propre peur, tel un vieux marsouin blessé pris en chasse par une meute d’épaulards affamés.
Ne connaissant pas l’endroit où je me trouvais, j’errais sans savoir où j’allais, m’en remettant au sort pour me sortir la tête de l’eau et me permettre d’échapper à l’horrible créature à mes trousses, dont la respiration chuintante me paraissait se rapprocher petit à petit. Sur le point de chavirer, mon esprit obnubilé par l’inéluctable naufrage sanglant qui m’attendait, je me mis à pleurer sans bruit, les larmes traçant de longs sillons moites le long de mes joues. Non pas pour moi, car l’idée de me vider de mon essence vitale ne m’effrayait que peu, mais pour les êtres aimés que je laisserais derrière moi, pour la peine qui jaillirait en eux puis croupirait tel un marécage nauséabond, sabordant leur vie quotidienne. Résigné à mon sort, je m’assis sur le sol ruisselant et m’adossai à une paroi détrempée, refusant de continuer à fuir comme une poule mouillée.
Le souffle du monstre se faisait toujours plus bruyant, et je distinguais désormais d’étranges grognements, accompagnés d’une espèce de gargouillis rauque, semblable aux derniers décilitres de l’eau d’un bain qui s’écoulent dans les canalisations. Dans quelques secondes, la chose indicible franchirait le pas de la porte de la pièce où je me trouvais, et le flot de mon sang se mêlerait bientôt aux ruisselets d’eau et de rouille qui se répandaient un peu partout dans la station abandonnée.
C’est à ce moment précis que je m’éveillai soudain, trempé jusqu’aux os et aussi désorienté qu’un apprenti loup de mer sans boussole. Je tendis le bras et me saisis du verre d’eau posé sur ma table de nuit, puis l’avalai d’un trait. M’ébrouant comme un caniche mouillé, je tentai de me changer les idées en pensant à ce qui m’attendait aujourd’hui. Dimanche, me dit mon réveil, donc rien. Ah si, le match de l’OM à Evian. Je soupirai et me levai péniblement, luttant contre ma paresse naturelle, non pas par souci d’activité ou par propension à l'effort, mais parce que j’étais en proie à une furieuse envie de pisser…