24-09-2013, 18:27
(Modification du message : 24-09-2013, 18:32 par IrishCoffee.)
Jean-Marc se leva d'humeur maussade, comme souvent à ce moment de la semaine. Le Syndrome du Mardi ; l'énergie accumulée au cours d'un week-end paisible déjà presque dissipée, alors que restaient à endurer quatre jours entiers de boulot insipide et répétitif avant la prochaine nuit de sommeil correcte...
Il en était à son troisième café, coincé quelque part sur le Périphérique, comme tous les matins en semaine à la même heure. Un trajet qu'il aurait pu effectuer les yeux fermés – et l'envie l'en prenait parfois. Il aimait imaginer qu'en fermant les yeux, tous les autres pauvres types et bonnes femmes frustrées disparaîtraient d'un coup, bannis dans un univers parallèle. Ou peut-être serait-ce lui, le banni. Aucune importance, du moment qu'il pourrait échapper à ce bourbier nauséabond.
Comme tous les matins en semaine à la même heure, il écoutait France Info pour éviter de penser à la journée qui l'attendait. Aux brimades incessantes du directeur adjoint, fossile putride et détestable des années Thatcher, coke et coupe mulet. Aux sous-entendus narquois des petits merdeux aux dents longues qui peuplaient son service, sortis tous sans exception des trois ou quatre mêmes moules forgés à l'aune de la publicité ou de la télé-réalité. À la lente agonie des rapports que personne ne lirait, à la camaraderie forcée et hypocrite entre deux réunions, aux saloperies répétées à voix basse sur tel ou telle collègue dès leur dos tourné. Bref, à la vie de bureau dans toute sa gloire.
Ce n'était guère mieux sur France Info. François Hollande, mou du gland par excellence, exige que plus d'importance soit accordée à la vois de la France à l'ONU, sur le dossier de la Syrie. Une petite de 6 ans retrouvée morte chez son père, rouée de coups, alors que le père a disparu. Un petit avion de tourisme qui s'écrase à Lyon, faisant quatre morts. Le couple Noah accusé d'esclavage par leur ancienne nounou. What a wonderful world... Pour finir, quelques mots qui lui font l'effet d'un afflux soudain de caféine par intraveineuse : "...Ce soir, l'Olympique de Marseille accueille Saint-Etienne en match avancé de la septième journée de Ligue 1...".
bouse, se dit-il. Je croyais que c'était demain. Qu'est-ce qu'ils ont à nous faire jouer le mardi, ces sagouins de la Ligue ? À ce moment-là, sa journée prend une tournure très différente, et il n'a pas cette fois le temps de se préparer à ce qui l'attend. Dès son arrivée au bureau, il y a droit.
"Ça va, Jean-Marc ? Pressé de voir ton club de bouse se faire troncher par les Verts ?"
"Alors JM (prononcé 'jyème'), t'as prévu la vaseline pour ce soir ?"
"Sans BigMac, vous arriverez peut-être à marquer cette fois !"
La plupart du temps, il ne dit rien. À quoi bon ? La plupart de ses chers collègues qui fréquentent le Parc l'ont découvert il y a à peine deux ans, et la somme de leurs connaissances concernant Saint-Étienne se résume à une chanson de Mickey 3D. Jean-Marc prend son mal en patience et se réconforte comme il peut, en ressassant ses premiers souvenirs du Vélodrome, qui coïncident justement avec la période de la chute des Verts et de leur fameuse caisse noire.
La journée s'écoule lentement, très lentement, mais aujourd'hui Jean-Marc s'en fout. Ce soir il y a match, et l'OM va les poutrer.
* Recherche désespérément avant-centre, pour les anglophobes. Fait également référence à un titre de (mauvais) film des années 80, avec Madonna.
Petit post-scriptum : je m'excuse pour le retard (et merci Saly ), je croyais que le match était demain... J'aurais aimé faire plus long, développer le personnage un peu, toussa, mais bon le match est dans un peu plus de trois heures...
Il en était à son troisième café, coincé quelque part sur le Périphérique, comme tous les matins en semaine à la même heure. Un trajet qu'il aurait pu effectuer les yeux fermés – et l'envie l'en prenait parfois. Il aimait imaginer qu'en fermant les yeux, tous les autres pauvres types et bonnes femmes frustrées disparaîtraient d'un coup, bannis dans un univers parallèle. Ou peut-être serait-ce lui, le banni. Aucune importance, du moment qu'il pourrait échapper à ce bourbier nauséabond.
Comme tous les matins en semaine à la même heure, il écoutait France Info pour éviter de penser à la journée qui l'attendait. Aux brimades incessantes du directeur adjoint, fossile putride et détestable des années Thatcher, coke et coupe mulet. Aux sous-entendus narquois des petits merdeux aux dents longues qui peuplaient son service, sortis tous sans exception des trois ou quatre mêmes moules forgés à l'aune de la publicité ou de la télé-réalité. À la lente agonie des rapports que personne ne lirait, à la camaraderie forcée et hypocrite entre deux réunions, aux saloperies répétées à voix basse sur tel ou telle collègue dès leur dos tourné. Bref, à la vie de bureau dans toute sa gloire.
Ce n'était guère mieux sur France Info. François Hollande, mou du gland par excellence, exige que plus d'importance soit accordée à la vois de la France à l'ONU, sur le dossier de la Syrie. Une petite de 6 ans retrouvée morte chez son père, rouée de coups, alors que le père a disparu. Un petit avion de tourisme qui s'écrase à Lyon, faisant quatre morts. Le couple Noah accusé d'esclavage par leur ancienne nounou. What a wonderful world... Pour finir, quelques mots qui lui font l'effet d'un afflux soudain de caféine par intraveineuse : "...Ce soir, l'Olympique de Marseille accueille Saint-Etienne en match avancé de la septième journée de Ligue 1...".
bouse, se dit-il. Je croyais que c'était demain. Qu'est-ce qu'ils ont à nous faire jouer le mardi, ces sagouins de la Ligue ? À ce moment-là, sa journée prend une tournure très différente, et il n'a pas cette fois le temps de se préparer à ce qui l'attend. Dès son arrivée au bureau, il y a droit.
"Ça va, Jean-Marc ? Pressé de voir ton club de bouse se faire troncher par les Verts ?"
"Alors JM (prononcé 'jyème'), t'as prévu la vaseline pour ce soir ?"
"Sans BigMac, vous arriverez peut-être à marquer cette fois !"
La plupart du temps, il ne dit rien. À quoi bon ? La plupart de ses chers collègues qui fréquentent le Parc l'ont découvert il y a à peine deux ans, et la somme de leurs connaissances concernant Saint-Étienne se résume à une chanson de Mickey 3D. Jean-Marc prend son mal en patience et se réconforte comme il peut, en ressassant ses premiers souvenirs du Vélodrome, qui coïncident justement avec la période de la chute des Verts et de leur fameuse caisse noire.
La journée s'écoule lentement, très lentement, mais aujourd'hui Jean-Marc s'en fout. Ce soir il y a match, et l'OM va les poutrer.
* Recherche désespérément avant-centre, pour les anglophobes. Fait également référence à un titre de (mauvais) film des années 80, avec Madonna.
Petit post-scriptum : je m'excuse pour le retard (et merci Saly ), je croyais que le match était demain... J'aurais aimé faire plus long, développer le personnage un peu, toussa, mais bon le match est dans un peu plus de trois heures...