10-12-2010, 22:23
Un coup de lustre sur les souvenirs qui datent. Une bonne gorgée d'orgueil bien bouffi, le doigt qui mouline un nombril satisfait. Tout est là. Le parfum de l'idole vaincue, avec respect et léchée des yeux par tout une flanquée de santibelli venue la contempler comme un messie revenu dans la crèche. Mais même l'enfant Jésus n'en ferait pas un foin. Alors zou ! Sitôt triomphant dans sa qualification européenne, l'OM s'en va battre campagne du côté d'Auxerre...
Dans cette semaine d' Immaculée Conception, jouer Auxerre contre qui notre compteur de buts est resté vierge la saison passée, est-ce vraiment un hasard du calendrier pour venir enfanter une victoire. Avant de rencontrer le Lyon, gagnons dans l' Yonne.
Chaque foulée sur le gazon de l'Abbé Deschamps est l'occasion d'entrer en religion avec l'histoire et la statistique : l'OM de Deschamps n'a jamais marqué contre Auxerre. Cruel pied-de-nez à l'escouade pétaradante d'Érik Gerets, qui paradait perchée du haut de ses trois victoires et 8 buts marqués en trois matches de L1. Ironie du sort, c'est le 22 septembre 2007 qu'Albert Émon des Parpailloun hurlait ses dernières non-consignes. Le 25 le Belge débarquait comme un Corse n'ayant trouvé l'Italie. Et, bas du cigare au front, s'inclinait en 1/4 de finale Coupe de la Ligue, à l'Abbé-Deschamps (1-0). En attendant, on a beau bouffer d'optimisme, ce rendez-vous m'avait tout d'un plan foireux. Ou pas.
Allais-je encore alléger mon gueuleton hebdomadaire du samedi soir pour un plateau repas frugal et non équilibré, contenu comme contenant ?
Un rencard en Bourgogne mérite qu'on s'attarde sur les vertus régionales et l'instabilité du plateau télé n'est guère propice à lipper du Chablis.
Les dernières rencontres ayant été un brin indigestes, allais-je anticiper les agapes de fin d'année en ripaillant tel un enragé ou, me souvenant d'un fâcheux précédent m'ayant octroyé une sacrée crise de foie au moment de l'arrivée de l'enfant Jésus, ferais-je preuve d'une abstinence toute tactique histoire de ne point laisser ma part au chat lors du passage conjugué du foie gras et des huitres gratinées au champagne ?
En pleine interrogation je me demandais si j'allais encore perdre moults euros dans un pari foiré par un Brésilien aux cheveux courts lors d'un face à face sur une pelouse champêtre à moitié gelée ? Je reprends mon souffle après cette réflexion à voix haute sous l'oeil interrogateur de Jean-Etienne, mon spécieux responsable de service aux tempes grisonnantes. Pour tenter d'échapper à un interrogatoire indiscret sur l'utilisation de mon miséreux salaire, je recoiffe avec ostentation ma tignasse blonde vénitienne dont je savais l'animal jaloux.
Je fais mine de me replonger dans mon hideux fichier excel pendant qu'il tourne les talons en ronchonnant entre ses dents jaunies par 30 ans de Marlboro Light. Les 4 dernières heures à scruter des erreurs de saisies m'avaient fait divaguer, j'étais en plein rêve éveillé. Une gorgée de Vitel puisée dans mon sac pour me réveiller, et aussitôt que son pas frustré disparaît, je me connecte fébrilement sur mon site de paris et vérifie la côte. Soulagement, c'est jouable.
Si je reste modéré sur les sorties nocturnes la semaine prochaine, mon budget rachitique survivra sans soucis à une victoire auxerroise.
La nuit tombe, ma journée s'achève, je file au comptoir expurger par l'anis ma journée. Arrivé au dit lieu, en pleine interrogation je considérais le Duc de bourgogne. Il avait le teint écarlate des piliers de bar, évoquant le ballon comme dautres la terre des ancêtres ; son Duffle-Coat en alpaga râpé à lémeri des matières nobles et ses mains sans callosité laissait imaginer un passé parmi la haute, la couperose de ses joues creusées, le bord humide de ses paupières grises, ses cheveux longs épars et jaunis comme une crinière de lion usagé trahissaient une lente descente de léchelle des illusions.
Il se prenait de bec avec un groupe de branleurs qui payait sa tournée, léquipe froissée sur le zinc passait de main en main, le foot du café faisait son commerce sur fond de polémiques tenaces comme les neiges éternelles des sommets de linutile Ah, la Brandade prise de chou reprit de plus belle Deschamps!
En gros, inefficacité chronique, et pied carré versus Mentalité indiscutable et utilité avérée.
Lassemblée des coudes levés tenait le crachoir, le ton monta en volutes incertaines comme le sang alcoolisé aux hémisphères cérébrales des nuits daprès rasade. Les sous verre albicélestes collaient au pied des ballons flottants du grand duc.
Le fait qu'il fasse rire me dérange, et me blesse, surenchérissait-t-il Oui je suis snob et peut m'importe la besogne et la sueur, j'ai l'avant-centre chatouilleux et l'égo en manque de but reluisant, oui je suis snob et le ridicule me tue parfois. Il en appelait à lesthétisation du poste, à la figure de style et de proue du vaisseau de lOM conquérant, au tueur de surface, au bombardier de lucarne, au perforateur de filet... au Goal héros, qui rend une pointe d'attaque aussi aiguisée qu'une flèche apache.
Je veux vivre au dessus de mes moyens au risque de la reprise de volée. Tant pis si je dois retomber en enfer sous les dettes de jeu, je n'en peux plus de la purge du purgatoire, je voudrais un But dun flambant neuf consumé en chapelet de syllabes dans un micro brésilien, et pas un but de labeur d'un micro brésilien.
Je voudrais sentir mon coeur soulevé par une décharge de miel. Je voudrais voir réinventer le Droit au But suprême. Celui de jouir.
Son ballon porté au pinacle resta suspendu un instant aux bouffées de rires avant de se crasher sur le zinc du bar, vide dessence. Un autre par pitié. OM-Auxerre, moi, à boire.
La Question existentielle
Puisqu'on parle de l'Yonne...
Pourquoi Émile Louis aurait-il mieux fait que Domenech ?
- Parce qu'avec lui, personne ne serait descendu du bus...
Chaque foulée sur le gazon de l'Abbé Deschamps est l'occasion d'entrer en religion avec l'histoire et la statistique : l'OM de Deschamps n'a jamais marqué contre Auxerre. Cruel pied-de-nez à l'escouade pétaradante d'Érik Gerets, qui paradait perchée du haut de ses trois victoires et 8 buts marqués en trois matches de L1. Ironie du sort, c'est le 22 septembre 2007 qu'Albert Émon des Parpailloun hurlait ses dernières non-consignes. Le 25 le Belge débarquait comme un Corse n'ayant trouvé l'Italie. Et, bas du cigare au front, s'inclinait en 1/4 de finale Coupe de la Ligue, à l'Abbé-Deschamps (1-0). En attendant, on a beau bouffer d'optimisme, ce rendez-vous m'avait tout d'un plan foireux. Ou pas.
Allais-je encore alléger mon gueuleton hebdomadaire du samedi soir pour un plateau repas frugal et non équilibré, contenu comme contenant ?
Un rencard en Bourgogne mérite qu'on s'attarde sur les vertus régionales et l'instabilité du plateau télé n'est guère propice à lipper du Chablis.
Les dernières rencontres ayant été un brin indigestes, allais-je anticiper les agapes de fin d'année en ripaillant tel un enragé ou, me souvenant d'un fâcheux précédent m'ayant octroyé une sacrée crise de foie au moment de l'arrivée de l'enfant Jésus, ferais-je preuve d'une abstinence toute tactique histoire de ne point laisser ma part au chat lors du passage conjugué du foie gras et des huitres gratinées au champagne ?
En pleine interrogation je me demandais si j'allais encore perdre moults euros dans un pari foiré par un Brésilien aux cheveux courts lors d'un face à face sur une pelouse champêtre à moitié gelée ? Je reprends mon souffle après cette réflexion à voix haute sous l'oeil interrogateur de Jean-Etienne, mon spécieux responsable de service aux tempes grisonnantes. Pour tenter d'échapper à un interrogatoire indiscret sur l'utilisation de mon miséreux salaire, je recoiffe avec ostentation ma tignasse blonde vénitienne dont je savais l'animal jaloux.
Je fais mine de me replonger dans mon hideux fichier excel pendant qu'il tourne les talons en ronchonnant entre ses dents jaunies par 30 ans de Marlboro Light. Les 4 dernières heures à scruter des erreurs de saisies m'avaient fait divaguer, j'étais en plein rêve éveillé. Une gorgée de Vitel puisée dans mon sac pour me réveiller, et aussitôt que son pas frustré disparaît, je me connecte fébrilement sur mon site de paris et vérifie la côte. Soulagement, c'est jouable.
Si je reste modéré sur les sorties nocturnes la semaine prochaine, mon budget rachitique survivra sans soucis à une victoire auxerroise.
La nuit tombe, ma journée s'achève, je file au comptoir expurger par l'anis ma journée. Arrivé au dit lieu, en pleine interrogation je considérais le Duc de bourgogne. Il avait le teint écarlate des piliers de bar, évoquant le ballon comme dautres la terre des ancêtres ; son Duffle-Coat en alpaga râpé à lémeri des matières nobles et ses mains sans callosité laissait imaginer un passé parmi la haute, la couperose de ses joues creusées, le bord humide de ses paupières grises, ses cheveux longs épars et jaunis comme une crinière de lion usagé trahissaient une lente descente de léchelle des illusions.
Il se prenait de bec avec un groupe de branleurs qui payait sa tournée, léquipe froissée sur le zinc passait de main en main, le foot du café faisait son commerce sur fond de polémiques tenaces comme les neiges éternelles des sommets de linutile Ah, la Brandade prise de chou reprit de plus belle Deschamps!
En gros, inefficacité chronique, et pied carré versus Mentalité indiscutable et utilité avérée.
Lassemblée des coudes levés tenait le crachoir, le ton monta en volutes incertaines comme le sang alcoolisé aux hémisphères cérébrales des nuits daprès rasade. Les sous verre albicélestes collaient au pied des ballons flottants du grand duc.
Le fait qu'il fasse rire me dérange, et me blesse, surenchérissait-t-il Oui je suis snob et peut m'importe la besogne et la sueur, j'ai l'avant-centre chatouilleux et l'égo en manque de but reluisant, oui je suis snob et le ridicule me tue parfois. Il en appelait à lesthétisation du poste, à la figure de style et de proue du vaisseau de lOM conquérant, au tueur de surface, au bombardier de lucarne, au perforateur de filet... au Goal héros, qui rend une pointe d'attaque aussi aiguisée qu'une flèche apache.
Je veux vivre au dessus de mes moyens au risque de la reprise de volée. Tant pis si je dois retomber en enfer sous les dettes de jeu, je n'en peux plus de la purge du purgatoire, je voudrais un But dun flambant neuf consumé en chapelet de syllabes dans un micro brésilien, et pas un but de labeur d'un micro brésilien.
Je voudrais sentir mon coeur soulevé par une décharge de miel. Je voudrais voir réinventer le Droit au But suprême. Celui de jouir.
Son ballon porté au pinacle resta suspendu un instant aux bouffées de rires avant de se crasher sur le zinc du bar, vide dessence. Un autre par pitié. OM-Auxerre, moi, à boire.
La Question existentielle
Puisqu'on parle de l'Yonne...
Pourquoi Émile Louis aurait-il mieux fait que Domenech ?
- Parce qu'avec lui, personne ne serait descendu du bus...