26-07-2024, 15:33
(Modification du message : 26-07-2024, 15:36 par Old Trafford.)
Juste, et rapidement sur le néolibéralisme :
Le mot « néolibéralisme » trouve son origine dans un colloque organisé à Paris par le philosophe Louis Rougier en 1938 autour du livre du journaliste américain Walter Lippmann intitulé The Good Society. Dans ce livre, Lippmann arguait qu’il fallait sauver le libéralisme du laissez-faire qui avait engendré la pauvreté et des inégalités, qu’il fallait reformer le libéralisme en y ajoutant des objectifs sociaux. Ce colloque avait réuni les grands libéraux de l’époque, y compris les monétaristes de l’époque (que tu évoques), dont le plus célèbre d’entre eux, Milton Friedman. Apres de nombreuses discussions autour de la question de savoir quel nom il fallait donner à cette nouvelle approche du libéralisme qui incorporait des objectifs sociaux et plus seulement basée sur le profit, les participants tombèrent d’accord sur le mot « néolibéralisme ». Et dans un article de 1951 sur « les perspectives du néolibéralisme » inspiré par Lippmann et le colloque en question, Friedman, sans doute le plus grand économiste libéral de tous les temps, écrivit, entre autres choses, que « l’Etat avait pour mission d’ériger des institutions susceptibles de protéger les consommateurs de l’exploitation [par des grandes entreprises] » et « de soulager la misère et la détresse sociale » (j’ai traduit ses propres mots). Autrement dit, on est très loin de la caricature qui est faite aujourd’hui du néolibéralisme.
Si je devais choisir deux exemples de néolibéralisme au monde, je choisirais en premier la politique menée en RFA par ses fondateurs, Konrad Adenauer et Ludwig Ehrard, peu après la Seconde Guerre mondiale, politique souvent appelé « néolibérale » ou « économie sociale de marché » ou encore « Ordolibéralisme », et qui donna lieu à ce qui a été reconnu comme « le miracle économique allemand ». La seconde serait la politique économique menée au Singapour par son premier Premier ministre, Lee Kuan Yew, et poursuivie par ses successeurs qui en a fait le pays le plus libre économiquement au monde et le deuxième pays le plus riche au monde (en termes de PIB par tête), précédé par le seul Luxembourg. Voici un tout petit pays ne disposant d’aucune ressource naturelle, devenu indépendante seulement en 1965, sous-développé à l’époque, société multiraciale, et qui pourtant a réussi un véritable miracle économique qui en a fait un pays bien plus riche que les US, l’Angleterre, la France et bien d’autres pays dits développés. A cela s’ajoute une politique de logement, un système de santé et une politique environnementale efficaces (bien avant que ces questions soient à la mode), avec, de plus, des fonctionnaires publics au moins aussi bien payés que ceux dans le privé occupant des fonctions équivalentes. Est-ce que tout a été parfait pour autant ? Non, on pourra toujours parler de l’autoritarisme de Lee Kuan Yew et autres, mais d’un point de vue purement économique, c’est un vrai miracle, un vrai exploit.
Bref, le néolibéralisme, c’est autre chose que la caricature qui en est faite aujourd’hui, y compris par des gens comme toi. Et croire que le néolibéralisme est né avec Thatcher et Reagan, c'est encore une fois faux.
Et pour boucler la boucle, Fareed Zakariah, journaliste de CNN et celui qui a sans doute popularisé la notion de "démocratie illibérale", était un admirateur de Lee Kuan Yew, un autocrate éclairé.
Le mot « néolibéralisme » trouve son origine dans un colloque organisé à Paris par le philosophe Louis Rougier en 1938 autour du livre du journaliste américain Walter Lippmann intitulé The Good Society. Dans ce livre, Lippmann arguait qu’il fallait sauver le libéralisme du laissez-faire qui avait engendré la pauvreté et des inégalités, qu’il fallait reformer le libéralisme en y ajoutant des objectifs sociaux. Ce colloque avait réuni les grands libéraux de l’époque, y compris les monétaristes de l’époque (que tu évoques), dont le plus célèbre d’entre eux, Milton Friedman. Apres de nombreuses discussions autour de la question de savoir quel nom il fallait donner à cette nouvelle approche du libéralisme qui incorporait des objectifs sociaux et plus seulement basée sur le profit, les participants tombèrent d’accord sur le mot « néolibéralisme ». Et dans un article de 1951 sur « les perspectives du néolibéralisme » inspiré par Lippmann et le colloque en question, Friedman, sans doute le plus grand économiste libéral de tous les temps, écrivit, entre autres choses, que « l’Etat avait pour mission d’ériger des institutions susceptibles de protéger les consommateurs de l’exploitation [par des grandes entreprises] » et « de soulager la misère et la détresse sociale » (j’ai traduit ses propres mots). Autrement dit, on est très loin de la caricature qui est faite aujourd’hui du néolibéralisme.
Si je devais choisir deux exemples de néolibéralisme au monde, je choisirais en premier la politique menée en RFA par ses fondateurs, Konrad Adenauer et Ludwig Ehrard, peu après la Seconde Guerre mondiale, politique souvent appelé « néolibérale » ou « économie sociale de marché » ou encore « Ordolibéralisme », et qui donna lieu à ce qui a été reconnu comme « le miracle économique allemand ». La seconde serait la politique économique menée au Singapour par son premier Premier ministre, Lee Kuan Yew, et poursuivie par ses successeurs qui en a fait le pays le plus libre économiquement au monde et le deuxième pays le plus riche au monde (en termes de PIB par tête), précédé par le seul Luxembourg. Voici un tout petit pays ne disposant d’aucune ressource naturelle, devenu indépendante seulement en 1965, sous-développé à l’époque, société multiraciale, et qui pourtant a réussi un véritable miracle économique qui en a fait un pays bien plus riche que les US, l’Angleterre, la France et bien d’autres pays dits développés. A cela s’ajoute une politique de logement, un système de santé et une politique environnementale efficaces (bien avant que ces questions soient à la mode), avec, de plus, des fonctionnaires publics au moins aussi bien payés que ceux dans le privé occupant des fonctions équivalentes. Est-ce que tout a été parfait pour autant ? Non, on pourra toujours parler de l’autoritarisme de Lee Kuan Yew et autres, mais d’un point de vue purement économique, c’est un vrai miracle, un vrai exploit.
Bref, le néolibéralisme, c’est autre chose que la caricature qui en est faite aujourd’hui, y compris par des gens comme toi. Et croire que le néolibéralisme est né avec Thatcher et Reagan, c'est encore une fois faux.
Et pour boucler la boucle, Fareed Zakariah, journaliste de CNN et celui qui a sans doute popularisé la notion de "démocratie illibérale", était un admirateur de Lee Kuan Yew, un autocrate éclairé.
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