06-12-2009, 14:34
Cela commence par une expulsion, celle qui nous propulse des sombres entrailles du vestiaire, antichambre à la vie vers la lumière des projecteurs, on quitte le calme feutré, le milieu ouaté, les bruits étouffés pour se trouver propulsé dans un espace illuminé et retentissant de cris
et cest à ce moment là quon le pousse, le nôtre, le primal celui qui offre un contre point sonore à la délivrance, qui réjouit les spectateurs et rassure les officiels
Le match peut commencer !
Les toutes premières minutes souvent on balbutie, faut dire que dans ce nouveau cadre on se sent tout petit.
Certains, pas encore dans leur match, on tendance à dormir, dautres, au-contraire, infatigables mordent dans le ballon, inassouvis, multipliant les appels souvent dans le vide.
Cest toujours à ce moment là de la partie que lon sexerce au jeu de tête.
Durant les dix premières minutes on fait souvent preuve de suractivité, lespace est parcouru dans tous les sens, on se fiche des consignes en saffranchissant allègrement des conseils du coach, il y a bien longtemps que le cordon a été coupé, on est maitre de son destin.
Aux alentours de la vingtième minute, un brin outrecuidant, on nhésite pas à multiplier les contacts, le corps-à-corps est recherché et tant pis si on se prend un râteau, on fait tourner et on tire autant quon peut, c'est-à-dire souvent, même si la cible est lointaine. Ma foi, tant quon a là goal
Ah !... ces dix minutes entre la vingtième et la trentième électron libre on multiplie les charges sans penser aux conséquences, les plus téméraires défendent en jouant la ligne et attaquent en multipliant les débordements, toujours en recherche de profondeur.
Les plus vicieux mettent la main et tant pis si ça les prive de la séance de tire obus...tant quils peuvent accéder aux poules !
Passé la trentième et fort de lexpérience emmagasinée depuis le début de la partie on commence à calmer le jeu sauf pour quelques personnes privées de partenaire qui se démarquent en tentant laction individuelle avec plus ou moins de réussite entre quarante et quarante cinq ces prises de risques sont jugées coupables, cette période charnière étant sujette aux coups de massue voire au retour de bâton.
La pause arrive à point nommé.
On fait le bilan sur le récent passé, on réalise quil va falloir gérer les efforts généreusement dispensés depuis le début, on sinterroge sur lopportunité de certaines actions, on regrette les occasions gâchées, on rêve enfin dun avenir meilleur.
Le temps semble sarrêter sauf avec soi-même, le rembobinage a quelque chose de cruel les optimistes en mal de biscuit spécule hausse, les mélancoliques désirant noyer le poisson ne doutent pas quau bout y a baisse
Certains plus anéantis que dautres ne veulent plus reprendre le jeu, les anciennes déchirures se réveillent et, chaussettes en accordéon sur les chevilles, rangent leurs crampons cédant devant ladversité supérieure conjuguée à lappui insuffisant des partenaires
Mais lintrospection nest que passagère, le cours de la grande partie reprend, on se lève bien quétant rassis.
A la ferveur de la première mi-temps succède un moment dintense épanouissement, le jeu nous apparait soudain plus transparent, on le lit comme jamais, rayonnant, riche dune première période pleine démotion, on domine le sujet.
Limpétuosité des débuts et avantageusement remplacée par une détermination nourrie de maturité, on se montre hardi à bon escient, déterminé et animé desprit offensif.
Juste avant lheure de jeu, il nest pas rare quun patron du milieu nous amène vers une mauvaise passe, on perd soudain ses appuis et là, tel le solitaire dun toro on poursuit vainement lobjet du désir heureusement quun sens habile du placement permet aux plus doués dencore caresser le cuir et doffrir quelques caviars après avoir fermé boutique.
Ainsi passée la soixantième les plus fortunés se contentent de gérer leur temps, la circulation étant encore fluide, alors que les moins heureux sépoumonent dans le vide sans maitrise.
Dans le pire des cas une mauvaise passe trop téléphonée peut pousser les plus désespérés à appeler la balle, histoire de prendre enfin le trou
Il est souvent trop tard pour changer de tactique, la capacité dinnovation sest amoindrie, les tentatives désespérées sont vouées à léchec, les sursauts vains.
Alors, à défaut de marquer de but, en quête de repos, on privilégie les grands ponts en rêvant de pointus On a du mal à sexprimer, on se contente de remises de la tête en guise dacquiescement.
A partir de la soixante et dixième, ça fait longtemps quon ne fait plus de bicyclette, on est confiné dans un statut où on excelle, faire le mûr, lamorti est notre geste préféré et on est plutôt du genre à battre en retraite.
Le temps nous parait long quand vers les quatre vingtièmes minutes on se souvient tremblotant des anciennes combinaisons qui troublaient jadis lorsque les passes se multipliaient.
On cherche désespérément d'attraper les lunettes mais faute de clairvoyance on ne tutoie plus que des potos sortants.
La récupération est le maitre mot car il faut tenir jusquaux arrêts de jeu, le coup de sifflet final étant une délivrance pour certains, le marquage à la culotte nayant plus la même signification que celui pratiqué entre la vingtième et la trentième...
Le temps additionnel est différemment ressenti suivant son parcours passé.
Dominateur, on savoure ses dernières minutes, brillant dans sa partie, couvert déloges par ses admirateurs, on jubile en jouant à la passe à dix, rêvant extatique dune fin repoussée dans le cas contraire, humilié, déchu, anéanti, on na plus quune hâte quenfin lultime stridulation mette le holà à linfernale ola !
Mardi 8 décembre et en quatre vingt dix minutes les olympiens vont jouer leur vie dans un match couperet contre le prestigieux Real de Madrid.
Leur existence dans ce destin européen en dépend.
Ils partent pourtant avec un sérieux handicap, mais en développant leurs ressources intérieures et par leur envie de vivre, ils le transformeront en atout.
Le secret de la longévité cest bien de ne pas cesser de respirer.
cetace
Les toutes premières minutes souvent on balbutie, faut dire que dans ce nouveau cadre on se sent tout petit.
Certains, pas encore dans leur match, on tendance à dormir, dautres, au-contraire, infatigables mordent dans le ballon, inassouvis, multipliant les appels souvent dans le vide.
Cest toujours à ce moment là de la partie que lon sexerce au jeu de tête.
Durant les dix premières minutes on fait souvent preuve de suractivité, lespace est parcouru dans tous les sens, on se fiche des consignes en saffranchissant allègrement des conseils du coach, il y a bien longtemps que le cordon a été coupé, on est maitre de son destin.
Aux alentours de la vingtième minute, un brin outrecuidant, on nhésite pas à multiplier les contacts, le corps-à-corps est recherché et tant pis si on se prend un râteau, on fait tourner et on tire autant quon peut, c'est-à-dire souvent, même si la cible est lointaine. Ma foi, tant quon a là goal
Ah !... ces dix minutes entre la vingtième et la trentième électron libre on multiplie les charges sans penser aux conséquences, les plus téméraires défendent en jouant la ligne et attaquent en multipliant les débordements, toujours en recherche de profondeur.
Les plus vicieux mettent la main et tant pis si ça les prive de la séance de tire obus...tant quils peuvent accéder aux poules !
Passé la trentième et fort de lexpérience emmagasinée depuis le début de la partie on commence à calmer le jeu sauf pour quelques personnes privées de partenaire qui se démarquent en tentant laction individuelle avec plus ou moins de réussite entre quarante et quarante cinq ces prises de risques sont jugées coupables, cette période charnière étant sujette aux coups de massue voire au retour de bâton.
La pause arrive à point nommé.
On fait le bilan sur le récent passé, on réalise quil va falloir gérer les efforts généreusement dispensés depuis le début, on sinterroge sur lopportunité de certaines actions, on regrette les occasions gâchées, on rêve enfin dun avenir meilleur.
Le temps semble sarrêter sauf avec soi-même, le rembobinage a quelque chose de cruel les optimistes en mal de biscuit spécule hausse, les mélancoliques désirant noyer le poisson ne doutent pas quau bout y a baisse
Certains plus anéantis que dautres ne veulent plus reprendre le jeu, les anciennes déchirures se réveillent et, chaussettes en accordéon sur les chevilles, rangent leurs crampons cédant devant ladversité supérieure conjuguée à lappui insuffisant des partenaires
Mais lintrospection nest que passagère, le cours de la grande partie reprend, on se lève bien quétant rassis.
A la ferveur de la première mi-temps succède un moment dintense épanouissement, le jeu nous apparait soudain plus transparent, on le lit comme jamais, rayonnant, riche dune première période pleine démotion, on domine le sujet.
Limpétuosité des débuts et avantageusement remplacée par une détermination nourrie de maturité, on se montre hardi à bon escient, déterminé et animé desprit offensif.
Juste avant lheure de jeu, il nest pas rare quun patron du milieu nous amène vers une mauvaise passe, on perd soudain ses appuis et là, tel le solitaire dun toro on poursuit vainement lobjet du désir heureusement quun sens habile du placement permet aux plus doués dencore caresser le cuir et doffrir quelques caviars après avoir fermé boutique.
Ainsi passée la soixantième les plus fortunés se contentent de gérer leur temps, la circulation étant encore fluide, alors que les moins heureux sépoumonent dans le vide sans maitrise.
Dans le pire des cas une mauvaise passe trop téléphonée peut pousser les plus désespérés à appeler la balle, histoire de prendre enfin le trou
Il est souvent trop tard pour changer de tactique, la capacité dinnovation sest amoindrie, les tentatives désespérées sont vouées à léchec, les sursauts vains.
Alors, à défaut de marquer de but, en quête de repos, on privilégie les grands ponts en rêvant de pointus On a du mal à sexprimer, on se contente de remises de la tête en guise dacquiescement.
A partir de la soixante et dixième, ça fait longtemps quon ne fait plus de bicyclette, on est confiné dans un statut où on excelle, faire le mûr, lamorti est notre geste préféré et on est plutôt du genre à battre en retraite.
Le temps nous parait long quand vers les quatre vingtièmes minutes on se souvient tremblotant des anciennes combinaisons qui troublaient jadis lorsque les passes se multipliaient.
On cherche désespérément d'attraper les lunettes mais faute de clairvoyance on ne tutoie plus que des potos sortants.
La récupération est le maitre mot car il faut tenir jusquaux arrêts de jeu, le coup de sifflet final étant une délivrance pour certains, le marquage à la culotte nayant plus la même signification que celui pratiqué entre la vingtième et la trentième...
Le temps additionnel est différemment ressenti suivant son parcours passé.
Dominateur, on savoure ses dernières minutes, brillant dans sa partie, couvert déloges par ses admirateurs, on jubile en jouant à la passe à dix, rêvant extatique dune fin repoussée dans le cas contraire, humilié, déchu, anéanti, on na plus quune hâte quenfin lultime stridulation mette le holà à linfernale ola !
Mardi 8 décembre et en quatre vingt dix minutes les olympiens vont jouer leur vie dans un match couperet contre le prestigieux Real de Madrid.
Leur existence dans ce destin européen en dépend.
Ils partent pourtant avec un sérieux handicap, mais en développant leurs ressources intérieures et par leur envie de vivre, ils le transformeront en atout.
Le secret de la longévité cest bien de ne pas cesser de respirer.
cetace