17-03-2009, 16:59
Plantée dans l'eau et enfoncée sous le niveau de la mer, Amsterdam est un peu la Venise du nord. Ses canaux, véritables artères liquides qui ceignent la ville d'immenses cercles concentriques, font le bonheur du promeneur sobre. Pour la jeunesse d'une Europe sevrée de liberté et qui vient d'échouer là dans ses dédales, les bords de l'Amstel sont un véritable labyrinthe. Et il arrive que parfois, la route des paradis artificiels croise celle de l'enfer réel. John-Patrick jouait les funambules sur ce fil tendu au-dessus de son propre vide, s'amusait de tous les vertiges provoqués par ces basculements plus ou moins contrôlés. Le destin s'était joué de lui par avance en nommant Saint-Pierre, à Marseille, comme points de départ et d'arrivée de son fûmeux périple. Il devait être le dernier, une sorte de crash-test cérébral à objectif thérapeutique.
Good Trip
Jusqu'à midi, ses cernes et ses poches donnaient l'impression qu'un scrotum pendouillait sous les yeux de John-Patrick. Les coffeeshops ouvraient vers les neuf heures, et il avait pris soin de sauter dans son slip assez tôt pour assister à ce lever de rideau tant attendu. Après une balade matinale sur Prisengracht, il remontait paisiblement le boulevard Rokin en achevant discrètement son mégot de la veille. Discrètement. Il y tenait, trop appliqué à ne pas nourrir la désolation des Amsteldamois lorsqu'ils croisent un Français, sans doute tellement effrayé par la liberté de s'auto-consumer qu'il en abuse. John-Patrick, lui, savourait le plaisir de fumer de la verte, il se délectait de ce luxe nouveau que lui offrait la société néerlandaise. Fumer sans se sentir mis à l'index par un doigt accusateur qui le désignait comme un délinquant dans son pays natal. Il passait devant un sex-shop nommé Caligula et rejoignait le Jolly Joker, coffeshop familial de la place Neuwmarkt où il avait pris ses habitudes depuis des années. Le menu du petit-déjeuner était immuable : un spacemuffin pour la diffusion en différé, un jus d'orange-carotte pour faciliter le masticage et un savant mélange d'indica et de sativa roulé dans une feuille de cigare imibibée de cognac. Malgré le plaisir, les volûtes le rendaient claustrophobe. John-Patrick limitait son temps passé à l'intérieur, déterminé à ne pas pérégriner dans son petit périmètre de junkie. Quel plaisir de s'extasier devant le charme de cette architecture décomplexée, devant la beauté des commerces et des gens et la perfection de cette petite société insolite, où l'on ne contraint pas des millions de personnes normales à subir des lois créées pour museler une poignée de cons. Les vices sont tellement bien organisés. qu'il ne vient pas à l'esprit d'en abuser. Et son cortex phosphorait dans sa boîte crânienne, il se sentait comme enveloppé dans un nuage cotonneux. Plus les effets agissaient, plus son attention se portait vers des détails insignifiants. Il tentait de prononcer tous ces mots à rallonge et bourrés de consonnes improbables. Il était en paix, loin des comptoirs des PMU français où les brochettes se baveux se font flamber le cerveau au Pastis en toute légalité. Rembrandtplein était le lieu idéal pour se restaurer. Il s'engoufrait dans un de ces bars immenses où, du comptoir au boudoir, tout transpirait d'émerveillement. Quel pied de boire une mousse, un pétard à la main, tout en ayant l'air super classe. .Quel pied de pouvoir manger quelque chose de chaud sans que ce soit un mauvais cheeseburger d'assassin ou un plat du jour en sauce. Bref, il n'est que délice que de vadrouiller dans la capitale européenne des vices dépénalisés et organisés. En matière de fumées toxiques, l'avaleur n'attend pas le nombre des années. En quatre jours, John-Patrick avait inhâlé le catalogue entier des verdures psychédéliques que l'on avait torturées dans des bains d'acide. Il avait arpenté environ 90% des pavés de la ville dans un état proche de l'Ohio. C'était un voyage dans le voyage, une aventure intérieure sur une île de plaisirs. A quelques encâblures, l'OM marchait sur Twente. Mais "Jaypee" était à des années-lumière de ces préoccupations en rase-motte. Il paissait dans un autre genre de carré vert et s'enfonçait dans les ruelles étranglées d'Amsterdam au doux son de Lou Reed et des Meat Puppets. Si l'OM joue l'Ajax en 1/8e, c'est promis : je reviendrai sur ma terre promise.
Bad trip
La phase B approche avec la nuit. Les néons cramoisis du Red Light district sont de véritables phares pour les désespérés en auto-médication. Et ils appellent John-Patrick. Il ignore sa fatigue et s'aventure en hors-piste. Le smartshop Kokopelli's est assez cozy et fourni pour explorer de nouvelles voies. La musique zen le met en confiance. Sous les présentoirs de verre, Les champignons le supplient. Ils ressemblent à de petites truffes. Sans doute le végétal le plus infâme jamais ingurgité par un bipède conscentant. Il attend une heure et demi. Frustré de ne pas se sentir davantage transporté, il forçait le convoi et mâchait tout ce qu'il lui restait. Enfoncé dans un sofa fluo, il regarde les lumières de Centraal Station varier en intensité, les contrastes se métamorphoser lentement. Le baptême s'annonçait doux et agréable, mais il se sentait, à l'inverse des autres, dépourvu de tout accès euphorique. Il commençait à se lasser d'un effet qu'il aurait pu se procurer moyennant l'achat d'un variateur de lumière Ikéa. Il ignorait les conseils pourtant avisés du tenancier, qui l'exhortait à rester dans un environnement tranquille. Il s'installait dans un bar qu'il avait mis une heure à choisir ; en effet, la cohue l'avait plongé dans un état d'irritabilité qui ne facilitait pas ses choix. Il commandait une bière et, un peu déçu par l'initiation précédente, il retrouvait ses fondamentaux de fumeur au pays des merveilles. Son interlocuteur hilare n'en finit plus de raconter n'importe quoi, ce qui stresse John-Patrick. Le tourbillon l'aspire alors vers une panique d'un intensité extrême. Les lumières deviennent folles. John-Patrick se sent triste comme un la mineur. Et il est trop tard pour revenir en arrière. Il s'enfonce dans son cerveau. Il déconnecte le moi en lui. Les idées se bousculent, elles grossissent et se frayent un chemin vers sa bouche sans qu'il ne parvienne jamais à les traduire en paroles. Son coeur va lâcher. Il faut qu'il meure. Tout de suite. Seule solution. Pourquoi lui ? C'était donc ça ? Où est la sortie ? Oh punaise ! Il veut rédiger son testament. Il éclate de rire. Durant quatre secondes il est à nouveau dans le meilleur des mondes. Soulagement. Jusqu'au prochain plongeon. Quatre secondes plus tard. Les cycles raccourcissent et la houle de l'acide creuse de plus en plus profond. John-Patrick se sentait condamné à perpétuité dans une paranoïa délirante d'une violence inouïe. Dans un réflexe de survie, il s'extirpait du bar. Mais la patrouille hallucinogène le rattrapait dare-dare. Il s'enfonce dans un mur et pleure, aveuglé par les lumières à effet Galak exposant 112. Il s'est convaincu qu'il va décéder. Et que ses facultés mentales s'étaientt à tout jamais verrouillées de l'intérieur et à triple-tour. «Et si je n'arrivais plus jamais à sortir une vanne ?» se desespérait-il. Il s'était mis en tête de faire vérifier tous les dires de sa compagne par un professionnel agréé. Il s'était également convaincu que personne ne mesurait l'ampleur du drâme à venir. Il sentait son cerveau rissoler comme un oeuf lâché dans une friteuse. Le vacarme d'une tuyauterie interne saccagée hurle dans son oreille interne. Le froid et les claquements de dents l'empêchent de dormir. Il refuse de boire. Car aucun professionnel de renom ne lui en a intimé consigne. Puis accepte. Il veut vomir mais se convainc qu'il en avalera sa langue. Il lui faut à tout le plan d'évacuation de l'hôtel. Il retourne se tortiller dans ses draps qu'il avait commencé à déchirer à coups de molaires. Puis se sentait terrassé par un spirale de jeux de mots redondants. John-Patrick se relève tout à coup, après six heures d'interminables persécutions qui ont semblé durer six mois. Quellle délivrance. Il ne voyait plus de faux Laurent Romejko naviguer entre chiffres et loutres. Les connections étaient rétablies. Il pensait se rebâptiser René de Mécendres. Il enlenchaît son Balladur MP3. L'addictée de Bernard Pavot pouvait reprendre.
Les Marseillais de l'étranger
Je ne sais pas vous, mais quand on est à l'étranger, même au bout du monde, il y a toujours une scène qui vient abolir les distances et vous rappeler que le voyageur tricolore est généralement synonyme de grosse honte. Alors que John-Patrick de la House prend son café paisible dans un coffee du centre, sa nationalité est trahie par son paquet de cigarettes. Il n'en falllait pas plus à un autre Marseillais pour le démasquer. «Oh cousin, viens m'aider ah, y a la gadgi, elle veut me vendre des truc tout rhéné ! » Grand moment de solidarité forcée, sous les yeux médusés de la tenancière. Il lui était déjà arrivé la même chose. Par deux fois. D'abord au Chili. Alors qu'il se sentait presque seul à à 4500 mètres d'altitude, à admirer le vol du condor royal... il entendait une voix intruse derrière lui : «De loin, c'est pas tellement plus gros qu'une mouette». La magie du moment ne fut que mesurée. La fois d'avant, c'était devant les chutes du Nicaragua. Extasié par le bruit énorme de l'eau, John-Patrick est pensif et fait abstraction des autres touristes. Enfin.. jusqu'à entendre le commentaire émouvant d'un de ses concitoyens : «Oh mon vier, c'est beau hein !».
Good Trip
Jusqu'à midi, ses cernes et ses poches donnaient l'impression qu'un scrotum pendouillait sous les yeux de John-Patrick. Les coffeeshops ouvraient vers les neuf heures, et il avait pris soin de sauter dans son slip assez tôt pour assister à ce lever de rideau tant attendu. Après une balade matinale sur Prisengracht, il remontait paisiblement le boulevard Rokin en achevant discrètement son mégot de la veille. Discrètement. Il y tenait, trop appliqué à ne pas nourrir la désolation des Amsteldamois lorsqu'ils croisent un Français, sans doute tellement effrayé par la liberté de s'auto-consumer qu'il en abuse. John-Patrick, lui, savourait le plaisir de fumer de la verte, il se délectait de ce luxe nouveau que lui offrait la société néerlandaise. Fumer sans se sentir mis à l'index par un doigt accusateur qui le désignait comme un délinquant dans son pays natal. Il passait devant un sex-shop nommé Caligula et rejoignait le Jolly Joker, coffeshop familial de la place Neuwmarkt où il avait pris ses habitudes depuis des années. Le menu du petit-déjeuner était immuable : un spacemuffin pour la diffusion en différé, un jus d'orange-carotte pour faciliter le masticage et un savant mélange d'indica et de sativa roulé dans une feuille de cigare imibibée de cognac. Malgré le plaisir, les volûtes le rendaient claustrophobe. John-Patrick limitait son temps passé à l'intérieur, déterminé à ne pas pérégriner dans son petit périmètre de junkie. Quel plaisir de s'extasier devant le charme de cette architecture décomplexée, devant la beauté des commerces et des gens et la perfection de cette petite société insolite, où l'on ne contraint pas des millions de personnes normales à subir des lois créées pour museler une poignée de cons. Les vices sont tellement bien organisés. qu'il ne vient pas à l'esprit d'en abuser. Et son cortex phosphorait dans sa boîte crânienne, il se sentait comme enveloppé dans un nuage cotonneux. Plus les effets agissaient, plus son attention se portait vers des détails insignifiants. Il tentait de prononcer tous ces mots à rallonge et bourrés de consonnes improbables. Il était en paix, loin des comptoirs des PMU français où les brochettes se baveux se font flamber le cerveau au Pastis en toute légalité. Rembrandtplein était le lieu idéal pour se restaurer. Il s'engoufrait dans un de ces bars immenses où, du comptoir au boudoir, tout transpirait d'émerveillement. Quel pied de boire une mousse, un pétard à la main, tout en ayant l'air super classe. .Quel pied de pouvoir manger quelque chose de chaud sans que ce soit un mauvais cheeseburger d'assassin ou un plat du jour en sauce. Bref, il n'est que délice que de vadrouiller dans la capitale européenne des vices dépénalisés et organisés. En matière de fumées toxiques, l'avaleur n'attend pas le nombre des années. En quatre jours, John-Patrick avait inhâlé le catalogue entier des verdures psychédéliques que l'on avait torturées dans des bains d'acide. Il avait arpenté environ 90% des pavés de la ville dans un état proche de l'Ohio. C'était un voyage dans le voyage, une aventure intérieure sur une île de plaisirs. A quelques encâblures, l'OM marchait sur Twente. Mais "Jaypee" était à des années-lumière de ces préoccupations en rase-motte. Il paissait dans un autre genre de carré vert et s'enfonçait dans les ruelles étranglées d'Amsterdam au doux son de Lou Reed et des Meat Puppets. Si l'OM joue l'Ajax en 1/8e, c'est promis : je reviendrai sur ma terre promise.
Bad trip
La phase B approche avec la nuit. Les néons cramoisis du Red Light district sont de véritables phares pour les désespérés en auto-médication. Et ils appellent John-Patrick. Il ignore sa fatigue et s'aventure en hors-piste. Le smartshop Kokopelli's est assez cozy et fourni pour explorer de nouvelles voies. La musique zen le met en confiance. Sous les présentoirs de verre, Les champignons le supplient. Ils ressemblent à de petites truffes. Sans doute le végétal le plus infâme jamais ingurgité par un bipède conscentant. Il attend une heure et demi. Frustré de ne pas se sentir davantage transporté, il forçait le convoi et mâchait tout ce qu'il lui restait. Enfoncé dans un sofa fluo, il regarde les lumières de Centraal Station varier en intensité, les contrastes se métamorphoser lentement. Le baptême s'annonçait doux et agréable, mais il se sentait, à l'inverse des autres, dépourvu de tout accès euphorique. Il commençait à se lasser d'un effet qu'il aurait pu se procurer moyennant l'achat d'un variateur de lumière Ikéa. Il ignorait les conseils pourtant avisés du tenancier, qui l'exhortait à rester dans un environnement tranquille. Il s'installait dans un bar qu'il avait mis une heure à choisir ; en effet, la cohue l'avait plongé dans un état d'irritabilité qui ne facilitait pas ses choix. Il commandait une bière et, un peu déçu par l'initiation précédente, il retrouvait ses fondamentaux de fumeur au pays des merveilles. Son interlocuteur hilare n'en finit plus de raconter n'importe quoi, ce qui stresse John-Patrick. Le tourbillon l'aspire alors vers une panique d'un intensité extrême. Les lumières deviennent folles. John-Patrick se sent triste comme un la mineur. Et il est trop tard pour revenir en arrière. Il s'enfonce dans son cerveau. Il déconnecte le moi en lui. Les idées se bousculent, elles grossissent et se frayent un chemin vers sa bouche sans qu'il ne parvienne jamais à les traduire en paroles. Son coeur va lâcher. Il faut qu'il meure. Tout de suite. Seule solution. Pourquoi lui ? C'était donc ça ? Où est la sortie ? Oh punaise ! Il veut rédiger son testament. Il éclate de rire. Durant quatre secondes il est à nouveau dans le meilleur des mondes. Soulagement. Jusqu'au prochain plongeon. Quatre secondes plus tard. Les cycles raccourcissent et la houle de l'acide creuse de plus en plus profond. John-Patrick se sentait condamné à perpétuité dans une paranoïa délirante d'une violence inouïe. Dans un réflexe de survie, il s'extirpait du bar. Mais la patrouille hallucinogène le rattrapait dare-dare. Il s'enfonce dans un mur et pleure, aveuglé par les lumières à effet Galak exposant 112. Il s'est convaincu qu'il va décéder. Et que ses facultés mentales s'étaientt à tout jamais verrouillées de l'intérieur et à triple-tour. «Et si je n'arrivais plus jamais à sortir une vanne ?» se desespérait-il. Il s'était mis en tête de faire vérifier tous les dires de sa compagne par un professionnel agréé. Il s'était également convaincu que personne ne mesurait l'ampleur du drâme à venir. Il sentait son cerveau rissoler comme un oeuf lâché dans une friteuse. Le vacarme d'une tuyauterie interne saccagée hurle dans son oreille interne. Le froid et les claquements de dents l'empêchent de dormir. Il refuse de boire. Car aucun professionnel de renom ne lui en a intimé consigne. Puis accepte. Il veut vomir mais se convainc qu'il en avalera sa langue. Il lui faut à tout le plan d'évacuation de l'hôtel. Il retourne se tortiller dans ses draps qu'il avait commencé à déchirer à coups de molaires. Puis se sentait terrassé par un spirale de jeux de mots redondants. John-Patrick se relève tout à coup, après six heures d'interminables persécutions qui ont semblé durer six mois. Quellle délivrance. Il ne voyait plus de faux Laurent Romejko naviguer entre chiffres et loutres. Les connections étaient rétablies. Il pensait se rebâptiser René de Mécendres. Il enlenchaît son Balladur MP3. L'addictée de Bernard Pavot pouvait reprendre.
Les Marseillais de l'étranger
Je ne sais pas vous, mais quand on est à l'étranger, même au bout du monde, il y a toujours une scène qui vient abolir les distances et vous rappeler que le voyageur tricolore est généralement synonyme de grosse honte. Alors que John-Patrick de la House prend son café paisible dans un coffee du centre, sa nationalité est trahie par son paquet de cigarettes. Il n'en falllait pas plus à un autre Marseillais pour le démasquer. «Oh cousin, viens m'aider ah, y a la gadgi, elle veut me vendre des truc tout rhéné ! » Grand moment de solidarité forcée, sous les yeux médusés de la tenancière. Il lui était déjà arrivé la même chose. Par deux fois. D'abord au Chili. Alors qu'il se sentait presque seul à à 4500 mètres d'altitude, à admirer le vol du condor royal... il entendait une voix intruse derrière lui : «De loin, c'est pas tellement plus gros qu'une mouette». La magie du moment ne fut que mesurée. La fois d'avant, c'était devant les chutes du Nicaragua. Extasié par le bruit énorme de l'eau, John-Patrick est pensif et fait abstraction des autres touristes. Enfin.. jusqu'à entendre le commentaire émouvant d'un de ses concitoyens : «Oh mon vier, c'est beau hein !».
Solide comme un wok !