08-01-2009, 19:52
En poussant les portes de la ville bien avant que Jésus-Christ n'impose le sobriquet imprononçable d'Auxerre, un expert américain s'était jadis esbaudit : « Oh my god it's cold in here. It feels like I'd rather be dead in Pittsburgh instead ». Le bougre s'était bigrement fourvoyé. Dans cette cité monastique, l'habit ne fait pas le moine. Et dans ce berceau de la gastronomie cocardienne, sombrer dans le grattage de fonds de terroir pour cuisiner ses charmes ne ferait que souligner le manque de créativité accablant dont témoignent les Offices de Tourisme.
Les plusses
Auxerre, c'est aussi ce home sweet home lové au bout de la diagonale du vide* et du froid. Ce sont des champs de mesclun à perte de vue, des vallées vallonnées et verdoyantes au coeur desquelles sont plantées quelques bourgades riantes. J'en profite pour torde le cou aux idées reçues sur les bourgades, supposées toujours riantes. Quen nenni. De près, les Bourgadiens ne paraissent pas particulièrement joyeux. Par contre, ils sentent le vin de table.
Quand, à bord du TGV je vois défiler sous mes yeux bouffis par l'herbe cette immensité de verdure, j'ai toujours le même rictus : la double impression que le paysage a été dessiné sur Nintendo64 et qu'il correspond à l'emplacement idéal pour ériger une première ville dans Sim-City.
Mais ne nous perdons pas en palabres inutiles et sans rapport avec le football professionnel français. Un match à Auxerre est également l'occasion de renouer avec la franche camaraderie et de taper sur l'épaule d'un de ces bons vieux curés de campagne rougeauds et aux prépuces remugles... une aubaine pour les polissons des vertes prairies, qui ne se feront pas prier pour baguenauder dans les patûrages en s'amusant à chat-nouille dans les vignobles du Chablis.
Les moinces
Sans désir aucun de meurtrir la fierté historique de ses habitants, Auxerre souffre d'une héraldique totalement incompréhensible comme en témoigne ce blasonnement approximatif : « Dazur semé de billettes dor au lion du même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout». Comparée à « La ville de Marseille resplendit par ses hauts faits », la devise auxerroise siffle un air franchement pompeux. Elle gagne en emphase ce qu'elle perd en clarté. Dommage.
Vendredi ou l'avis sauvage de Jean-Amadou Niang
Cette tenace étiquette de ville ennuyeuse malgré l'alcool est, quelque part, méritée. Mise en exergue par le prisme footbalistique, la thèse devient théorème. On a beau être dans une ville de ballons, il n'y en a qu'un seul qui fournit l'ivresse. Le club végète lamentablement à la quinzième place. Cette fois et jusqu'au bout, il ne faudra plus prendre Guy Roux à la légère. L'ancien club de l'ex-gros bonnet joue vraiment le maintien. La venue de l'OM, cinquième, tombe à point nommé car elle rameute du monde au balcon et des aguichés fermiers.
Afin d'emmitoufler notre malheur de supporter dans notre coeur de rocker, nous lorgnerons d'un oeil chafouin le style vestimentaire du bon Jeannot Fernandez et ses power-doudounes d'un bleu Balasko.
Il ne reste qu'à suggérer aux Marseillais de ne point singer la limace au classement. En effet, en cas de surplace abusif, les postulants Olympiens ramèneraients quelques escarres gros de Bourgogne.
Attendez-vous à apprendre
En championnat de France comme à Intervilles, l'AJA court en vain après un titre depuis 1996.
Le palmarès des Auxerrois célèbres et vivants ne se réduit pas aux seuls Jean-Pierre Soisson et Emile-Louis. Il compte également Isabelle Alonso.
Carol Ficatier, née en 1958 à Auxerre, est la playmate Playboy du mois de décembre 1985. Outre quelques films tels Tempest en 1982, Love is Hell, In the Name of Love et Dangerous Curves en 1992, la belle Bourguignone achève sa carrière à l'écran en apothéose . En tournant dans un épisode de Parker Lewis Never Loses, en 1996, Carol gagne la chance d'effleurer les épaules tatoo du beau et frisé Slater que ne renierait pas Etienne Daho.
Le Russe Garry Kasparov, champion du monde d'échecs, a joué au club de « La Dame Blanche ».
L'épouse de Clovis, qui comme ne l'indique pas son pseudo détestait les coquillages, était la reine Clothilde, une Auxerroise. Elle est aujourd'hui décédée.
Avec Ireneusz Jelen et Dariusz Dudka, l'AJ Auxerre est l'unique club de l'élite française à pouvoir se permettre d'aligner deux joueurs dont le prénom se termine par sz.
Les questions existentielles
Berthod a-t-il de grands pieds ?
Isabelle Alonso peut-elle décéder d'une gingivite ?
Jasse est-il instrumentalisé par Jean Fernandez ?
Popov fait-il caca dans le cabinev ?
Petric fabrique-t-il son pain lui-même ?
Oziemczuk est-il fort au Scrabble ?
Qui sait vraiment prononcer Hengbart en français ?
Doit-on commander à vie des menus enfant quand on s'appelle Kévin Lejeune ?
Kitambala fait-il bien les papiers cadeau ?
Chafni est-il toujours preums à terminer son assiette à la cantine ?
Est-ce que Mignot est allé voir si la rose ce matin avait déclose ?
Pourquoi Bergougnoux ne joue-t-il pas à l'AJA ?
Emile Louis a-t-il deux fêtes ?
* Ainsi métaphorisait le regretté Manolito lorsqu'il immortalisait l'ennui éprouvé durant la difficile transpercée de la plus grande région de France. Depuis, l'expression a fait école auprès des géographes qui galvaudent le terme pour désigner les encâblures qui séparent la Meuse des Landes. Aujourd'hui, Manolito vit en Angleterre où il a récemment décroché un emploi à temps plein en tant que sosie officiel masculin de Mafalda.
Solide comme un wok !