03-10-2008, 16:58
« Toutes les fois qu'on a l'occasion de réaliser une métaphore, doit-on hésiter un seul instant » s’interrogeait Alphonse Allais, grand spécialiste de l’humour acide et de la théorie de l’absurde, nos politiques dont le sens comique et l’instinct loufoque n’est plus à démontrer manient l’allégorie avec un art consommé.
Alors on ne prononce pas le mot de récession mais on image, on aquarellise le propos, on ombre la réalité. Mais l'on ne résout pas tous les embarras au moyen d'une métaphore.
La croissance molle, cette jolie métaphore de notre ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, par ailleurs marraine de la promotion 2007 de l'École de formation du barreau, ça ne s’invente pas, pourrait s’appliquer à notre cher Olympique.
Je vois bien notre Pape prédicant évoquer la mauvaise conjoncture par l’emploi de pittoresques allégories où il serait question de passage récessif, d’expansion paresseuse, d’augmentation indécise, d’accrétion nonchalante, de développement végétatif, de poussée flasque, voire pour cet amateur de cliché, d’agrandissement gélatineux…
Tournures cocasses mises à part, c’est un peu ce qui caractérise le parcours olympien en cette nouvelle saison, des débuts tonitruants, porteurs d’espoir et depuis quelques rencontres un parcours en roue libre où les éléments moteurs commencent à gripper, toussent et s’essouflent.
Nous étions gonflés d’espoir, on se retrouve ballonnés, on se voyait beaux, conquérants et comblés, alors que nous ne sommes qu’outrecuidants, présomptueux et vaniteux !
On goûte aux fruits de cette situation mais quelle en est la primeur ?
Une succession d’erreurs au mauvais moment et pas au bon endroit.
Des trois fois rien (M’Bami, Zubar, Taïwo), ce jeu des petites causes, grands effets qui nous pénalise et rend la croissance mollissante.
Il s’agit parfois d’un détail comme dans la nouvelle de Ray Bradbury Un coup de tonnerre, où des voyageurs dans le temps écrasent par mégarde un papillon avec de fâcheuses conséquences à leur retour.
Esquicher un papillon semble aussi anodin que de tacler un adversaire au bord d’une touche.
Pourtant c’est une faute de Taye !
Cette succession de bévues, cette suite de broutilles, ces légèretés ne nous font pas peser lourds.
On bredouille son football, on balbutie, on bafouille, bref on se perd dans les détails.
Mais jusqu’à Caen ?
Voilà la véritable interrogation, nos deux matchs européens révélateurs de nos déficits techniques seront-ils les éléments constructifs d’une épopée nationale ?
Si comme le prétend Antoine de Saint-Exupéry, la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier, on n’a guère de souci à se faire.