19-06-2007, 22:10
La pelle du 18 juin
On creuse...
La Matinée : l'appel et le Sau
Cette deuxième matinée d'audience n'a rien offert de bien palpitant. Si ce n'est un contraste entre ceux qui s'étaient plutôt bien débrouillé la veille, RLD et Courbis, et les agents, qui depuis le début peinent à faire oublier qu'ils sont le rouage indispensable au versement de primes occultes. Rolf Wegener (Moses) a continué de faire croire qu'il ne comprenait pas le français... le meilleur moyen pour gagner du temps et économiser sa salive. Bernard Almeras, le Corse simplet, à mi-chemin entre intermédiaire et commissionnaire, dont tout le monde se demande comment il a pu jouer un rôle effectif dans le monde du football... Et Gilbert Sau, qui ne s'est pas démonté en faisant passer Almeras pour son mentor. Mieux, il s'est avancé à la barre et a déclaré à popos du transfert d'Arthur Moses (de Dusseldorf à l'OM pour 7MF) : "je suis venu chercher mon million". On croit rêver...
Bernard Almeras est le premier à s'avancer à la barre. Le pas boîteux, regardant sans cesse ses ongles et multipliant les tics nerveux, il s'est fait remarquer d'emblée en laissant sonner son téléphone portable alors qu'il se trouvait face au Président.
Il a défini son rôle comme il l'avait fait il y a quinze mois : il prétend avoir présenté des joueurs à l'agent Sau (Dumas, Rool, Pérez, Rool, Boumnijel, Eydelie, Camadini, Valéry, Moreau, Pancho, G. Deschamps, Martini, Matengou...).
Cet ancien footballeur-stagiaire à Cannes a dû quitter sa Corse natale pour "problèmes familiaux". Il s'installe en Suisse avec l'aide Gilbert Sau, où il possède un compte en banque régulièrement alimenté par Players Planet, l'agence de joueurs de Sau, à hauteur de 500 000F par an, plus d'autres commissions allant jusqu'à 50% des sommes perçues par Sau, à titre d' "honoraires exceptionnels". Pour quels services ? On cherche encore... D'autant qu'il a formellement contesté avoir pris part à une quelconque négociation que ce soit.
Selon Gilbert Sau, "il était la baby-sitter des joueurs" en plus d'être celui qui l'a "aidé à rentrer dans le milieu des joueurs de foot" (SIC)
On pourrait résumer son rôle à cette formule : on ne sait pas pourquoi il est là, mais il est là et gagne sa vie ainsi.
C'est l'homme qui sogne des conventions d'agent de joueur sans l'être lui-même.
Les 500 000F de rente annuelle versés par Sau ? "Des frais divers et des prestations pour Gilbert Sau" alors qu'il a contesté avoir signé la moindre convention. Preuve a été fournie pendant l'instruction, qu'il en aura signé au moins 4 : en 98, il encaisse 2,4MF, 1MF en 99, et 350 000F en 2000. 19,5MF... qu'il a dépensés. Et quand le président, énervé, lui demande comment il a pu dilapider 20MF en 4 ans, il répond : " Je viens d'un milieu modeste, et comme n'importe qui, j'ai tout dépensé. En soirées, voyages, au jeu, quand j'allais au restaurant avec des gens fortunés et c'est moi qui payait". "J'étais en plein divorce". "J'étais à l'hôtel", etc... "Quand je gagnais 1 franc, j'en dépensais deux". Nul besoin de préciser que ces arguments n'ont pas convaincu les magistrats, déjà sceptiques quant à la crédibilité du prévenu Almeras. En effet, il s'était fait remarquer durant l'enquête de police par son attitude réticente et ses mensonges récurrents.
Il semble évident qu'il ne jouait aucun rôle dans les transferts. Ce qu'avait confirmé Sébastien Pérez durant l'instruction.
Aussi, l'énigmatique intermédiaire corse a persévéré dans les déclarations "abracadabrantesques". Pour justifier sa commission de 500 000F sur le transfert de Bakayoko d'Everton à l'OM (40MF) : "Bakayoko avait autant d'agents que ce qu'il marquait de buts".
A propos de Sébastien Pérez, dont le transfert de Bastia à Blackburn, puis de Blackburn à Bastia sous forme de prêt, puis de Blackburn à Marseille, a permis à Almeras et Sau de multiplier de généreuses rétro-commissions, il déclare : "Pérez, il fallait le changer de club tous les 6 mois. Quand il frappait deux fois sur le poteau, il fallait encore changer parce-que le stade ne lui portait pas chance..."
Son attitude nonchalante et ses dénis systématiques ont donné le ton de cette longue matinée où les agents auront marqué des points, mais uniquement contre leur camp. Lors du réquisitoire de jeudi, Bernard Almeras devrait sentir le vent se lever. Telle la brise de mer.
(Ca tourne réellement au sketch, c'est n'importe quoi, il n'y a décidément que des innocents dans les tribunaux.)
Gilbert Sau : il n'y a pas de Sau métier
C'est bien connu, dans les affaires de transferts frauduleux, les agents et intermédiaires sont toujours les malheureux récipiendaires. Sauf que dans les récipients, il y a tout sauf de l'air. Ainsi pourrait-on résumer la morale de la performance de Gilbert Sau. En quinze mois, sur un plan purement physique, les choses ont bien changé. RLD a abandonné sa chevelure à la Robert Plant pour un court-plaqué plus sérieux. Fini la chemise blanche ouverte et sans cravatte, place au costard noir qui habille les vrais patrons. Gilbert Sau n'aura pour une fois pas dérogé à la règle. Noir de rigueur, mais classe. Ce quintuple champion de France de Rally a fondé Planet Players en 1997, date à laquelle il est devenu agent de foot FIFA. Ainsi, ce vieux roublard aura tenté de faire croire que c'est Bernard Almeras, de 20 ans son cadet, qui lui a mis le pied à l'étrier dans le monde du football. "Je commençais dans le métier et j'avais besoin que Bernard Almeras me présente des joueurs". Avant de le décrire différemment : " Lui, c'était leur baby-sitter. Les joueurs de football sont des petits garçons et ce n'est pas quelque chose pour moi. Moi je ne m'occupe pas de leurs problèmes, je ne fais que les transferts. Je coupe mon téléphone à 8 heures du soir alors que lui, il y est encore à 23 heures. Déjà condamné pour escroquerie et fraude fiscale, il a aussi fait l'objet d'une procédure en Suisse pour blanchiment d'argent. " La peine que j'ai pris à Marseille m'a fait réfléchir", se défend-il. On en doute un peu lorsque le président aborde le transfert de Bakayoko, pour lequel l'agent Sau a été mandaté par l'OM comme agent un peu spécial, alors que son agent était officiellement Hervé Goursat. (prévenu et condamné aussi). Pour un simple contact avec le joueur et l'OM. "J'ai mandat avec Bakayoko, mais uniquement pour signer à Marseille". Comme chez Orpy, c'est un mandat exclusif. C'est comme ça. "Alors que je partais à Lens chercher Cyrille Rool, et qui je vois dans le couloir ? Bakayoko, avec Dib qui me dit qu'on va faire le joueur et que pour ma commission, Baka se débouse avec Coulibaly et Goursat... Quoi?!! C'est moi qui l'ai présenté et c'est moi qui ai le mandat de l'OM ! J'ai dit ok, je ne vais pas me laisser faire." [...] Celui que Rolland Courbis définit comme "tenace dans une discussion", concluait sa brillante intervention matinale par cette phrase pleine de bon sens. "Je n'ai pas volé l'argent, j'ai fait mon travail ! J'ai pris mon million ". Une manière de plaider innocent... les deux doigts dans la prise.
Rolf Wegener : je passe volontairement le contenu de cette audition insupportable et inaudible. Le grand chauve allemand, qui fait semblant de ne pas parler ni comprendre le français mais qui réside à Monaco, était accompagné d'une traductrice allemande avec l'accent de l'Etang-de-Berre. Il confirmait ou infirmait de la tête les questions parfois complexes du président Jardel, avant même que la germanophone ne commence à traduire. Rien de bien intéressant sur le fond. Wegener, qui a largement une tête à jouer le méchant dans James Bond, a ainsi gagné un temps considérable. Si toutefois il eut pensé à l'utiliser pour se défendre, alors c'était plutôt mal joué. Au final, le plus sincère des agents prévenu et condamnés, aura été Jean-François Larios, l'absent de la première instance.
Rappellons simplement qui est Wegener. C'est l'agent de Moses, qui n'est pas agent FIFA. Donc pas agent du tout. En vrai, il a touché un peu à tout. Il a financé les arrivées de plusieurs joueurs au club toulonnais, où Courbis était entraîneur. Après avoir monté des affaires dans l'immobilier, après avoir roulé sa bosse dans la finance et le milieu bancaire, il s'installe à Monaco et fonde PointLine, dont le siège est basé au Liechtenstein. Pointline est une agence de gestion des carrières d'artistes et de sportifs. Bref, ça ratisse large tant qu'il y a du cachet. Wegener se spécialise dans les jeunes joueurs de foot nigérians, après avoir exercé sur le continent africain. L'idée était de les faire venir en Europe. en contrepartie, les jeunes lui rétro-cédaient une partie de leurs salaires. C'est lui qui envoie Moses de Toulon à Dusseldorf, en prêt sec la première fois, puis en prêt avec option d'achat à 3MF, que le club varois ne pourra soi-disant pas lever. Toulon veut céder son option à l'OM, mais n'a pas le droit de le faire. Et Moses est gourmand... Wegener débarque. Et avec lui le miracle. Arthur Moses, que le président de Toulon estimait alors être "un joueur moyen de D2", signe à l'OM pour 9MF. Sur les 9MF, le Fortuna Dusseldorf n'en verra qu'un. Et le transfert à Marseille avait été arrangé avant la date butoir de l'option d'achat par Toulon. Bordeaux, via son directeur sportif Charles Camporo, formule une offre bidon de 2M$ pour Moses dont personne n'a jamais voulu. Cela justifiait d'un coup le prix investi par l'OM pour le Ghanéen. Les sommes ont permis le versement de primes occultes transitées puis évadées en liquide via des paradis fiscaux.. 400 000F à Moses grâce à Wegener. Mais pas seulement. Wegener a sans doute très bien compris les mots du président, à propos de ce transfert édifiant : "Souvent, quand on se retrouve devant un tribunal pénal, c'est qu'on n'a pas pensé à tout".
Licio d'Onofrio n'était pas là aujourd'hui. Sans doute un transfert en cours...
Le Rolland Courbis à l'ancienne est arrivé
Face aux questions et au calme du président Jardel, Rolland Courbis s'était montré hier sous un nouveau jour, adoptant presque un profil bas à même de servir sa défense. Aujourd'hui, le président et ses assesseurs ont durci le ton. Et Rolland a haussé la voix.
Il est un peu plus de quinze heures quand Rolland Courbis se présente à la barre après la suspension et la pause-repas. Il est rougeaud. Sa voix n'est plus la même. Il semble n'avoir pas fait que manger... mais ça n'est qu'une impression. Il se fait plus vindicatif devant le président et ses deux assesseurs, voire carrément agressif quand ils le titillent lors de l'audition de Charles Camporo. On revoyait alors le Courbis de la première instance, celui d'il y a quinze mois. Il explose : "Dans cette salle, je suis le plus grand menteur, alors j'essaye moi aussi de voir si j'ai pas quelques collègues autour de moi !" , s'est permis de hurler Courbis.
Interrogé sur le transfert de Moses, pour lequel l'ancien directeur sportif des Girondins a été jugé coupable d'avoir produit une fausse proposition de transfert pour 2M$, sur demande de Courbis, afin de gonfler le prix de son arrivée à Marseille, et ainsi dégager des commissions occultes importantes. Le Club propriétait n'aura encaissé que 1MF sur les 7 déboursées par l'OM... Cette somme pourrait avoir aussi servi à payer un complément de salaire occulte pour Rolland Courbis, après le redressement fiscal dont il a fait l'objet après l'affaire de Toulon. Si Camporo aura répété incessament qu'il a rendu service à Rolland Courbis "sans se poser de questions. [...] On avait passé 2 saisons satisfaisantes à Bordeaux et je ne voyais pas de raison de me méfier", déclarait candidement Camporo, décidément prêt à tout pour sauver le commandant Rolland.
Courbis s'emportera encore. "Quand je regarde a façon dont a été faite cette enquête et quand j'entends le président de Dusseldorf dire qu'il n'a encaissé qu'un million, je ne le crois pas. Je pense que Moses ment aussi car il neut pas être redressé en France. Donc on voit qu'il manque des millions de francs et on se frotte les mains !"
Accusé par l'assesseur d'avir dissimulé 2MF à son patron : "Je pense que RLD savait tout. Mais je n'allais pas dire à RLD "Roussier, il a oublié de vous dire que... Si mon président délégué ne le dit pas à RLD, moi je ne me vois pas aller le dire. Je ne vois pas ne pas respecter la hiérarchie. Moi, mon objectif, c'était de bloquer le joueur pour qu'il ne parte pas pour zéro. J'ai fait une bétise qui pouvait être réparée par son auteur, monsieur Roussier ! Vous pensez quoi ? Que Roussier il va aller voir Dreyfus pour lui dire qu'il a afit une faute professionnelle ? Je pense que quand on avoue la vérité à monsieur Dreyfus, il peut pardonner."
Une performance pas vraiment à son avantage, en plus d'un dossier vraiment pas à son avantage, donc...
A NOTER : l'audition d'Etienne Ceccaldi demandée par la défense de Rolland Courbis a été annulée, officiellement parce qu'il ne pourrait pas être à l'heure et perturberait ainsi ce procès... Dommage...
Petit RLD illustré
RLD est alors interrogé sur ce qu'il sait de l'histoire Moses à l'époque. "Le Conseil de Surveillance a analysé ce dossier. Je pense que l'OM voulait garder le joueur. Et je pense qu'il aurait été préférable de négocier avec Moses avant la date-butoir." enfonce le content suisse.
"S'il avait été bon, 12MF pour un attaquant, c'est pas très cher. J'ai payé 42MF Bakayoko..."
L'assesseur le coupe : Expliquez-moi. quand un joueur quitte l'OM, il n'y a pas de prime et quand il arrive à l'OM depuis l'étranger il y a une prime. Vous n'avez jamais pensé à une exonération fiscale ou à un complément de salaire ?"
RLD : Je ne participe pas aux négociations. Mais vous savez, cela représente une économie de 0,5% par rapport à l'investissement, je pense que j'aurais pris beaucoup de risques pour rien..."
On creuse...
La Matinée : l'appel et le Sau
Cette deuxième matinée d'audience n'a rien offert de bien palpitant. Si ce n'est un contraste entre ceux qui s'étaient plutôt bien débrouillé la veille, RLD et Courbis, et les agents, qui depuis le début peinent à faire oublier qu'ils sont le rouage indispensable au versement de primes occultes. Rolf Wegener (Moses) a continué de faire croire qu'il ne comprenait pas le français... le meilleur moyen pour gagner du temps et économiser sa salive. Bernard Almeras, le Corse simplet, à mi-chemin entre intermédiaire et commissionnaire, dont tout le monde se demande comment il a pu jouer un rôle effectif dans le monde du football... Et Gilbert Sau, qui ne s'est pas démonté en faisant passer Almeras pour son mentor. Mieux, il s'est avancé à la barre et a déclaré à popos du transfert d'Arthur Moses (de Dusseldorf à l'OM pour 7MF) : "je suis venu chercher mon million". On croit rêver...
Bernard Almeras est le premier à s'avancer à la barre. Le pas boîteux, regardant sans cesse ses ongles et multipliant les tics nerveux, il s'est fait remarquer d'emblée en laissant sonner son téléphone portable alors qu'il se trouvait face au Président.
Il a défini son rôle comme il l'avait fait il y a quinze mois : il prétend avoir présenté des joueurs à l'agent Sau (Dumas, Rool, Pérez, Rool, Boumnijel, Eydelie, Camadini, Valéry, Moreau, Pancho, G. Deschamps, Martini, Matengou...).
Cet ancien footballeur-stagiaire à Cannes a dû quitter sa Corse natale pour "problèmes familiaux". Il s'installe en Suisse avec l'aide Gilbert Sau, où il possède un compte en banque régulièrement alimenté par Players Planet, l'agence de joueurs de Sau, à hauteur de 500 000F par an, plus d'autres commissions allant jusqu'à 50% des sommes perçues par Sau, à titre d' "honoraires exceptionnels". Pour quels services ? On cherche encore... D'autant qu'il a formellement contesté avoir pris part à une quelconque négociation que ce soit.
Selon Gilbert Sau, "il était la baby-sitter des joueurs" en plus d'être celui qui l'a "aidé à rentrer dans le milieu des joueurs de foot" (SIC)
On pourrait résumer son rôle à cette formule : on ne sait pas pourquoi il est là, mais il est là et gagne sa vie ainsi.
C'est l'homme qui sogne des conventions d'agent de joueur sans l'être lui-même.
Les 500 000F de rente annuelle versés par Sau ? "Des frais divers et des prestations pour Gilbert Sau" alors qu'il a contesté avoir signé la moindre convention. Preuve a été fournie pendant l'instruction, qu'il en aura signé au moins 4 : en 98, il encaisse 2,4MF, 1MF en 99, et 350 000F en 2000. 19,5MF... qu'il a dépensés. Et quand le président, énervé, lui demande comment il a pu dilapider 20MF en 4 ans, il répond : " Je viens d'un milieu modeste, et comme n'importe qui, j'ai tout dépensé. En soirées, voyages, au jeu, quand j'allais au restaurant avec des gens fortunés et c'est moi qui payait". "J'étais en plein divorce". "J'étais à l'hôtel", etc... "Quand je gagnais 1 franc, j'en dépensais deux". Nul besoin de préciser que ces arguments n'ont pas convaincu les magistrats, déjà sceptiques quant à la crédibilité du prévenu Almeras. En effet, il s'était fait remarquer durant l'enquête de police par son attitude réticente et ses mensonges récurrents.
Il semble évident qu'il ne jouait aucun rôle dans les transferts. Ce qu'avait confirmé Sébastien Pérez durant l'instruction.
Aussi, l'énigmatique intermédiaire corse a persévéré dans les déclarations "abracadabrantesques". Pour justifier sa commission de 500 000F sur le transfert de Bakayoko d'Everton à l'OM (40MF) : "Bakayoko avait autant d'agents que ce qu'il marquait de buts".
A propos de Sébastien Pérez, dont le transfert de Bastia à Blackburn, puis de Blackburn à Bastia sous forme de prêt, puis de Blackburn à Marseille, a permis à Almeras et Sau de multiplier de généreuses rétro-commissions, il déclare : "Pérez, il fallait le changer de club tous les 6 mois. Quand il frappait deux fois sur le poteau, il fallait encore changer parce-que le stade ne lui portait pas chance..."
Son attitude nonchalante et ses dénis systématiques ont donné le ton de cette longue matinée où les agents auront marqué des points, mais uniquement contre leur camp. Lors du réquisitoire de jeudi, Bernard Almeras devrait sentir le vent se lever. Telle la brise de mer.
(Ca tourne réellement au sketch, c'est n'importe quoi, il n'y a décidément que des innocents dans les tribunaux.)
Gilbert Sau : il n'y a pas de Sau métier
C'est bien connu, dans les affaires de transferts frauduleux, les agents et intermédiaires sont toujours les malheureux récipiendaires. Sauf que dans les récipients, il y a tout sauf de l'air. Ainsi pourrait-on résumer la morale de la performance de Gilbert Sau. En quinze mois, sur un plan purement physique, les choses ont bien changé. RLD a abandonné sa chevelure à la Robert Plant pour un court-plaqué plus sérieux. Fini la chemise blanche ouverte et sans cravatte, place au costard noir qui habille les vrais patrons. Gilbert Sau n'aura pour une fois pas dérogé à la règle. Noir de rigueur, mais classe. Ce quintuple champion de France de Rally a fondé Planet Players en 1997, date à laquelle il est devenu agent de foot FIFA. Ainsi, ce vieux roublard aura tenté de faire croire que c'est Bernard Almeras, de 20 ans son cadet, qui lui a mis le pied à l'étrier dans le monde du football. "Je commençais dans le métier et j'avais besoin que Bernard Almeras me présente des joueurs". Avant de le décrire différemment : " Lui, c'était leur baby-sitter. Les joueurs de football sont des petits garçons et ce n'est pas quelque chose pour moi. Moi je ne m'occupe pas de leurs problèmes, je ne fais que les transferts. Je coupe mon téléphone à 8 heures du soir alors que lui, il y est encore à 23 heures. Déjà condamné pour escroquerie et fraude fiscale, il a aussi fait l'objet d'une procédure en Suisse pour blanchiment d'argent. " La peine que j'ai pris à Marseille m'a fait réfléchir", se défend-il. On en doute un peu lorsque le président aborde le transfert de Bakayoko, pour lequel l'agent Sau a été mandaté par l'OM comme agent un peu spécial, alors que son agent était officiellement Hervé Goursat. (prévenu et condamné aussi). Pour un simple contact avec le joueur et l'OM. "J'ai mandat avec Bakayoko, mais uniquement pour signer à Marseille". Comme chez Orpy, c'est un mandat exclusif. C'est comme ça. "Alors que je partais à Lens chercher Cyrille Rool, et qui je vois dans le couloir ? Bakayoko, avec Dib qui me dit qu'on va faire le joueur et que pour ma commission, Baka se débouse avec Coulibaly et Goursat... Quoi?!! C'est moi qui l'ai présenté et c'est moi qui ai le mandat de l'OM ! J'ai dit ok, je ne vais pas me laisser faire." [...] Celui que Rolland Courbis définit comme "tenace dans une discussion", concluait sa brillante intervention matinale par cette phrase pleine de bon sens. "Je n'ai pas volé l'argent, j'ai fait mon travail ! J'ai pris mon million ". Une manière de plaider innocent... les deux doigts dans la prise.
Rolf Wegener : je passe volontairement le contenu de cette audition insupportable et inaudible. Le grand chauve allemand, qui fait semblant de ne pas parler ni comprendre le français mais qui réside à Monaco, était accompagné d'une traductrice allemande avec l'accent de l'Etang-de-Berre. Il confirmait ou infirmait de la tête les questions parfois complexes du président Jardel, avant même que la germanophone ne commence à traduire. Rien de bien intéressant sur le fond. Wegener, qui a largement une tête à jouer le méchant dans James Bond, a ainsi gagné un temps considérable. Si toutefois il eut pensé à l'utiliser pour se défendre, alors c'était plutôt mal joué. Au final, le plus sincère des agents prévenu et condamnés, aura été Jean-François Larios, l'absent de la première instance.
Rappellons simplement qui est Wegener. C'est l'agent de Moses, qui n'est pas agent FIFA. Donc pas agent du tout. En vrai, il a touché un peu à tout. Il a financé les arrivées de plusieurs joueurs au club toulonnais, où Courbis était entraîneur. Après avoir monté des affaires dans l'immobilier, après avoir roulé sa bosse dans la finance et le milieu bancaire, il s'installe à Monaco et fonde PointLine, dont le siège est basé au Liechtenstein. Pointline est une agence de gestion des carrières d'artistes et de sportifs. Bref, ça ratisse large tant qu'il y a du cachet. Wegener se spécialise dans les jeunes joueurs de foot nigérians, après avoir exercé sur le continent africain. L'idée était de les faire venir en Europe. en contrepartie, les jeunes lui rétro-cédaient une partie de leurs salaires. C'est lui qui envoie Moses de Toulon à Dusseldorf, en prêt sec la première fois, puis en prêt avec option d'achat à 3MF, que le club varois ne pourra soi-disant pas lever. Toulon veut céder son option à l'OM, mais n'a pas le droit de le faire. Et Moses est gourmand... Wegener débarque. Et avec lui le miracle. Arthur Moses, que le président de Toulon estimait alors être "un joueur moyen de D2", signe à l'OM pour 9MF. Sur les 9MF, le Fortuna Dusseldorf n'en verra qu'un. Et le transfert à Marseille avait été arrangé avant la date butoir de l'option d'achat par Toulon. Bordeaux, via son directeur sportif Charles Camporo, formule une offre bidon de 2M$ pour Moses dont personne n'a jamais voulu. Cela justifiait d'un coup le prix investi par l'OM pour le Ghanéen. Les sommes ont permis le versement de primes occultes transitées puis évadées en liquide via des paradis fiscaux.. 400 000F à Moses grâce à Wegener. Mais pas seulement. Wegener a sans doute très bien compris les mots du président, à propos de ce transfert édifiant : "Souvent, quand on se retrouve devant un tribunal pénal, c'est qu'on n'a pas pensé à tout".
Licio d'Onofrio n'était pas là aujourd'hui. Sans doute un transfert en cours...
Le Rolland Courbis à l'ancienne est arrivé
Face aux questions et au calme du président Jardel, Rolland Courbis s'était montré hier sous un nouveau jour, adoptant presque un profil bas à même de servir sa défense. Aujourd'hui, le président et ses assesseurs ont durci le ton. Et Rolland a haussé la voix.
Il est un peu plus de quinze heures quand Rolland Courbis se présente à la barre après la suspension et la pause-repas. Il est rougeaud. Sa voix n'est plus la même. Il semble n'avoir pas fait que manger... mais ça n'est qu'une impression. Il se fait plus vindicatif devant le président et ses deux assesseurs, voire carrément agressif quand ils le titillent lors de l'audition de Charles Camporo. On revoyait alors le Courbis de la première instance, celui d'il y a quinze mois. Il explose : "Dans cette salle, je suis le plus grand menteur, alors j'essaye moi aussi de voir si j'ai pas quelques collègues autour de moi !" , s'est permis de hurler Courbis.
Interrogé sur le transfert de Moses, pour lequel l'ancien directeur sportif des Girondins a été jugé coupable d'avoir produit une fausse proposition de transfert pour 2M$, sur demande de Courbis, afin de gonfler le prix de son arrivée à Marseille, et ainsi dégager des commissions occultes importantes. Le Club propriétait n'aura encaissé que 1MF sur les 7 déboursées par l'OM... Cette somme pourrait avoir aussi servi à payer un complément de salaire occulte pour Rolland Courbis, après le redressement fiscal dont il a fait l'objet après l'affaire de Toulon. Si Camporo aura répété incessament qu'il a rendu service à Rolland Courbis "sans se poser de questions. [...] On avait passé 2 saisons satisfaisantes à Bordeaux et je ne voyais pas de raison de me méfier", déclarait candidement Camporo, décidément prêt à tout pour sauver le commandant Rolland.
Courbis s'emportera encore. "Quand je regarde a façon dont a été faite cette enquête et quand j'entends le président de Dusseldorf dire qu'il n'a encaissé qu'un million, je ne le crois pas. Je pense que Moses ment aussi car il neut pas être redressé en France. Donc on voit qu'il manque des millions de francs et on se frotte les mains !"
Accusé par l'assesseur d'avir dissimulé 2MF à son patron : "Je pense que RLD savait tout. Mais je n'allais pas dire à RLD "Roussier, il a oublié de vous dire que... Si mon président délégué ne le dit pas à RLD, moi je ne me vois pas aller le dire. Je ne vois pas ne pas respecter la hiérarchie. Moi, mon objectif, c'était de bloquer le joueur pour qu'il ne parte pas pour zéro. J'ai fait une bétise qui pouvait être réparée par son auteur, monsieur Roussier ! Vous pensez quoi ? Que Roussier il va aller voir Dreyfus pour lui dire qu'il a afit une faute professionnelle ? Je pense que quand on avoue la vérité à monsieur Dreyfus, il peut pardonner."
Une performance pas vraiment à son avantage, en plus d'un dossier vraiment pas à son avantage, donc...
A NOTER : l'audition d'Etienne Ceccaldi demandée par la défense de Rolland Courbis a été annulée, officiellement parce qu'il ne pourrait pas être à l'heure et perturberait ainsi ce procès... Dommage...
Petit RLD illustré
RLD est alors interrogé sur ce qu'il sait de l'histoire Moses à l'époque. "Le Conseil de Surveillance a analysé ce dossier. Je pense que l'OM voulait garder le joueur. Et je pense qu'il aurait été préférable de négocier avec Moses avant la date-butoir." enfonce le content suisse.
"S'il avait été bon, 12MF pour un attaquant, c'est pas très cher. J'ai payé 42MF Bakayoko..."
L'assesseur le coupe : Expliquez-moi. quand un joueur quitte l'OM, il n'y a pas de prime et quand il arrive à l'OM depuis l'étranger il y a une prime. Vous n'avez jamais pensé à une exonération fiscale ou à un complément de salaire ?"
RLD : Je ne participe pas aux négociations. Mais vous savez, cela représente une économie de 0,5% par rapport à l'investissement, je pense que j'aurais pris beaucoup de risques pour rien..."
Pétugue vous tient à l'oeil !