En l’an 1993 après JC …survint du plus noir des ténèbres, l’apocalypse selon St Graët, plongeant les travées du boulevard Michelet dans des noirceurs insondables.
Des forces du mal, emmenées par le Malin jusque là, tapis dans l’ombre s’extirpèrent lentement de leurs cryptes et prirent le pouvoir. Ce cataclysme plongea le monde du ballon rond dans une nouvelle ère. Une ère de souffrance, de tourment, d’inquiétude. L’ère du désenchantement et de le l’apathie.
Au cœur de ce chaos insipide, sur les rives du Lacydon, un énigmatique bienfaiteur passé maître dans le jeu du clair obscur, se pencha sur le berceau du jeu et de la passion , tentant de faire renaître de ses cendres d’antan, l’enivrant parfum de la gloire enfanté il y a 10 ans, il y a un siècle, il y a une éternité.
Dans l’antre séculaire Turcat-Mery, il y trouva le meilleur terroir qu’il fut. Il y fit pousser des vignes d’émotions de toutes espèces. Leurs fruits étaient parfois agréables à voir, enivrant à sentir, excitants à effleurer, onctueux à sucer et souple à toucher, mais par trop souvent désagréables à goûter, irritant à croquer, fragile à déguster, éphémère, court en bouche, fugace, insaisissable. Le sol était bon, le climat idéal, la température parfaite, l’envie intacte : la parfaite équation du terroir, mais les cépages étaient trop fragiles, et brûlaient sous le chaud soleil Provençal.
Pendant ce temps, le Malin qui régnait sur l’Olympe depuis dix longues et ennuyeuses années, continuait à ne récolter de ses excellents cépages, que des fruits insipides, maigres, et sans saveur. Des grappes d’arrogance, de stabilité, de platitude ou de monotonie foisonnaient aux vendanges.
Le terrain sur lequel, notre Malin cultivait sa passion, était trop plat, trop aride, trop froid pour qu’il lui donna les émotions violentes, puissantes, envoûtantes et enivrantes que tous attendaient.
Pourtant, un jour, du terroir Provençal, poussa par le plus grand des hasards un cépage puissant, gorgé de promesses, son rendement était au-delà tous les espoirs. Le soleil méridional exalta la saveur ses premiers fruits, une pulpe dense, un tanin puissant,…Espoir, plaisir, euphorie jaillirent de la bouche de ceux qui y croquèrent.
Malheureusement, un grain de raisin gâté fit pourrir la grappe et notre piètre vigneron succombant à l’appel de la Tamise, céda son joyau, dans le secret espoir, de bonifier le reste de son vignoble…
Hélas! Hélas! Hélas! Trois fois Hélas ! Les vendanges n’apportèrent qu’acidité, âpreté, et amertume.
Notre bienfaiteur, agacé, frustré, fustigé par ce cuisant échec, s’entoura d’un maître de chais.
Dormance, débourrement, épamprage, permirent au terroir de retrouver toutes ses qualités pour que les cépages puissent exprimer leur excellence…et un jour, d’une graine venue des rivages du Bosphore poussa une vigne à l’allure enchanteresse…l’on ne s’y trompa point : ses fruits transpirèrent folie, ivresse, émotion.
Mais ce cépage exigeait une attention de tous les instants, réclamant soins, délicatesse, tact et ténacité, et sans une persévérance sans faille du maître de Chais, l’été qui suivit son éclosion eut pu être fatale.
Mais aujourd’hui, ce précieux cépage continu à s’épanouir au sein de cet idéal terroir bonifiant pour le bonheur de tous, la totalité du vignoble.
Plaisir, joies, espoirs, ambitions, orgueil, gorgent les fruits de cette vendange d’un été touchant à sa fin.
Rêvons, que les vendanges tardives, nous enivrent tout autant.