25-11-2005, 01:21
(Modification du message : 25-11-2005, 11:11 par deepbluebdr.)
Le sommeil profond, un rêve…le Brésil 1970… Le mondial mexicain reste pour moi le plus beau, jamais égalé depuis. Et un cauchemar, le Brésil du moment. Aux auriverdes détenteurs définitifs du trophée Jules Rimet, succède un Brésil beaucoup plus défensif et déclinant. Il n’est plus ce qu’il était. Je comprends mieux alors pourquoi la sélection carioca si brillante au Mexique a perdu son football samba quatre ans plus tard. N’est pas Gerson, Tostao, ou Pelé, qui veut. Certainement pas Mirandinha ou Dirceu. Il n’ y a guère que Paulo Cézar, Jairzinho et Rivelinho vieillissants qui tentent de sauvegarder l’esprit des tricampeo.
« Debout bande de fainéants, vous avez un quart d'heure pour vous préparer, sauter dans vos camions et à neuf heures vous devez être à Canjuers pour charger une vingtaine d'artilleurs chacun, et les transbahuter sur le pas de tir. Allez bouger vous le cul »
Un « oui chef » monte à quatre heures du matin de quelque voix encore faiblardes.
J’avais calculé mon coup la veille, j'étais dés lors, très, très embêté, pour ne pas dire plus. Je ne dis pas un mot, je suis déjà en train de réfléchir, comment m’organiser afin d’être à l'heure pour la première de Jairzinho au vélodrome. Sans cette mission imprévue c'était déjà pas aisé, mais là, le chalenge était encore plus difficile.
Alors qu'il est question de service civil volontaire, en 1974 le service national militaire appelé était obligatoire. Le mondial dans l'ex Allemagne de l'Ouest, bat son plein. Affalé sur mon lit, je me régale d'un Hollande Argentine, et assiste à une déconfiture de plus du football Sud Américain . 4-0 pour mémoire.
Je suis censé être au travail, mais le travail qui m’est confié à l'armée ne m'inspire pas. Aussi, je préfère me cacher dans ma chambre et suivre la coupe du monde. Le problème est qu’au-dessus de moi….derrière moi devrais je dire, il y a un adjudant chef qui me marque à la culotte, un vrai Raymond Domenech, la terreur à la mode des attaquants. Est ce le dernier but de Johnny Rep ayant soulevé un cri de joie de ma part qui a attiré mon gardien ? Quoi qu'il en soit le voilà qui arrive avec pertes et fracas dans la chambrée et m’éjecte du service casernement. Je me retrouve par conséquent dans mon rêve, au service transport. Normal, je suis militaire dans le train, au 527ème groupe de transport de Sainte Marthe.
Nous voilà parti dans un bruit assourdissant. Cinq bahuts, des SIMCA,le « grand luxe », cabine bâchée, pas de fenêtre, un levier de vitesses se trouvant à un mètre derrière, entre les deux fauteuils.
Mission accomplie, nos bleusailles artilleurs sont en train de faire joujou avec des obus…tandis que leurs gradés, en attendant, s’amusent aussi a tirer, mais à la boule obus.
Je propose, après un steack frites vite avalé, de laisser mes camarades rentrer à la caserne lorsqu’ ils le souhaiteront. Je mets les gaz et fonce sur Marseille pieds au plancher. J'ai pris tous les risques et descendant de Canjuers, pause pipi dans la capitale du Var. C’est reparti, bâche au vent, béret sur l’épaulette. Brignoles – Marseille, une heure en camion, c’est pas mal. J’ai de l'avance, aussi je passe faire un bisou à ma copine. Ce n'est pas un problème, le camp de Sainte-Marthe se trouve à deux ou trois arrêts de bus de chez moi et de ma copine. Le timing et parfait j'arrive par la porte sud, mes collègues par la porte nord.
« Les gars, vous m'avez pas vu, vous ne savez pas ce que je suis devenu ». Un tour par la chambrée, je quitte mon treillis pour mettre ma tenue militaire obligatoire. Me voilà, mon béret dans la poche ce coup-ci, en train de chercher une faille sur le mur d'enceinte. Mon pote m'attend devant la société Ricard avec mon Piaggio Ciao, bleu évidemment.
Ouf quelle journée ! Heureusement tout s'est bien déroulé, je suis à l'heure pour le début du match.
Fernand Méric le président de l’OM et un homme de cinéma, il est par conséquent un homme de spectacle et souhaite ce qu’il y a de mieux pour les supporters marseillais.
Si Paulo a débuté la saison avec l’OM, les tractations pour enrichir un mercato et voir arriver son compère de la seleçao, ont été rondement menées par Mr Méric, aidé par Claudio Coutinho.
Voici donc pour ce match, alignée au vélodrome devant 35 00 spectateurs excités, la paire brésilienne face à Monaco. Une foule jamais vue depuis le début de la saison s’est donc amassée pour ce match de gala, comme on appelait ce genre de match contre un club huppé à l’époque. Le vélodrome plein comme un œuf, est enfin prêt a vibrer pour voir un OM 10ème contre Monaco 15ème d’un championnat dominé par St Etienne.
Je suis confortablement installé dans les tribunes Ganay, en tant que trouffion, j’ai pu m’enquiller sans problème. Après une journée menée pieds au plancher, en n’oubliant personne, je crois l’avoir bien mérité.
Monaco, avec des joueurs comme Jean Petit, Christian Dalger et Dellio Onnis, n’est certainement pas sa place, mais ne se retrouvera qu’à celle de l’OM du moment, 10ème, au bout de 38 journées quand l’OM terminera second derrière les verts et devant Lyon.
Le match démarre timidement comme les démarrent bon nombre de match de l’OM actuel, à la différence près, que l’OM compte dans ses rangs, Paulo Cézar, un des meilleurs joueur du monde, même en fin de carrière, prêt a enflammer le match lorsqu’il l’a décidé. Si les yeux sont tournés vers le joueur à la chevelure afro, ses moindres faits et gestes sont d’ailleurs scrutés et décortiqués, c’est le roi Paulo qui survole ce début de partie. Il réalise une performance digne des plus grands moments cariocas, on se croirait sur la plage de Copacabana ou dans le mythique Maracana…ou même à Guadalaraja en Juin 1970. Le Brésilien éclaire de son talent la nuit Marseillaise. En première période, la moins bonne, 10ème minute il claque un but, (identique à celui de Ribéry contre Nantes ) son tir sec frappe sous de la transversale et roule sous le haut, puis le fond des filets et ressort….gamelle.
24ème, d’une frappe limpide il fracasse ce coup-ci la transversale de Montes. Puis il nous régale de quelques grigris qu’il n’a pu totalement réaliser quelques mois plutôt en Allemagne.
Sacré similitude avec Franky le terrible tout de même…non ?
Si Monaco égalise pourtant dix minutes plus tard, (35ème) ce n’est que pour l’anecdote. Les argentins Pastorizza et Onnis, s’ils font partie d’une des équipes les plus offensives du championnat, souffrent néanmoins du football samba de l’OM orchestré par Paulo Cézar.
En seconde période, Paulo et les olympiens embrayent, ils laissent des traces de pneus dans la défense monégasque, virage au frein à main, accrochages en tous genres, Il y a le feu dans la Turbie. Jairzinho jusque là discret, malgré deux frappes sur coups franc en 1ère période, a décidé de se mettre au diapason.
50ème L’argentin Pastorizza le descend alors qu’il filait au but, pénalty. Plat du pied de Paulo Cézar, 2-1. La machine OM est emballée, plus grand-chose ne l’arrête.
56ème Albet Emon superbe d’esthétisme technique, foudroie Montes après un superbe une/deux avec « Tchoi » Bracci.
65ème Bebert encore lui dépose un caramel sur le poteau, Jairzinho qui a suivi, marque enfin son but seul devant Montes qui ne peut que constater la danse du brésilien. L’OM fini pied au plancher et manque de peu de rendre le score beaucoup plus sévère, par Emon et Jaïr qui d’un coup est devenu moins timide. Le bonus en vigueur à cette époque pour une différence de score par 3 buts d’écarts, permet à l’OM d’empocher 3 points. Jairzinho faisant le V de la victoire, sort accompagné de tous les petits ramasseurs de balles et Paulo sous les acclamations du vélodrome.
Au football par moment génial des brésiliens permettant à l’OM de finir la second en fin de saison, avec des parties d’anthologie comme celle qui précède, ou celle contre Nantes 4-0 en coupe de France et trois buts des brésiliens….alterneront des frasques de la part de ses noceurs cariocas. Avec comme exemple des retours de Rio de Paulo, une heure avant le coup d’envoi d’un match important. Un ramassage sur l’autoroute pour Paulo encore, pour une lourde défaite à St Etienne, ainsi qu’une élimination en ¼ de finale de coupe de France par le PSG après deux matches dans la plus pure tragédie des OM – PSG et Jair qui tape un arbitre. Ces brésiliens qui furent des génies en 1970 au Mexique ont laissé aux supporters marseillais un goût d’inachevé. A la sortie du vélodrome personne évidemment ne peut prévoir ce dénouement. Le retour à la caserne se fait dans la joie et la bonne humeur et sous un concert de klaxon sur le boulevard Michelet.
« Debout bande de fainéants, vous avez un quart d'heure pour vous préparer, sauter dans vos camions et aller me les laver. Allez bouger vous le cul »
« Oui chef »
« Dis moi, toi...qu’est ce qu’il a fait l’OM ?»…..
:ball:
deepbluebdr
« Debout bande de fainéants, vous avez un quart d'heure pour vous préparer, sauter dans vos camions et à neuf heures vous devez être à Canjuers pour charger une vingtaine d'artilleurs chacun, et les transbahuter sur le pas de tir. Allez bouger vous le cul »
Un « oui chef » monte à quatre heures du matin de quelque voix encore faiblardes.
J’avais calculé mon coup la veille, j'étais dés lors, très, très embêté, pour ne pas dire plus. Je ne dis pas un mot, je suis déjà en train de réfléchir, comment m’organiser afin d’être à l'heure pour la première de Jairzinho au vélodrome. Sans cette mission imprévue c'était déjà pas aisé, mais là, le chalenge était encore plus difficile.
Alors qu'il est question de service civil volontaire, en 1974 le service national militaire appelé était obligatoire. Le mondial dans l'ex Allemagne de l'Ouest, bat son plein. Affalé sur mon lit, je me régale d'un Hollande Argentine, et assiste à une déconfiture de plus du football Sud Américain . 4-0 pour mémoire.
Je suis censé être au travail, mais le travail qui m’est confié à l'armée ne m'inspire pas. Aussi, je préfère me cacher dans ma chambre et suivre la coupe du monde. Le problème est qu’au-dessus de moi….derrière moi devrais je dire, il y a un adjudant chef qui me marque à la culotte, un vrai Raymond Domenech, la terreur à la mode des attaquants. Est ce le dernier but de Johnny Rep ayant soulevé un cri de joie de ma part qui a attiré mon gardien ? Quoi qu'il en soit le voilà qui arrive avec pertes et fracas dans la chambrée et m’éjecte du service casernement. Je me retrouve par conséquent dans mon rêve, au service transport. Normal, je suis militaire dans le train, au 527ème groupe de transport de Sainte Marthe.
Nous voilà parti dans un bruit assourdissant. Cinq bahuts, des SIMCA,le « grand luxe », cabine bâchée, pas de fenêtre, un levier de vitesses se trouvant à un mètre derrière, entre les deux fauteuils.
Mission accomplie, nos bleusailles artilleurs sont en train de faire joujou avec des obus…tandis que leurs gradés, en attendant, s’amusent aussi a tirer, mais à la boule obus.
Je propose, après un steack frites vite avalé, de laisser mes camarades rentrer à la caserne lorsqu’ ils le souhaiteront. Je mets les gaz et fonce sur Marseille pieds au plancher. J'ai pris tous les risques et descendant de Canjuers, pause pipi dans la capitale du Var. C’est reparti, bâche au vent, béret sur l’épaulette. Brignoles – Marseille, une heure en camion, c’est pas mal. J’ai de l'avance, aussi je passe faire un bisou à ma copine. Ce n'est pas un problème, le camp de Sainte-Marthe se trouve à deux ou trois arrêts de bus de chez moi et de ma copine. Le timing et parfait j'arrive par la porte sud, mes collègues par la porte nord.
« Les gars, vous m'avez pas vu, vous ne savez pas ce que je suis devenu ». Un tour par la chambrée, je quitte mon treillis pour mettre ma tenue militaire obligatoire. Me voilà, mon béret dans la poche ce coup-ci, en train de chercher une faille sur le mur d'enceinte. Mon pote m'attend devant la société Ricard avec mon Piaggio Ciao, bleu évidemment.
Ouf quelle journée ! Heureusement tout s'est bien déroulé, je suis à l'heure pour le début du match.
Fernand Méric le président de l’OM et un homme de cinéma, il est par conséquent un homme de spectacle et souhaite ce qu’il y a de mieux pour les supporters marseillais.
Si Paulo a débuté la saison avec l’OM, les tractations pour enrichir un mercato et voir arriver son compère de la seleçao, ont été rondement menées par Mr Méric, aidé par Claudio Coutinho.
Voici donc pour ce match, alignée au vélodrome devant 35 00 spectateurs excités, la paire brésilienne face à Monaco. Une foule jamais vue depuis le début de la saison s’est donc amassée pour ce match de gala, comme on appelait ce genre de match contre un club huppé à l’époque. Le vélodrome plein comme un œuf, est enfin prêt a vibrer pour voir un OM 10ème contre Monaco 15ème d’un championnat dominé par St Etienne.
Je suis confortablement installé dans les tribunes Ganay, en tant que trouffion, j’ai pu m’enquiller sans problème. Après une journée menée pieds au plancher, en n’oubliant personne, je crois l’avoir bien mérité.
Monaco, avec des joueurs comme Jean Petit, Christian Dalger et Dellio Onnis, n’est certainement pas sa place, mais ne se retrouvera qu’à celle de l’OM du moment, 10ème, au bout de 38 journées quand l’OM terminera second derrière les verts et devant Lyon.
Le match démarre timidement comme les démarrent bon nombre de match de l’OM actuel, à la différence près, que l’OM compte dans ses rangs, Paulo Cézar, un des meilleurs joueur du monde, même en fin de carrière, prêt a enflammer le match lorsqu’il l’a décidé. Si les yeux sont tournés vers le joueur à la chevelure afro, ses moindres faits et gestes sont d’ailleurs scrutés et décortiqués, c’est le roi Paulo qui survole ce début de partie. Il réalise une performance digne des plus grands moments cariocas, on se croirait sur la plage de Copacabana ou dans le mythique Maracana…ou même à Guadalaraja en Juin 1970. Le Brésilien éclaire de son talent la nuit Marseillaise. En première période, la moins bonne, 10ème minute il claque un but, (identique à celui de Ribéry contre Nantes ) son tir sec frappe sous de la transversale et roule sous le haut, puis le fond des filets et ressort….gamelle.
24ème, d’une frappe limpide il fracasse ce coup-ci la transversale de Montes. Puis il nous régale de quelques grigris qu’il n’a pu totalement réaliser quelques mois plutôt en Allemagne.
Sacré similitude avec Franky le terrible tout de même…non ?
Si Monaco égalise pourtant dix minutes plus tard, (35ème) ce n’est que pour l’anecdote. Les argentins Pastorizza et Onnis, s’ils font partie d’une des équipes les plus offensives du championnat, souffrent néanmoins du football samba de l’OM orchestré par Paulo Cézar.
En seconde période, Paulo et les olympiens embrayent, ils laissent des traces de pneus dans la défense monégasque, virage au frein à main, accrochages en tous genres, Il y a le feu dans la Turbie. Jairzinho jusque là discret, malgré deux frappes sur coups franc en 1ère période, a décidé de se mettre au diapason.
50ème L’argentin Pastorizza le descend alors qu’il filait au but, pénalty. Plat du pied de Paulo Cézar, 2-1. La machine OM est emballée, plus grand-chose ne l’arrête.
56ème Albet Emon superbe d’esthétisme technique, foudroie Montes après un superbe une/deux avec « Tchoi » Bracci.
65ème Bebert encore lui dépose un caramel sur le poteau, Jairzinho qui a suivi, marque enfin son but seul devant Montes qui ne peut que constater la danse du brésilien. L’OM fini pied au plancher et manque de peu de rendre le score beaucoup plus sévère, par Emon et Jaïr qui d’un coup est devenu moins timide. Le bonus en vigueur à cette époque pour une différence de score par 3 buts d’écarts, permet à l’OM d’empocher 3 points. Jairzinho faisant le V de la victoire, sort accompagné de tous les petits ramasseurs de balles et Paulo sous les acclamations du vélodrome.
Au football par moment génial des brésiliens permettant à l’OM de finir la second en fin de saison, avec des parties d’anthologie comme celle qui précède, ou celle contre Nantes 4-0 en coupe de France et trois buts des brésiliens….alterneront des frasques de la part de ses noceurs cariocas. Avec comme exemple des retours de Rio de Paulo, une heure avant le coup d’envoi d’un match important. Un ramassage sur l’autoroute pour Paulo encore, pour une lourde défaite à St Etienne, ainsi qu’une élimination en ¼ de finale de coupe de France par le PSG après deux matches dans la plus pure tragédie des OM – PSG et Jair qui tape un arbitre. Ces brésiliens qui furent des génies en 1970 au Mexique ont laissé aux supporters marseillais un goût d’inachevé. A la sortie du vélodrome personne évidemment ne peut prévoir ce dénouement. Le retour à la caserne se fait dans la joie et la bonne humeur et sous un concert de klaxon sur le boulevard Michelet.
« Debout bande de fainéants, vous avez un quart d'heure pour vous préparer, sauter dans vos camions et aller me les laver. Allez bouger vous le cul »
« Oui chef »
« Dis moi, toi...qu’est ce qu’il a fait l’OM ?»…..
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