17-05-2005, 15:12
(Modification du message : 17-05-2005, 19:20 par Georges Profond.)
Ce match contre Lyon ne va pas être une partie facile ?
Ce match va nous permettre de maintenir nos positions européennes. C’est un match qui pèse lourd. Un concurrent direct, Rennes, a laissé des plumes à Lens. Nous avons été solides à Auxerre. C’est toujours pareil, cette solidarité est facilement palpable lorsqu’on n’est pas handicapé par un but.
C’est ce qu’on avait déjà remarqué dans notre cycle de champion, au mois de janvier. Lorsque nous avions la chance d’entamer le match par un but d’avance, on voyait que ces ressources-là apparaissaient. Lorsque nous avions été menés, on a eu ces ressources, mais on sentait que l’équipe était plus fragile.
A part le match contre Lens, on avait toujours des difficultés à revenir dans le match. Là, le fait de rester avec ce point, et on s’est battu pour le garder contre une équipe d’Auxerre qui n’avait pas du tout intérêt à lâcher. C’est un point qui effectivement consolide la confiance dans un cycle assez difficile.
C’est une confiance dont on aura bien besoin pour ce dernier match au Vélodrome, contre des champions de France en titre qui viendront chez nous.
Ça va être le match le plus dur de la saison ?
Ca, on n’en sait rien. Mais en tout cas, j’ai envie de dire qu’on va presque jouer notre saison sur ce match. On a fait un marathon, on a fait ce fameux tour de France, on s’arrête tous à 200 m de la ligne et on a encore notre chance. En cas de victoire, on peut presque terminer notre saison dans des conditions inespérées. Ça serait extraordinaire. C’est sûr qu’en cas de victoire, on consoliderait notre quatrième place, on jouerait notre dernier match au Vélodrome contre le Champion de France et on aurait fait plaisir à notre public qui n’a pas été bien gâté cette année en tout cas à domicile.
Vous comprenez bien que ça représente des valeurs qui seraient sympas à travers ce match. C’est un match européen bien évidemment parce que nous on joue notre Europe là-dessus. Eux, ils sont déjà européens. C’est le dernier match de la saison à domicile, c’est vrai que c’est un match qui représente des valeurs qui risquent de donner un caractère sympathique à notre saison. Mais, quoi qu’il arrive, on sait parce que ça va se jouer à Bordeaux. Imaginez, on perd contre Lyon. Rennes gagne. Ils ont un point d’avance ! Mais après ils vont à Paris et nous à Bordeaux…
Méfiez-vous des Parisiens !
Même si on gagne et que Rennes gagne, ils sont toujours à deux points. Quoi qu’il arrive, c’est le match de Bordeaux. En cas de victoire on serait la première équipe à battre le champion de France. A l’image du match qu’ils ont fait contre Bordeaux, je ne les ai jamais vu jouer à ce niveau-là.
Ils vont arriver avec leur tenue d’Indiens…peut-être que nous on va aussi se mettre des tenues guerrières. Il va falloir que nous on trouve un artifice à ça… Comme les Indiens qui partaient à la guerre. Comme ils sont tous scalpés, il faudra trouver quelque chose. On va les mettre dans une grosse marmite.
Sans Barthez, Pedretti, Marlet, c’est pas un peu trop ?
Sans Péguy aussi, parce que Luyindula est blessé et il ne pourra peut-être pas reprendre demain. A l’image de ce qu’on a fait à Auxerre, cette solidarité, qui était liée au point qu’on allait prendre, mais aussi par rapport aux affaires qui nous entourent, je crois que ce sont des situations qui peuvent permettre de souder ce groupe. C’est vrai que le fait d’être handicapé, en théorie, au départ, ça peut aussi jouer sur la solidarité, l’unité du groupe. Ce n’est pas un match qui va se gagner essentiellement sur la valeur technique.
Actuellement les Lyonnais sont complètement sans pression et quand on les voit jouer sans pression, ils sont quand même assez impressionnants. On sait bien que ce match-là, on ne le gagnera pas parce qu’on a été meilleur que Lyon. Actuellement personne ne peut être meilleur qu’eux. On sait très bien qu’en football il ne suffit pas toujours d’être meilleurs qu’eux, d’ailleurs on ne pourra jamais être meilleur qu’eux. On va trouver d’autres artifices pour justement faire que, où ils sont bons, on va essayer d’être résistants.
On va essayer d’utiliser le peu de failles qu’ils ont, d’une façon intelligente. C’est un match où on a intérêt à bien défendre, à être bien costauds, bien organisés. Il nous faudra faire valoir des valeurs collectives dans l’organisation contre ce rapport de force qui est impressionnant. On sait qu’ils peuvent jouer sur les côtés, avec leur latéraux, si ça ne marche pas. Quand ça ne va pas, les milieux peuvent se retrouver à cinq devant la surface de réparation. Quand on ajoute à cela des passes décisives que peut faire Juninho et en plus, si ça ne marche pas, il a les coups de pieds arrêtés. On voit toute la gamme offensive qu’ils ont pour faire sauter le verrou. Mais ça on le sait. On sait qu’on va jouer le champion de France !
Mais à l’image de nos amis rugbyman, lorsqu’il y a un France-Angleterre, quel que soit le résultat du match précédent, c’est des rendez-vous extraordinaires et je pense que les joueurs sont obligés d’être au rendez-vous sur ce genre de rencontres. Je crois que là, on sera vraiment au rendez-vous et je crois que le public, contrairement à des matchs contre des équipes soit disant inférieures, il sera beaucoup plus tolérant, beaucoup plus avec nous. Ils savent déjà au départ que le match est joué.
Ce sont des situations qui peuvent nous servir. C’est dans cet esprit qu’il faut préparer le match. Le public sait qu’il y a une Europe pour nous. Il ne faut pas oublier aussi ce cadre, même si l’exposition médiatique du club a toujours tendance à rendre tragiques toutes les situations, que le mardi en général il y a toujours une affaire qui arrive, c’est toujours des situations qui envahissent le secteur sportif et qui effectivement peuvent fragiliser les états d’âme les uns et les autres. Il y a toujours ce rituel. Il va-y en avoir une cette semaine ! On l’attend.
Il faudra prendre quatre points sur deux matchs ?
Vous faites le mauvais calcul. Il y a plein de calculs. Encore une fois, tout est en relation directe avec les autres. Moi j’ai une petite idée, je peux vous la mettre sur un petit papier, dans une enveloppe cachetée que vous ouvrirez plus tard. Le jour du match vous lirez « Je reste ». Parce qu’il faudra écrire des deux côtés. Moi je peux vous dire qu’on va avoir la quatrième place avec plus un but obtenu à la 93e minute. Ça serait extraordinaire !
Un but de Gavanon ?
Ça serait ça le plus beau. Un but contre leur camp. Voilà mon rêve. Il y a à prendre ou à laisser. Plus d’un but. C’est pas beau ça pour les cardiaques ! Après on doit partir en Chine tout de suite.
Ça fait un moment que vous les avez tués les cardiaques !
C’est vrai. Toutes les piles ont pété. C’est une année pour cardiaque.
Vous pensez que Lille et Monaco sont supérieurs à vous sur l’ensemble de la saison ?
Il y a encore trop tôt pour dire si on mérite cette place. Les trois premiers du championnat sont des clubs qui ont une stabilité technique. Les entraîneurs sont là depuis plus d’un an. Je crois qu’ils sont là depuis deux ou trois ans. Les politiques des clubs sont stables. Leurs effectifs sont stables. Ceux qui nous suivent, Auxerre et Rennes, sont des clubs qui ont des stabilités techniques, les entraîneurs sont là depuis quatre ou cinq ans, Guy Roux ça fait un siècle.
A part l’Olympique de Marseille qui est le petit canard, qui arrive avec cinq mois de travail et un groupe qui a été remanié à 80 %... Mais l’Olympique de Marseille pour l’instant est positionné parmi ces grosses écuries qui font de la stabilité, du travail etc. Ici, le foot c’est de l’engouement, de la passion, mais il ne faut pas oublier le travail, la construction. Qu’on le veuille ou non, les cinq clubs qui sont actuellement en tête du championnat sont des clubs qui s’inscrivent dans cette construction, cette solidité.
Aujourd’hui c’est vrai que nous, on est pas à notre place par rapport à ça. On devrait être 17 ou 18ème comme tous ces clubs qui changent tout, qui remettent à zéro. Le constat que je fais, c’est que ce club arrive à se faufiler malgré tout. Le constat que je fais c’est que maintenant, pour être en Champion's League, il faut travailler plus, il faut être plus stable. Ces trophées là, on ira aller chercher que lorsqu’on aura les moyens d’aller les chercher.
Mais lorsque vous êtes arrivé vous y aviez cru parce que vous arriviez à Marseille ?
Le club est formaté pour être dans ces cinq premiers. Pour qu’on puisse griller toutes les étapes, il faut à ce moment-là avoir des budgets très importants pour masquer la carence de la politique technique par une équipe où le résultat sera directement sur le terrain. Donc là on touche les acteurs, les joueurs. Dans la mesure où, aujourd’hui, les robinets sont refermés, qu’on ne peut pas dire l’année prochaine "on va dépenser 150 millions d’Euros pour recruter", donc automatiquement vous pouvez asseoir votre politique technique non plus sur le recrutement des joueurs, mais se dire : on partira avec 80 % de l’effectif, on va renforcer le secteur sportif, asseoir le club dans la durée, on va essayer de se servir de cette année où on a essuyé les plâtres pour rendre groupe plus fort.
Imaginez que dans trois semaines on reparte à zéro. On change 80 %. On va repartir avec des gens qui auront plus d’idées que nous encore, mais qui devront encore essuyer des plâtres. Ils vont dire "là je me suis trompé mais je ne me tromperai pas l’année prochaine." Non, l’année prochaine, on ne te laisse pas le temps, tu dégages tout de suite. La notion de dire "je me suis trompé, j’ai acquis d’autres connaissances, j’ai corrigé et je reste", ça, ça n’existe pas. Tu t’es trompé, tu pars. Cette notion d’instabilité est aussi par rapport à ça. Essuyer les plâtres c’est acquérir des connaissances parce qu’on s’est trompé, parce qu’on a corrigé, parce qu’on a travaillé.
L’expérience c’est quoi ? Des choses bien, des choses moins bien. C’est ce qui fait que les hommes sont plus forts. On est beaucoup plus fort lorsqu’on a traversé des bons moments et des moments difficiles. Monaco il y a trois ans était 15ème, Lille était relégable il y a deux ans, Rennes, ils étaient 12ème, Auxerre était entre la cinquième et la huitième place comme tous les ans. A part Lyon, on s’aperçoit que les équipes qui aujourd’hui sont avec nous, sont des équipes qui, il y a un an ou deux, étaient entre la 12e et la dernière place. Ce sont des équipes qui s’inscrivent sur les cinq prochaines années. Lille ne va pas passer l’année prochaine à la 12e place. Pour en arriver là, ils ont essuyé le plâtre pendant un an ou deux. La première année de Deschamps à Monaco, c’était une catastrophe.
Ce sont des modèles. Des références dont on doit tenir compte lorsqu’on a plus les moyens de se dire l’année prochaine on a 150 millions. Eto’o, c’est 45 millions, Ronaldo ou Ronaldinho c’est 86 millions, c’est ces chiffres là qu’il faut si on veut les meilleurs joueurs d’Europe. Aujourd’hui, si on dit la politique on s’en fiche on veut une équipe de 10 bons joueurs, c’est 150 millions qu’il faut à la source pour acheter ces joueurs.
Ce que vous dites n’est peut-être pas vrai pour Lille. C’est un peu la surprise du chef cette année ?
Sur le niveau du championnat de France, s’ils n’étaient pas deuxièmes, ils seraient dans les cinq premiers. C’est pour parler de la notion de stabilité, de durer, par les hommes, par ces touches. Je crois beaucoup en ça. Mais lorsqu’on regarde la stabilité, nous on est là, quatrième, on s’aperçoit qu’on a rien à voir dans ce paysage.
Votre avenir ?
Aujourd’hui l’actualité c’est quoi ? C’est que je suis bien à l’OM, qu’il nous reste deux matchs à jouer, nous nous inscrivons dans la course a Europe, moi j’ai mon travail à faire, ensuite il y a des responsables qui seront à l’écoute des différents projets de ceux qui viendront renforcer l’équipe et à partir de là, il y aura des contrats. De toute façon les cartes seront rebattues et à partir de là on verra quelles énergies il en ressort.
Ça vous embêterait de dire adieu au public du Vélodrome samedi ?
Je dirai au revoir déjà parce que c’est la fin de saison. Il ne faudra pas prendre ça pour un adieu. Je vous vois déjà avec les micros si ça devait se passer. Ca, ce sont des spéculations de journalistes. Vous vous êtes metteur en scène. Vous pensez qu’il y a des jeunes filles qui vont pleurer ?
Non, mais parmi les noms de vos successeurs possibles avancés, quel est celui que vous choisiriez-vous ?
Il y en a déjà qui s’affichent. Nous voilà dans le rituel du mardi, à trois jours d’un match important.
Mais plus rien ne vous perturbe vous ?
Je trouve que c’est un peu déplacé cette déclaration. (Il ne prononce pas son nom mes parle de Metsu qui à la une de France foot dit avoir la tête à Marseille) La personne qui dit ça doit se sentir Marseillais, mais il sait très bien que sa déclaration ne sert pas les intérêts du club. Si je devais être le futur entraîneur de Marseille, je n’essaierais pas déjà de tenir une position contre. Ça ne va pas être facile pour lui.
Etre mature, c’est de savoir qu’on n’avait pas à faire de déclaration dans ce sens, sauf si éventuellement il avait des garanties de responsables marseillais pour pouvoir dire des choses pareilles. Ou alors il s’est cru autorisé à faire ces déclarations parce qu’il a une bonne relation avec Pape Diouf comme il le dit. Mais Pape Diouf, a priori, aurait démenti. C’est pour ça que je trouve ça un peu déplacé.
Pape Diouf n’a pas démenti ?
Il va peut-être le faire demain. Imaginez que demain il y ait un démenti. Celui qui a fait la déclaration passe vraiment une bille… Non mais imaginez qu’il y ait un démenti. Le gars il est déjà à Marseille. Je lui dis que je suis toujours entraîneur de Marseille, jusqu’à preuve du contraire, je suis bien en place. J’ai un travail à faire et ses offres de services, parce qu’on peut comprendre aussi que ce sont des offres de services, on a l’impression que le journal qu’il y a relayé ça, on peut relire l’article, il a plutôt fait de la pub pour le type. C’est bizarre parce qu’un journal de ce niveau-là, en général, il n’en est pas là, mais là, il a fait de la pub pour des offres de service. Non, il y a toujours un entraîneur à l’OM.
Est-ce qu’on vous a promis quelque chose si vous vous qualifiez pour l’UEFA ?
Je crois qu’on me donne cette place justement. Aujourd’hui je suis toujours l’entraîneur de l’Olympique de Marseille. Nous sommes dans une logique d’être européens, on fera les comptes à la fin de la saison. Vu la façon dont le club de se comporte, effectivement peut-être que je ferais partie des candidats à la discussion.
Quelle est votre envie ?
L’envie, c’est une relation de partenaires. A l’heure où je vous parle, je n’ai pris aucune décision. Je ne suis pas à même de prendre cette décision.
C’est toujours en relation avec quelqu’un qui va demander comment vous pourriez-vous inscrire dans le projet de l’Olympique de Marseille ?
Il y aura de toute façon une relation partenariat. Aujourd’hui ce qui m’intéresse le plus et qu’on termine bien placé. C’est ça qui va générer la dynamique. Même si le club termine en dessous de la quatrième place, on sait très bien que le club va repartir avec des ambitions, un projet. Quoi qu’il arrive, le 24 juin le club Olympique de Marseille reprend l’entraînement. Le projet existe. Il est réfléchi par des personnes qui en ont la charge. Pour l’instant il y a un peu de cacophonie sur ceux qui ont la charge de le conduire mais tout ça va se centraliser et des personnes vont s’exprimer.
Vous jouerez l’Intertoto ?
Je ne veux même pas imaginer ça.
Est-ce que le nom d’un éventuel responsable sportif peut influer sur votre décision ?
Je n’en suis pas à des affaires d’hommes. On sait qu’aujourd’hui il y a une cacophonie au niveau des hommes. Il y en a qui sont en campagne. Le côté politique du club, c’est au-dessus de moi. Quand je dis que ceux qui ont essuyé des plâtres auront sûrement des choses à dire l’année prochaine, il est évident que j’englobe en premier lieu le rôle de Pape Diouf.
C’est quelqu’un qui sait communiquer et donner une certaine sérénité, une certaine stabilité, une image du club, surtout dans les moments aussi difficiles. Il suffit de voir sa prestation hier soir à l’émission de télé pour voir que le gars est bien en place et qu’il défend au mieux les intérêts du club. Je crois que cette force intellectuelle, on en a besoin.
Ensuite il va falloir trouver un secteur sportif à la Commanderie, là où on travaille, où les joueurs se retrouvent le matin, dans un secteur sportif bien construit, bien ficelé, bien bétonné. Il faut se servir de ce qu’on a vécu cette année pour ne plus que ça se reproduise. Il faut bien étudier les paramètres, mettre en place de nouveaux paramètres pour que la structure sportive soit solide.
Moi je ne dis pas c’est telle ou telle personne qui va garantir le projet. Le projet va se garantir d’abord par l’actionnaire principal qui est Robert Louis-Dreyfus qui lui va donner la validité. Je crois que la relation que j’ai avec Pape Diouf et la relation que Pape Diouf a vis-à-vis du secteur sportif, de la communication, de ce qu’il peut apporter par rapport à son expérience passée, je trouve que ça serait dommage de s’en séparer... C’est le message que je veux faire passer et que je ressens moi, en interne.
Pourtant Pape Diouf dit presque avoir été trahi, vous avez ressenti ça ?
Il y a une cacophonie. C’est souvent lié au fait qu’on ne s’est pas parlé, on ne s’est pas expliqué. On est resté sur des non-dits et en suite ça a généré des comportements qui peuvent être ressentis sous forme de frustration, d’incompréhension. Je crois au fait que cette année on ne s’est pas suffisamment parlé. Trahison est un mot qui est trop fort.
Ce n’est pas vous qu’il visait !
J’ai bien compris et je vois à qui vous faites référence. On pourrait parler de déception. Un peu comme moi je me suis permis de dire la semaine dernière que j’attendais des plus de mes joueurs. C’est par rapport à l’investissement, à la liberté, à la confiance que j’ai souhaité donner à mes joueurs. On veut que cette confiance nous soit redonnée sous forme de comportement, d’envie, de caractère. On a vu ça déjà dans certains matchs, mais ça faisait peut-être défauts dans des matchs qu’on a lâchés.
Quand on les prend un par un, on sent que le gars est complètement investi. Mais quand on le met avec quelqu’un d’autre, on sent que cet investissement là est plus ou moins frustré parce qu’il y a l’incompréhension de celui qui n’a pas compris comme ça. C’est cette frustration collective qui a réduit tout doucement le collectif un jeu académique qui nous a permis de nous libérer. On ne s’en sortait que lorsque le résultat était à notre avantage pour serrer les dents, mais on s’est aperçu que lorsqu’on était touché, que la cuirasse était touchée, qu’on prenait un but, tout ça s’effritait un peu. On a mal communiqué cette année donc on peut avoir une certaine frustration, une certaine déception, mais le mot trahison est trop fort.
Vous n’avez pas eu envie de conseiller Pape Diouf et lui dire d’écarter certaines personnes comme vous avez écarté certains joueurs ?
J’ai toujours pensé que de faire preuve d’adaptation était la meilleure méthode. S’il fallait mettre des coups de boule, tout le monde d’équerre, je dis non. Je suis convaincu que la méthode que nous avons adopté, la confiance, la liberté, même si nous n’avons pas eu la réponse tout de suite, je pense que l’année prochaine ça sera beaucoup plus facile de mettre en place d’autres choses, des règles, les circuits plus costauds, plus forts au niveau du secteur sportif. Là, ce sont les paramètres du nouveau moteur. Il est clair qu’on ne va pas repartir sur les mêmes bases. Mais la première stabilité, c’est de faire confiance à des gens et ne pas aller juger sur un tableau d’affichage, les juger aussi sur le fond.
Pape Diouf a annoncé son intention de se séparer de certaines personnes de son entourage ?
Il a voulu dire qu’on renforcera des départements. Pour nous, il a aussi critiqué sur le fait qu’il y avait trop de staff. Ce n’est pas ça qu’il fallait dire. Une nouvelle répartition des rôles des uns et des autres, avec le staff existant mais un chargeant les uns et les autres de responsabilité, déjà on a une première stabilité. Il faut savoir aussi être en rupture avec le passé. Remettre de l’énergie. Ce n’est pas un problème de compétence. C’est un problème d’énergie. Tout ça se sont des questions qu’on devra se poser pour que le secteur sportif soit vraiment très costaud. La chasse aux sorcières, on n’y croit pas.
Vous avez chiffré ?
Les chiffres que j’ai donnés sont archi-faux. Ce sont des images.
Quand vous parlez de secteurs fournis, vous pensez à la cellule de recrutement ?
Non. Vous avez une mauvaise image de cette cellule de recrutement. Si je vous donnais la feuille de route de ces gens ou leurs rapports, vous verrez qu’ils sont sur tous les continents, surtout les tournois mondiaux. En Colombie, en Argentine, au Bénin. Vous avez le sentiment que ces gens font du tourisme. Moi je vous assure qu’ils font un travail hyper sérieux.
Mais où sont ces joueurs à l’arrivée ?
Comme nous à l’étranger il y a Inter de Milan, AC Milan, Real, Barcelone. Il n’y a aucun Français. C’est sûr que lorsqu’on a une option, on n’a pas le joueur. C’est la force du club, dans la durée, qui fera que le petit Turc que tous les clubs veulent, même si nous avons la priorité, à l’arrivée on ne l’aura pas parce qu’on aura pas la force interne pour le faire. Mais ça c’est autre chose. Mais sachez qu’on ne fait pas n’importe quoi. On ne travaille que depuis cinq mois. C’était important d’être présent à l’étranger en terme d’image, d’impact. Ce sont des processus qui tout doucement amènent à un état d’esprit. On ne dit pas assez que nous sommes positionnés. L’image que vous, vous avez de cette cellule de recrutement, est complètement faussée.
Mais ils travaillent pour rien ?
Laissez faire! Pape Diouf n’est là que depuis neuf mois. Il met difficilement en place son projet. Ne jugez pas ceux qui construisent, qui essaient de convaincre. Il faut bien essuyer les plâtres, commencer par quelque chose. Le petit Turc de 17 ans ne va pas arriver parachuté, comme ça, ce n’est pas possible. Il faut le chercher, le voir. Vous-même vous êtes impatients. Vous êtes dans le processus de dire plus on change, plus on est sécurisé.
Gardons déjà nos jeunes qui sont bons...
On les gardera lorsqu’on aura des choses à proposer, lorsqu’on aura de vrais projets, lorsque le club aura une dimension européenne. Les joueurs restent lorsqu’ils ont le sentiment d’être considérés, d’avoir de bonnes conditions de vie, de bonnes conditions privées et d’avoir le sentiment que le club s’inscrit dans la durée. À Marseille il faut avoir 10, 15 joueurs internationaux, pas seulement des Français. Il faut qu’on ait le sentiment que tous les ans on va s’inscrire dans les trois premiers. Tous les ans il y a quatre compétitions. C’est ça un club de foot.
Ça fait neuf ans qu’on attend !
Ce discours-là on l’entend mais je ne suis pas le seul à l’entendre. Il suffit de voir la liste des entraîneurs qui se sont succédés pour comprendre que ces gars-là, ils avaient aussi des idées. C’est pour ça que je reste très modeste est réservé sur mon avenir.
On parle entre nous, ce que je dis ne sortira pas ? Coupez les caméras !
Mettez-vous à la place d’un joueur. Il appelle son copain qui joue ici. « Allô, j’ai été contacté par l’Olympique de Marseille. Oh punaise ! Ne viens pas …»
Ceux qui ne jouent pas disent ça, les autres non…
Si le gars doit choisir entre Manchester, Arsenal et Marseille … C’est comme une grande école ça, comme une grande entreprise. On attire les personnes, bien sûr il y a la ville, le soleil, c’est plus agréable de travailler à Marseille qu’à… je vous laisse le choix parce qu’on va me reprocher de ne pas aimer la ville que je pourrais citer. Lorsqu’on vient dans ce club, il faut que le gars ait déjà le cadre. Le gars il sait que s’il va à Auxerre il ne va pas se balader en scooter, en short. Lorsqu’on est à Marseille, avant de penser à Cassis, il faut que le gars dise "c’est l’Europe, c’est un match tous les trois jours, les obligations, il y a des joueurs internationaux, est-ce que je vais jouer?"
C’est un tremplin. Mais, il vaut mieux un tremplin qu’un toboggan. A ce moment, c’est un toboggan. Pour les entraîneurs qui sont passés c’est un toboggan. Ça n’a jamais été un tremplin. Moi je crois à la vérité sportive qui permettra d’entendre dire les joueurs : « je veux aller à Marseille parce qu’il y a le soleil, mais le soleil je n’ai même pas le temps de le voir. »
Ce match va nous permettre de maintenir nos positions européennes. C’est un match qui pèse lourd. Un concurrent direct, Rennes, a laissé des plumes à Lens. Nous avons été solides à Auxerre. C’est toujours pareil, cette solidarité est facilement palpable lorsqu’on n’est pas handicapé par un but.
C’est ce qu’on avait déjà remarqué dans notre cycle de champion, au mois de janvier. Lorsque nous avions la chance d’entamer le match par un but d’avance, on voyait que ces ressources-là apparaissaient. Lorsque nous avions été menés, on a eu ces ressources, mais on sentait que l’équipe était plus fragile.
A part le match contre Lens, on avait toujours des difficultés à revenir dans le match. Là, le fait de rester avec ce point, et on s’est battu pour le garder contre une équipe d’Auxerre qui n’avait pas du tout intérêt à lâcher. C’est un point qui effectivement consolide la confiance dans un cycle assez difficile.
C’est une confiance dont on aura bien besoin pour ce dernier match au Vélodrome, contre des champions de France en titre qui viendront chez nous.
Ça va être le match le plus dur de la saison ?
Ca, on n’en sait rien. Mais en tout cas, j’ai envie de dire qu’on va presque jouer notre saison sur ce match. On a fait un marathon, on a fait ce fameux tour de France, on s’arrête tous à 200 m de la ligne et on a encore notre chance. En cas de victoire, on peut presque terminer notre saison dans des conditions inespérées. Ça serait extraordinaire. C’est sûr qu’en cas de victoire, on consoliderait notre quatrième place, on jouerait notre dernier match au Vélodrome contre le Champion de France et on aurait fait plaisir à notre public qui n’a pas été bien gâté cette année en tout cas à domicile.
Vous comprenez bien que ça représente des valeurs qui seraient sympas à travers ce match. C’est un match européen bien évidemment parce que nous on joue notre Europe là-dessus. Eux, ils sont déjà européens. C’est le dernier match de la saison à domicile, c’est vrai que c’est un match qui représente des valeurs qui risquent de donner un caractère sympathique à notre saison. Mais, quoi qu’il arrive, on sait parce que ça va se jouer à Bordeaux. Imaginez, on perd contre Lyon. Rennes gagne. Ils ont un point d’avance ! Mais après ils vont à Paris et nous à Bordeaux…
Méfiez-vous des Parisiens !
Même si on gagne et que Rennes gagne, ils sont toujours à deux points. Quoi qu’il arrive, c’est le match de Bordeaux. En cas de victoire on serait la première équipe à battre le champion de France. A l’image du match qu’ils ont fait contre Bordeaux, je ne les ai jamais vu jouer à ce niveau-là.
Ils vont arriver avec leur tenue d’Indiens…peut-être que nous on va aussi se mettre des tenues guerrières. Il va falloir que nous on trouve un artifice à ça… Comme les Indiens qui partaient à la guerre. Comme ils sont tous scalpés, il faudra trouver quelque chose. On va les mettre dans une grosse marmite.
Sans Barthez, Pedretti, Marlet, c’est pas un peu trop ?
Sans Péguy aussi, parce que Luyindula est blessé et il ne pourra peut-être pas reprendre demain. A l’image de ce qu’on a fait à Auxerre, cette solidarité, qui était liée au point qu’on allait prendre, mais aussi par rapport aux affaires qui nous entourent, je crois que ce sont des situations qui peuvent permettre de souder ce groupe. C’est vrai que le fait d’être handicapé, en théorie, au départ, ça peut aussi jouer sur la solidarité, l’unité du groupe. Ce n’est pas un match qui va se gagner essentiellement sur la valeur technique.
Actuellement les Lyonnais sont complètement sans pression et quand on les voit jouer sans pression, ils sont quand même assez impressionnants. On sait bien que ce match-là, on ne le gagnera pas parce qu’on a été meilleur que Lyon. Actuellement personne ne peut être meilleur qu’eux. On sait très bien qu’en football il ne suffit pas toujours d’être meilleurs qu’eux, d’ailleurs on ne pourra jamais être meilleur qu’eux. On va trouver d’autres artifices pour justement faire que, où ils sont bons, on va essayer d’être résistants.
On va essayer d’utiliser le peu de failles qu’ils ont, d’une façon intelligente. C’est un match où on a intérêt à bien défendre, à être bien costauds, bien organisés. Il nous faudra faire valoir des valeurs collectives dans l’organisation contre ce rapport de force qui est impressionnant. On sait qu’ils peuvent jouer sur les côtés, avec leur latéraux, si ça ne marche pas. Quand ça ne va pas, les milieux peuvent se retrouver à cinq devant la surface de réparation. Quand on ajoute à cela des passes décisives que peut faire Juninho et en plus, si ça ne marche pas, il a les coups de pieds arrêtés. On voit toute la gamme offensive qu’ils ont pour faire sauter le verrou. Mais ça on le sait. On sait qu’on va jouer le champion de France !
Mais à l’image de nos amis rugbyman, lorsqu’il y a un France-Angleterre, quel que soit le résultat du match précédent, c’est des rendez-vous extraordinaires et je pense que les joueurs sont obligés d’être au rendez-vous sur ce genre de rencontres. Je crois que là, on sera vraiment au rendez-vous et je crois que le public, contrairement à des matchs contre des équipes soit disant inférieures, il sera beaucoup plus tolérant, beaucoup plus avec nous. Ils savent déjà au départ que le match est joué.
Ce sont des situations qui peuvent nous servir. C’est dans cet esprit qu’il faut préparer le match. Le public sait qu’il y a une Europe pour nous. Il ne faut pas oublier aussi ce cadre, même si l’exposition médiatique du club a toujours tendance à rendre tragiques toutes les situations, que le mardi en général il y a toujours une affaire qui arrive, c’est toujours des situations qui envahissent le secteur sportif et qui effectivement peuvent fragiliser les états d’âme les uns et les autres. Il y a toujours ce rituel. Il va-y en avoir une cette semaine ! On l’attend.
Il faudra prendre quatre points sur deux matchs ?
Vous faites le mauvais calcul. Il y a plein de calculs. Encore une fois, tout est en relation directe avec les autres. Moi j’ai une petite idée, je peux vous la mettre sur un petit papier, dans une enveloppe cachetée que vous ouvrirez plus tard. Le jour du match vous lirez « Je reste ». Parce qu’il faudra écrire des deux côtés. Moi je peux vous dire qu’on va avoir la quatrième place avec plus un but obtenu à la 93e minute. Ça serait extraordinaire !
Un but de Gavanon ?
Ça serait ça le plus beau. Un but contre leur camp. Voilà mon rêve. Il y a à prendre ou à laisser. Plus d’un but. C’est pas beau ça pour les cardiaques ! Après on doit partir en Chine tout de suite.
Ça fait un moment que vous les avez tués les cardiaques !
C’est vrai. Toutes les piles ont pété. C’est une année pour cardiaque.
Vous pensez que Lille et Monaco sont supérieurs à vous sur l’ensemble de la saison ?
Il y a encore trop tôt pour dire si on mérite cette place. Les trois premiers du championnat sont des clubs qui ont une stabilité technique. Les entraîneurs sont là depuis plus d’un an. Je crois qu’ils sont là depuis deux ou trois ans. Les politiques des clubs sont stables. Leurs effectifs sont stables. Ceux qui nous suivent, Auxerre et Rennes, sont des clubs qui ont des stabilités techniques, les entraîneurs sont là depuis quatre ou cinq ans, Guy Roux ça fait un siècle.
A part l’Olympique de Marseille qui est le petit canard, qui arrive avec cinq mois de travail et un groupe qui a été remanié à 80 %... Mais l’Olympique de Marseille pour l’instant est positionné parmi ces grosses écuries qui font de la stabilité, du travail etc. Ici, le foot c’est de l’engouement, de la passion, mais il ne faut pas oublier le travail, la construction. Qu’on le veuille ou non, les cinq clubs qui sont actuellement en tête du championnat sont des clubs qui s’inscrivent dans cette construction, cette solidité.
Aujourd’hui c’est vrai que nous, on est pas à notre place par rapport à ça. On devrait être 17 ou 18ème comme tous ces clubs qui changent tout, qui remettent à zéro. Le constat que je fais, c’est que ce club arrive à se faufiler malgré tout. Le constat que je fais c’est que maintenant, pour être en Champion's League, il faut travailler plus, il faut être plus stable. Ces trophées là, on ira aller chercher que lorsqu’on aura les moyens d’aller les chercher.
Mais lorsque vous êtes arrivé vous y aviez cru parce que vous arriviez à Marseille ?
Le club est formaté pour être dans ces cinq premiers. Pour qu’on puisse griller toutes les étapes, il faut à ce moment-là avoir des budgets très importants pour masquer la carence de la politique technique par une équipe où le résultat sera directement sur le terrain. Donc là on touche les acteurs, les joueurs. Dans la mesure où, aujourd’hui, les robinets sont refermés, qu’on ne peut pas dire l’année prochaine "on va dépenser 150 millions d’Euros pour recruter", donc automatiquement vous pouvez asseoir votre politique technique non plus sur le recrutement des joueurs, mais se dire : on partira avec 80 % de l’effectif, on va renforcer le secteur sportif, asseoir le club dans la durée, on va essayer de se servir de cette année où on a essuyé les plâtres pour rendre groupe plus fort.
Imaginez que dans trois semaines on reparte à zéro. On change 80 %. On va repartir avec des gens qui auront plus d’idées que nous encore, mais qui devront encore essuyer des plâtres. Ils vont dire "là je me suis trompé mais je ne me tromperai pas l’année prochaine." Non, l’année prochaine, on ne te laisse pas le temps, tu dégages tout de suite. La notion de dire "je me suis trompé, j’ai acquis d’autres connaissances, j’ai corrigé et je reste", ça, ça n’existe pas. Tu t’es trompé, tu pars. Cette notion d’instabilité est aussi par rapport à ça. Essuyer les plâtres c’est acquérir des connaissances parce qu’on s’est trompé, parce qu’on a corrigé, parce qu’on a travaillé.
L’expérience c’est quoi ? Des choses bien, des choses moins bien. C’est ce qui fait que les hommes sont plus forts. On est beaucoup plus fort lorsqu’on a traversé des bons moments et des moments difficiles. Monaco il y a trois ans était 15ème, Lille était relégable il y a deux ans, Rennes, ils étaient 12ème, Auxerre était entre la cinquième et la huitième place comme tous les ans. A part Lyon, on s’aperçoit que les équipes qui aujourd’hui sont avec nous, sont des équipes qui, il y a un an ou deux, étaient entre la 12e et la dernière place. Ce sont des équipes qui s’inscrivent sur les cinq prochaines années. Lille ne va pas passer l’année prochaine à la 12e place. Pour en arriver là, ils ont essuyé le plâtre pendant un an ou deux. La première année de Deschamps à Monaco, c’était une catastrophe.
Ce sont des modèles. Des références dont on doit tenir compte lorsqu’on a plus les moyens de se dire l’année prochaine on a 150 millions. Eto’o, c’est 45 millions, Ronaldo ou Ronaldinho c’est 86 millions, c’est ces chiffres là qu’il faut si on veut les meilleurs joueurs d’Europe. Aujourd’hui, si on dit la politique on s’en fiche on veut une équipe de 10 bons joueurs, c’est 150 millions qu’il faut à la source pour acheter ces joueurs.
Ce que vous dites n’est peut-être pas vrai pour Lille. C’est un peu la surprise du chef cette année ?
Sur le niveau du championnat de France, s’ils n’étaient pas deuxièmes, ils seraient dans les cinq premiers. C’est pour parler de la notion de stabilité, de durer, par les hommes, par ces touches. Je crois beaucoup en ça. Mais lorsqu’on regarde la stabilité, nous on est là, quatrième, on s’aperçoit qu’on a rien à voir dans ce paysage.
Votre avenir ?
Aujourd’hui l’actualité c’est quoi ? C’est que je suis bien à l’OM, qu’il nous reste deux matchs à jouer, nous nous inscrivons dans la course a Europe, moi j’ai mon travail à faire, ensuite il y a des responsables qui seront à l’écoute des différents projets de ceux qui viendront renforcer l’équipe et à partir de là, il y aura des contrats. De toute façon les cartes seront rebattues et à partir de là on verra quelles énergies il en ressort.
Ça vous embêterait de dire adieu au public du Vélodrome samedi ?
Je dirai au revoir déjà parce que c’est la fin de saison. Il ne faudra pas prendre ça pour un adieu. Je vous vois déjà avec les micros si ça devait se passer. Ca, ce sont des spéculations de journalistes. Vous vous êtes metteur en scène. Vous pensez qu’il y a des jeunes filles qui vont pleurer ?
Non, mais parmi les noms de vos successeurs possibles avancés, quel est celui que vous choisiriez-vous ?
Il y en a déjà qui s’affichent. Nous voilà dans le rituel du mardi, à trois jours d’un match important.
Mais plus rien ne vous perturbe vous ?
Je trouve que c’est un peu déplacé cette déclaration. (Il ne prononce pas son nom mes parle de Metsu qui à la une de France foot dit avoir la tête à Marseille) La personne qui dit ça doit se sentir Marseillais, mais il sait très bien que sa déclaration ne sert pas les intérêts du club. Si je devais être le futur entraîneur de Marseille, je n’essaierais pas déjà de tenir une position contre. Ça ne va pas être facile pour lui.
Etre mature, c’est de savoir qu’on n’avait pas à faire de déclaration dans ce sens, sauf si éventuellement il avait des garanties de responsables marseillais pour pouvoir dire des choses pareilles. Ou alors il s’est cru autorisé à faire ces déclarations parce qu’il a une bonne relation avec Pape Diouf comme il le dit. Mais Pape Diouf, a priori, aurait démenti. C’est pour ça que je trouve ça un peu déplacé.
Pape Diouf n’a pas démenti ?
Il va peut-être le faire demain. Imaginez que demain il y ait un démenti. Celui qui a fait la déclaration passe vraiment une bille… Non mais imaginez qu’il y ait un démenti. Le gars il est déjà à Marseille. Je lui dis que je suis toujours entraîneur de Marseille, jusqu’à preuve du contraire, je suis bien en place. J’ai un travail à faire et ses offres de services, parce qu’on peut comprendre aussi que ce sont des offres de services, on a l’impression que le journal qu’il y a relayé ça, on peut relire l’article, il a plutôt fait de la pub pour le type. C’est bizarre parce qu’un journal de ce niveau-là, en général, il n’en est pas là, mais là, il a fait de la pub pour des offres de service. Non, il y a toujours un entraîneur à l’OM.
Est-ce qu’on vous a promis quelque chose si vous vous qualifiez pour l’UEFA ?
Je crois qu’on me donne cette place justement. Aujourd’hui je suis toujours l’entraîneur de l’Olympique de Marseille. Nous sommes dans une logique d’être européens, on fera les comptes à la fin de la saison. Vu la façon dont le club de se comporte, effectivement peut-être que je ferais partie des candidats à la discussion.
Quelle est votre envie ?
L’envie, c’est une relation de partenaires. A l’heure où je vous parle, je n’ai pris aucune décision. Je ne suis pas à même de prendre cette décision.
C’est toujours en relation avec quelqu’un qui va demander comment vous pourriez-vous inscrire dans le projet de l’Olympique de Marseille ?
Il y aura de toute façon une relation partenariat. Aujourd’hui ce qui m’intéresse le plus et qu’on termine bien placé. C’est ça qui va générer la dynamique. Même si le club termine en dessous de la quatrième place, on sait très bien que le club va repartir avec des ambitions, un projet. Quoi qu’il arrive, le 24 juin le club Olympique de Marseille reprend l’entraînement. Le projet existe. Il est réfléchi par des personnes qui en ont la charge. Pour l’instant il y a un peu de cacophonie sur ceux qui ont la charge de le conduire mais tout ça va se centraliser et des personnes vont s’exprimer.
Vous jouerez l’Intertoto ?
Je ne veux même pas imaginer ça.
Est-ce que le nom d’un éventuel responsable sportif peut influer sur votre décision ?
Je n’en suis pas à des affaires d’hommes. On sait qu’aujourd’hui il y a une cacophonie au niveau des hommes. Il y en a qui sont en campagne. Le côté politique du club, c’est au-dessus de moi. Quand je dis que ceux qui ont essuyé des plâtres auront sûrement des choses à dire l’année prochaine, il est évident que j’englobe en premier lieu le rôle de Pape Diouf.
C’est quelqu’un qui sait communiquer et donner une certaine sérénité, une certaine stabilité, une image du club, surtout dans les moments aussi difficiles. Il suffit de voir sa prestation hier soir à l’émission de télé pour voir que le gars est bien en place et qu’il défend au mieux les intérêts du club. Je crois que cette force intellectuelle, on en a besoin.
Ensuite il va falloir trouver un secteur sportif à la Commanderie, là où on travaille, où les joueurs se retrouvent le matin, dans un secteur sportif bien construit, bien ficelé, bien bétonné. Il faut se servir de ce qu’on a vécu cette année pour ne plus que ça se reproduise. Il faut bien étudier les paramètres, mettre en place de nouveaux paramètres pour que la structure sportive soit solide.
Moi je ne dis pas c’est telle ou telle personne qui va garantir le projet. Le projet va se garantir d’abord par l’actionnaire principal qui est Robert Louis-Dreyfus qui lui va donner la validité. Je crois que la relation que j’ai avec Pape Diouf et la relation que Pape Diouf a vis-à-vis du secteur sportif, de la communication, de ce qu’il peut apporter par rapport à son expérience passée, je trouve que ça serait dommage de s’en séparer... C’est le message que je veux faire passer et que je ressens moi, en interne.
Pourtant Pape Diouf dit presque avoir été trahi, vous avez ressenti ça ?
Il y a une cacophonie. C’est souvent lié au fait qu’on ne s’est pas parlé, on ne s’est pas expliqué. On est resté sur des non-dits et en suite ça a généré des comportements qui peuvent être ressentis sous forme de frustration, d’incompréhension. Je crois au fait que cette année on ne s’est pas suffisamment parlé. Trahison est un mot qui est trop fort.
Ce n’est pas vous qu’il visait !
J’ai bien compris et je vois à qui vous faites référence. On pourrait parler de déception. Un peu comme moi je me suis permis de dire la semaine dernière que j’attendais des plus de mes joueurs. C’est par rapport à l’investissement, à la liberté, à la confiance que j’ai souhaité donner à mes joueurs. On veut que cette confiance nous soit redonnée sous forme de comportement, d’envie, de caractère. On a vu ça déjà dans certains matchs, mais ça faisait peut-être défauts dans des matchs qu’on a lâchés.
Quand on les prend un par un, on sent que le gars est complètement investi. Mais quand on le met avec quelqu’un d’autre, on sent que cet investissement là est plus ou moins frustré parce qu’il y a l’incompréhension de celui qui n’a pas compris comme ça. C’est cette frustration collective qui a réduit tout doucement le collectif un jeu académique qui nous a permis de nous libérer. On ne s’en sortait que lorsque le résultat était à notre avantage pour serrer les dents, mais on s’est aperçu que lorsqu’on était touché, que la cuirasse était touchée, qu’on prenait un but, tout ça s’effritait un peu. On a mal communiqué cette année donc on peut avoir une certaine frustration, une certaine déception, mais le mot trahison est trop fort.
Vous n’avez pas eu envie de conseiller Pape Diouf et lui dire d’écarter certaines personnes comme vous avez écarté certains joueurs ?
J’ai toujours pensé que de faire preuve d’adaptation était la meilleure méthode. S’il fallait mettre des coups de boule, tout le monde d’équerre, je dis non. Je suis convaincu que la méthode que nous avons adopté, la confiance, la liberté, même si nous n’avons pas eu la réponse tout de suite, je pense que l’année prochaine ça sera beaucoup plus facile de mettre en place d’autres choses, des règles, les circuits plus costauds, plus forts au niveau du secteur sportif. Là, ce sont les paramètres du nouveau moteur. Il est clair qu’on ne va pas repartir sur les mêmes bases. Mais la première stabilité, c’est de faire confiance à des gens et ne pas aller juger sur un tableau d’affichage, les juger aussi sur le fond.
Pape Diouf a annoncé son intention de se séparer de certaines personnes de son entourage ?
Il a voulu dire qu’on renforcera des départements. Pour nous, il a aussi critiqué sur le fait qu’il y avait trop de staff. Ce n’est pas ça qu’il fallait dire. Une nouvelle répartition des rôles des uns et des autres, avec le staff existant mais un chargeant les uns et les autres de responsabilité, déjà on a une première stabilité. Il faut savoir aussi être en rupture avec le passé. Remettre de l’énergie. Ce n’est pas un problème de compétence. C’est un problème d’énergie. Tout ça se sont des questions qu’on devra se poser pour que le secteur sportif soit vraiment très costaud. La chasse aux sorcières, on n’y croit pas.
Vous avez chiffré ?
Les chiffres que j’ai donnés sont archi-faux. Ce sont des images.
Quand vous parlez de secteurs fournis, vous pensez à la cellule de recrutement ?
Non. Vous avez une mauvaise image de cette cellule de recrutement. Si je vous donnais la feuille de route de ces gens ou leurs rapports, vous verrez qu’ils sont sur tous les continents, surtout les tournois mondiaux. En Colombie, en Argentine, au Bénin. Vous avez le sentiment que ces gens font du tourisme. Moi je vous assure qu’ils font un travail hyper sérieux.
Mais où sont ces joueurs à l’arrivée ?
Comme nous à l’étranger il y a Inter de Milan, AC Milan, Real, Barcelone. Il n’y a aucun Français. C’est sûr que lorsqu’on a une option, on n’a pas le joueur. C’est la force du club, dans la durée, qui fera que le petit Turc que tous les clubs veulent, même si nous avons la priorité, à l’arrivée on ne l’aura pas parce qu’on aura pas la force interne pour le faire. Mais ça c’est autre chose. Mais sachez qu’on ne fait pas n’importe quoi. On ne travaille que depuis cinq mois. C’était important d’être présent à l’étranger en terme d’image, d’impact. Ce sont des processus qui tout doucement amènent à un état d’esprit. On ne dit pas assez que nous sommes positionnés. L’image que vous, vous avez de cette cellule de recrutement, est complètement faussée.
Mais ils travaillent pour rien ?
Laissez faire! Pape Diouf n’est là que depuis neuf mois. Il met difficilement en place son projet. Ne jugez pas ceux qui construisent, qui essaient de convaincre. Il faut bien essuyer les plâtres, commencer par quelque chose. Le petit Turc de 17 ans ne va pas arriver parachuté, comme ça, ce n’est pas possible. Il faut le chercher, le voir. Vous-même vous êtes impatients. Vous êtes dans le processus de dire plus on change, plus on est sécurisé.
Gardons déjà nos jeunes qui sont bons...
On les gardera lorsqu’on aura des choses à proposer, lorsqu’on aura de vrais projets, lorsque le club aura une dimension européenne. Les joueurs restent lorsqu’ils ont le sentiment d’être considérés, d’avoir de bonnes conditions de vie, de bonnes conditions privées et d’avoir le sentiment que le club s’inscrit dans la durée. À Marseille il faut avoir 10, 15 joueurs internationaux, pas seulement des Français. Il faut qu’on ait le sentiment que tous les ans on va s’inscrire dans les trois premiers. Tous les ans il y a quatre compétitions. C’est ça un club de foot.
Ça fait neuf ans qu’on attend !
Ce discours-là on l’entend mais je ne suis pas le seul à l’entendre. Il suffit de voir la liste des entraîneurs qui se sont succédés pour comprendre que ces gars-là, ils avaient aussi des idées. C’est pour ça que je reste très modeste est réservé sur mon avenir.
On parle entre nous, ce que je dis ne sortira pas ? Coupez les caméras !
Mettez-vous à la place d’un joueur. Il appelle son copain qui joue ici. « Allô, j’ai été contacté par l’Olympique de Marseille. Oh punaise ! Ne viens pas …»
Ceux qui ne jouent pas disent ça, les autres non…
Si le gars doit choisir entre Manchester, Arsenal et Marseille … C’est comme une grande école ça, comme une grande entreprise. On attire les personnes, bien sûr il y a la ville, le soleil, c’est plus agréable de travailler à Marseille qu’à… je vous laisse le choix parce qu’on va me reprocher de ne pas aimer la ville que je pourrais citer. Lorsqu’on vient dans ce club, il faut que le gars ait déjà le cadre. Le gars il sait que s’il va à Auxerre il ne va pas se balader en scooter, en short. Lorsqu’on est à Marseille, avant de penser à Cassis, il faut que le gars dise "c’est l’Europe, c’est un match tous les trois jours, les obligations, il y a des joueurs internationaux, est-ce que je vais jouer?"
C’est un tremplin. Mais, il vaut mieux un tremplin qu’un toboggan. A ce moment, c’est un toboggan. Pour les entraîneurs qui sont passés c’est un toboggan. Ça n’a jamais été un tremplin. Moi je crois à la vérité sportive qui permettra d’entendre dire les joueurs : « je veux aller à Marseille parce qu’il y a le soleil, mais le soleil je n’ai même pas le temps de le voir. »
Le top des taupes !