11-05-2005, 02:23
Pape Diouf vient de confirmer que vous restiez ?
En ce qui me concerne quand je me lève le matin, je suis habité par l’envie de faire mon travail conformément aux responsabilités que l’on m’a confiées. J’ai pu lire ça et là que ma position était fragilisée, en tout cas en externe. Puisqu’en interne, à l’heure où je vous parle, je n’ai pas encore été informé d’éventuelles décisions qui auraient pu être prises. Ça, c’est le contexte. Comme vous le savez, l’entraîneur ne gère pas le contexte, il gère la réalité qui appartient au terrain. Je ne comprends pas pourquoi cette question. Je reste. Pourquoi, je devais partir ?
Vous aviez parlé de 48 heures de réflexion après le match contre Caen...
Lorsqu’on m’a demandé "c’est quoi la suite?", j’ai répondu "permettez moi de mener une réflexion." On dit en France que toute nuit porte conseil. C’était pour éviter de dire à chaud des choses qui peut être n’auraient été pas intelligentes. On est pris par la passion, l’enjeu. Ca a été un coup très rude de perdre contre Caen parce qu’on ne pouvait pas imaginer cette issue, compte-tenu de notre investissement au cours de la semaine qui a précédé, et au cours du match. Ça été très douloureux de perdre ce match.
Il me fallait une nuit pour voir d’abord comment allait se passer cette journée de championnat, de façon ensuite à pouvoir mener une réflexion. La réflexion, c’est de prendre une décision, et la décision, c’est de m’inscrire dans un acte de résistance et de dire que, compte tenu de notre classement (qui que je vous le rappelle est toujours européen, nous nous situons aujourd’hui à la quatrième place), je ne renoncerai pas et je ne céderai pas à la morosité. Je continuerai à me battre et à y croire jusqu’au bout, en tout cas en ce qui concerne les objectifs européens. C’est ce qui m’habite aujourd’hui en tant que responsable de l’Olympique de Marseille. C’est celle-ci la réflexion que j’ai mené. Vous voyez qu’un entraîneur ça réfléchi.
Vous avez fait des réunions avec …
Il coupe.
Je n’ai fait aucune réunion. Après le match de samedi, les gens viennent, on est assis, on est scotché sur nos sièges et on refait le match. Il n’y a pas eu de réunion après le match.
Dans quel état est le groupe ?
Le groupe il est dans l’état d’avoir encaissé une lourde déception. J’espère d’ailleurs qu’ils ont encaissé ça, ce qui voudrait dire qu’ils ont été investis par volonté de ramener ces trois points. Les gars ont été sonnés. On peut le comprendre. On reprend normalement la semaine mais on les laisse un petit peu reprendre leurs esprits. À l’image de ce qui s’est passé hier soir et ce matin, nous sommes dans la lignée de nous restaurer et de nous remobiliser.
L’Europe se jouera aussi avec un concurrent direct qui est Auxerre. On se doit de restaurer un climat de travail. De retrouver une volonté de ne rien lâcher, d’être ambitieux et d’aller à Auxerre avec l’espoir de ramener ces trois points, l’espoir de rester en contact avec cette place européenne. On est dans une bonne phase de restauration. C’est ce que je ressens.
C’est bien pour l’Olympique de Marseille de se déplacer ?
Si on voit notre histoire, on se dit oui. Nos meilleures performances, on les a faites à l’extérieur. A partir de là, on peut penser qu’on est mieux à l’extérieur. Pourquoi ? Je ne crois pas au syndrome du Vélodrome. J’espère que ce stade Vélodrome continuera comme ça. Quand on voit comment le public est derrière nous jusqu’à la fin du match, malgré tout ce qu’ils ont vécu depuis pas mal de temps, de voir comment c'est terminé ce match, on aurait pu penser à autre chose. Ils ont toujours été derrière nous, et ils en ont fait preuve, comme ils feront preuve à Auxerre. Parce que je pense qu’il y en aura encore un petit millier qui viendra nous voir... En tout cas eux ils ont fait leur boulot, on ne pourra pas leur reprocher cela.
Pour moi le syndrome du Vélodrome est lié quelque part à un public qui est connaisseur, sûrement exigeant. Il exige que son équipe soit la meilleure possible, qu’elle gagne. Quelque part on peut penser que ce match contre Caen avait un enjeu maximum. On savait qu’on se devait de gagner. Est-ce que c’est ça qui caractérise le syndrome du vélodrome ? Le fait que les joueurs sont fébriles, qu’ils ont tendance à être précipités dans leur geste, sûrement à être maladroit ? Il y a des raisons sûrement.
On est dans une urgence, c’est le climat général qui existe autour de l’équipe, du club, je parle déjà de l’exposition médiatique. Quand on agit dans la tempête, ce n’est pas évident qu’on ait le geste juste. On peut comprendre que la fébrilité est liée à cet agissement dans cette tempête. On peut même imaginer que si nous voguions sur des eaux plus calmes, on aurait gagné trois ou quatre à zéro. Mais c’est comme ça. Il faut intégrer cette valeur externe qui appartient aux moments difficiles que nous vivons. Aller à l’extérieur, c’est peut-être une situation qui est différente. Pas beaucoup de gens mettraient une pièce sur l’OM à Auxerre. On a toujours prouvé que dans cette situation, en embuscade, on était peut-être plus fort. Je crois que c’est un match sympa. Ça peut-être le match piège d’Auxerre qui n’a pas droit à l’erreur. Ils auront cette pression de dire que eux, ils sont obligés de nous battre. On peut imaginer que l’Olympique de Marseille saura retrouver l’énergie nécessaire pour aller faire un bon coup là-bas.
Il y aura des chamboulements dans l’équipe ?
L’idée ce n’est pas de dire toujours, quand ça ne va pas, "il y aura des chamboulements." Il y aura des réglages. Il y a des choses qui n’ont pas été. On a raté beaucoup d’occasions, on a fait beaucoup de cadeaux. Il faut se créer un maximum d’occasion et se protéger. Marlet est blessé, Olembé aussi. Il y a le retour de Pedretti qui était suspendu.
-Il explique de nouveau que les passeurs doivent attaquer les attaquants défendre. Il parler de la réaction. Du problème d’être mené au score.-
Autant on ne méritait pas de gagner le match à Caen, autant samedi soir on méritait de le gagner. Je m’accroche aux valeurs statistiques qui sont la réalité du terrain. Ça a été fait avec maladresse, on a été précipité, on a manqué de lucidité, on a eu des intentions qui ont été brouillonnes, je constate ça. En même temps, je préfère dire que nous sommes dans une situation un peu agitée, nous sommes dans une tempête, nous agissons un peu à l’emporte-pièce etc. Il y a l’envie mais elle se fait d’une façon maladroite. Je pense que c’est lié au contexte.
Ça vous perturbe d’entendre parler de nouveaux entraîneurs pour l’OM la saison prochaine ?
Non, parce que vous allez bientôt entendre aussi mon nom ailleurs. C’est la loi du marché. C’est la loi du système. C’est ce qui va alimenter la chronique. C’est le côté excitant de ce métier de savoir qu’on est considéré, de savoir qu’on peut être désiré dans un autre club et qu’un autre entraîneur pour venir ici. C’est le jeu de chaises musicales. Ces spéculations, franchement, ça me fait rien du tout...
Qu’est-ce que c’est qui vous fait quelque chose ?
Je voudrais que l’Olympique de Marseille arrive à un classement qui lui permette de jouer la coupe d’Europe. C’est vraiment la chose qui m’inquiète le plus. Qui m’habite le plus. On verra beaucoup de matchs au foot, on aura quatre compétitions, des supporteurs seront heureux de venir voir un match de foot tous les trois jours et ça nous permettra à nous de nous inscrire dans des étapes de passages, dans un vrai programme.
Si on devait faire l’UEFA, on fera UEFA. Ce n’est pas simplement une valeur économique. C’est une valeur sportive. Ça va permettre à de jeunes joueurs de se consolider, d’avoir de l’expérience. J’espère qu’on aura volonté de dire : "on va gagner la coupe de France" et on se dira "c’est bien si l’année prochaine on arrive troisième du championnat pour faire la Champion's League." Je m’inscris parfaitement dans la volonté d’inscrire le club à la quatrième place parce qu’on pense que la troisième place est éloignée compte tenu de cette contre-performance. Mais la quatrième place bien palpable à trois journées de la fin. Ça serait dommage de renoncer à cette idée de se dire que dans trois semaines on peut être Européens et que le club pourra se construire sur des idées fortes. Moi j’y crois à ça. Ça, ça me touche.
Vous jouerez l’Intertoto ?
Je ne réponds pas cette question. Et je ne peux pas imaginer que l’équipe ne va pas s’inscrire dans une coupe UEFA.
Vous serez là pour discuter cette coupe d’Europe la saison prochaine ?
Mon avenir n’est pas important. Il est en relation directe avec le quotidien. Je suis le guide vis-à-vis de mes joueurs. Je veux leur montrer qu’on va aller très forts à Auxerre, avec un esprit de conquête et ça, ça se construit. Mon avenir c’est aujourd’hui, demain, le match de samedi. Le reste ça n’a pas beaucoup d’importance.
Vous êtes heureux ?
Je suis heureux parce que la mission qui m’a été confiée est difficile mais pas impossible. Je suis heureux est fier d’y croire. J’espère que je ne suis pas le seul. Je fais face, debout. A l’OM, il faut des gens comme ça. Il faut des gens qui ne renoncent pas. Qui ne sont pas résignés. Je suis fier de porter ce drapeau dans ce sens. Je suis heureux de faire ce métier. Dans un club aussi emblématique qui suscite beaucoup d’énergies. La situation que nous vivons depuis quelques semaines, je pense que ça génère quelque part de l’énergie. Moi j’en suis le symbole. On aura bien besoin de cette énergie pour terminer la saison.
Que faut-il faire pour que les résultats soient meilleurs pour cette fin de saison ?
Personne ne peut être sûr de gagner aujourd’hui un jouant au Loto sportif. Il y a toujours le pourcentage qu’on ne peut pas imaginer. Qui aurait une piécette sur le match Marseille-Caen ? Qui dit que ce soir Nîmes ne va pas battre Auxerre ? C’est ça le foot ! Il faut accepter. On associe la défaite contre Caen à la situation générale. Faire confiance, c’est mon credo. Faire confiance, c’est d’arriver à ce que le joueur puisse s’exprimer à 100 %. C’est aussi d’être en contact avec eux, de leur parler, d’essayer de trouver l’énergie nécessaire pour qu’ils puissent se mobiliser au moment précis. Qu’il y ait une part de psychologie dans tout ça...
Il y a bien sûr la part rationnelle, la part qui appartient aux entraînements, mais il y a aussi la part irrationnelle qui appartient aux mots, aux attitudes, à la confiance. Et cette somme, il faut qu’elle soit caractérisée sur le terrain. Moi je fais confiance. Comment les joueurs peuvent me la redonner cette confiance ? Avec de l’envie, du caractère, le sentiment qu’il va aller justement au bout de lui-même. Batlles est le symbole de ces valeurs. Quand il sort du match, il est mort le gars. Il a tout donné. J’aimerais que l’ensemble de mon équipe soit habité par les valeurs qu’a dégagé Batlles au cours de ce match. C’est des choses auxquelles je m’accroche. Et c’est dans ce sens que j’irai pour construire l’énergie qu’on devra avoir pour aller jouer à Auxerre.
Le geste, ou le non-geste de Luyindula lorsqu’il a marqué ?
Moi je retiens l’ensemble de sa deuxième mi-temps. Certains embrassent leur bague lorsqu’ils ont marqué. D’autres lèvent le maillot pour le petit bébé. Un autre pour signifier qu’il adore son entraîneur… Pourquoi pas ? J’aimerais bien voir ça moi : "coach je t’aime". On peut imaginer ça... Faire l’unanimité ça n’existe pas. En France c’est du 50/50. Ca génère une force. Je ne perds pas de temps à créer l’affectif parce que qu’on perd de l’énergie. Il vaut mieux faire preuve de psychologie, mettretout le monde dans le même sac et de dire "écoute on n’est pas pote, fais ton boulot et on se retrouvera." C’est ça ma stratégie.
Dans la réaction de Péguy il y a de tout. Il y a un message pour moi qui dit "oui tu aurais pu me mettre avant." Le message qu’il y a "Bamogo tu aurais dû me la passer à Nantes." C’est le sentiment qui existe pendant une seconde. Puis il y a aussi le sentiment de dire "j’aurais dû faire ça plutôt dans la saison" Il y a plein de valeurs dans ce qu’il fait pendant une seconde. Moi je ne retiens pas cette seconde. Il est rentré, s’est battu, il a participé aux phases offensives. Il aura pu marquer un super but.
En ce qui me concerne quand je me lève le matin, je suis habité par l’envie de faire mon travail conformément aux responsabilités que l’on m’a confiées. J’ai pu lire ça et là que ma position était fragilisée, en tout cas en externe. Puisqu’en interne, à l’heure où je vous parle, je n’ai pas encore été informé d’éventuelles décisions qui auraient pu être prises. Ça, c’est le contexte. Comme vous le savez, l’entraîneur ne gère pas le contexte, il gère la réalité qui appartient au terrain. Je ne comprends pas pourquoi cette question. Je reste. Pourquoi, je devais partir ?
Vous aviez parlé de 48 heures de réflexion après le match contre Caen...
Lorsqu’on m’a demandé "c’est quoi la suite?", j’ai répondu "permettez moi de mener une réflexion." On dit en France que toute nuit porte conseil. C’était pour éviter de dire à chaud des choses qui peut être n’auraient été pas intelligentes. On est pris par la passion, l’enjeu. Ca a été un coup très rude de perdre contre Caen parce qu’on ne pouvait pas imaginer cette issue, compte-tenu de notre investissement au cours de la semaine qui a précédé, et au cours du match. Ça été très douloureux de perdre ce match.
Il me fallait une nuit pour voir d’abord comment allait se passer cette journée de championnat, de façon ensuite à pouvoir mener une réflexion. La réflexion, c’est de prendre une décision, et la décision, c’est de m’inscrire dans un acte de résistance et de dire que, compte tenu de notre classement (qui que je vous le rappelle est toujours européen, nous nous situons aujourd’hui à la quatrième place), je ne renoncerai pas et je ne céderai pas à la morosité. Je continuerai à me battre et à y croire jusqu’au bout, en tout cas en ce qui concerne les objectifs européens. C’est ce qui m’habite aujourd’hui en tant que responsable de l’Olympique de Marseille. C’est celle-ci la réflexion que j’ai mené. Vous voyez qu’un entraîneur ça réfléchi.
Vous avez fait des réunions avec …
Il coupe.
Je n’ai fait aucune réunion. Après le match de samedi, les gens viennent, on est assis, on est scotché sur nos sièges et on refait le match. Il n’y a pas eu de réunion après le match.
Dans quel état est le groupe ?
Le groupe il est dans l’état d’avoir encaissé une lourde déception. J’espère d’ailleurs qu’ils ont encaissé ça, ce qui voudrait dire qu’ils ont été investis par volonté de ramener ces trois points. Les gars ont été sonnés. On peut le comprendre. On reprend normalement la semaine mais on les laisse un petit peu reprendre leurs esprits. À l’image de ce qui s’est passé hier soir et ce matin, nous sommes dans la lignée de nous restaurer et de nous remobiliser.
L’Europe se jouera aussi avec un concurrent direct qui est Auxerre. On se doit de restaurer un climat de travail. De retrouver une volonté de ne rien lâcher, d’être ambitieux et d’aller à Auxerre avec l’espoir de ramener ces trois points, l’espoir de rester en contact avec cette place européenne. On est dans une bonne phase de restauration. C’est ce que je ressens.
C’est bien pour l’Olympique de Marseille de se déplacer ?
Si on voit notre histoire, on se dit oui. Nos meilleures performances, on les a faites à l’extérieur. A partir de là, on peut penser qu’on est mieux à l’extérieur. Pourquoi ? Je ne crois pas au syndrome du Vélodrome. J’espère que ce stade Vélodrome continuera comme ça. Quand on voit comment le public est derrière nous jusqu’à la fin du match, malgré tout ce qu’ils ont vécu depuis pas mal de temps, de voir comment c'est terminé ce match, on aurait pu penser à autre chose. Ils ont toujours été derrière nous, et ils en ont fait preuve, comme ils feront preuve à Auxerre. Parce que je pense qu’il y en aura encore un petit millier qui viendra nous voir... En tout cas eux ils ont fait leur boulot, on ne pourra pas leur reprocher cela.
Pour moi le syndrome du Vélodrome est lié quelque part à un public qui est connaisseur, sûrement exigeant. Il exige que son équipe soit la meilleure possible, qu’elle gagne. Quelque part on peut penser que ce match contre Caen avait un enjeu maximum. On savait qu’on se devait de gagner. Est-ce que c’est ça qui caractérise le syndrome du vélodrome ? Le fait que les joueurs sont fébriles, qu’ils ont tendance à être précipités dans leur geste, sûrement à être maladroit ? Il y a des raisons sûrement.
On est dans une urgence, c’est le climat général qui existe autour de l’équipe, du club, je parle déjà de l’exposition médiatique. Quand on agit dans la tempête, ce n’est pas évident qu’on ait le geste juste. On peut comprendre que la fébrilité est liée à cet agissement dans cette tempête. On peut même imaginer que si nous voguions sur des eaux plus calmes, on aurait gagné trois ou quatre à zéro. Mais c’est comme ça. Il faut intégrer cette valeur externe qui appartient aux moments difficiles que nous vivons. Aller à l’extérieur, c’est peut-être une situation qui est différente. Pas beaucoup de gens mettraient une pièce sur l’OM à Auxerre. On a toujours prouvé que dans cette situation, en embuscade, on était peut-être plus fort. Je crois que c’est un match sympa. Ça peut-être le match piège d’Auxerre qui n’a pas droit à l’erreur. Ils auront cette pression de dire que eux, ils sont obligés de nous battre. On peut imaginer que l’Olympique de Marseille saura retrouver l’énergie nécessaire pour aller faire un bon coup là-bas.
Il y aura des chamboulements dans l’équipe ?
L’idée ce n’est pas de dire toujours, quand ça ne va pas, "il y aura des chamboulements." Il y aura des réglages. Il y a des choses qui n’ont pas été. On a raté beaucoup d’occasions, on a fait beaucoup de cadeaux. Il faut se créer un maximum d’occasion et se protéger. Marlet est blessé, Olembé aussi. Il y a le retour de Pedretti qui était suspendu.
-Il explique de nouveau que les passeurs doivent attaquer les attaquants défendre. Il parler de la réaction. Du problème d’être mené au score.-
Autant on ne méritait pas de gagner le match à Caen, autant samedi soir on méritait de le gagner. Je m’accroche aux valeurs statistiques qui sont la réalité du terrain. Ça a été fait avec maladresse, on a été précipité, on a manqué de lucidité, on a eu des intentions qui ont été brouillonnes, je constate ça. En même temps, je préfère dire que nous sommes dans une situation un peu agitée, nous sommes dans une tempête, nous agissons un peu à l’emporte-pièce etc. Il y a l’envie mais elle se fait d’une façon maladroite. Je pense que c’est lié au contexte.
Ça vous perturbe d’entendre parler de nouveaux entraîneurs pour l’OM la saison prochaine ?
Non, parce que vous allez bientôt entendre aussi mon nom ailleurs. C’est la loi du marché. C’est la loi du système. C’est ce qui va alimenter la chronique. C’est le côté excitant de ce métier de savoir qu’on est considéré, de savoir qu’on peut être désiré dans un autre club et qu’un autre entraîneur pour venir ici. C’est le jeu de chaises musicales. Ces spéculations, franchement, ça me fait rien du tout...
Qu’est-ce que c’est qui vous fait quelque chose ?
Je voudrais que l’Olympique de Marseille arrive à un classement qui lui permette de jouer la coupe d’Europe. C’est vraiment la chose qui m’inquiète le plus. Qui m’habite le plus. On verra beaucoup de matchs au foot, on aura quatre compétitions, des supporteurs seront heureux de venir voir un match de foot tous les trois jours et ça nous permettra à nous de nous inscrire dans des étapes de passages, dans un vrai programme.
Si on devait faire l’UEFA, on fera UEFA. Ce n’est pas simplement une valeur économique. C’est une valeur sportive. Ça va permettre à de jeunes joueurs de se consolider, d’avoir de l’expérience. J’espère qu’on aura volonté de dire : "on va gagner la coupe de France" et on se dira "c’est bien si l’année prochaine on arrive troisième du championnat pour faire la Champion's League." Je m’inscris parfaitement dans la volonté d’inscrire le club à la quatrième place parce qu’on pense que la troisième place est éloignée compte tenu de cette contre-performance. Mais la quatrième place bien palpable à trois journées de la fin. Ça serait dommage de renoncer à cette idée de se dire que dans trois semaines on peut être Européens et que le club pourra se construire sur des idées fortes. Moi j’y crois à ça. Ça, ça me touche.
Vous jouerez l’Intertoto ?
Je ne réponds pas cette question. Et je ne peux pas imaginer que l’équipe ne va pas s’inscrire dans une coupe UEFA.
Vous serez là pour discuter cette coupe d’Europe la saison prochaine ?
Mon avenir n’est pas important. Il est en relation directe avec le quotidien. Je suis le guide vis-à-vis de mes joueurs. Je veux leur montrer qu’on va aller très forts à Auxerre, avec un esprit de conquête et ça, ça se construit. Mon avenir c’est aujourd’hui, demain, le match de samedi. Le reste ça n’a pas beaucoup d’importance.
Vous êtes heureux ?
Je suis heureux parce que la mission qui m’a été confiée est difficile mais pas impossible. Je suis heureux est fier d’y croire. J’espère que je ne suis pas le seul. Je fais face, debout. A l’OM, il faut des gens comme ça. Il faut des gens qui ne renoncent pas. Qui ne sont pas résignés. Je suis fier de porter ce drapeau dans ce sens. Je suis heureux de faire ce métier. Dans un club aussi emblématique qui suscite beaucoup d’énergies. La situation que nous vivons depuis quelques semaines, je pense que ça génère quelque part de l’énergie. Moi j’en suis le symbole. On aura bien besoin de cette énergie pour terminer la saison.
Que faut-il faire pour que les résultats soient meilleurs pour cette fin de saison ?
Personne ne peut être sûr de gagner aujourd’hui un jouant au Loto sportif. Il y a toujours le pourcentage qu’on ne peut pas imaginer. Qui aurait une piécette sur le match Marseille-Caen ? Qui dit que ce soir Nîmes ne va pas battre Auxerre ? C’est ça le foot ! Il faut accepter. On associe la défaite contre Caen à la situation générale. Faire confiance, c’est mon credo. Faire confiance, c’est d’arriver à ce que le joueur puisse s’exprimer à 100 %. C’est aussi d’être en contact avec eux, de leur parler, d’essayer de trouver l’énergie nécessaire pour qu’ils puissent se mobiliser au moment précis. Qu’il y ait une part de psychologie dans tout ça...
Il y a bien sûr la part rationnelle, la part qui appartient aux entraînements, mais il y a aussi la part irrationnelle qui appartient aux mots, aux attitudes, à la confiance. Et cette somme, il faut qu’elle soit caractérisée sur le terrain. Moi je fais confiance. Comment les joueurs peuvent me la redonner cette confiance ? Avec de l’envie, du caractère, le sentiment qu’il va aller justement au bout de lui-même. Batlles est le symbole de ces valeurs. Quand il sort du match, il est mort le gars. Il a tout donné. J’aimerais que l’ensemble de mon équipe soit habité par les valeurs qu’a dégagé Batlles au cours de ce match. C’est des choses auxquelles je m’accroche. Et c’est dans ce sens que j’irai pour construire l’énergie qu’on devra avoir pour aller jouer à Auxerre.
Le geste, ou le non-geste de Luyindula lorsqu’il a marqué ?
Moi je retiens l’ensemble de sa deuxième mi-temps. Certains embrassent leur bague lorsqu’ils ont marqué. D’autres lèvent le maillot pour le petit bébé. Un autre pour signifier qu’il adore son entraîneur… Pourquoi pas ? J’aimerais bien voir ça moi : "coach je t’aime". On peut imaginer ça... Faire l’unanimité ça n’existe pas. En France c’est du 50/50. Ca génère une force. Je ne perds pas de temps à créer l’affectif parce que qu’on perd de l’énergie. Il vaut mieux faire preuve de psychologie, mettretout le monde dans le même sac et de dire "écoute on n’est pas pote, fais ton boulot et on se retrouvera." C’est ça ma stratégie.
Dans la réaction de Péguy il y a de tout. Il y a un message pour moi qui dit "oui tu aurais pu me mettre avant." Le message qu’il y a "Bamogo tu aurais dû me la passer à Nantes." C’est le sentiment qui existe pendant une seconde. Puis il y a aussi le sentiment de dire "j’aurais dû faire ça plutôt dans la saison" Il y a plein de valeurs dans ce qu’il fait pendant une seconde. Moi je ne retiens pas cette seconde. Il est rentré, s’est battu, il a participé aux phases offensives. Il aura pu marquer un super but.
Le top des taupes !