20-04-2005, 21:10
Vous avez le groupe ?
Quand on regarde ce groupe on se dit qu’on a quand même une bonne équipe. Non ?
Comme vous l’avez vu, nous nous sommes réunis hier en conclave, pas pour élire un Pape, parce que nous l’avons déjà, mais pour se parler parce que dans la vie d’un club il y est nécessaire de dialoguer, de se parler et la parole libère. Il était nécessaire de faire le point avec l’ensemble des joueurs sur une situation qui est une situation liée à des mauvais résultats ou en tout cas à des résultats qui ne sont pas du tout conforme à nos attentes et à la qualité des joueurs qui composent ce groupe OM. Après cette réunion on peut dire que ce sont des résultats qui sont liés plutôt à l’expression individuelle. On a senti dans chacun d’eux une certaine inhibition qui a entraîné une frustration collective.
À partir de là l’écoute à l’autre, le partenariat à l’autre, ne s’est peut-être pas fait d’une façon suffisamment forte en terme de feed-back et que chacun s’est contenté de prendre ses risques mais ces risques n’ont pas été du tout acceptés dans certains cas voire même ils ont été reprochés. Ça entraînait des réactions des uns et des autres, des réactions qui auraient dû être directions d’encouragements ont été finalement directions où chacun n’a pu osé faire ces prises de risques et à l’arrivée notre jeu s’est réduit à un jeu collectif de base, académique qui faisait à faire circuler le ballon en passe, contrôle tout en ayant toujours cette rigidité, je le dis, dans le sens organisationnel d’une équipe qui est toujours présente, qui fait bloc et qui appartenait à la relation entraîneur joueurs.
Vous vous rappelez ces fameux 60 % qui fait qu’on ne fera pas n’importe quoi et quand on voit notre équipe, elle ne fait pas n’importe quoi. On assure 60 % du résultat en tenue mais on sait très bien que la différence on la fait au delà de cette organisation. Cela nécessite que chacun fasse un plus. Ce plus, suite à cette réunion, montre qu’il ne s’effectuait pas le compte tenu des inhibition qui appartenaient à chacun. Donc, c’est la tête docteur. Et on avait besoin d’en discuter d’en parler. Moi j’ai besoin pour construire d’avoir la vision pour terminer ces cinq matchs. On ne pourra pas construire s’il n’y a pas d’adhésion, la confiance, l’autorité acceptée, s’il n’y a pas toutes ces valeurs, on ne peut pas continuer. Donc il était important de se réunir, de rappeler aux joueurs que, on ne va quand même pas s’excuser d’être troisième, ça c’est quand même une réalité, que nous venons de passer un cap assez difficile compte-tenu que nous n’avons pas pris beaucoup de points sur les six dernières match, qu’il fallait qu’on s’interroge sur pourquoi il y avait ce blocage.
La réponse c’est, après notre réunion, de dire qu’il y a des blocages liés à des inhibitions, liés à un mauvais fonctionnement des uns au service des autres. Le fait de s’être libéré par la parole, d’en avoir discuté en ayant entendu l’ensemble, entre les cadres est bien sur les plus timides qui se sont exprimés, c’est ça qui est le plus important, que nous en tirions les conséquences pour repartir. Parce que pour construire il nous faudra cette adhésion et en a le sentiment qu’hier on était dans ce cadre. En externe, il existe quand même une exposition médiatique.
Je ne vais pas reprendre l’expression de Pape Diouf qui dit d’un oeuf on n’en fait un b½uf, mais malgré cela on sent que toutes les choses sont un petit peu amplifiées. L’exposition médiatique fait que lorsque vous lisez un journal ou vous regardez la télévision, tous les jours, on fustigeait les joueurs. On les critiques. Vous comprenez bien que cet environnement médiatique, qui appartient au fait que l’Olympique de Marseille est un grand club et qu’à partir de là nous avons un public exigeant, une presse exigeante, a aussi tendance à toucher la confiance des joueurs lorsque tous les jours ils lisent qu’ils ne sont pas bons ou que ça ne joue pas bien. On s’aperçoit que cette équipe de l’Olympique de Marseille est aussi une équipe jeune. La plupart des joueurs ne sont là que depuis six mois où à peine un an. On sait très bien qu’à Marseille le temps d’adaptation est un élément important. On a tendance les premiers mois, a essuyer les plâtres.
C’est un groupe de jeunes aussi en terme de palmarès, à part Fabien Barthez qui a gagné une coupe d’Europe et une coupe du monde et Frédéric Dehu qui a gagné une coupe de France et peut-être deuxs trois supplémentaires –là il oublie Marlet, Méïté, Olembé, Costa, Beye, Ferreira, Batlles, N’Diaye et peut-être même Pedretti qui ont « de la bouteille », de l’expérience et qui sont des internationaux – on s’aperçoit que l’ensemble des effectifs olympiques de Marseille sont des joueurs jeunes. On n’en a pas cinq ou six qui ont déjà gagné deux fois la coupe d’Europe ou cinq, huit qui ont gagné la C1, la C3 ou des titres de champion. Il faut quand même comprendre que ce groupe est jeune, donc fragile.
Et quand Dehu parle de peur de perdre ?
Ça c’est aussi la partie émotionnelle. Quant on joue un match important, comme nos matchs sont importants dans un stade où le public est exigeant, dans un climat où il y a le fantasme de gagner des titres, on le voit bien depuis 10 ans, tous les ans c’est, il faut gagner la Champions league, le championnat, la coupe de France. Ce fantasme de dire qu’il faut absolument gagner vite et bien, moi je ne connais que le cirage pour faire vite et bien. J’ai l’impression qu’on grille nos étapes. Qu’il y a toujours cette volonté d’aller vite, vite. Donc on grille nos les étapes. Donc on ne construit pas, on pense toujours à construire l’équipe, là c’est un autre volet mais l’avenir se construit aussi sur des étapes, des temps de passage. Ces temps de passage que nous on a réduit à nos matchs mais ces temps de passage doivent faire partie aussi d’une vrai politique technique. D’un vrai projet sportif. On ne peut pas aujourd’hui avoir le fantasme de tout gagner si on n’a pas construit une vraie organisation.Ce n’est pas le débat aujourd’hui mais disons que c’est tout cet ensemble.
Aujourd’hui la charge émotionnelle qui pèse sur les épaules des joueurs, que l’on va jouer, non pas entraînement, finalement on est tous d’accord pour dire mais ils sont libres, mais bien sûr qu’ils sont libres, il n’y a pas d’enjeux, on s’entraîne, les terrains sont bons, les gars peuvent prendre du plaisir, donc, ils se sentent libérés. Mais lorsque ces mêmes jeunes garçons arrivent dans une situation à enjeu d’exigence, automatiquement ils ont le pied plus ou moins brûlant. Et en plus dans le rapport des uns et des autres, les uns ont des orgueils ou des fiertés mal placés, ce qui fait que finalement, chacun ne donne pas le plus. Donc on est réduit au minimum. Lorsqu’on est réduit au minimum effectivement on pense à ne pas perdre. Le minimum c’est déjà de ne pas prendre but. On dit facilement on ne prend pas de but, comme ça on est sûr de marquer. Ça c’est un cliché qui est aussi trop facile à dire mais, on est dans cette situation là.
Moi j’ai toujours dit que nous perdions nos matchs sur nos valeurs offensives. Je n’ai jamais dit que nous perdions nos matchs sur des valeurs défensives. A l’image du match contre Ajaccio, lorsque vous voyez les 30 premières minutes, vous savez très bien que tout est mis en place et on se dit, on est bien, tout circule bien, maintenant on attend le but qui va venir. Il va venir par une passe décisive, un bon corner, une lucidité, un bon geste, on attend le but. On sait qu’il faudra être patient, on sait que c’est un match qui sera difficile. Mais lorsqu’on voit les 30 premières minutes, on se dit, ce n’est qu’une question de patience. Il aura suffi qu’il y ait cet handicap de but encaissé, pour que cela se dilue dans une situation confuse où chacun va se refermer derrière ses petits problèmes, qu’il demandera rien à l’autre et que l’équipe va se réduire à la machinerie académique : passe, contrôle, les défenseurs donnent aux milieux, les milieux donnent aux attaquants et à partir de là on a fait notre boulot. C’est l’analyse que moi j’en fais suite à la réunion d’hier.
Mais comment effacer ces carences pour qu’autour redeviennent positif dès le match de Nantes ?
Dès dimanche matin, j’ai émis le souhait d’organiser un stage pour oxygéner, remobiliser, avec l’accord de Pape ce stage aura bien lieu. La première idée c’était de rencontrer les joueurs et qu’on se parle, ensuite de rompre avec l'environnement de nos habitudes, c’est-à-dire au rompre avec la Commanderie pour couper avec ces habitudes, se réoxygéner, parce que je veux contrer ce phénomène de résignation. On peut aussi exprimer la peur de ne pas perdre comme un sentiment de résignation, d’impuissance voire de fatalité. En tout cas c’est des choses que moi je ressentais. Moi je veux contrer cela. Parce que j’y crois. J’y crois parce qu’on est d’abord toujours bien classé, parce que le fait qu’on sait parler, automatiquement il va y avoir un sursaut, donc la méthode, je lis beaucoup de choses sur ma méthode, la méthode c'est de faire confiance aux hommes, aux joueurs, cette exigence dans le sens on veut le meilleur, on donne le meilleur. Et ça, ça s’appuie sur un couple adhésion, responsabilisation. C’est ça la méthode. Je ne vais pas changer ma façon de voir.
Mais comment vous pouvez être sûrs qu’il y aura ce sursaut ?
Vous me posez toujours la même question ! Je dis toujours on verra après. Vous êtes malade, vous allez chez le docteur, il vous prescrit des médicaments, vous pouvez lui demander mais vous êtes sûrs que c’est ça qui va me guérir ? Il va vous dire prenez les, on verra après. Je n’ai pas d’autres réponses à vous faire.
Vous craignez que votre message ne passe plus auprès des joueurs ?
Je n’ai pas ce sentiment. Je suis posé la question. Lorsque ça ne marche pas, vous avez de question à vous posez : est ce que ça vient de l’interne, ou est ce que ça vient de votre relation ? La réponse est claire. La relation elle est interne. On ne va pas non plus tout mettre sur la table. Moi j’ai aussi ma petite idée sur le pourquoi ça arrive comme ça ! Ce que je peux vous dire, pour répondre à question que vous me posez, c’est non. Le problème n’est pas là.
Tous les joueurs qui ne partent pas avez-vous sont à la disposition de la CFA c’est qu’ils sont aptes à jouer, c’est une décision de l’entraîneur ?
Vous pensez que c’est le choix de qui ?
Ce n’est pas une décision médicale ?
L’infirmerie est vide. Donc ceux qui ne sont pas là sont à la disposition de la CFA.
Hemdani ne s’est pas entraîné ?
Non. Vous connaissez la situation de Monsieur Hemdani quand même ? Vous savez que la semaine dernière il y a eu un problème ?
Il devait reprendre ?
Pour l’instant c’est un problème qui est réglé par le pouvoir sportif.
Entre Troussier et Pape Diouf c’est l’union sacrée ?
Oui ? Nous sommes tous les deux aux commandes avec des responsabilités qui sont différentes mais qui sont en relations directes. Lui, comme il l’a bien expliqué, il est le patron du sportif qui englobe l’ensemble du sportif c’est-à-dire l’élite, la formation, la préformation, les devoirs, la presse. Tout ce qui touche à sa responsabilité. Moi je suis le responsable technique d’un groupe de 25 joueurs et de 18 membres qui sont au service de la performance. Je suis le responsable technique de ce volet là. Donc nous sommes en phase et l’idée hier, c’était de montrer aux joueurs que nous sommes aux commandes et que notre solidarité est intacte.
La semaine dernière vous avez dit ici même que vous étiez le responsable du sportif. C’est exactement ce que nous a dit Diouf avant-hier ?
Le secteur sportif de l’Olympique de Marseille, comprenez bien que ça touche le recrutement. Pape Diouf à son mot à dire dans le recrutement. Le recrutement au niveau du centre de formation. Embaucher par exemple un entraîneur au niveau du centre de formation, je peux vous assurer que ce n’est pas mon problème. C’est le problème du directeur sportif qui est Pape Diouf. Moi, pour prendre cet exemple, je n’ai rien à voir sur le choix d’un préparateur physique même si je peux être dans une commission pour choisir quelqu’un. Le secteur sportif de l’OM ne comprend pas que la section professionnelle.
A Nantes, il faut gagner contre une équipe qui marche bien ?
C’est l’équation qu’on a tous les matchs. Eux vont se poser la même question. Il y a toujours vainqueur et un vaincu. Vous exprimer toujours un doute. Vous voulez manger votre paella ? Moi aussi toujours envie de la manger la saison prochaine.
L’OM va relever le défi à Nantes ?
Je pense qu’il faut donner beaucoup d’importance à ce qui est sorti de cette réunion. Le fait que les gars se soient libérés, se soient compris, expliqués, le stage à la Baule va permettre de continuer à mieux se parler. Quelles sont les conséquences de quelqu’un qui se libère ? On va le ressentir dans le jeu. Alors on parle de production de jeu, on doit parler d’un joueur qui part sur le côté, qui va être appuyé par deux autres joueurs qui vont faire un appel. Le gars qui va frapper au but on va lui dire, mais ce n’est pas grave, même si tu aurais pu me la donner, ça aurait eété plus intelligent. Mais celui qui a frappé, qui dit oui j’ai frappé mais je m’excuse, j’aurais pu te la redonner. C’est dans la confiance qu’on va se donner les uns aux autres pour que le gars prenne des risques. Dans la mesure où il y a le gars qui prend le risque de tirer au but, que tout le monde lui fait comprendre que ce risque là est complètement inutile qu’on lui fait ressentir, vous comprenez bien que la deuxième fois, quand il va se retrouver dans la même situation, il ne va pas tirer.
C’était le cas ?
C’était le cas ! Vous ne m’écoutez pas alors ! Quand je parle d’inhibition, il n’y a que (Il cite le douanier) qui prend des notes alors ! J’ai dit que la prise de risque c’était centrer, dribler, tirer. Moi je vous dis ce que je ressens de l’analyse d’hier. Chacun a le sentiment que lorsqu’il prend un risque, il n’est pas reçu positivement par les autres. Ça, ça s’est installé peut-être par le fait que tout doucement on s’est installé dans un confort. Un confort qui était construit par nos victoires précédentes, qui ont fait qu’à partir de là on s’est baigné dans un environnement favorable, qui peut être nous a endormi sur les investissements individuels. A partir de là on a été exigeant. Chacun s’est assis sur un confort qui faisait qu’on gagnait des matchs pas en jouant bien mais en ayant une certaine chance. Il y a eu des valeurs qui sont apparues, la notion collective est apparue, vous-même vous l’avez compris comme ça, la valeur caractérielle de dire, on s’est accroché à un résultat, elle est apparue. Aujourd’hui on ne peu même plus parler de coup de mou. On n’a plus des coups de bien, plus de coup de mou. On est présents mais sans saveur et pour certains même, transparents. On est inodore, incolore et sans saveur. On le reconnaît mais c’est en musclant, en consolidant ces valeurs individuelles qu’on va retrouver de la saveur.
C’est pour ça que la réunion a été très positive. C’est la réponse ?. Ca doit être la réponse. La réponse du sursaut est liée à cette prise de conscience collective et individuelle, liée à cette réunion qui ensuite sera au service de la production du jeu. Quand on dit on n’a pas suffisamment de soutien. Nous on pensait que c’était un problème essentiellement mécanique. Non, non, non. C’est aussi dans la tête. Il y avait la peur de dire, je décroche, je libère une zone derrière moi, est-ce que derrière ça va y aller ? Et quand on va prendre le but on va dire oui mais tu n’étais pas là. Tu t’es barré… C’est comme ça que ça se passait. On s’est parlé on a remis certaines choses au point. On a pu retrouver des feed-back, une communication plus au service des projets de jeu, des projets offensifs, des projets pour marquer des buts, donc la réponse est dans la suite des évènements.
Vous croyez toujours en votre groupe ?
Oui j’y crois parce qu’il n’est pas question de renoncer compte tenu de notre classement et j’y crois parce que notre calendrier est aussi exigeant que les autres. On sait que ça se jouera jusqu’à la fin et que vue notre position on fait partie des équipes qui ont encore la possibilité de s’inscrire dans nos objectifs. C’est une réalité mathématique et statistique.
Pourquoi ne pas avoir fait plus souvent jouer la concurrence ?
J’ai ma responsabilité. C’est l’image d’un voyage que vous allez faire avec une voiture qui a une bielle qui clignote. Vous prenez la responsabilité de faire confiance à quelque chose que vous savez défaillant mais qui peut vous emmener où vous voulez aller. Mais en pleine course ça pète… Vous avez raté le mariage de votre petite s½ur… C’est pas la meilleure image, on parle mécanique, mes joueurs ce sont des caractères, des humains, des hommes, mais en même temps c’est l’image qu’on se fait lorsqu’on fait une équipe. La concurrence, mon objectif ce n’est pas de retirer des joueurs, c’est de mettre la meilleure équipe.
Le top des taupes !