12-04-2005, 18:26
Quand on perd le goût des choses, quand les papilles gustatives se mettent au repos, lorsque l’inappétence nous guette rendant tout insipide, quand s’éloigne la gourmandise et s’installe la mélancolie, le mal est profond…
Alors pour réveiller l’estomac qui sommeille, pour retrouver ces lointaines agapes où l’on n’avait pas le choix entre fromage et dessert, revivons un instant ce lointain festin qui dégoûtait les boulimiques locaux et multipliait les visiteurs anorexiques.
Elle est bien lointaine l’époque où les visiteurs du Vélodrome se demandaient à quelle sauce ils allaient être mangés. C’était notre chaudron provençal on y pratiquait une cuisson à l’étouffée, on faisait mijoter l’adversaire, on lui rentrait dans le lard.
Les plus virulents savaient désosser avec une rare habileté, c’est qu’il fallait se les farcir nos maîtres queux d’alors, les acteurs n’étaient pas bridés comme aujourd’hui !
On servait la pâtée régulièrement.
Las ! La farce a remplacé le hachis et le précieux velouté n’est dorénavant qu’un vulgaire potage.
C’était le temps béni où dans les confrontations capitales on savait caner l’honni !
Impossible aujourd’hui avec ces nouilles pleines de lasagnes, quelques bonnes pâtes essentiellement ravies au lit !
Jadis mange-tout aujourd’hui flageolet, les craquantes croustades transformées en de vulgaires quiches et les beignets généreusement dispensés ont été remplacés par d’indignes boulettes.
Ah ! Ce temps béni où l’OM tenait table ouverte, pourtant il y en avait des bouches à nourrir, mais nous partions tous rassasiés… même les pique-assiette !
Nous y trouvions avec régularité gîte et couvert, de nos jours la gîte s’accompagne du courroux.
C’était ripaille deux fois par mois ( et par toit le vélodrome étant couvert ! )
Aujourd’hui on fait maigre, on se brosse le ventre, on est à la diète, au régime.
Il ne s’agit pas, comme LXhere, d’être pressé pour dîner.
Le club s’engraisse, se gave, prend du ventre, le supporter à l’estomac dans les talons !
L’étalon ! Il y en avait dans toutes les lignes, nous criions affirmatifs " Succulent ! "
Les plus velléitaires aujourd’hui s’exclament : " Sue! Cul lent ! " Une injonction à remuer les fesses.
Là, je suis partagé entre mon goût pour les faits et mon goût pour l’effet !
Un jeu ratatiné, rabougri, riquiqui, plus que très étroit ( 13 et 3 ) une quasi disette :" Repas frugal composé très exactement d’un ½uf et d’une huître (n’hésitez pas à recompter " selon la définition de Marc Escayrol.
Le convive de samedi annonce un repas corsé.
Un grand chef à sa tête, grande bouche s’il en est, ex majord’OM qui ne mâche pas ses mots, d’aucuns prétendent qu’il avalerait la mer et les poissons !
Furieux contraste avec son homologue marseillais qui fait plus pitié qu’envie et qui n’engraisse que son discours.
Courbis, qui a ses habitudes en Principauté, ne manque pas de palais.
Tel Ragueneau, le rôtisseur pâtissier d’Edmond Rostand, il sait cuisiner les restes notre bretteur sur gages, parfois il les fait revenir.
Une pincée d’africains, des seconds couteaux français et une bonne quantité de brésiliens et le tour est joué ! Habile meneur d’homme, il possède la pétulance du flatteur.
Depuis quelques matchs le soufflet prend du volume et se colore joliment, faut dire que cette équipe d’artistes s’accommode mieux des terrains secs que des champs de labours.
D’anciens marseillais revanchards Porato, Laurenti, Robin, Chapuis, André Luis en guise d’indispensable piment, assaisonnent d’une incontestable couleur terroir cette confrontation. Forts de récents et tonitruants succès les insulaires débarquent l’appétit aiguisé. Le maître coq local, riche d’un savoir acquis par un compagnonnage universel, éprouve maintes difficultés pour réussir ses recettes. La faute à un service mollasson d’un petit personnel qui l’est parfois un peu trop !
Les premiers effets de surprises passés, on commence à mettre en doute ses capacités à gérer un groupe, Nasri, le premier commis…voyageur d’une aile à l’autre étant une des pierres d’achoppement de cette fronde.
Le doute gâche la digestion dit-on, réveillons nos souvenirs, rallumons la flamme ne redoutons pas l’Épicure de rappel.
Étouffons-nous de mets, pas de mélancolie !
Soyons gloutons, goinfrons-nous, comblons l’avide, jouons une nouvelle version des voraces contre les coriaces !
Améliorons notre ordinaire si nous ne voulons pas que le plat du jour servi boulevard Michelet soit semblable à l’Haggis, ce plat national écossais, la panse de brebis farcie dont Jacques Bodoin un humoriste oublié disait :
" Au début je croyais que c’était de la bouse et après l’avoir goûté, j’ai regretté que ce n’en soit pas ! "
Cétacé