13-04-2005, 13:47
Sab51 a écrit :Je te donne mon avis dans 3 ans quand j'aurais lu et compris les 485 pages à moins que ce topic m'éclaire
Je te quote Sab, car ton post me semble le plus juste de ce que j'ai lu...
Pas frapper ceci n'est en aucune façon une agression vis à vis de quiconque... :y:
Mais, tu as tout dit, pour LIRE et COMPRENDRE (ce qui devrait être un pléonasme !) il faut bien un temps suppérieur à celui que nos yeux sont capable de passer sur ledit texte...
Je ne vote que dans l'isoloir, mais accompagne en général le primat du tout sur les parties... et donc délègue pouvoir à la subsidiarité.
En mémoire, ce texte écrit en décembre 1997 et qui résume la problématique posée par ce scrutin...
Désolé, c'est un peu long, mais, comme disait l'autre "il faut lire, lecteur !" :ange:
Cette lettre a été écrite dans 33 ans !
30 février 2030; cinq ans déjà que la commission d'égalité entre les mois a imposé le nouveau calendrier.
30 février 2030, imaginez-vous impatient de savoir. Enfin le dernier rapport sur le déficit en acquis cognitifs vient de paraître. Ce rapport vous concerne au premier chef : n'êtes-vous pas chargé de la re-dynamisation post-urbaine des esprits ? Oh, quel beau rapport ! Votre réflexe est immédiat : vous le déposez sur le socle en titane dépoli de votre nouvel ordinateur de lecture à synthèse graphique. La machine absorbe le dossier et, douze nona secondes plus tard, apparaît sur votre écran mural en relief une image de synthèse qui résume sous forme d'un dessin humoristique le contenu de ce rapport. Impressionnante cette machine, quel piqué ce dessin ...
Heureusement que maintenant les ordinateurs accomplissent les tâches les plus rebutantes. Et lire l'était vraiment.
Patauger dans un texte technique était souvent plus désagréable que de plonger ses mains dans le cambouis. Exit les O.S. de la lecture, vivent les machines c'est tellement plus propre !....
Provocation, fiction débile? Peut être.
Pourtant la synthèse produite par cette machine imaginaire offre quelques avantages : tout d'abord elle a le mérite d'apporter une réponse toute faite, de supprimer l'hésitation préalable à l'interprétation ; ensuite elle permet de mieux mémoriser; enfin quelle débauche d'énergie évitée !
La pensée unique, lyophilisée, enfin techniquement maîtrisée. Moins de contestation, plus aucun débat, l'ordre règne.
Mais le vivant a-t-il survécu ? L'incertitude chère à nos esprits, ferment de nos désirs, carburant de nos motivations a-t-elle encore sa place fors le chaos ?
Pourtant il peut paraître urgent de concilier la complexité d'un système d'informations et le besoin de sécurité dans les prises de décisions ? Comment alors combiner le perfectionnement des machines et le libre arbitre de l'intelligence, qui impliquent forcément une prise de risque de l'acteur ?
A notre avis en renforçant le chaînon le plus faible de notre système de communication individuel et collectif : LA LECTURE.
Quelles que soient les évolutions et les situations nouvelles que nous offriront les décennies à venir il est probable et souhaitable que l'acte de lire - d'intégrer des données, de les interpréter, de les utiliser- subsistera comme une interface fondamentale entre l'homme et son environnement.
Or cet acte de lire doit rattraper le siècle de l'image.
Notre cerveau s'est habitué à s'informer à travers des supports de plus en plus riches et grâce à des médiateurs dotés de puissants moyens.
Le déficit d'autorité du système éducatif est à ce titre révélateur : comment un enseignant peut-il tenir la comparaison, durant toute une année, face à une myriade d'émissions de vulgarisation dont les budgets sont mille fois plus puissants que les moyens dont dispose notre enseignant pour animer ses cours ?
La lecture elle-même souffre de cette densité de l'image au point que l'acte de lecture s'est progressivement inscrit dans l'inconscient collectif comme étant un acte mineur. Lire est-ce travailler ? Pas de ça chez nous diront certains dirigeants !
Seule concession faite au texte : l'écrit ! : "il faut améliorer la qualité des écrits".
L'ennui est que la source des écrits est souvent la lecture. Qui lit bien écrit mieux. Qui n'a pas rompu le contact avec le texte - de toute nature - est en harmonie sensuelle avec sa plume ou son clavier, pour peu qu'il ne cherche pas systématiquement à "faire littéraire" pour communiquer !
Vous savez sans doute, vous qui lorgnez ce texte du bout des yeux, qu'il existe des lecteurs puissants dont le regard sautille avec vivacité, sur et entre les lignes, à travers parfois des milliers de pages.
Ces lecteurs puissants ne souffrent pas, dans leurs lectures, d'un déficit d'image et de plaisir dont pourrait souffrir l'écrit.
Le 21ème siècle aura besoin de lecteurs performants pour délimiter et gérer ses incertitudes.
Qui osera parier sur l'avenir de la lecture, sur le besoin majeur de la société de demain : une maîtrise de l'information plus fine, plus puissante mais à configuration humaine !
J. P. (Revenir pour les "in Time")
Décembre 1997 France - Février 2030 Edenie
Une vie est constellée de milliards dinstants hétérogènes et de quelques instants qui forment lhomogénéité de lêtre pour un moment. Merci, Basile... :ball: Merci, Bernard... Merci, Robert... Merci, Didier...