17-01-2005, 01:40
Il existe de nombreuses façons d’appréhender un match, on peut le suivre agglutiné avec d’autres congénères dans une atmosphère chaude et opiacée d’un bistrot de quartier, l’apprécier confortablement installé sur le canapé du salon, muni des indispensables outils de survie qui caractérisent le titulaire du BEPC : Bière, Écharpe, Pizza, Cigarette…
Il y a enfin le nec plus ultra ( mec plus ultra pour les virages ), le fin du fin, le top du top, l’extase zénithale, le summOM quoi ! La soirée au Vélodrome.
Ca commence moderato par une préparation minutieuse qui conditionne le bon déroulement de la soirée. On s’habille en conséquence, d’aucuns font dans la couleur d’autres, plus sobres, privilégient le confort, mais tous se retrouvent sur le chemin qui mène au lieu du culte. On distingue le pèlerin à son accoutrement, l’écharpe en guise de coquille St Jacques, le sandwich au saucisson lui tenant lieu de bâton !
L’approche du sanctuaire varie en fonction des personnalités, certains, solitaires, pressent le pas d’autres, solidaires, flânent en famille.
Un point commun cependant les rassemble, le bonheur d’être là, de retrouver cette émotion, de la partager avec d’autres coreligionnaires. C’est notre promenade des gens gais ! Le stade, vu du parvis, ressemble à un vaisseau spatial, une nef intersidérale qui allume des étoiles dans les yeux des enfants et le supporter qui se rend au stade est un éternel adolescent.
On pénètre enfin dans cet étrange vaisseau, la montée des marches qui mènent au nirvana est sans nul doute le meilleur moment de la soirée. On perçoit dans cet univers froid de béton le bruissement du stade qui provient de cette lumière là-bas tout en haut. Enfin par l’ouverture sacrée on découvre le rectangle vert sur lequel s’agitent de minuscules petits bonhommes, des rouges d’un côté des blancs de l’autre. Après son escalade le supporter lui est rosé !
Les retrouvailles avec les compagnons de travée sont simples : on se salue, on se tutoie alors qu’on ignore le plus souvent le nom du voisin, mais là les barrières tombent.
A mes côtés José Rossi, mitoyen de tribune, mais ce soir je vais garder mes distances, une fois par an je ne parle pas à Zé Rossi !
Les plus organisés sortent de leurs poches la composition des équipes découpée le matin même dans le quotidien régional (national pour les plus équipés), d’autres , observateurs, suivent l’échauffement des joueurs afin de distinguer les titulaires des remplaçants.
Puis les équipes pénètrent enfin, pour de bon, dans l’arène, les virages tifosent à qui mieux mieux le spectateur des latérales émerveillé, unit dans ses applaudissements les animations et ses idoles.
On ressort l’extrait du journal pour vérifier les compositions, bon alors pour les Niçois..
Gregorini dans les buts, une défense à trois Traore, Cobos, Abardonado,à droite Varrault dans le couloir gauche Roudet . Trois récupérateurs Balmont, Echouafni et Bisconti, pour animer le jeu, enfin devant un duo complémentaire avec le vif-argent Vahirua et la tour de contrôle Victor Agali.
Pour l’Ooolyyyympiiiqueee de Maaaarseilleeee clame Dédé Fournel.
Barthez devant une défense à trois éléments Fred Dehu entouré de ses acolytes Meité et Beye, sur les côtés N’Diaye et Olembe conservent leur place…
Au milieu Pedretti forme avec son compère Costa le duo de récupérateurs, Samir Nasri dans une position relativement libre est chargé d’animer l’attaque en pourvoyant le duo Marlet Luyindula de bons ballons.
A l’entrée des équipes chaque virage affiche de magnifiques tifos.
La minute de silence dédiée à un jeune supporter déclenche de sordides provocations côté niçois et de stupides réactions individuelles côté marseillais.
Le coup d’envoi est sifflé par l’arbitre monsieur Duhamel.
Dès les premières minutes l’OM pose son emprise sur la partie, les deux récupérateurs font un énorme travail, bien aidés par un Nasri inspiré.
Cette entame se concrétise rapidement trois minutes de jeu sont à peine écoulées que Samir Nasri profite d’une récupération au milieu de terrain pour partir plein axe et décaler magnifiquement Luyindula sur sa gauche qui, en pleine confiance, adresse une belle frappe qui fusille Gregorini. Le stade explose de joie.
Les locaux au lieu de se relâcher poursuivent leur pressing Costa est énorme, Pedretti tire les ficelles et Nasri pas en reste orchestre le jeu.
Les Niçois complètement étouffés se dégagent comme ils peuvent. Nous sommes à la 14ème minute l’OM obtient un corner tiré par Pedretti devant le pacage visiteurs. Le gardien Niçois repousse tant bien que mal le ballon à 15 mètres plein axe sur Luyindula, un pas de retrait et une surpuissante frappe sous la transversale double le score. Le quart d’heure est atteint et l’OM a fait le break. Le vélodrome est en fusion les ranc½urs passées sont oubliées. Le virage Depe réutilise un standard et l’actualise : " Luyindula la la la la la… " Deux minutes après la nouvelle idole marseillaise est sur le point de réaliser le coup du chapeau suite à une nouvelle action conjuguée de ses compères de l’attaque Nasri et Marlet. Domination sans partage des locaux qui ne laissent que des miettes aux visiteurs. Après 20 minutes de jeu Péguy Luyindula, intenable, frappe des 25 mètres sur la barre transversale.
Dehu à la suite d’un choc avec Agali sort quelques minutes pour recevoir des soins.
La demi-heure est atteinte et tout le stade se dresse pour assister à un exploit technique du jeune Nasri, superbement alerté par Marlet, crochetant dans la surface de réparation niçoise, son tir est magnifiquement repoussé par le portier niçois.
Cette première demi-heure très aboutie a réconcilié l’OM avec son public. Marlet le mal-aimé faisant taire ses détracteurs par une activité de bon aloi, ouvrant des brèches par d’incessants déplacements, le minot Nasri jouant en première intention trouve facilement ses compères de l’attaque. Le dernier quart d’heure verra les visiteurs un peu relever la tête sans inquiéter pour autant Fabien Barthez. Olembe et N’Diaye jouant sobrement défendent prioritairement sans oublier d’apporter le surnombre quand cela est nécessaire. Je profite du repos pour sourire béatement à mon copain Zé qui arbore une figure de carnaval.
La deuxième mi-temps est entamée depuis 5 minutes à peine que notre petit prodige d’un coup de patte dont il a le secret adresse une merveille de passe en profondeur à Luyindula qui se mélange un peu les pinceaux et frappe à côté. Mais peut-on reprocher quelque chose à l’homme du match ? A Nice Jankauskas a remplacé Bisconti, un attaquant supplémentaire pour amener plus de danger dans la surface marseillaise. Les azuréens comptent sur les coups de pieds arrêtés pour tenter de réduire le score. Traore et Agali reçoivent le renfort du Lituanien, les trois joueurs culminent à plus de 1,90 m .La partie s ‘équilibre les Marseillais abandonnant volontairement ou non le ballon à leurs adversaires, ceux-ci multiplient les centres aériens mais malgré leur avantage en taille, la maladresse des passeurs conjuguée à la vaillance des axiaux marseillais, réduit à néant leurs rares velléités. Au contraire sur un énième contre de Nasri son décalage trouve Luyindula sur la droite des buts de Gregorini mais sa frappe trop croisée est hors cadre.
Nice pousse mais l’OM tient, Barthez sur une tête du géant Agali puis Meité reprenant Vahirua assureront le nécessaire. A dix minutes du coup de sifflet final le stoppeur ivoirien sortira suite à une blessure à la cheville remplacé par Hemdani dont le retour fait plaisir au public. Puis se sera au tour de Koke qui remplace le héros de la soirée Péguy Luyindula. Troussier en faisant ce changement le réconcilie avec son public qui l’ovationne comme il se doit.
Monsieur Duhamel siffle la fin du match sous les ovations d’un Vélodrome reconquis.
Les nuages n’encombrent plus le terrain ils se contentent de cacher dans le ciel la lune de fiel. Les supporters sont ravis(au lit pour les couches tôt). Les plus réfractaires, quand on les cuisinent, jurent leurs grands dieux qu’ils n’ont jamais été fâchés : " Avec eux brouillés ? Vous voulez rire ! ".
Certains groupes de supporters rigolards entonnent " L’humour est enfant de nos haines ". La paix est revenue sur le temple du football. L’examen est réussi, oubliée l’aversion latine. Amis supporters n’oubliez pas qu’il ne faut jamais faire contre mauvaise fortune ranc½ur.
Cétacé