11-11-2004, 11:11
OM-RCS : une cigogne comme à la maison
Les premiers frimas de l'hiver se faisant sentir, nos amies les cignognes migrent vers des contrées méridionales pour y trouver un peu de chaleur. Sur leur chemin vers des jours meilleurs, la nouvelle Cignogne en Chef leur annonce : « Marseille, Marseille, 90 minutes d'arrêt. »
Là, immédiatement, l'observateur attentif et connaisseur peut discerner dans l'oeil des cigognes une joie non simulée, et pour cause : l'OM et Marseille, c'est un peu leur deuxième maison, à nos amies les cigognes ! Pensez-donc, des parallèles, des destins croisés, des comparaisons, elles en ont plein leurs souvenirs.
Pendant qu'elle amorce tranquillement sa descente vers la Cité Phocéenne, Pascaline, notre cigogne préférée, se rappelle de ses tendres années où, blottie dans la chaleur de son perchoir, dans sa contrée du Sundgau, elle écoutait la légende de son « Racing ». S'il ne devait en rester qu'une pour lui raconter cette légende, pour l'emmener par-delà la ligne bleue de ses Vosges chéries, ce serait elle, la seule cigogne à grande mèche et à grosses lunettes : la Gilberte, qu'on l'appelait affectueusement. Ah bien sûr, elle en connaissait une choucroute, la Gilberte, Graisse de son vrai nom. Et pour cause, c'est elle qui avait produit le seul Grand Cru Alsacien à ce jour, et ça ne datait pas d'hier. 25 ans déjà que pour une fois, l'outre-Vosges avait considéré les cigognes à l'égal des pigeons parisiens ou des buses lyonnaises : elles étaient tout simplement françaises, et mêmes les championnes des Français !
Mais déjà, en ces temps reculés, on lui parlait de Strasbourg comme de « l'OM de l'Est ». C'est pour ça qu'elle s'y sentait si bien, à Marseille. « OM de l'Est, mais pourquoi ? », se demandait Pascaline.
Premier battement d'ailes avant la descente : son histoire tumultueuse. « Ça, se dit-elle, même si le Racing n'a pas la même aura que son illustre hôte, il n'en a pas moins une histoire chargée, où les crises automnales sont aussi régulières que mes migrations ! Cette année, nous sommes en avance, vont-ils nous suivre ? » L'OM, Bayern du Sud ; Strasbourg, l'OM de l'Est ? « Ça voudrait donc dire que mon Racing a quelque chose en commun avec le Bayern », imaginait Pascaline, fière comme un coq. Hé oui, le Bayern, dans nos contrées germanisantes, ça signifie quelque chose ! Mais que disait-elle, notre Gilberte, à propos des crises ? Oh, pas grand-chose, à part qu'il était toujours là, ou pas très loin dans la Suisse voisine, pour éviter que les Flammakuecha ne flambent de trop. C'était rigolo, et règlé comme du papier à humpapa, à chaque fois qu'une nouvelle équipe dirigeante arrivait, pleine de projets et bardée d'idées, tous s'écriaient : « Malheur, ils ne sont pas Alsaciens, nous sommes foutus, ça ne marchera jamais ! ». Et forcément, ils échouaient plus ou moins rapidement, les Parisiens Proisy ou les Amerloques IMG. Alors on faisait appel aux forces locales, pour un résultat, hum, comment dire ? Sympathique ou plein d'affect, mais guère plus. « Bizarre, il me semble que le Gabian avec qui je discutais tout-à-l'heure me racontait quelque chose de similaire. Comment s'appelait-elle, déjà, leur caution locale ? Ah oui, je me rappelle, José la caution Marseillaise. Lui aussi, il a déjà joué les pompiers quelque fois, et puis, il est jeune, on aura le temps de le revoir. Ha bon, il n'est pas encore parti ? » Mais c'est toujours le même schéma, nous racontait Gilberte, on l'aime bien quans il arrive, il est comme nous, il comprend le contexte, il va nous sauver, il connait la maison, se félicitent les supporters locaux, et se satisfont les dirigeants qui voient que les supporters se félicitent ... Mais bien vite, le sport reprend le dessus sur le folklo et le sentimental, et là, local ou pas, c'est le mathématique et le statistique qui parlent avant tout.
Virage à gauche et descente vers la mer, comme c'est joli ! « Bon, c'est tout, c'est le seul point commun ? », se demande encore Pascaline. Pas de quoi faire perdre sa dernière flèche à la Cathédrale de Strasbourg, quand même ... Ah non, ça lui revient, il y a aussi les joueurs ! Ceux-là, ils ont voyagé entre le RCS et l'OM ! On connait leur sort : s'ils sont bons, nos Racingmen, ils s'exportent facilement au soleil. « Bon, c'est pas moi qui vais les critiquer, je fais bien ça tous les ans ! Alors qui m'a imité ? » La Gilberte, justement, fait partie de ceux-là., même qu'elle a gagné une Coupe de France, là-bas. La Coupe de France, ça aussi, c'est une spécialité commune (3 victoires pour mon Racing, quand même). Un Six et un Genghini plus tard, un capitaine Leboeuf en bout de route, un Franck Sauzée qui fera le chemin inverse. Mais c'est surtout récemment que les échanges se sont affolés. « Pensez-donc, une autre Pascaline, Johansen, qui fait comme moi : il va un peu au chaud, puis rentre au bercail... Des Beye ou des Hemdani, héros ou parias. Un Luyindula qui, trop frêle encore pour un si grand voyage, a préféré faire une pause à mi-chemin. C'est joli, tous ces échanges ... Enfin, presque toujours ... pas très jojo, l'année dernière, au lieu de nous prêter un attaquant, mince alors, c'était un Chapuis. On aurait dû se méfier ! Et puis, on est pas jaloux de leurs starlettes, nous aussi on a eu notre dose : rappelez-vous, un imposant gardien Sud-Américain amateur de cigares ! On en parle encore dans nos tribunaux ... »
Repérage d'un toit avant atterissage. « Zut, c'est vrai, pas sur le Stade, il n'a toujours pas de toit ! Avant d'arriver, il me semble qu'il y avait encore autre chose... ». C'est le nouveau pompier qui en parlait, récemment. Un bon gars, ce Duguepeyroux, c'est avec lui que le Racing avait gagné un de ses derniers titres. « La spécialité locale, racontait-il, c'est la danse. » En fait de danse, il s'agit surtout de valse, celle de l'entraîneur. Et pourquoi ils valsent, ces entraîneurs ? « La faiblesse du jeu et des résultats », pensais-je. « Non, pas du tout », m'avait répondu, sarcastique, le Dugué. « C'est de la faute des supporters : les Alsaciens, tout autant que les Marseillais, sont des gens passionnés et exigents, rarement satisfaits, qui n'hésitent pas à tirer sur des ambulances dès que le ballon ne tourne plus très rond...
Posée sur la Porte d'Aix, fatiguée du voyage, Pascaline se mit à rêver à demain, à une victoire de son Racing, et à après-demain, quand l'enfant prodigue rentrerait de son fief londonien pour enfin règner en maître sur des terres dont il porte si bien l'accent !
« Bon, finalement, s'ils me servent un bon Gewürz, je sens que je vais me plaire ici. Surtout que depuis que la nouvelle Cigogne en Chef est arrivée, on voyage un peu mieux. Marseille, gare à toi, j'arrive !! »
Le Gewuerztraminer, L'OMinérale d'Alsace