23-03-2010, 16:14
Je me rappelle dune discussion aoûtienne, il y a quelques mois, à lissue dune superbe mais inutile victoire contre des Rennais étrennés.
Autour dun houblon olympique, Mathildien, définitivement le meilleur commentateur pré-streaming des matchs de lOM, avait été le tenant dune ligne qui nous avaient laissés circonspects : « on se moquera de la coupe des figues quand on laura gagnée » ! (avec en guest-star : « vive le juogo mochito, si on gagne à la fin »).
Aux prises avec des clients électrisés par la perte du titre, il avait eu fort à faire, dun tofinou passionné à un antécris avisé, sans compter les passants olorin and bros, le dougue du cru, et le plus virulent, le zincou ;) ..
Droit dans ses boots, le mamba avait déroulé . ses arguments, et répété ses adages motivés par une sagesse quon penserait volontiers issue dun griot siégeant sous un baobab hors dâge
Il nen reste pas moins que ce fut un heureux présage que cette discussion : on va bientôt avoir loccasion de régler ce compte en retard, cette vieille sornette créé de toutes pièces par un gourmand despèces, moustachu marloux amateur de rombières musculeuses et dorgies prépubères, grand chambellan des ventes à la criée organisées deux fois lan, comme il se doit !
Et si de la coupe aux lèvres, il y a un sacré écart, il est évident que ne pas lavoir goûté, ce breuvage issu du mélange de divers millésimes douteux, ne permet pas de commenter sa saveur, son arôme, tout juste peut-on voir que sa robe semble nêtre que de piètre facture !! Et encore !! Les bordelais, recordman es-finale, y compris les gagnées, dans cette compétition, vont arriver en terre de connaissance . 5 finales, trois victoires .. En gros, cest la coupe bordelaise ! Autant dire que cette simple appellation lui donne déjà un certain crédit, et lui donnerait une saveur propre à nous faire oublier ses douteuses origines.
Bien sûr, je pourrais, et devrais même vous passer en revue les forces respectives des effectifs présidentiels et professoraux. Il y serait question de bons mots, de fines analyses sur les raisons de keyseriser, ou pas, cette finale, et de donner un avis docte sur la manière dont le DD, professeur émérite, doit gérer son égo et ceux des autres pour nous amener un hors-duvre qui briserait enfin le sort funeste qui nous accompagne depuis trop longtemps .
Au lieu de cela, je vais ici vous conter une anecdote qui a ceci dintéressant quelle va vous accompagner jusquau coup de sifflet final .. Je vais vous épargner lavertissement au lecteur lautréamontien, même si javoue être tenté, mais il nen reste pas moins vrai que les craintifs seraient bien inspirés de passer leur chemin : « quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger » .
Cette anecdote, vraie sil en fut, se vit confiée à mes oreilles par son origine, pas tout à fait sous la forme que je vais employer, mais ses conséquences perdurent encore aujourdhui ..
Petit village de Corrèze, il y a une trentaine dannées.
Dimanche, jour de match . Mon père a avalé son repas, suivi son petit cérémonial auquel jassiste depuis une dizaine dannée, chaque dimanche, avant « sa messe ». Pour lui, rien ne change. Pour moi, si. Aujourdhui, je suis sur la feuille de match. Il a décidé que je suis prêt. Cest quon ne rigole pas avec le rugby, dans nos contrées, encore moins quand on est lentraineur de léquipe du village, celle qui porte haut les couleurs de vielles rancunes dont on a oublié depuis si longtemps lorigine . Alors, quand on rentre sur le terrain, on y entre avec le poids dune responsabilité bien plus grande que celle de jouer juste un match . On représente ce qui fut, ce qui est, et ce qui sera. Et quand lentraineur, forcément discuté puisque cest lemblème du village, fait entrer son rejeton, il met beaucoup plus dans la balance quun peu damour paternel .
Personne ne me la dit. Je le sais. Cest comme çà. Ça me bouffe, me motive, me retourne . Je suis déjà dune nature « stressée », alors autant dire que mes crampons, je les aie vérifiés 10 fois, 20 fois . Ma tenue, je ne suis pas censé lavoir, encore . je tourne, vire, gamberge plus à lest, on dirait que jai des « vers » . Je suis parti seul, à pieds, je ne tiens plus . Le stade les copains . Le vestiaire qui souvre, les regards lodeur métouffe, en même temps quelle mexcite ! je suis remplaçant . Déception, et joie mêlée, ladjoint ma dit de me tenir prêt !... je suis un bout de nerfs en pelote, ça promet ..
Le match passe, avec son lot de petits tas, denvolées et de miracles, sous la forme de multiplications des petits pains du traditionnel le pain béni arrive, je vais Entrer !
Epais comme une ficelle, rapide comme un pur-sang , ma place, je la trouve naturellement sur laile, loin des gros. Je nai pas peur deux, enfin, je ne leur montre pas ! petits pas, petits bobos, petits ballons, qui narrivent pas jusquà moi . On les colle au score, la tension monte dans la tribune, de mon côté. Je nai pas regardé mon père quand je suis entré, et je sens tous les regards sur ma nuque qui se hérisse à intervalles bien trop rapprochés. Enfin, ça démarre repris. Rebonds, du mauvais côté. Leur défense glisse doucement, se recentre imperceptiblement . Si ça ressort, ce sera juste, mais ça devrait passer . Et cest parti !! au large !! attention au hors-jeu !! jy suis, ça va étre pour moi sautée, captée, le ballon « mis au frais », sous mon bras, je vois le trou, fonce, et soudain, tout se dérègle . Mes pieds pèsent des tonnes, je sent la poussée du public, jentends leurs cris à travers un brouillard crée par le sang dans mes tympans, qui tapent et cognent à ne plus sentendre . Mes yeux se voilent, ma vision nest plus quun tunnel, mon cerveau a shunté sous leffet de lébullition, je dois compenser la perte de mes facultés psychomotrices, qui sont allées boire un verre à la buvette, chaque pas est un supplice, je ne parviens plus à voir si larrière va vite ou sil est arrêté .. je ne sais plus.
Je ne suis plus ..
La ligne, là .. toute proche limplosion est proche, vite ,alllllleeeezzzzz, encore .
Ça yest.
Jai posé le ballon, je laisse filer, mes esprits reviennent doucement, mes bras sont tendus vers le ciel, dans le silence ..
Le silence ..
Mes yeux voient, mon esprit ne traduit pas
je ne comprends pas, il y a un truc qui cloche
les images se télescopent, bizarrement au ralenti, et je vois les yeux de mon père il y a tant de choses dans les yeux du taiseux . Mais ce qui jy voit aujourdhui me ramène sur terre ..coup dil circulaire : pas de poteaux aux environs . Cest la ligne des 22
larrière adverse, qui ramassé tranquillement le ballon, très surpris de loffrande, ramasse maintenant ses abattis en même temps quil se redresse dans notre en-but, débarrassé du moulon vengeur . Il doit se marrer encore en y repensant. Mes potes aussi, qui se chargent à chaque retour aux sources, que jai dû quitter, de me le rappeler, ce match .
Aujourdhui, je fuis le rugby .
Mieux, je suis supporter dune équipe de foot et pour ce week-end, on joue la finale, qui me bouffe, me motive, me retourne .samedi, je vais pousser avec eux, puisque je suis supporter des Girondins !
Donc samedi, quels que soient les évènements, la solidité et lhomogénéité des blocs, les absents et les présents, gardez ceci en tête :
Cest à la fin que lon voit le chemin !
Rhoooo, ce qu'il vient de réaliser...il y a du Waddle dans ce garçon. @cétacé